1561 Fantasmagorie à Nuremberg
1561. Hanns Glaser mentionne un prodige dans la Nürnberger Flugblatt.
La Nürnberger Flugblatt (feuille volante de Nuremberg) est un occasionnel, appelé aussi "canard". C'est à dire une feuille imprimée ou on relate un évènement extraordinaire, en l'agrémentant au besoin de détails supplémentaires.
Anno M. D. LXI. An dem XIIII. tag Aprillis zu morgens zwischen Aim gehn tag und dem darauf/ das ist zu morgens zwischen 4 und 5 auff der kleinen uhr/ ist ein sehr erschröcklich gesicht an der Soñ wie sie im auffgang gewesen erschinnen/ und zu Nürnberg in der Stat und vor dem thor und auff dem Land von vielen mañs und weybs personen gesehen worden. Erstlich ist die Sonn mit zweyen Blut farben halbrunden strich?/ gleichförmig wañ der Monn im abnemen/ mitten durch die Sonne erschinnen und gesehen worden/ und inn der Sonne/ oben/ unten/ Und auff beden seytten Blut farbe/ und eines theyls Blößliche oder Eysen farbe auch schwartz farb runde Kugel gestanden/ Desselben gleichen auff bayden seytten und ringscheyben umb die Sonne herumb/ sein solche blut rote/ und der andern Kugel in anzal viel/ etwo drey inn die lenge/ unter weylen vier inn einem Quatrangel/ auch etliche aintzig gestanden/ Und zwischen solchen Kugeln sein auch etliche Blutfarbe Creutz gesehen und zwischen solchen Creutzen und Kugeln sein Blutfarbe streyme hinden dick/ Und vorn hinauß/ etwas geschmeydiger als hocken rhor/ Allenthalben mit ein vermischt gewesen/ sampt unter andern zweyen grossen rorn/ eines zur rechten/ und das ander zur lincken handt stehent/ in welchen kleinen und grossen Rorn/ zu dreyen/ auch vier und mehr kugel gewesen. Dieses alles hat mit einander anfahen zu streyten/ sein die kugel so erstlicht in der Sonn gewesen/ herauß auff die/ so zu beyden seytten gestanden/ gefarn/ so sein die so heraussen gewesen sampt den kugeln auß den klein und grossen Rorn/ inn die Sonne hinein gefarn/ zu dem haben die Ror eben so sehr alle die kugel unter einander gefarn/ und hefftig alles mit einander gestritten und gefochten/ Bey einer guten stundt/ Und wie der Streyt das ein weyl inn die Sonne hinein/ und widerumb herauß am hefftigsten hin und her gefaren/ sich dermassen miteinander abgematt/ Ist es alles wie obverzeychnet von der Sonnen/ vom Hymel herab auff die erden gleich alls ob es alles Brennet gefallen / und mit einem grossen dampff herunten auff der Erden allgemach vergangen. Nach solchem allen ist auch gleichförmig einem schwartzen Speer/ der schafft vom auffgang/ Und die spitzen zum Nidergang inn grosser dick und leng gesehen worden. Was aber solche zeychen bedeuten/ ist Gott allein wissent/ dieweyl wir aber kurtz auffeinander/ soviel und mancherley zeychen am Hymel haben/ die uns der Allmechtige Gott/ von unsers sündlichen lebens/ damit er uns gern zur buß reitzen und locken wolt/ erscheinen lest/ so sein wir leyder so undanckbar/ das wir solche hohe zeychen und Wunderwerck Gottes verachten/ Auch spötlich davon reden/ und inn windt schlagen/ Zubesorgen es werde uns Gott umb unserer undanckbarkeyt willen/ ein schröckliche straff senden/ Jedoch werden solchs die Gotsfürchtigen in keinen weg verachten/ sonder alle diese trewe warnung ires gnedigen Vatters im Hymel behertzigen/ ir Leben bessern/ Gott trewlich bitten/ Das er seinen billigen zorn/ sampt der wol verdienten straff von uns wöll abwenden/ Damit wir alls seine kinder hie zeytlich/ und dort ewig leben mögen/ darzu uns Gott allen wölle helffen/ Amen.
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« En l'an 1561 le 14 avril au matin, entre l'aube et peu après vers quatre ou cinq heures à la montre, est apparu sur le soleil alors qu'il se levait une vision effrayante et vue par nombre d'hommes et de femmes à Nuremberg, à la porte de la ville, et dans la campagne. D'abord sont apparus avec le soleil deux arcs rouge sang comme la lune dans son dernier quartier, en haut et en bas scintillant comme le soleil, et des couleurs de sang de chaque côté. Tout autour du soleil on voyait de nombreuses sphères, de couleur bleuâtre ou ferreuse ou noire. D'autres couleur de sang étaient formées en cercle de chaque côté du soleil. D'autres encore sont apparues par rangs de trois, d'autres par rangs de quatre. Entre ces dernières on voyait des croix rouge sang. Et entre toutes ces sphères et croix des trainées rouge sang à l'arrière plan. À cette vision se mêlaient des cylindres souples et creux. Il y avait aussi trois grands cylindres, un à main gauche, un à droite et un troisième au-dessus du tout. Et dans ces cylindres étaient quatre sphères ou plus. Tous ceux-là on commencé à se battre entre eux : on rapporte que les sphères sont d'abord entrées dans le soleil, et en sont ressorties pour s'entrechoquer, les grands cylindres ont commencé à se tirer dessus avec des sphères. Pendant une bonne heure, tout cela a combattu violemment et lutté jusqu'à épuisement des forces en s'élevant et s'abaissant devant le soleil. Enfin, comme il a été rapporté, tous les objets ont chuté vers la terre, comme s'ils voulaient tout incendier et sont finalement tombés sur le sol dans un grand élèvement de vapeur et se sont dissous. Après ce spectacle, on raconte qu'est apparue dans le ciel une chose semblable à un grand et large fer de lance noir, son emmanchement orienté à l'est et sa pointe à l'ouest. Mais ce que tous ces signes signifient, Dieu seul le sait. Mais comme nous avons vu se succéder ces derniers temps dans le ciel tant de signes différents que Dieu tout-puissant a fait apparaître — comme s'il voulait nous faire faire pénitence pour notre vie de péchés — nous sommes si ingrats que nous négligeons de tels signes et prodiges, et que nous plaisantons sur le sujet et en faisons fi. Il est à craindre que Dieu nous inflige une terrible punition pour notre ingratitude. Cependant ceux qui craignent Dieu ne le négligeront nullement et tous ceux-là garderont fidèlement l'avertissement de leur Père miséricordieux, amélioreront leur vie et serviront Dieu avec joie pour que celui-ci détourne de nous sa colère et la punition méritée. Pour que nous comme ses enfants puissions vivre ici pour un temps et là-bas pour l'éternité. Que Dieu nous vienne en aide. Amen.
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Bey Hanns Glaser Brieffmaler/ zu Nuremberg
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1958. Carl Gustav Jung tente d'expliquer la gravure.
« Gazette de Nüremberg » de 1561 (Fig. 6)
Note: Il ne s'agissait pas d'une "gazette", qui est un imprimé périodique, mais d'un occasionnel.
La Gazette provient de Nüremberg et rapporte la nouvelle d’une « vision très effrayante » survenue à l’heure du lever du soleil, le 14 avril 1561. L'apparition a été vue par « beaucoup d'hommes et de femmes ». Elle était faite de « boules » de couleur rouge sang, bleuâtre ou noire, et de «disques circulaires » en grand nombre, au voisinage du soleil, « environ trois dans la longueur, de temps en temps quatre dans un carré; beaucoup restaient isolées, et entre ces boules on vit nombre de croix couleur de sang». En outre «on vit deux grands tuyaux » (peut-être trois) « dans lesquels petits
et grands tuyaux se trouvaient trois boules, également quatre ou plus. Tous ces éléments commencèrent à lutter les uns contre les autres ». Cela dura environ une heure. Alors, « comme c’est mentionné ci-dessus, du soleil et du ciel c’est tombé sur la terre comme si tout brûlait et avec une grande vapeur tout s’est consumé ». En même temps fut observée parmi les boules une forme allongée « qui était semblable à une grande lance noire ». Naturellement, cette vision fut interprétée comme un avertissement divin.
Note: Jusqu'ici Jung se contente de résumer le document, mais il va maintenant apporter de l'eau au moilin des ufomânes.
Comme l’a certainement remarqué le lecteur, ce récit contient des détails qui rappellent certains points que nous avons déjà rencontrés. Tout d’abord les « tuyaux », qui sont analogues aux formations cylindriques des récits sur les soucoupes volantes. Pour parler dans le langage utilisé pour les soucoupes volantes, ce sont des « vaisseaux-mères », qui doivent transporter sur de grandes distances les soucoupes volantes plus petites en forme de lentille. L'image les montre en action, accueillant ou libérant des soucoupes volantes.
Note: Justement non. La gravure ne montre aucun objet en forme de lentille.
Particulièrement importantes, d'autant plus qu'elles manquent dans les rapports modernes sur les soucoupes, sont les quaternités, qui sont indiscutables : en partie de simples croix, en partie des disques réunis par une croix, donc des formations qui ont été vues comme de véritables mandalas. Si nous les comptons, nous sommes bien obligés de constater que, comme par hasard, nous trouvons quatre formations de la première espèce (en croix simples), et quatre de la seconde.
Note: D'abord, on peut imaginer que ces croix ne sont là que pour christianiser un phénomène que l'auteur n'a pas vu lui même, ensuite cette manie du nombre quatre fait penser à de la numérologie, enfin, cela nous éloigne justement des soucoupes volantes, puisque cela n'apparait pas dans les rapports modernes.
De façon allusive, le thème 3 + 1 est évoqué par la description : trois en longueur, quatre dans un carré. De même que l’interprétalion technique est caractéristique de notre époque, de même, au xvi° siècle, c’est le mode de penser guerrier qui l’est. Les rondeurs sont des boules de canon et les tuyaux sont les canons eux-mêmes, le va-et-vient des boules étant compris comme un combat d'artillerie. La grande pointe noire de la lance, ainsi que ce qui semble être des manches de lance (?) marquent le facteur masculin, et en particulier l’idée de pénétration. On retrouve des thèmes analogues dans la littérature moderne sur les soucoupes.
C'est la mise en évidence du motif de la croix qui surprend tout de suite. La signification chrétienne de la croix peut à peine être retenue ici, puisque nous avons affaire à une manifestation pour ainsi dire naturelle, à savoir un essaim d'entités rondes agitées d’un puissant mouvement tourbillonnant qui rappelle à l’auteur un combat.
Note: Bien sûr que si que la signification chrétienne peut être retenue, puisque l'auteur consacre onze lignes à dire que c'est un avertissement divin.
Si les soucoupes volantes étaient des êtres vivants, on penserait à quelque essaim d'insectes qui se lève en même temps que le soleil, non pour lutter mais pour s’accoupler, c’est-à-dire pour fêter l’hymen. En pareil cas, la croix marque la réunion de contraires (par exemple la direction verticale et la direction horizontale), un « croisement » et, comme signe plus, une adjonction et une addition. Là où l’accouplement est un fait accompli, lorsque les quaternités sont formées, il s’agit visiblement d’un accouplement en croix, c’est-à-dire de ce qu’on appelle le « quaternio du mariage », que j’ai décrit dans mon livre sur la « Psychologie du Transfert » . Ce quaternio forme le schéma du « cross-cousin-marriage » primitif et constitue en même temps un symbole de l’individuation, marquant la réunion des « quatre ».
Les deux stries couleur de sang qui ont la forme de quarts de lune et qui traversent horizontalement le soleil échappent à toute explication simple. Sur le sol s'élèvent des colonnes de fumée à l'endroit où les boules sont tombées, ce qui, de même que le thème de la quaternité, rappelle le tableau de Tanguy dont nous avons parlé ci-dessus. Le moment du lever du soleil, de l’ « Aurora consurgens » (Saint Thomas, Jacob Boehme) évoque de façon suggestive la révélation de la lumière.
Ainsi ces deux documents du xvi° siècle ne sont pas seulement en évidente analogie l’un avec l’autre; ils sont aussi en analogie avec les documents modernes sur les soucoupes et avec
les formations individuelles qui germent dans l'inconscient contemporain.
Note: Toute cette partie, à propos de la quaternité des croix, est typique des interprétations Jungiennes. C'est presque un test de Rorschach effectué sur Jung. On croirait lire l'analyse d'une "Mme Irma".
(C.G Jung, Ein Moderner Mythus, Rascher Verlag, 1958, traduction sous la direction de Roland Cahen, Un mythe moderne,Gallimard, 1963, p. 224-226)
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1968. Paul Misraki cite Jung.
Dans son livre Un Mythe Moderne, le professeur Carl Jung cite deux extraits des Gazettes de Nuremberg et de Bâle, dont voici l’essentiel :
À Nuremberg, le 14 avtil 1561, « beaucoup d’hommes et de femmes » virent des boules de couleur rouge sang, ou bleuâtres, ou noiress et des « disques circulaires » en grand nombre au voisinage du soleil levant. On observa également deux ou trois grands « tuyaux » (ou tubes cylindriques) qui contenaient également de ces boules (on pense aux « vaisseaux-mères »). Le rapport mentionne, de plus, entre ces différents objets, des croix lumineuses. Tous ces éléments commencèrent soudain à « lutter les uns contre les autres », et le spectacle dura une heure. Après quoi, l’ensemble de ce carrousel parut tomber sur la terre, « comme si tout brûlait, et avec une grande vapeur tout se consuma ».
À Bâle, le 7 août 1566, à l'heure du lever du soleil, «on a vu beaucoup de grosses boules noires qui se dirigeaient à grande vitesse et très rapidement vers le soleil, puis qui firent demi-tour, s’entrechoquant les unes les autres comme si elles menaient combat; un grand nombre d’entre elles devinrent rouges et ignées, et par la suite elles se consumèrent et s’éteignirent ».
Le professeur Jung note que « la couleur sombre des soucoupes (avant qu’elle ne devienne rougeoyante) tient probablement à ce qu’elles étaient vues à contre-jour par rapport au soleil levant ». Il précise aussi que ces prodiges furent « naturellement » considérés à l’époque comme des avertissements du ciel.
Note: Jung consacre neuf mots à parler d'avertissement divin. Par contre il consacre une bonne page à expliquer que les croix ne relève pas de la religion mais d'une symbolique quaternitaire.
(Paul Miskaki, Des signes dans le ciel, Labergerie, 1968, p. 221)
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1969. Le rapport Condon cite (mal) Jung.
1561 A. D, “In Nuremburg, April 14, 1561, many men and women saw blood-red or bluish or black balls and circular discs in large numbers in the neighborhood of the rising sun. The spectacle lasted one hour ‘and appeared to fall to the ground as if it was all on fire and everything was consumed amid a great haze.’” (Cited from a mediaeval text found in the Annals of Nuremburg by C. R.Jung.)
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« À Nuremberg, le 14 avril 1561, de nombreux hommes et femmes virent des boules et des disques circulaires rouge sang ou bleuâtres ou noirs en grand nombre à proximité du soleil levant. Le spectacle a duré une heure « et semblait tomber au sol comme si tout était en feu et que tout était consumé dans une grande brume. » » (Cité d’un texte médiéval trouvé dans les Annales de Nuremberg par C. R. Jung.)
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Note: Le texte n'était pas médieval, il venait d'un occasionnel, et non des Annales de Nuremberg et les initiales de Jung sont C.G. et non C.R.
(Samuel Rosenberg, UFOS in History, Scientific study of unidentified flying objects, Bantam books, 1969, p. 490)
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1973. Michel Bougard cite aussi Jung.
Chronique des OVNI
Cylindres et sphères dans le ciel du 16me siècle
C. G. Jung, dans « Un mythe moderne » (p.223-27), rapporte des relations de faits étonnants au-dessus de Nuremberg et de Bâle au 16me siècle.
C'est d'abord la « Gazette de Nuremberg » qui raconte comment le 14 avril 1561, une « vision très effrayante » survint à l'heure du lever du Soleil. Il apparut à «beaucoup d'hommes et de femmes », des « boules » de couleur rouge sang, bleuâtre ou noire, et des « disques circulaires » en grand nombre, au voisinage du Soleil; «environ trois dans la longueur, de temps en temps quatre dans un
carré ; beaucoup restaient isolées, et entre ces boules on vit nombre de croix couleur de sang ». Par la suite, «on vit deux grands tuyaux, dans lesquels petits et grands tuyaux se trouvaient trois boules, également quatre ou plus. Tous ces éléments commencèrent à lutter les uns contre les autres ».
Ce combat semble avoir duré une heure, puis « comme c'est mentionné ci-dessus, du Soleil et du ciel, c'est tombé sur la terre comme si tout brülait et avec une grande vapeur tout s'est consumé ». Au milieu de ces sphères, on devait également observer une forme allongée « semblable à une grande lance noire». Ces signes extraordinaires furent évidemment interprétés à l'époque comme un avertissement divin. Sur la gravure représentant le phénomène (fig. 1), les « tuyaux » sont devenus autant de canons et les boules ne sont rien d'autre que des projectiles sortant de leur gueule ; aujourd'hui nous parlerions de vaisseaux-mères libérant leurs disques. Remarquez aussi sur cette gravure les croix portant ou non des sphères.
Note: Comme Misraki, Bougard fait la relation entre les "tuyaux" et des vaisseaux mères, mais cette relation ne tient pas, puisque les boules sont visibles dans les tuyaux.
(Michel Bougard, Chronique des OVNI, INFORESPACE n° 8, 1973, p. 43)
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1974. Henry Durrant cite encore Jung.
- 14 avril 1561 : Au lever du soleil, les habitants de Nuremberg (Allemagne) eurent une « vision très effrayante... Outre des boules de couleur rouge, bleuâtre ou noire, et des disques circulaires, on vit deux grands tuyaux..., dans lesquels petits et grands tuyaux se trouvèrent trois boules, également quatre et plus.(Gazette de Nuremberg dans Un mythe moderne par C.G. Jung, Paris, 1961)
(Henry Durrant, Le livre noir des soucoupes volantes, Robert Laffont, 1974, p. 61)
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1977. Christiane Piens cite toujours Jung.
Le 14 avril 1561 à Nuremberg (Bavière), la Gazette de Nuremberg rapporte qu’à l’aurore une vision effrayante est apparue au-dessus de la ville. Beaucoup de gens purent voir le ciel s’emplir de sphères de couleur rouge sang, bleutée ou noirâtre, de disques circulaires ainsi qu’un grand nombre de croix de sang. Nous avons également noté la présence de deux tuyaux (cigaroïdes) dans lesquels se mouvaient des boules et un objet allongé comme une grande lance noire. Les témoins rapportent que tous ces éléments commencèrent à lutter les uns contre les autres. Au bout d’une heure, tout sembla tomber sur terre et se consumer avec un grand dégagement de vapeur 22. Ce qui étonne dans ce cas, c'est l’angle agressif sous lequel cette observation a été vécue, car ce genre d'évolution est archi-classique dans l’ufologie. Par exemple, il existe ce que l’on nomme des OVNI en formation (imitant une formation d’avions) et, dans ce cas, il pourrait s’agir de petits engins qui évoluent, selon l’expression ufologique, en nid d’abeilles.
(Christiane Piens, Les OVNI du passé, Marabout, 1977, p. 61)
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Les développements ultérieurs.
Jusqu'ici, nous venons de voir comment les ufologues ont arraché ce cas des griffes de Jung, qui en faisait un festival d'archétypes, où la quaternité tenait la première place. Mais Jung faisait remarquer que les "tuyaux" étaient assimilables aux "vaisseaux-mères" des soucoupes volantes, et cela a déclenché la récupération du cas par Paul Misraki, puis par la meutes des ufologues, au moins jusqu'à Wonders in the sky de Jacques Vallée et Chris Aubeck.
Mais ensuite, avec le développement du Web, des dizaines de sites ont relayé ce cas avec des interprétations diverses, en particulier sous l'angle, historique, sous l'angle météorologique, et bien sûr, sous l'angle ufologique.
l'église |
Sous l'angle historique, Ulrich Magin remarque que le château de Nuremberg ne figure-t-il pas sur l'illustration, et surtout que l'église Saint-Léonard est représentée en flammes bien qu'elle ait été complètement détruite par un incendie en 1508 et seulement reconstruite en 1560. Hans Glaser ne pouvait pas l'ignorer puisque selon les archives de la ville, il a résidé à Nuremberg entre 1540 et 1571.
Mais ce dernier point est faux: la gravure ne montre pas l'église Saint-Léonard en flammes. Elle montre des nuages de vapeur s'élévant de derrière l'église, là où sont tombées les sphères, en accord avec le texte.
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Sous l'angle météorologique, plusieurs chercheurs ont essayé de ramener, au moins une partie de cette fantasmagorie, à un phénomène connu.
En particulier, une webmaster qui signe RAFA, et qui est de Nuremberg, a fait une page web consacrée à ce prodige, où elle a imaginé d'éclaircir la scène (le soleil est plus vraisemblable). Après ce traitement, les boules blanches lui évoquent des flocons de neige, qui, en tourbillonnant pouvaient donner l'impression d'une bataille céleste. Mais elle reconnait que les témoins auraient dû être capables de distinguer les flocons de neige ordinaires des phénomènes extraordinaires. Et puis, le phénomène eut lieu le 14 avril.
Il y a plus de consensus pour voir dans les deux arcs en croissants, derrière le soleil, un phénomène de type halo/parhélie. Il faut simplement admettre que, le dessinateur n'en ayant pas été témoin lui même, il a représenté comme il a pu (c'est à dire pas très bien), ce qu'il a compris de l'observation. Jason Colavito semble penser que cette explication suffit pour que le mystère soit (apparemment) résolu. On peut tout de même s'interroger sur ces tuyaux pleins de boules qui ont aiguillé vers l'interprétation ufologique.
Enfin, Sous l'angle ufologique, Il est amusant de constater que ce cas a été considéré comme le meilleur des cas anciens, dans le mesure où il est le seul cas ancien dans la liste des dix meilleurs cas d'OVNI compilée par Paul Kimball.
Mais cela fait longtemps que Jacques Scornaux a fait remarquer que chaque ufologue à "son" meilleur cas, et que malheureusement ces "meilleurs" cas ne concordent jamais entre eux. On peut remarquer aussi que le cas d'Ameria et Tudertum fut considéré comme le meilleur cas de l'antiquité avant de s'effondrer en 2012, et que cas dit de Vron, a été considéré par Julien Gonzalez comme l'un des plus solides de la vague de 1954.
Après l'effondrement de tous ces "meilleurs" cas, que valent donc les autres?
Analyse
Au premier coup d'oeil, on voit bien que la gravure n'a rien à voir avec un dessin fait d'après nature:
- Le soleil est représenté avec la naïveté conventionnelle de l'époque
- Il est dix fois trop gros en hauteur comme en largeur
- Il est trop haut dans le ciel, alors que le phénomène eut lieu au lever du soleil.
Tout ceci nous montre bien que le dessinateur n'a pas été témoin de l'observation. Il a donc du représenter comme il a pu dès phénomènes d'après leur description. Et les descriptions de phénomènes célestes par des témoins non préparés, sont souvent lamentables. Pour la couleur d'un bolide, on voit décrire toutes les couleurs possibles, imaginables et même non imaginables (le noir).
On sait aussi que les témoins décrivent de simples points lumineux comme des boules, et qu'ils ne savent pas décrire la taille apparente de ce qu'ils voient.
Pour arranger le tout, l'artiste a voulu représenter toutes les phases du phénomène sur une seule gravure.
Dans ces conditions, nous ne saurons probablement jamais ce qu'étaient réellement ces tuyaux pleins de boules.
Les éléments qui paraissent les plus probables sont les deux arcs, sauf qu'ils sont représentés de travers: ils devaient être orientés verticalement et non horizontalement.
La grande lance noire pourrait s'expliquer tout simplement par une ombre, sur les nuages, puisque c'était au lever du soleil.
Le Moritzberg |
Dans cet exemple spectaculaire, c'est l'ombre du Mont Rainier (U.S.A.). Mais voila, le texte dit que la pointe du fer de lance, c'est à dire celle du cone d'ombre, était à l'ouest. Dans ce cas il s'agissait du coucher du soleil et non du lever, et il nous faut alors trouver une montagne à l'ouest de Nuremberg, qui eusse pu projeter cette ombre. Mais une telle montagne n'existe pas, et le seul relief qui puisse faire l'affaire est le Moritzberg, de 603 m d'altitude à une dizaine de kilomètres à l'est de Nuremberg. Dans ces conditions, ce n'est plus que l'auteur à confondu le coucher et le lever du soleil, mais qu'il a confondu l'est et l'ouest, ce qui diminue encore le crédit de son récit.
Le prodige de 1566 à Bale |
Les nombreuses sphères de diverses couleurs, sont peut-être tout simplement un phénomène rétinien, comme celui observé à Bale en 1566, que nous avons lu chez Paul Misraki. Or celui-ci peut s'expliquer facilement selon Eric Maillot:
"Faites l'expérience de regarder le soleil levant ou couchant, lorsqu'il commence à éblouir. Vous comprendrez rapidement en voyant apparaître des disques parasites. Ceux-ci sont noirs ou sombres sur le fond de ciel bleu sauf lorsque vos paupières se ferment brièvement (réflexe normal). A cet instant ils prennent l'aspect de globes de feu ou de boule bleutée. Ils se déplacent en fonction de vos mouvement oculaires les plus fins. Ceci n'est donc dû qu'a une persistance rétinienne prolongée de l'image du disque solaire qui aveugle la rétine en divers points de sa surface."
Nous pouvons ajouter que ce phénomène explique non seulement le prodige de Bale en 1566, mais aussi la danse du soleil à Fatima en 1917.
Il est donc tentant d'expliquer les sphères de Nuremberg par le même phénomène, et nous pouvons alors remarquer que sur la gravure, les sphères sont bien plus petites que le soleil alors qu'elle auraient du avoir la même taille, mais rappelons nous que le dessinateur n'a rien vu lui même, et a dessiné ce qu'il a cru comprendre.
Pour les croix, n'en déplaise à Jung, elles paraissent être là pour christianiser le prodige, et en faire un avertissement divin, en accord avec le texte. Il est alors bien possible qu'elles n'aient, en fait, jamais été observées.
Le reste, les tuyaux et la chute des boules peut être classé comme renseignements insuffisants, tellement c'est mal décrit.
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