Le récit d'Eusèbe de Césarée
Le récit d'Eusebe, décrivant la vision de Constantin, aurait du se trouver dans son histoire ecclésiastique, comme le feront les autres auteurs d'histoires ecclésiastiques, mais il se trouve seulement dans la Vie de Constantin qu'Eusèbe écrivit après la mort de cet empereur.
Le récit tient en trois paragraphes. Un qui décrit la vision diurne. Un qui décrit la vision nocturne, et un qui décrit la fabrication conséquente du labarum.
XXVIII Ἀνεκαλεῖτο δῆτα ἐν εὐχαῖς τοῦτον, ἀντιβολῶν καὶ ποτνιώμενος φῆναι αὐτῷ ἑαυτὸν ὅστις εἴη καὶ τὴν ἑαυτοῦ δεξιὰν χεῖρα τοῖς προκειμένοις ἐπορέξαι.
Εὐχομένῳ δὲ ταῦτα καὶ λιπαρῶς ἱκετεύοντι τῷ βασιλεῖ θεοσημεία τις ἐπιφαίνεται παραδοξοτάτη, ἣν τάχα μὲν ἄλλου λέγοντος οὐ ῥᾴδιον ἦν ἀποδέξασθαι, αὐτοῦ δὲ τοῦ νικητοῦ βασιλέως τοῖς τὴν γραφὴν διηγουμένοις ἡμῖν μακροῖς ὕστερον χρόνοις, ὅτε ἠξιώθημεν τῆς αὐτοῦ γνώσεώς τε καὶ ὁμιλίας, ἐξαγγείλαντος ὅρκοις τε πιστωσαμένου τὸν λόγον, τίς ἂν ἀμφιβάλοι μὴ οὐχὶ πιστεῦσαι τῷ διηγήματι;
μάλισθ’ ὅτε καὶ ὁ μετὰ ταῦτα χρόνος ἀληθῆ τῷ λόγῳ παρέσχε τὴν μαρτυρίαν.
Ἀμφὶ μεσημβρινὰς ἡλίου ὥρας, ἤδη τῆς ἡμέρας ἀποκλινούσης, αὐτοῖς ὀφθαλμοῖς ἰδεῖν ἔφη ἐν αὐτῷ οὐρανῷ ὑπερκείμενον τοῦ ἡλίου σταυροῦ τρόπαιον ἐκ φωτὸς συνιστάμενον, γραφήν τε αὐτῷ συνῆφθαι λέγουσαν·. τούτῳ νίκα.
Θάμβος δ’ ἐπὶ τῷ θεάματι κρατῆσαι αὐτόν τε καὶ τὸ στρατιωτικὸν ἅπαν, ὃ δὴ στελλομένῳ ποι πορείαν συνείπετό τε καὶ θεωρὸν ἐγίνετο τοῦ θαύματος.
XXIX Καὶ δὴ διαπορεῖν πρὸς ἑαυτὸν ἔλεγε, τί ποτε εἴη τὸ φάσμα. Ἐνθυμουμένῳ δ’ αὐτῷ καὶ ἐπὶ πολὺ λογιζομένῳ νὺξ ἐπῄει καταλαβοῦσα. Ἔνθα δὴ ὑπνοῦντι αὐτῷ τὸν Χριστὸν τοῦ θεοῦ σὺν τῷ φανέντι κατ’ οὐρανὸν σημείῳ ὀφθῆναί τε καὶ παρακελεύσασθαι, μίμημα ποιησάμενον τοῦ κατ’ οὐρανὸν ὀφθέντος σημείου τούτῳ πρὸς τὰς τῶν πολεμίων συμβολὰς ἀλεξήματι χρῆσθαι.
XXX Ἅμα δ’ ἡμέρᾳ διαναστὰς τοῖς φίλοις ἐξηγόρευε τὸ ἀπόρρητον. Κἄπειτα χρυσοῦ καὶ λίθων πολυτελῶν δημιουργοὺς συγκαλέσας μέσος αὐτὸς καθιζάνει καὶ τοῦ σημείου τὴν εἰκόνα φράζει, ἀπομιμεῖσθαί τε αὐτὴν χρυσῷ καὶ πολυτελέσι λίθοις διεκελεύετο. ὃ δὴ καὶ ἡμᾶς ὀφθαλμοῖς ποτε παραλαβεῖν αὐτὸς βασιλεύς, θεοῦ καὶ τοῦτο χαρισαμένου, ἠξίωσεν
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En conséquence, il l'invita avec des prières et des supplications ferventes pour qu'il lui révèle qui il était et qu'il lui tende la main droite pour l'aider dans ses difficultés actuelles. Et pendant qu'il priait ainsi avec une fervente supplication, un signe des plus merveilleux lui apparut du ciel, dont il eût été difficile de croire le récit s'il avait été raconté par quelqu'un d'autre. Mais comme l'empereur victorieux lui-même l'a déclaré longtemps après à l'auteur de cette histoire,
lorsqu'il fut honoré de sa connaissance et de sa compagnie, et confirma sa déclaration par un serment, qui pourrait hésiter à accréditer la relation, d'autant plus que le témoignage d'après-temps a établi sa vérité ? Il raconta que vers midi, alors que le jour commençait déjà à décliner, il vit de ses propres yeux le trophée d'une croix de lumière dans les cieux, au-dessus du soleil, et portant l'inscription : Vaincre par ceci. A cette vue, il fut lui-même frappé d'étonnement, ainsi que toute son armée, qui le suivit dans cette expédition et fut témoin du miracle.
Il disait qu'il doutait en lui-même de la portée de cette apparition. Et tandis qu'il continuait à réfléchir et à raisonner sur sa signification, la nuit survint; alors, dans son sommeil, le Christ de Dieu lui apparut avec le même signe qu'il avait vu dans les cieux, et lui ordonna de faire une image de ce signe qu'il avait vu dans les cieux, et de l'utiliser comme sauvegarde dans tous les engagements avec ses ennemis.
A l'aube du jour, il se leva et fit part de la merveille à ses amis ; puis, réunissant les orfèvres et les joaillers, il s'assit au milieu d'eux et leur décrivit la figure du signe qu'il avait vu, leur ordonnant de le représenter en or et en pierres précieuses. Et cette représentation, j'ai moi-même eu l'occasion de la voir.
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Eusène de Césarée, Vie de Constantin, texte grec sur le site de Philippe Remacle
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Le premier paragraphe est hautement suspect. En effet, alors que le second décrit un rève aussi mentionné par Lactance, familier de l'empereur, qui écrivait deux ans après les faits, ce même Lactance ignore l'observation diurne du premier paragraphe. Pire, Eusèbe l'ignorait lui même lorsqu'il écrivit son Histoire ecclésiatique, en l'an 324, donc douze ans après les faits. Ce n'est que quelques années avant sa mort que Constantin aurait confié ce récit à Eusèbe. On ne connait pas d'autre témoin que lui, et c'est lui seul qui affirme que son armée fut témoin aussi. Il avait alors plus de soixante ans, et les faits étaient vieux de plus de vingt ans. On peut légitimement se demander si Constantin n'a pas fait une confusion. Pire, on soupçonne que le texte ait été remanié par des copistes ultérieurs
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