1865 Croix ambigues sur le mont Cervin
Le 14 juillet 1865, Edward Whymper réussit l'ascension du mont Cervin (ou Matterhorn) au sein d'une équipe de 7 alpinistes. Mais lors de la descente, l'un d'eux dévisse, en entraine trois autres, la corde se rompt, et quatre alpinistes font une chute mortelle de près de 1200 mètres sur le glacier du Cervin. Après cet accident, deux croix seraient apparus dans le ciel.
1871 Edward Whymper décrit le phénomène.
frontispice décrivant La vision |
About 6 P.M. we arrived at the snow upon the ridge descending towards Zermatt, and all peril was over. We frequently looked, but in vain, for traces of our unfortunate companions ; we bent over the ridge and cried to them, but no sound returned. Convinced at last that they were neither within sight nor hearing, we ceased from our useless efforts ; and, too cast down for speech, silently gathered up our things, and the little effects of those who were lost, preparatory to continuing the descent. When, lo! a mighty arch appeared, rising above the Lyskamm, high into the sky. Pale, colourless, and noiseless, but perfectly sharp and defined, except where it was lost in the clouds, this unearthly apparition seemed like a vision from another world ; and, almost appalled, we watched with amazement the gradual development of two vast crosses, one on either side. If the Taugwalders had not been the first to perceive it, I should have doubted my senses. They thought it had some connection with the accident, and I, after a while, that it might bear some relation to ourselves. But our movements had no effect upon it. The spectral forms remained motionless. It was a fearful and wonderful sight ; unique in my experience, and impressive beyond description, coming at such a moment. *
Vers 18 heures. nous arrivâmes à la neige sur la crête qui descendait vers Zermatt, et tout péril était passé. Nous cherchions fréquemment, mais en vain, les traces de nos malheureux compagnons ; nous nous sommes penchés sur la crête et avons crié vers eux, mais aucun son ne nous est revenu. Convaincus enfin qu'ils n'étaient ni en vue ni en vue, nous cessâmes nos efforts inutiles ; et, trop abattu pour parler, nous rassemblâmes silencieusement nos affaires et les petits effets de ceux qui étaient perdus, en vue de continuer la descente. Quand, eh bien ! une arche puissante apparut, s'élevant au-dessus du Lyskamm, haut dans le ciel. Pâle, incolore et silencieuse, mais parfaitement nette et définie, sauf là où elle se perdait dans les nuages, cette apparition surnaturelle ressemblait à une vision venue d'un autre monde ; et, presque consternés, nous assistâmes avec étonnement au développement progressif de deux vastes croix, une de chaque côté. Si les Taugwalders n'avaient pas été les premiers à s'en apercevoir, j'aurais douté de mes sens. Ils pensaient que cela avait un rapport avec l'accident, et moi, au bout d'un moment, que cela pouvait avoir un rapport avec nous-mêmes. Mais nos mouvements n'avaient aucun effet sur cela. Les formes spectrales restaient immobiles. C'était un spectacle effrayant et merveilleux ; unique dans mon expérience et impressionnant au-delà de toute description, survenant à un tel moment. *
*See Frontispiece. I paid very little attention to this remarkable phenomenon, and was glad when it disappeared, as it distracted our attention. Under ordinary circumstances I should have felt vexed afterwards at not having observed with greater precision an occurrence so rare and so wonderful. I can add very little about it to that which is said above. The sun was directly at our backs ; that is to say, the fog-bow was opposite to the sun. The time was 6.30 p.m. The forms were at once tender and sharp ; neutral in tone ; were developed gradually, and disappeared suddenly. The mists were light (that is, not dense), and were dissipated in the course of the evening.
* Voir Frontispice. J'ai prêté très peu d'attention à ce phénomène remarquable et j'ai été heureux lorsqu'il a disparu, car il détournait notre attention. Dans des circonstances ordinaires, j'aurais été ensuite fâché de ne pas avoir observé avec plus de précision un événement si rare et si merveilleux. Je ne peux pas ajouter grand-chose à ce qui a été dit ci-dessus. Le soleil était directement dans notre dos ; c'est-à-dire que l'arc de brouillard était opposé au soleil. Il était 18h30. Les formes étaient à la fois tendres et pointues ; ton neutre ; se sont développés progressivement et ont disparu subitement. Les brumes étaient légères (c'est-à-dire peu denses) et se dissipèrent au cours de la soirée.
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It has been suggested that the crosses are incorrectly figured in the Frontispiece, and that they were probably formed by the intersection of other circles or ellipses, as shown in the annexed diagram. I think this suggestion is very likely correct; but I have preferred to follow my original memorandum.
In Parry's Narrative of an Attempt to reach the North Pole, 4to, 1828, there is, at pp. 99-100, an account of the occurrence of a phenomenon analogous to the above-mentioned one. “ At half-past five P.M. we witnessed a very beautiful natural phenomenon. A broad white fog-bow first appeared opposite to the sun, as was very commonly the case,” etc. 1 follow Parry in using the term fog-bow.
Il a été suggéré que les croix sont mal représentées dans le frontispice et qu'elles ont probablement été formées par l'intersection d'autres cercles ou ellipses, comme le montre le schéma annexé. Je pense que cette suggestion est très probablement correcte ; mais j'ai préféré suivre mon mémorandum original.
Dans Parry, Narrative of an Attempt to reach the North Pole, 4to, 1828, on trouve, aux pp. 99 et 100, un récit de l'apparition d'un phénomène analogue à celui mentionné ci-dessus. " À la demie dix-sept heures. nous avons été témoins d'un très beau phénomène naturel. Un large arc de brouillard blanc est apparu pour la première fois à l’opposé du soleil, comme c’était très souvent le cas », etc. Je suis Parry en utilisant le terme arc de brouillard.
(Edward Whymper, Scrambles Amongst the Alps in the years 1860-639, John Murray, London, 1871, p. 399)
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1883 Camille Flammarion identifie le phénomène comme un halo
Mais, de tous les phénomènes de ce genre, le plus étrange et le plus bizarre encore est sans contredit celui dont M. Whymper a été témoin sur le Cervin, le 14 juillet 1865, surtout à cause des dramatiques circonstances au milieu desquelles l'apparition s’est produite. On se souvient de cette horrible catastrophe. Après une ascension fort heureuse,
les périls de la descente s’ouvrirent tout d’un coup sous les pas des infortunés touristes, et deux compagnons de M. Whymper furent précipités dans les abîmes de la montagne. Les survivants reprenaient, au milieu du silence et de l'effroi, le chemin de la descente, lorsque en levant les veux ils aperçurent devant eux, dans le ciel, un halo partagé en deux par une colonne verticale, et, dans chaque compartiment aérien ainsi formé, une croix gigantesque (fig. 129). Ces deux croix aériennes semblaient planer dans le ciel au-dessus de l’abime où les deux infortunés venaient de rendre le dernier soupir. Elles étaient sans doute dessinées par l’intersection de cercles dont le reste était invisible, et leur formation s'explique par la théorie des halos. Le hasard seul, sans contredit, à fait coincider ces deux croix avec ces deux morts, et nous serions mal fondés à laisser courir notre imagination à travers le surnaturel pour justifier la coïncidence. Mais le fait n’en est pas moins remarquable en lui-même.
Camille Flammarion, Curieux phénomènes météorologiques, L'Astronomie, octobre 1883, p. 362.
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Camille Flammarion se trompe plusieurs fois. Les ascensionnistes étaient plutôt des alpinistes que des touristes, les victimes étaient quatre, et non deux, et le phénomène n'était pas un halo, mais un arc blanc, ou arc de brouillard.
A gauche, le dessin paru dans l'Astronomie, montrant quatre survivants, au lieu de trois. A droite celui paru dans L'atmosphère, Météorologie populaire, ou Camiile Flammarion reprend le même texte. Mais on voit que le dessin copie celui de Whimper.
Analyse
Les quelques images qu'on peut trouver reprennent celles données par Flammarion, où l'on voit des croix latines bien nettes. Or, ni un arc blanc, ni un halo cruciforme ne peut produire un tel spectacle. Il y avait peut être quelque chose à voir, à l'intérieur de l'arc, mais probablement pas deux croix bien nettes. Cette vision de croix doit être classée comme une paréidolie.
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