Le brillant vulgarisateur, que fut Camille Flammarion, n'avait que 23 ans quand il publia Les merveilles célestes. La cinquième édition de 1875 s'orne de la gravure de la "comète d'Ambroise Paré"

Les écrivains les plus sérieux ne s'affranchissent pas de cette terreur. C'est ainsi que dans un chapitre sur les Monstres célestes, le célèbre chirurgien Ambroise Paré décrit sous les couleurs les plus vives et les plus affreuses la cométe de 1528: « Cette comète étoit si horrible et si espouvantable et elle engendroit si grand terreur au vulgaire, qu'il en mourut aucuns de peur; les autres tombèrent malades. Elle apparoissoit estre de longueur excessive, et si estoit de couleur de sang; à la sommitè d'icelle, on voyoit la figure d'un bras courbé, tenant une grande espée én la main, comme s'il eust voulu frapper.

Fig.55. - Comète de 1528, d'après Ambroise Paré

Au bout de la pointe, il y avait trois estoiles. Aux deux costés des rayons de cette cométe, il se voyoit grand nombre de haches, cousteaux, espées colorées de sang, parmi lesquels il y avoit grand nombre de faces humaines hideuses, avec les barbes et les cheveux hérissez.» On peut, du reste, admirer cette fameuse comète dans la reproduction fidèle que j'en donne ci-contre. On voit que l'imagination a de bons yeux, quand elle s'y met.. Camille Flammarion, Les merveilles célestes, Paris, Hachette et Cie, 5éme ed. 1875, p 252 à 254

Le texte attribué à Ambroise Paré n'est pas tout à fait exact, il est tronqué sans indication de césure, et n'indique pas la source (Pierre Boaistuau), pourtant clairement indiquée dans le texte de Paré.

La "reproduction fidèle" qu'il donne n'est en fait que celle de la gravure publiée en 1865 par Félix Archimède Pouchet, dans son ouvrage L'Univers, les infiniments grands et les infiniments petits. Cette gravure, bien que redessinée, était à peu près fidèle à la gravure de Paré. On peut en juger en comparant le bas des trois gravures

Ambroise Paré

F.A. Pouchet

Camille Flammarion