1753. Von Mosheim ne croit qu"à la vision nocturne.
Johann Lorenz von Mosheim, né en 1693 à Lübeck etait un historien allemand d'obédience luthérienne. Il fit ses études à l'université de Kiel, puis enseigna à celle d'Helmstedt, et enfin, en 1747 fut nommé professeur à l'université de Göttingen. On lui doit plusieurs traités d'histoire ecclésiastique, dont De rebus christianorum ante Constantinum commentarii, ou il discute de la vision de Constantin. Voici sa conclusion.
Equidem, ut meam postremo sententiam ingenue profitear, censeo, si quid inest veri in celeberrimo hoc viso, quod ego negare nolim, illud totum ad somnia referri debere; Constantinum autem, longo tempore praeterlapso, quo majorem sibi apud episcopos auctoritatem pareret et viri Deo inprimis cari nomen acquireret, reliqua ex ingenio addidisse, quae EUSEBIUS ex ejus ore accepit. Fraudes ejusmodi aetate illa inter ipsos Christianos usitatae erant, nec illicitae videbantur — Constantinus periculosum illud bellum, quod in Maxentium moliebatur, animo volvens somno opprimebatur. Dormiens cernere sibi Christum videbatur nominis sui Monogramma, cujus formam in animo Constantinus habebat, manu gerentem et victoriam duce illo signo pollicentem. Expergefactus divinitus sese monitum putabat de ratione victoria potiundi et viso sibi obtemperandum esse ducebat. Si quis credere malit, EUSEBIUM mentem Imperatoris aut non satis percepisse atque de somnio loquentem de oculorum viso intellexisse , aut plura, quam audiverat, consulto scripsisse, nón impedio, quo minus ita conjicere pergat.
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En effet, pour exprimer franchement ma dernière opinion, je pense que s'il y a quelque vérité dans cette célèbre vision, que je ne veux pas nier, elle doit être entièrement attribuée aux rêves ; Constantin, après un long temps au cours duquel il avait acquis une plus grande autorité parmi les évêques et acquis le nom d'un homme cher à Dieu, ajouta le reste de son invention, qu'Eusèbe reçut de sa bouche. Les fraudes de ce genre étaient courantes parmi les chrétiens eux-mêmes à cette époque et n'étaient pas considérées comme illégales. Constantin était accablé de sommeil, considérant la guerre dangereuse qu'il projetait contre Maxence. Pendant qu'il dormait, il lui semblait voir le Christ portant le monogramme de son nom, dont Constantin avait en tête la forme, le tenant dans sa main et promettant la victoire au chef par ce signe. À son réveil, il crut avoir été divinement averti sur la méthode pour obtenir la victoire, et il vit qu'il était amené à lui obéir. Si l'on préfère croire, soit Eusèbe ne comprenait pas suffisamment l'esprit de l'empereur, et comprenait ce dont il parlait en rêve par ce qu'il voyait de ses yeux, soit qu'il avait écrit délibérément plus qu'il n'avait entendu, je ne l'empêche pas de continuer à porter de tels jugements.
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Johann Lorenz von Mosheim, De rebus christianorum ante Constantinum commentarii, Helmstedt, 1753, p. 986
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Pour Von Mosheim, il n'y a donc pas besoin de vision diurne, le rève suffit.
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