Pas de martien à Villers-le-tilleul

Pour parler du cas Villers-le-tilleul, les ufologues, comme d'habitude, se recopient les uns les autres, en citant Figuet, ou Vallée. Mais Figuet cite lui même Garreau et Lavier, quand à Vallée, il utilise une source "personnelle", et parle du jeune Bertiaux au lieu de la jeune Eliane Bertaux, ce qui montre la valeur de sa source.
Jusqu'à l'enquête, hélas tardive, de Jean-Michel Ligeron, notre seule source était donc le livre de Garreau et Lavier, qui se base sur une enquète de gendarmerie, manifestement plus consultable, comme Jean-Michel Ligeron a pu le constater.

Ce n'est que bien plus tard que le GEIPAN a mis en ligne un rapport de gendarmerie, émanant cette fois de la direction départementale, et qui contenait les constatations faites à l'époque:

  Le 4 Octobre I954,entre 18.h.40° et 19.h, cette en-
fant qui revenait de renfermer  des vaches dans un parc
situé à la sortie Est de la localité et à environ 200
mètres de la dernière maison du Village a aperçu un
engin qui a attiré son attention.Cet engin,selon
l'enfant se trouvait à 20 mètres sur sa gauche par
rapport à sa direction de marche sur un chemin herbeux
débouchant dans une petite clairière et accédant lui-
même à un chemin de terre sur lequel circulait l’enfant

  Eliane BERTAUX,qui circulait à bicyclette s'est
arrêtée et a cru tout d'abord se trouver en présence
d'une tente servant au "Camping".Comme elle tentait
de s’approcher,une trappe s''est levée de bas en haut
par laquelle est sauté un être huuain qui a immédiatem
ment refermé la trappe derrière lui puis est resté un
moment immobile.-

  -Ce laps de temps aurait été suffisant pour que
l'enfant selon ses dires,puisse donner la description
suivante de l'individu:Homme d'une taille normale,
paraissant avoir la téte entourée d‘une forme carrée
avec des yeux très perçants.Bras pendants,mains
semblant d'une seule pièce avec  doigts soudés les
uns aux autres.Vêtu  d'un long vêtement à poils longs
de couleur brun-roux.A un moment donnné,l'homme se
serait avancé vers la jeune BERTAUX qui prise de peur
s'est enfuie sur sa bicyclette  sans plus se retourner.

  -Des dires de l'enfant,l'engin pouvait mesurer
2 m.50 à 3 m.de hauteur,et 2 m.de large.il présentait un
corps ovale, coiffé d'un genre de chapeau de forme conique
mais arrondi  sur le   sommet et reposait sur le sol sur
une partie da forme rectangulaire:La trappe aurait les dimen-
sions comme suit: hauteur I mètre; largeur 0 mètre,6O environ,
distance du sol : 60 à 80 centimètres environ.-

Note: Ce passage du rapport est reconstitué en mode texte, en en respectant la typographie.
(Rapport du commandant de gendarmerie des Ardennes à la 2° légion, N° 348/4, 12 octobre 1954)

Ce rapport de plusieurs pages comportent deux autres détails importants. D'abord une dame de 24 ans, a entendu l'engin:

... mais elle a entendu pendant un temps assez long un bruit
ressemblant à celui que fait une écrémeuse et ce dans la
direction où la jeune BERTAUX avait vu l'engin et dans les
mêmes moments.

Ensuite le père d'Eliane Bertaux, et un ami...

... tous deux cultivateurs se sont rendus sur les lieux
le soir même à 21 heures.Ils n'ont rien remarqué d'anormal
si ce n'est que l'herbe aurait été quelque peu froissée
dans un sens giratoire.

Il serait aussi très intéressant de retrouver ce cas dans un journal local des Ardennes. Mais il semble que les ufologues soient plus enclins à se recopier les uns les autres, qu'à fouiller dans les archives.
En conséquence, ce rapport ayant été occulté pendant des dizaines d'années, nous n'avons d'abord eu, en 1975, que le texte moins précis de Garreau et Lavier:

Il est un peu plus de 18 heures. Eliane Bertaux, une fillette de dix ans, vient de conduire les vaches de la ferme de ses parents dans un parc, à la sortie sud-est de la localité, à 200 mètres environ des dernières maisons. Pour rentrer, elle monte sur son vélo. Quelques dizaines de mètres, et c’est l’étrange rencontre. Eliane l’a racontée aux gendarmes, que ses parents avaient alertés.
  "Un peu en avant de moi, à une vingtaine de mètres sur ma gauche j’ai aperçu une chose que j’ai d’abord prise pour une tente de camping. Pendant que je me rapprochais, j’ai vu une trappe se soulever sur le haut de cette chose qui n’était pas une tente, mais un engin de 3 mètres de haut, et qui ressemblait à un gros œuf. Il reposait sur la terre par un pied de forme rectangulaire. La trappe mesurait à peu près 1 mètre de haut, et 0,60 mètre de large. Un petit bonhomme est apparu. Il a sauté à terre. Sa tête était entourée d’une forme carrée. Ses yeux étaient très perçants. Il avait les bras pendants, mais qui semblaient faits d’une seule pièce, avec les doigts soudés. Il portait des vêtements à longs poils, de couleur brun-roux. Il s’est avancé dans ma direction. J’ai pris peur. Je me suis sauvée à toute vitesse, sans regarder en arrière."
  Deux autres habitants du village ont indirectement confirmé le témoignage d’Eliane : M. Antoine Barrois, soixante-dix ans, a vu s’élever un engin lumineux, rouge très vif. Mais il ne s’en est pas inquiété. Un autre témoin a entendu un bruit, une « sorte de bourdonnement ».

(Charles Garreau, Raymond Lavier, Face aux extraterrestres, Jean Pierre Delarge 1975, p 24)

Puis en 1981, le livre de Jean-Michel Ligeron, précise quelques détails, malheureusement faux, à cause de la date trop tardive de l'enquête.

dessin
La fillette s'enfuit (J-M Ligeron)
Parvenue au lieu dit " Le Moulin ", celle-ci emprunte avec son troupeau un petit chemin de pierres, parque les animaux, puis, son travail achevé, s'en retourne par le même trajet. C'est alors, que regagnant à bicyclette son domicile, son attention fut brusquement attirée sur sa gauche, par la présence d'un étrange objet en forme de "tente" de couleur rouge-orangée paraissant posé sur le sol. Quelques fractions de secondes après, elle fut étonnée d'apercevoir, se tenant à proximité, un petit être qui paraissait porter une combinaison recouverte de longs poils avec des yeux rouge-lumineux. La jeune fille eut simplement le temps de discerner une sorte de porte coulissante vers le haut de l'objet posé sur le sol, mais prise d'une grande frayeur, elle s'enfuit sans se retourner jusqu'à chez ses parents auxquels elle rapporta ce dont elle venait d'être témoin.
  Le père d'Eliane, accompagné d'un ami qui se trouvait là, décidèrent de se rendre immédiatement sur les lieux de l'observation. Inspectant de long en large l'emplacement présumé où s'était posé l'objet, ils ne relevèrent aucune trace sur le sol, l'herbe n'était même pas foulée.
Afin de mieux se rendre, M. Berteaux (48 ans à l'époque, aujourd'hui retraité de l'agriculture), se rendit sur les lieux le lendemain matin, mais il ne fit pas d'autre constatation.
  J'appris par ailleurs qu'un habitant du village de Villers-le-Tilleul eut le temps d'observer un objet lumineux rouge-orangé, juste dans la direction ou Eliane se trouvait au moment où elle s'enfuit précipitamment. Il s'agit de M. Antoine Barrois, décédé depuis.

(Jean-Michel Ligeron, O.V.N.I. en Ardennes, 1981, p 28)

Enfin, 39 ans après Garreau et Lavier, et 33 ans après Ligeron, Julien Gonzalez inclut ce cas dans son catalogue de RR3.

Villers-le-Tilleul, Ardennes, 04 octobre 1954, 18h 00.
Eliane Bertiaux, 10 ans, M. André Barrois et un troisième témoin anonyme.

Il ne fait pas très froid, le temps est clair, pas de nébulosité, bonne visibilité, mais la nuit tombe, Eliane Berteaux conduit un troupeau de vaches dans la pâture qui se situe à environ 400 à 500 mètres de la maison de ses parents. Parvenue au lieu-dit « Le Moulin », celle-ci emprunte avec son troupeau, un petit chemin de pierres, parque les animaux, puis, son travail achevé, s’en retourne par le même trajet. C’est alors, que regagnant son domicile à bicyclette, son attention fut brusquement attirée sur sa gauche, par la présence d’un étrange objet en forme de « tente » de couleur rouge-orangée paraissant posé sur le sol. Quelques fractions de secondes après, elle fut étonnée d’apercevoir, se tenant à proximité, un petit être qui paraissait porter une sorte de combinaison recouverte de longs poils avec des yeux rouges lumineux.
Note: Tant le rapport de gendarmerie (que Gonzalez n'a pas lu), que le livre de Garreau et Lavier (que Gonzalez a lu) parlent d'yeux perçants, mais Gonzalez préfère la version moins fiable (après plus de 25 ans) de Ligeron, parce qu'elle est plus exotique.
La jeune fille eut simplement le temps de discerner une sorte de porte coulissante vers le haut de l’objet posé sur le sol.
Note: Le rapport de gendarmerie et le livre de Garreau et Lavier parlent d'une trappe, mais Gonzalez préfère la porte coulissante de Ligeron.
mais prise d’une grande frayeur, elle s’enfuit sans se retourner jusqu’à chez ses parents auxquels elle rapporta ce dont elle venait d’être témoin. Le père d’Eliane, accompagné d’un ami qui se trouvait là, décida de se rendre immédiatement sur les lieux de l’observation. Inspectant de long en large l’emplacement présumé où s’était posé l’objet, ils ne relevèrent aucune trace sur le sol, l’herbe n’était même pas foulée. Afin de mieux se rendre compte, M. Berteaux, se rendit sur les lieux le lendemain matin, mais il ne fit pas d’autre constatation.
Note: Là aussi, Gonzalez se base sur Ligeron, mais le rapport de gendarmerie mentionnait la constatation d'herbe froissée sans un sens giratoire.
Un autre habitant de Villers-le-Tîlleul, M. Antoine Barrois eut le temps d’observer un objet lumineux rouge-orangé, juste dans la direction où Eliane Bertiaux se trouvait au moment où elle s’enfuit précipitamment. Une troisième personne non nommée aurait entendu un bourdonnement.

Informations complémentaires:
1. D’après le témoin, il semble que l’objet mesurait 4 à 4,50 mètres de haut sur l à 1,50 mètre de large. À aucun moment, le témoin n’a perçu de bruit.
2. Cette observation a fait à l’époque des faits l’objet d’une enquête de la Gendarmerie Nationale de la brigade de Flize. En outre, une contre-enquête a été réalisée près de 25 ans plus tard par Jean-Michel Ligeron au cours de laquelle Mme C... (ex Mlle Eliane Berteaux) a confirmé ses déclarations de l’époque.
Note: Malheuresusement Gonzalez n'a pas pu consulter l'enquête de la gendarmerie et du se contenter des renseignements glanés par Ligeron.
(Julien Gonzalez, RR3 - Le Dossier des Rencontres du Troisième Type en France, Le Temps Présent, 2014, pp 109-110)

Analyse

En se basant sur les informations des livres précédents, la jeune Eliane Bertaux pédalait vers le village un peu après 18 H, c'est à dire à peu près au coucher do soleil. Or à un endroit, l'horizon jusque là caché par un talus, devient visible, et le soleil avec. Si l'heure indiquée était la bonne, on pouvait soupçonner que l'objet arrondi, de rouge-orange, à l'ouest, et n'ayant laissé aucune trace, n'était tout simplement que le soleil couchant lui même. Cette hypothèse est compatible avec les données de Garreau et Ligeron, mais pas avec celles, beaucoup plus précises, du rapport de gendarmerie.

En effet, dans ce rapport, c'est un engin d'apparence ovale, de 2 m.50 à 3 m.de hauteur,et 2 m.de large, surmonté d'une cone arrondi. Il a une trappe qui s'ouvre vers le haut, il fait un bruit d'écrémeuse de ferme, et il froisse l'herbe dans un sens giratoire.
Pris tous ensemble, ces détails désignent inéluctablement le coupable: c'était tout simplement un hélicoptère! (il est bizarre que les gendarmes ne s'en soient pas aperçus)
A cette époque, diverses bases de l'OTAN avaient commencé d'être installées dans la région. La plupart n'étaient pas encore opérationnelles pour les avions, mais l'étaient déjà pour les hélicoptères (qui n'ont pas besoin de piste). Il n'y a plus qu'à trouver quel modèle correspond à la description, et partant, sur quelle base il était en service.
Pour nous aider, il serait utile de connaître la couleur de l'engin. Jean-Michel Ligeron parle d'une couleur rouge-orange, mais le rapport de gendarmerie n'en dit rien. D'autre part entre 18 H 40 et 19 H, à cette date, c'est l'heure "entre chien et loup", où on voit mal les couleurs. Ainsi si M. Barrois a vu s'élever un engin lumineux d'un rouge très vif, c'est probablement qu'il parlait de la couleur de son feu de signalisation. Nous ignorons donc, en fait, la couleur de l'engin.

Un hélicoptère Bell ne correspond pas à la description. Un hélicoptère français non plus. Un hélicoptère Sikorsky conviendrait mieux. Nous avons alors 3 candidats:
Le Sikorsky H-5, ou S 51: Mis en service en 1945, plus de 300 exemplaires ont été construits jusqu'en 1951.
Le Sikorsky H-19, ou S 55: Mis en service en 1950, plus de 1500 exemplaires ont été construits.
Le Sikorsky H-34, ou S 58: Mis en service en 1954, 1800 exemplaires ont été construits, dont 166 en France.
Le S 55 et le S 58, on une silhouette voisine, celle du S 58 pouvant bien d'ailleurs être celle de l'engin vu à Socorro. Mais cette silhouette correspond mal à la descrition d'Eliane Bertaux, la porte ne correspond pas, et le S 58 n'était encore en France en 1954.

dessin
Un Sikorsky S 51/H 5 de la Royal Canadian Air Force
C'est donc le S 51 qui correspondrait le mieux, avec son rotor au sommet d'un cone.
Le Sikorsky H-5, ou S 51 ou encore "Dragonfly" (libellule) fut surtout utilisé par l'US Navy et par beaucoup de forces navales (y compris l'aéronavale française), mais aussi par La Royal Canadian Air Force, et c'est peut-être par ce biais que cet appareil a pu se trouver en France, sur la base de l'OTAN de Marville-Montmédy. Cette base fut installée en 1953, et si les premiers escadrons de F-86 n'y furent qu'en avril 1955, rien n'empéchait des hélicoptères d'y élire domicile dès 1953. Nous n'avons pas la preuve de cette domiciliation, mais puisqu'Eliane Bertaux a vu un hélicoptère correspondant au S 51, et qu'il n'y a que les canadiens qui auraient pu les amener en France, il parait bien probable que c'est de la base de Marville, à 53 km de Villers-le-tilleul qu'est parti l'engin.

Reste l'occupant. "téte entourée d‘une forme carrée avec des yeux très perçants" signifie simplement qu'il avait un casque, avec des écouteurs, et des lunettes spéciales. "Bras pendants" signifie simplement qu'il est resté ainsi quelques instants pendant que la fillette le regardait. "mains semblant d'une seule pièce avec doigts soudés les uns aux autres" correspondrait simplement à des moufles. Le plus bizarre est encore: "un long vêtement à poils longs de couleur brun-roux". Curieux vêtement pour piloter un hélico début octobre, mais c'est plutot insuffisant pour en faire un martien. Comme c'est un "Homme d'une taille normale", il n'y a aucune raison d'y voir autre chose qu'un homme de notre planète, et probablement un canadien.

La seule chose conforme à la mythologie du "martien poilu" est donc le vêtement à poils longs. Mais comme il n'y a ni taille de 1.20 m, ni soucoupe volante, il n'y a jamais eu de "martien poilu" à Villers-le-Tilleul.

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Dernière mise à jour: 25/04/2018