Pas de martiens velus en 1954
On se demande aujourd'hui, comment, si les occupants de soucoupe volante étaient supposés être des martiens, à tout le moins des extraterrestres, on a pu accepter comme occupants de soucoupe des êtres entièrement velus, ressemblant parfois à des singes, alors qu'on s'attendait à voir débarquer des êtres en scaphandre.
C'est oublier qu'en 1954, "martien" était un terme genérique pour désigner tous les êtres extraordinaires qu'on pouvait rencontrer, tout comme "soucoupe volante" en était un autre pour désigner tout objet céleste mystérieux.
D'autre part, les journalistes, toujours à l'affût d'informations sensationnelles, répercutaient plus facilement ces histoires de martiens invraisemblables, dont ils ne croyaient pas un mot. Un pilote de soucoupe en scaphandre aurait eu moins de succès.
Mais les premiers "soucoupistes" (on ne parlait pas d'ufologues à l'époque), ne dédaignèrent pas de collecter aussi ces témoignages de martiens velus. Après tout, ils faisaient partie des observations de la vague de soucoupes, et, même sans scaphandre, ces "martiens" là n'en étaient pas moins fantastiques.
Ecoutons comment Aimé Michel justifie cette approche.
Vers 19 heures, donc, ce soir-là, M. Roger Barrault, de Lavoux, roulait à bicyclette près du village, lorsque, dans le crépuscule tombant, il se trouva soudain nez à nez avec une sorte d'être indéfinissable logé dans un «scaphandre ». Il était haut d’environ un mètre cinquante, affirme M. Barrault, ses «jambes» n'avaient pas de talon, il disposait d'une « tête » ressemblant à une vaste touffe de poils avec des « yeux » brillants ; deux espèces de phares superposés verticalement, extrêmement lumineux, se remarquaient à mi-corps sur sa face avant. L'être se déplace sur la route pendant une minute environ devant M. Barrault « paralysé », puis disparut entre les arbres de la forêt proche.
Cette description faite par un homme d'esprit très simple (M. Barrault est manœuvre), obtint dans les journaux du surlendemain un vif succès d'hilarité 24. Le « Martien moustachu » prit place dans le folklore journalistique et dans la conversation des personnes sensées comme la dernière réincarnation de l'éternelle sottise humaine. Maintenant encore, il constitue un argument sans réplique dans toute discussion où quelque faible d'esprit se risque à prononcer les mots de Soucoupe Volante. Qu'aurait-on dit alors si l'on avait su qu'à l'autre bout de la France, une demi-heure avant M. Barrault, des enfants disaient avoir approché un être exactement identique
(Aimé Michel, Mystérieux Objets célestes, Arthaud 1958, page 262)
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Donc, il n'y avait pas de quoi rire. Les martiens moustachus-poilus-velus, faisaient partie du problème des soucoupes volantes. Leurs observations furent donc examinées, avec celles des autres pilotes de soucoupes, plus tard baptisés "ufonautes".
Voyons les observations retenues par Michel Carrouges:
3° 5 cas de petits pilotes « poilus »:
Lucas, à Loctudy (Finistère), oct. 1954,
Barrault, à Lavoux (Vienne), 9 oct. 1954,
Calba, à Pournoy-la-Chétive (Moselle), 9 oct. 1954,
Laugère, à Montluçon (Allier), 12 oct. 1954,
Stawsky, à Lewarde (Nord), 27 oct. 1954,
C’est l’aspect le plus cocasse de notre problème. Passe encore que le Martien soit imberbe et présenté sous cellophane, mais barbu, non, c’est trop.
Le fait est que la notion de « Martien » barbu, si elle n’est pas tout à fait incompatible avec le port de scaphandre, paraît peu en harmonie avec lui. Même sous la transparence, la pilosité n’est pas au premier plan et ne devrait pas demeurer majeure dans l'impression du témoin.
...
selon M. Lucas, le pilote avait les yeux de la grosseur d’un « œuf de corbeau » (A.F.P., 6 oct.), selon M. Barrault, des yeux « très brillants » (A.F.P., 10 oct.), selon les enfants (Calba et Hirsch, de « gros yeux » (F.S. 12 oct.), selon M. Stawsky, des yeux « bridée et globuleux » (P.-P. 29 oct.).
Chaque fois le même trait caractéristique émerge comme une constante impressionnante au milieu de la variation des autres détails plus ou moins bien vus. A moins de croire au pouvoir magique des coïncidences, on ne peut rien expliquer de cet indice par illusions ou mystifieations : il correspond nécessairement à un même genre d’êtres dont les gros yeux (ou appareils oculaires) et la pilosité n’excluent pas le port d’un scaphandre.
(Michel Carrouges, Les apparitions de martiens, Fayard 1963, page 107 à 109)
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On remarque tout de même que Carrouges est bien optimiste quant à l'identité de ces détails. Il n'y a guère que les cas Lucas et Calba, où les yeux sont décrits en termes quasi identiques, parmi d'autres détails, qui eux, ne le sont pas.
Les pilotes de soucoupe, où ufonautes, étant supposés extraterrestres vont donner lieu à diverses classifications, dans l'hypothèse ou deux types identiques devraient avoir une origine commune.
Dans un catalogue compilé en 1968, basé sur 334 cas, Jader U. Pereira, de Pôrto Alegre, distingue 12 types principaux, et réserve une catégorie, le type 6, pour les occupants de soucoupes dont le corps est couvert de poils.
Dans une autre classification, de l'International UFO Bureau, il n'y a plus que 3 types, plus une catégorie fourre-tout. Le premier type, un petit être en scaphandre, fera une belle carrière, car ce sera le seul connu par les non-spécialistes. Le troisième est celui des occupants velus.
Mais ces classifications sont assez arbitraires, et chaque nouvelle observation révèle un type qui n'est jamais rigoureusement identique à un type déja connu.
En 1979, Alain Gamard recense déja 2500 cas!
Et Godelieve van Overmeire remarque: "Qu’il y ait presque autant de « sortes » d’extraterrestres que de témoins saute aux yeux.". Elle précise: "En 60 ans, de 1940 à 2000, il y a 1713 cas de rencontres par au moins 2.356 témoins de 5.196 « humanoïdes ou apparentés » représentant au moins 200 ethnies différentes.
A moins d'imaginer que des milliers de planètes habitées nous envoient leurs représentants, il est donc illusoire de chercher les planètes d'origine de ces supposés extraterrestres d'après leur type. Il est seulement possible de tenter de classer ces types d'occupants de soucoupe, ou ufonautes, par familles. Eric Zurcher ne peut que classer les types en 8 groupes, chacun comportant des variantes, sauf le groupe 3 réservé aux ufonautes couverts de poils.
De fait ce groupe serait extrèmement spécifique. Des 1975 Jean Giraud le remarque:
Au milieu de plusieurs dizaines d'apparitions d'humanoîdes à peu près également réparties entre des deux types se promenaient huit descriptions qui ne s'intégraient pas du tout avec le reste du phénomène mais qui n'en constituaient pas moins un-ensemb1e parfaitement cohérent. Un ensemble tellement cohérent qu'il paraissait difficilement réfutable malgré son aspect nettement grand-guignolesque. Il s'agissait du type "Martiens-Poilus" qui se manifestèrent dans les circonstances suivantes.
5/10/54 Loctudy (Finistère) ...
5/10/54 Mertrud près de Voillecomte (Haute Marne) ...
9/10/54 Pournoy la Chétive (Moselle) ...
9/10/54 Lavoux (Vienne) ...
12/10/54 Montluçon (Allier)
14/10/54 Lewarde (Nord) ...
. . /10/54 Livry sur Seine (Seine et Marne) ...
24/10/54 Les Egots, près de Sainte Catherine ...
(INFO OVNI n° 0 , Avril 1975, septième page)
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Les différents catalogues de Rencontres rapprochées du 3e type, vont donc réserver une place à ce groupe, en représentant son type tant bien que mal.
Toutes ces représentations sont d'accord: corps entièrement poilu, yeux brillants et mains griffues.
Voyons donc ce groupe de plus près. Nous allons faire la synthèse des cas français présentés par Carrouges, par Giraud et par Zurcher (qu'ils soient supposés vrais ou faux), complétée par les divers catalogues apparus depuis, dont celui de Julien Gonzalez.
Date | Heure | Lieu | Témoin |
17/09/1954 | 08H 30 | Omont (08) | Pierre Delvenne. |
25/09/1954 | 21H 35 | Joinville le Pont (94) | Louis Perret et un ami |
04/10/1954 | 18H 15 | Villers-le-Tilleul (08) | Eliane Berteaux (10 ans) |
05/10/1954 | vers 04H | Loctudy (29) | Pierre Lucas |
05/10/1954 | 07H 15 | Mertrud (52) | André Narcy |
09/10/1954 | vers 19H | Lavoux (86) | Roger Barrault |
09/10/1954 | 18H 30 | Pournoy la chetive (57) | G. Calba, D. et J-P. Hirsh (11, 9 et 5 ans) |
12/10/1954 | soir | Montluçon (03) | M. Laugère |
16/10/1954 | jour | Livry-sur-seine (77) | 2 femmes et 2 enfants |
18/10/1954 | soir | Andigné et St Martin du bois (49) | Albert Gerault (15 ans) |
20/10/1954 | vers 18H | Gavres (56) | Mme. C. |
22/10/1954 | soir | Binic (22) | ? |
22/10/1954 | 15H 30 | Lewarde (59) | Casimir Stawski |
24/10/1954 | 17H 30 | Les Egots-Ste-Catherine (69) | Janine Seon (10 ans) |
03/11/1954 | 06H 30 | Mareil-en-Champagne (72) | Roland Poirier (15 ans) |
18/11/1954 | vers 06H | St Maudan (22) | Danielle Ponner (12 ans) |
Nous allons voir qu'à l'analyse, il n'y a pas un cas pour racheter l'autre. Comme d'habitude les ufologues se sont recopiés les uns les autres, et les premières sources utilisées n'étaient souvent pas des journaux locaux.
Pas de martien à Omont.
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Le cas d'Omont est le premier cas de la vague de 1954 où est mentionné un occupant de soucoupe volante à visage couvert de poils, mais il n'a été mentionné que dans la presse ardennaise.
D'autre part, ce n'est pas vraiment le premier cas d'observation d'un occupant velu, puique, pas plus que dans le cas de Joinville le pont, il n'y a eu d'observation: c'était, en fait, une histoire racontée à deux naïfs.
L'histoire aurait été racontée le dimanche 19 septembre, et publiée le mercredi 22, concernant une observation du 17. Mais en fait le témoin n'avait fait que répondre "oui" aux questions orientées de deux curieux, qui prétendaient en savoir plus que lui sur les soucoupes volantes.
Pas de martien à Joinville le pont.
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Le cas de Joinville le pont, aurait eu lieu, s'il avait vraiment eu lieu, le 25 septembre 1954. Ce serait donc la première histoire de passagers de soucoupe volante à visage couvert de poils qu'on aurait raconté dans la presse nationale.
On a cherché longtemps la source de ce cas, qui n'était connu que comme "Petit courrier des soucoupes volantes", ce qui dénotait d'un registre pour le moins anecdotique.
Finalement, on a retrouvé cette fichu source. C'est une revue tellement crédible qu'on comprend que les ufologues n'avait pas pensé à chercher dedans. Ce cas sort en fait d'une lettre de lecteur adressée à Ici-Paris. Et l'histoire est aussi invraisemblable que la source est peu crédible.
Pas de martien à Villers-le-Tilleul.
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Les sources de base du cas de Villers-le-Tilleul, sont le catalogue préliminaire de 500 observations, de Vallée, imprécis et faux, et celui de Garreau et Lavier, basé sur une enquète de gendarmerie, hélas plus consultable. Une enquète plus récente de Jean-Michel Ligeron, recoupée avec les données de Garreau laisse entrevoir une hypothèse étonnante: L'objet pourrait bien n'avoir été que le soleil couchant.
Mais les éléments de l'enquète de gendarmerie se retrouvent dans un rapport du commandant de gendarmerie, archivé par le GEIPAN et permettent de comprendre: l'aspect, le bruit et les traces de l'objet correspondent à un hélicoptère Sikorsky S 51.
Pas de martien à Loctudy.
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La "martien" de Loctudy, alias "le martien du Finistère" a eu droit à de nombreuses citations dans la presse. C'était le premier cas connu de "martien" avec le visage poilu et de gros yeux, car le cas de Villers-le-tilleul ne fut connu que bien plus tard.
Curieusement, le dessin de la revue Radar correspond mal à cette description, et ce ne sera pas la première ni la dernière fois.
Mais il n'y avait rien que l'observation insolite d'un mitron complètement déformée par les journalistes.
Pas de martien à Mertrud.
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Pour l'affaire de Mertrud, d'abord l'observation aurait eu lieu à "La tuilerie", et non à Mertrud, qui était seulement le domicile du témoin.
Ensuite, le récit du témoin ne tenait guère debout: en se rendant à son travail, il aurait pris le temps d'observer un être ressemblant à un orang-outang, mais à 200 mètres, et par temps de brouillard!
Et enfin, l'explication se trouvait déja dans la presse de l'époque: Il suffisait de lire toute la presse locale, et pas seulement le premier article à citer l'affaire. On apprenait alors que le témoin avait inventé cette histoire.
Pas de martien à Pournoy-la-chétive.
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Pour Aimé Michel, le cas de Pournoy-la-chétive validait celui de Lavoux, et vice-versa, puisqu'il y avait exacte identité des deux êtres.
Mais d'abord ces deux cas ne se ressemblait guère, puisque la description de l'être était différente, et ensuite il n'y avait pas plus de martien à Pournoy-la-chétive qu'à Lavoux, car trois jours après, la démystification tombait dans le même journal.
En réalité, il y a avait eu un minable bolide, un habitant muni d'une lampe, et un journaliste qui construisit une histoire enjolivée par le bouche à oreille.
Pas de martien à Lavoux.
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Nous avons vu comment Aimé Michel racontait le cas de Lavoux, et comment il défendait le brave témoin face aux méchants sceptiques.
Mais encore eut il fallu qu'il connaisse la vraie histoire racontée par le dit témoin, et nous allons voir que le récit qu'il rapporte n'était que l'invention d'un journaliste.
De plus, Aimé Michel ne respectait même pas le texte de l'article initial et semble ne pas se rendre compte qu'il n'a rien à voir avec le cas de Pournoy-la-chétive:
Pas de martien à Montluçon.
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Le cas de Montluçon, est utilisé par Aimé Michel pour son réseau orthoténique du 12 septembre, puis par Michel Carrouges, puis par Jacques Vallée. Pour ces deux derniers auteurs, un employé des chemin de fer avait vu posé au sol, un engin métallique en forme de torpille, et à coté un individu, couvert de poils. Pendant qu'il courait chercher des camarades, l'engin décolla à la verticale, sans aucun bruit.
Mais à Montluçon, il y avait l'ufologue Jean Giraud, qui découvrit le pot aux roses:
C'était une mystification. Quelques cheminots, à l'aide d'une peau de bique et d'une fusée de feu d'artifice avaient voulu jouer un bon tour à un collègue trop crédule.
Pas de martien à Livry-sur-seine.
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Voici un cas qui n'a guère excité les compilateurs. Aucun des "bons auteurs" de l'époque, Jimmy Guieu, Aimé Michel, Charles Garreau, Michel Carrouges, ne l'a utilisé. A part le catalogue préliminaire de 500 observations de Jacques Vallée, qui ne cite, en pratique, que la date et le lieu, il n'y a guère que Jean Giraud pour l'avoir cité en quelques lignes.
Pourtant, c'est un beau cas de "martien" poilu/velu, mais il est vrai qu'il n'y a pas d'atterrissage de soucoupes à la clé.
Pire, les journaux qui en ont parlé ont évoqué l'hypothèse d'un orang-outan ou d'un vagabond. Comment voulez vous qu'un singe ou un vagabond débarque d'une soucoupe volante?
Pas de martien à Andigné.
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L'observation d'Andigné a eu lieu, en fait, sur la commune de Saint-Martin-du-bois, au lieu-dit "La Maison Neuve". La date, d'abord prétendue le 18 octobre, est reculée par un journal plus local au dimanche 17 octobre. Mais le témoin, jeune valet de ferme, rentrait de son travail. Sauf à être sûr qu'il travaillait bien le dimanche, ce pourrait être aussi le samedi 16 que l'observation a eu lieu. Or, ce samedi là, à la même heure un bolide fut visible qui pourrait correspondre à l'observation.
Quand au petit être avec des yeux de hibou, on ne sait pas très bien. C'était peut-être tout simplement un hibou, mais surement pas un martien!
Pas de martien à Gavres.
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Les petits êtres velus de Gavres n'ont pas eu droit à l'honneur de figurer dans M.O.C. d'Aimé Michel, ni d'être mentionné par Michel Carrouges, et pour cause: ils n'ont été connus d'un ufologue qu'à la fin des années 70. Pourtant, il n'aurait pas déparé dans Chronique des apparitions extraterrestres de Jacques Vallée, tant ils s'apparentent au folklore Celtique, d'autant que le témoin aurait habité "rue des lutins" (Ca ne s'invente pas).
De fait on imagine très bien ce récit dans un ouvrage du XIXe siècle traitant du folklore, au chapitre des korrigans.
Pas de martien à Binic.
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Le cas de Binic est peu connu des ufologues, pour qui les "martiens" identifiés ne méritent pas d'être étudiés.
Qelle erreur! Ce sont justement les cas identifiés qui font progresser la recherche, puisqu'une science doit d'abord identifier son objet, et que l'objet de l'ufologie étant l'étude des observations et non celle des OVNI, le problème est de savoir, quel objet, dans quelles conditions d'observation peut générer une observation d'OVNI ou d'occupants d'OVNI. Le cas de Binic nous apprend que pour une observation d'humanoïde du groupe 3, une bouteille de gaz dans une rue mal éclairée suffit.
Pas de martien à Lewarde.
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Pour l'affaire de Lewarde, nombre d'ufologues ont embrayé sur la citation du catalogue de Jacques Vallée, pourtant là aussi l'explication se trouvait déja dans la presse de l'époque: Le martien n'était qu'un clochard.
Et d'ailleurs, à Lewarde même, tout le monde le savait. Mais il faut tout de même préciser que la solution ne se trouvait que dans l'édition locale d'un hebdomadaire, en sorte que seule une recherche exaustive de la presse pouvait la dénicher.
Néanmoins, une enquête sur place révélait le pot-aux-roses.
Pas de martien à Les Egots.
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Le cas du lieu-dit "Les Egots", commune de Sainte-Catherine, n'a pas eu trop de succès dans le petit monde ufologique, puisqu'il est ignoré de Jimmy Guieu et Aimé Michel, mais a quand même eu droit à l'honneur de figurer dans Un siècle d'atterrissage UFO, de Jacques Vallée, ainsi que dans le catalogue Garreau-Lavier et dans celui de Michel Figuet. Il a ensuite été descendu en flammes par Barthel et Brucker, puis réhabilité par Jean Sider, persuadé que c'est toujours le contraire de ce qu'ils disent, qui est vrai, et enfin présenté comme authentique dans RR3 de Julien Gonzalez. Et pourtant, ce n'était probablement qu'un atterrissage d'hélicoptère.
Pas de martien à Mareil-en-Champagne.
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Le cas de Mareil-en-Champagne est un cas d'école dans la mesure où, comme d'habitude, les ufologues se sont recopiés les uns les autres, et que la solution est venu d'un lecteur qui ne prétendait pas être une autorité en la matière.
A la base il y a bien des articles de journaux locaux, mais comme pour beaucoup d'autres cas, ils n'ont été connus que de Michel Jeantheau, quand il a effectué le dépuillement de toute la presse française, puis utilisés ensuite par Jean Sider.
Cependant un lecteur perspicace a découvert que ce cas n'était qu'une farce jouée au témoin.
Pas de martien à Saint Maudan.
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Le cas de Saint Maudan est le dernier cas de martien à visage poilu de la vague française de 1954.
Il était inconnu des pères fondateurs de l'ufologie, puisqu'il n'est apparu dans la littérature ufologique qu'en 1994. Cependant, il était alors déja connu de l'ufologue Michel Jeantheau depuis qu'il avait dépuillé l'ensemble de la presse française pour 1954.
A la base, il y a un journal local, mais c'est la valeur du témoignage qui fait problème: Le témoin est une fillette de 12 ans, réveillée en pleine nuit, et la fantasmagorie disparut quand elle appela ses parents.
Alors, un cauchemar évéillé? Un véhicule ayant éteint ses phares? Quoiqu'il en soit, il n'y a pas besoin d'un atterrissage de martiens pour expliquer ce cas.
Il existe encore quelques cas de "martiens poilus", que nous n'avons pas traité. Aux Rousses, le 29 octobre, à Siran, le 30 octobre. Mais ces cas sont trop mal documentés, et, même évoqués dans la presse, ne valent pas plus qu'une rumeur. Donc, de tous les cas de "martiens poilus" qu'on nous a présenté, il n'en reste aucun qui tienne debout.
Et ce n'est pas mieux quand on fait appel aux cas sud-américains. Plusieurs cas de martiens poilus apparurent en effet au Vénézuéla, mais curieusement, pour le seul mois de novembre 1954.
Pas de martien au Vénézuéla.
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Les petits êtres poilus du Vénézuéla ont eu droit à la couverture de l'album de Lob et Gigi, Ceux venus d'ailleurs. Autant dire que c'est la consécration.
Malheureusement, Lob et Gigi n'ont bien sûr enquêté sur aucun de ces cas, et ont du faire confiance à des sources ufologiques, qui, elle mêmes, faisaient confiance à des sources sud-américaines, dont l'esprit critique n'était pas la vertu cardinale.
Résultat: Une génération d'ufologues qui a fait son éducation ufologique à travers Lob et Gigi, réserve une place aux "hombrecitos", ces petits êtres velus qui ont fait la couverture de Ceux venus d'ailleurs, sans savoir qu'ils sont aussi illusoires que les martiens de Joinville-le-Pont ou que celui de Lewarde.
Conclusion.
Et voila! Après avoir constaté qu'aucune de ces observations ne permet de conclure à l'existence objective de petits êtres velus, qu'ils soient baptisés martiens ou ufonautes, nous pouvons conclure que, bien que tous les catalogues de RR3 en admettent l'existence, ce type d'occupant de soucoupe volante n'existe pas: il n'y a jamais eu de martien velus.
Mais alors, comment les ufologues ont ils pu se méprendre à ce point? Ce type était le seul qui leur parassait cohérent et sans variantes.
Mais était il si cohérent que ça? Revoyons donc les caractéristiques alléguées:
Date | Lieu | taille | pilosité | yeux | mains |
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17/09/1954 | Omont (08) | ? | visage | ? | ? |
25/09/1954 | Joinville le Pont (94) | 1.10 m | visage | ? | ? |
04/10/1954 | Villers-le-Tilleul (08) | normale | vêtement | perçants | doigts soudés |
05/10/1954 | Loctudy (29) | 1.20 m | visage | oeuf de corbeau | ? |
05/10/1954 | Mertrud (52) | 1.20 m | corps | ? | ? |
09/10/1954 | Lavoux (86) | 1.50 m | moustache | brillants | ? |
09/10/1954 | Pournoy la chetive (57) | 1.20 m | visage | gros | ? |
12/10/1954 | Montluçon (03) | normale | vêtement | ? | ? |
16/10/1954 | Livry-sur-seine (77) | normale | corps | perçants | ? |
18/10/1954 | Andigné (49) | 1.20 m | corps | de hibou | ? |
20/10/1954 | Gavres (56) | 1.20 m | corps | ? | ? |
22/10/1954 | Binic (22) | ? | corps | ? | ? |
22/10/1954 | Lewarde (59) | 1.10 m | corps | exorbités | ? |
24/10/1954 | Les Egots (69) | 1.40 m | visage | de boeuf | ? |
03/11/1954 | Mareil-en-Ch. (72) | normale | visage | ? | ? |
18/11/1954 | St Maudan (22) | petite | corps | ? | ? |
28/11/1954 | Petare (Vénézuéla) | 90 cm | corps | brillants | griffues |
On voit qu'il n'y a cohérence pour aucune des caractéristiques alléguées. La taille est variable, et la pilosité se réduit parfois à une moustache. Quant aux mains griffues, elles ne concerne que les petits êtres du Vénézuéla et n'apparaissent nulle part en France.
Donc, même sans connaître l'explication de tous ces cas, même en se fiant seulement aux allégations des journaux, la prétendue cohérence de ce groupe n'est qu'une fable: elle est totalement inventée.
Désolé, pour Pereira, pour Zurcher, pour Lob et Gigi, pour Julien Gonzalez, il n'y a jamais eu de martiens velus, ni, en généralisant, d'ufonautes velus.
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Mais ces ufonautes velus n'ont pas été perdus pour tout le monde. Après cette mémorable vague de 1954, beaucoup de bandes dessinées consacrèrent une histoire complète aux soucoupes volantes, en récupérant quelques thèmes, ou affaire célèbre.
En particulier, dès le mois de décembre 1954, donc, à peine la vague términée, Franquin et Gigé sortent dans Spirou, une histoire qui explique tout: Les soucoupes volantes, leurs performances fantastiques, leur aspect mimétique, les ufonautes velus, les prélèvements, le comportement des témoins, et même l'homme des neiges!
Et voila: Pour la bande dessinée, ces pilotes velus de soucoupe volante étaient un peuple avancé, installé au Thibet, et habillés de fourrures noires pour se faire passer pour des "hommes des neiges".
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