1700. Christian Thomasius flétrit une fable impudente.

Christian Thomasius, philosophe et juriste réputé, était réputé aussi pour railler les pédants, et les préjugés traditionnels, ce qui lui valut d'ailleurs de devoir s'enfuir à Berlin. Dans ses Observationum Selectarum Ad Rem Litterariam Spectantium, il ne prit pas de gants pour s'attaquer à la trop respectée vision de Constantin.

Impudentior fabula de signo crucis Constantino in Coelis apparente.
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  §.III. De signo crucis Constantino in coelo apparente res infantibus et pueris nota est. Sed quid et istud in recessu habeat, videndum; Eusebius in Historia l. 9. c. 8. de Constantini pugna contra Maxentium id saltem memorat, quod Deum coeli, verbumque ejus Jesum Christum auxilio sibi fore precibus obnixe obtestatus iverit adversus Maxentium, quodque post victoriam confestim salutare signum crucis seu trophaeum Servatoris in manu propriae suae statuae et imaginis collocari mandaverit, cum inscriptione: Hoc falutari signo, verae fortitudinis indicio, nostram civitatem tyranni jugo liberavi. Quid igitur putas? si fignum crucis Constantino in coelo apparuisset , an id Eusebium in Historia omissurum fuisse credis? (Conf: Hist. Eccles. Goth. l.2. c,3. s.3. §3. p.m.292.
Et notat Casalius de antiquis Christianorum ritibus, signum etiam Gentilibus fuisse usitatum, neque saltem denotasse Χριστός nomen, sed aliorum quoque quia χ & ρ inciperent.) Ipse Eusebius hanc objectionem sensit. Quapropter in vita cap,22, magna , cautione praefatur, rem admirabilem esse, et vix credibilem, nisi Imperator ipse. sed longo tempore post ipsi eam narrasset , et juramento confirmasset, sed non ex arte mentiri didicit Eufebius, cum statim subjungat : Constantinum tempore pomeridiano crucis signum ex lucis splendore figuratum in ipso coelo soli imminens vidisse, inque eo inscriptionem consignatam verbis istis: In hoc vinces. Propterea et Imperatorem et totum exercitum, qui hoc prodigium vidisset, magna admiratione fuisse compulsum. Non equidem opponam variationem reliquorum, et quod Sozomenus l.1. c.3. referat, Angelos adstantes dixisse:; In hoc, o Constantine,vinces. Zonaras vero Tom,III. f. 1. et Nicephorus l.7. c. 29. narrent , stellas aequales latinis literis istam inscriptionem expressisse. Posset enim pro Eusebio regeri; illi, tanquam coaevo scriptori plus fidei tribuendum esse quam reliquis. Saltem illud urgere licebit: si totus exercitus prodigium istud vidit, quo pudore Eusebius potuit , praetendere tanti prodigii in vulgus notissimi ignorantiam, quo colore poterit persuadere lectori, id ob incredibilitatem debuisse ab Imperatore juramento confirmari?

Une histoire plus impudente sur le signe de la croix de Constantin apparaissant au ciel.
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  Le signe de la croix de Constantin apparaissant au ciel est connu des enfants et des adolescents. Mais il reste à voir ce qu'il en est avec du recul ; Eusèbe, dans son Histoire de la bataille de Constantin contre Maxence l. 9. c. 8., mentionne au moins le fait qu'il s'est opposé à Maxence avec de fortes prières pour que le Dieu du ciel et sa parole Jésus-Christ soient son aide, et qu'immédiatement après la victoire, il a ordonné que le salutaire signe de la croix ou le trophée du Sauveur soit placé dans la main de sa propre statue et image avec l'inscription : Avec cet emblème salutaire, signe de vraie vaillance, j'ai libéré notre ville du joug d'un tyran. Qu'en penses tu donc? Si l’image de la croix était apparue à Constantin au ciel, crois-tu qu’Eusèbe l’aurait omise dans son histoire ?
Et Casalius observe des anciens rites des chrétiens, que le signe était aussi en usage chez les Gentils, et qu'il ne désignait pas seulement le nom de Χριστός , mais aussi d'autres parce qu'ils commençaient par χ & ρ ) Eusèbe lui-même ressenti cette objection. C'est pourquoi dans la Vie, chapitre 22, il est préfacé avec une grande prudence, que c'est une chose admirable et à peine croyable, sauf l'empereur lui-même. Mais il l'avait dit et confirmé par serment longteps après, mais Euphèbe n'a pas appris à mentir par art, lorsqu'il ajoute aussitôt : Constantin, vit l'après-midi, le signe de la croix fait d'éclat de lumière, dans le ciel au dessus du soleil , et dessus une inscription écrite avec ces mots : En cela tu vaincras . C'est pourquoi l'empereur et toute l'armée, qui avaient vu ce prodige, furent émus avec un grand étonnement. En effet, je ne m'oppose pas à la diversité du reste, et que Sozomene l.1. c.3. rapporte que les anges qui se tenaient là dirent : En cela, ô Constantin, tu vaincras. Mais Zonaras Tom, III. F. 1. et Nicéphore l.7. c. 29. disent que des étoiles dessinaient cette inscription en lettres latines. Car ce pouvait être ramené à Eusèbe ; à lui, en tant qu'écrivain contemporain, il faut accorder plus de crédit qu'aux autres. Il est au moins permis d'insister sur ce point : si toute l'armée vit ce prodige, avec quel aplomb Eusèbe pouvait-il prétendre à l'ignorance du peuple d'un tel prodige, avec quelle expédient peut-il persuader le lecteur qu'il devait être confirmé par le serment de l'Empereur en raison de son incrédibilité ?

Christian Thomasius, Observationum Selectarum Ad Rem Litterariam Spectantium, tome 1, Halle, 1700, p. 393

Donc, Christian Thomasius hésite à accuser Eusèbe de mensonge, mais il souligne les contradictions de son récit qui ressemble à une fable.

Dernière mise à jour: 16/11/2023

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