Les vieilles tablettes babyloniennes et Sirius

Grace aux inventaires des étoiles et astérismes que nous laissé les babyloniens on a pu reconstituer assez bien la carte de leur ciel.

La tablette Mul-Apin
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La liste de ces étoiles est enregistrée, en particulier, sur la série de tablettes dite "Mul Apin", enregistré au British Museum sous la référence BM 86378. "Mul Apin" est tout simplement le nom d'une étoile qui y figure, et signifie "étoile de la charrue", la charrue étant composée de la constellation du triangle et d'une partie de la constellation d'Andromède. C'est que les babyloniens groupaient les étoiles différemment et que seules quelques unes de leur constellations sont identiques aux notres. Ainsi Mar-Gid.da (le chariot) est notre Grande Ourse, mais Shu-Gi (le vieillard) est composée d'une partie de Persée et d'une partie du Cocher.
BAN
Sur l'une de ces tablettes la constellation du Grand chien est remplacée par Ban (l'arc), composé d'une partie du Grand Chien, et d'une partie de La Poupe ( du navire Argo ). Sa principale étoile, est devenue la pointe d'une flèche. La translittération complète, pour cette étoile, notre Sirius, serait:
DIŠ mul.KAK.SI.SÁ šil-ta-hu UR.SAG GAL-ú d.nin-urta
ce qui signifierait: la flèche du grand guerrier Ninurta
Puisque les babyloniens groupaient les étoiles différemment, il nous faut essayer de reconstituer leurs constellations dans cette zone. Les babyloniens y voyaient un arc ( BAN ), et une flèche ( KAK-SI-DI ), dont la pointe serait KAK.SI.SÁ, notre Sirius.
Nous voyons que ce groupement n'est pas plus arbitraire que celui que nous utilisons, et même plutôt moins.
Nous avons un peu simplifié le problème en supposant une civilisation unique en mésopotamie. En réalité, il y eut plusieurs royaumes, dont les peuples ne donnaient pas le même nom aux étoiles. Ainsi α Lion, notre Régulus s'appelle GIR.TAB, au royaume d'Elam, UR.IDIM, au royaume d'Akkad, et LUGAL au royaume d'Amurru.
Ne nous étonnons donc pas que KAK.SI.DI soit aussi assimilée à Sirius, et qu'elle s'appelle UD.AL.TAR au royaume d'Akkad, alors qu'ailleurs, cette même UD.AL.TAR est assimilable à Jupiter.
Ainsi KAK.SI.DI, est soit la flèche, soit sa pointe, mais la traduction sur laquelle s'accordent les orientalistes est "la flèche".
Cependant, divers sites anglophones prétendent aujourd'hui que KAK.SI.DI signifie "qui brille comme le cuivre", d'où ils induisent qu'à l'époque des babyloniens Sirius avait la couleur du cuivre, donc qu'elle était rougeatre.
D'où viens cette prétendue traduction? Il semble qu'elle vienne de la traduction d'une autre tablette, de l'époque du roi Assur-bel-kala, qui parle du lever de KAK.SI.DI, dont la couleur est alors "rouge comme du cuivre fondu". Mais il s'agit bien du lever de l'étoile, dont la couleur est alors rougie, exactement comme celle du soleil à son lever. Nous reverrons, avec Sénèque, cette confusion entre la couleur propre de Sirius, et celle qu'elle a lors de son "lever héliaque". Il ne faut pas chercher plus loin cette prétendue rougeur de Sirius dans les tablettes babyloniennes.

Dernière mise à jour: 04/10/2018

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