chronique de 1572 |
Cyriacus Spangenberg |
Cyriacus Spangenberg, né le 7 juin 1528 à Nordhausen, était le fils du réformateur Johann Spangenberg. Il s'inscrivit à l'âge de 14 ans à l'Université de Wittenberg, où il termina ses études en 1550. La même année il succéda à son père comme prédicateur à l'église St André d'Eisleben, et devint prédicateur au château de Mansfeld.
Il lutta contre Philippe Melanchthon. A Anvers, il rencontra Flacius, dont la doctrine sur le péché originel lui fut désastreuse, et lui valut l'hostilité de Joachim Morlin, Martin Chemnitz et Tilemann Hesshus. Spangenberg fut accusé de manichéisme et se défendit avec une apologie. La controverse fit rage et Spangenberg dut s'enfuir. En 1595, il s'installa à Strasbourg, où il moutut en 1604.
Il a écrit de nombreux livres, dont la Mansfeldische Chronica, la chronique de Mansfeld, en 408 chapitres, jusqu'à l'an 1571 Elle est suivie d'un volumineux index de 97 pages, qui mentionne 40 apparitions de comètes
Voici ce que Spangenberg écrit du phénomène de 1527:
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Anno 1527. ...
Den eilfsten Octobris (oder wie Marcus Fritschius anzeigt) den 11 Augusti / ist ein grawsamer erschrecklicher Cometa / desgleichen man zuvor nicht mehr erfaren / beynahe durch ganz Europam gesehen worden / allemal des Morgens umb vier uhr / und ist uber fünff viertel Stunden nicht gestanden. Er ist sehr gros und lang gewesen / Blutfarbe oder gleich gelbrot / hat einem ort gesehen / gleich wie ein gebogener Arm / der ein grosses Schwerd in der Hand hette / gleichsam zum streich gezucket. An des Schwerds spißen und seitten / haben dren grosse Sterne gestanden / von welchen sich ein breitter Wolckenfarber streiffiger Schwanß weit ausgestrecket / und sind aus des seitten viel Striemen als lange Spiesse gestalt erschienen / darzwischen viel kleiner Schwerde vermischet / alles bleichrotter Farben / und darunter nicht wenig fewriger heller Flammen / darinnen man hin und wider viel grawsamer Angesichte / mit rauchen Heubtern und Bärten gesehen / und dieses alles gieng (als lege es in einem blutigen fliessenden Wasser) durch einander zwißern / und sich durch einander arbeitten / das es uber alle massen grawsam anzuschawen gewesen / daher auch etliche die es gesehen / darob also erschrocken / und sich dermassen darüber entseßt haben / das sie bald darnach krank worden / und gestorben
L'an 1527 ... Le onzième d'octobre (ou comme l'indique Marc Fritsch) le 11 aout, fut vue de presque toute l'europe une terrible épouvantable comète, comme jamais on n'en avait éprouvé, tous les matins à quatre heure , et n'a pas duré une heure un quart. Elle fut vue très grande et longue, couleur de sang ou semblable au rouge jaunatre, avec à un endroit comme un bras courbé, qui tenait une grande épée à la main, comme pour asséner un coup. A la pointe et sur les cotés de l'épée, se trouvaient trois grandes étoiles, à partir desquelles s'étendait une large queue zébrée de teinte nuageuse, et du coté partaient beaucoup de raies semblant de longues piques, entre lesquelles se mélaient beaucoup de petites épées, toutes de couleur rouge pale, et dessous beaucoup de flammes ardentes claires, dedans on voyait ça et là beaucoup de visages horribles avec des barbes et des têtes velus, et tout cela allait ( comme mis dans une eau sanglante qui coule ) tournant les uns autour des autres, et se frayant un chemin à travers les uns les autres, et cela était horrible à regarder pour tous, c'est aussi pourquoi quelques uns qui l'ont vu, de cela ainsi effrayés, s'en sont épouvantés à tel point, que peu après, ils tombèrent malade, et moururent
Spangenberg n'indique pas ses sources, à part Fritsch, mais il en a au moins deux, puisqu'il cite deux dates. Il est possible qu'il ait lu le texte de Creutzer, puisque pour parler de la couleur, il dit "Blutfarbe oder gleich gelbrot", expression qu'on ne trouve que chez Creutzer. Mais il dit que la comète a été vue par presque toute l'Europe, affirmation qui vient de Fritsch
Un détail n'est pas clair: Spangenberg dit que la comète apparut tous les matins à quatre heures, alors que Creutzer ne dit rien de tel. Spangenberg semble commettre la même erreur que Rockenbach, en inventant une vision quotidienne du phénomène, pour sauver son identification en tant que comète. Est il l'inspirateur de Rockenbach?
Il ne ménage pas les témoins, dont quelques uns tombèrent malades et moururent, alors que d'après Creutzer, quelques témoins furent à demi morts de frayeur. Mais il va un peu moins loin que Boaistuau, chez qui ceux qui ne mourent pas tombèrent malade
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