Chronique des aéronefs fantômes

Un aéronef fantôme, c'est un engin volant, qu'on croit avoir vu voler, mais qui en réalité n'existait pas: Ce n'était qu'une illusion. Parfois même, il se dit qu'il a volé, alors que ce n'est qu'une rumeur ou même un canular.

Or beaucoup d'observations modernes d'OVNI finissent, après étude, par se réduire à des illusions, rumeurs, voire canular. L'irréalité de ces OVNI permet donc bien de les appeler aéronefs fantômes, et parfois même, astronefs fantômes.

On objectera qu'à coté de ces OVNI illusoires, il en existe peut-être de réels, réellement inconnus, réellement non-identifiables. Peut être, mais il n'en reste pas moins que l'énorme majorité des observations concerne des objets illusoires, et donc des engins fantômes. Et cette majorité est tellement énorme, que si aucun objet non identifiable n'avait jamais existé, l'histoire des OVNI serait exactement la même. C'est là un point très important qui donne à réfléchir: la croyance aux OVNI n'a pas besoin d'OVNIs réels pour exister, la fantasmagorie suffit.

Cette fantasmagorie ne date pas d'hier. Si beaucoup d'ufologues font remonter l'histoire de l'ufologie à l'observation princeps de Kenneth Arnold, le 24 juin 1947, d'autres ont fait remarquer qu'on voyait déja des OVNI depuis des siècles. Et c'est un fait qu'on voyait déjà des phénomènes célestes fantastiques dans l'antiquité. De fait, on a vu a toutes les époques, des phénomènes célestes qu'on ne savait guère expliquer, ou qu'on expliquait d'une manière qui nous parait aujourd'hui absurde, et que nous rangeons au rayon du folklore.

Les savants d'autrefois, qu'on appelait les philosophes, n'y ont jamais vu que des phénomènes naturels, mais avec une explication qui, souvent, ne serait plus la nôtre. On peut dire qu'à côté du folklore populaire, il existait une sorte de parafolklore savant.
Comme exemple on peut citer les comètes. Observées de tout temps, elles ont eu des explications diverses. Quelques philosophes présocratiques, ainsi que des astrologues chaldéens, y voyaient des astres vagabonds, au retour imprévisible mais certain, circulant sur des orbites très allongées, ce qui expliquait leur disparition à notre vue (nous ne disons pas autre chose aujourd'hui).
Les devins, voire les poêtes, eux, y voyaient des présages funestes, annonçant la disparition d'un prince ou d'un royaume, ou d'autres calamités.
Mais Aristote, qui prétendait savoir tout expliquer à l'aide de la théorie des quatre éléments, y voyait des exalaisons enflammées de l'air supérieur. Explication qui ne rendait même pas compte des apparences.

Quant au peuple, qui depuis toujours voyait des comètes, bolides, aurores boréales, et autres phénomènes naturels spectaculaires, son interprétation variait selon la culture du temps. Ainsi les aurores boréales, volontiers prises dans l'antiquité pour des incendies célestes, furent souvent prises au début des temps modernes pour des combats de chevaliers, voire d'armées célestes.

Nous pouvons classer l'interprétation des prodiges célestes, en plusieurs phases successives, qui ont cohabité deux à deux.
L'interprétation divine: Le prodige est un phénomène surnaturel, souvent porteur d'un présage, et envoyé par la divinité.
L'interprétation magique: Le prodige est encore un phénomène surnaturel, mais envoyé par des entités maléfiques (cas des monstres célestes), ou manipulé par des humains (cas des vaisseaux aériens).
L'interprétation technique: Le prodige est manipulé par des humains, mais au moyen de phénomènes naturels.

Nous allons traiter ici de l'interprétation technique, qui, à partir de l'invention des premières machines volantes, va suivre l'évolution du progrès pour transformer la planète Vénus en ballon fantôme, puis en dirigeable fantôme, avion fantôme, fusée fantôme, et enfin en astronef fantôme. On peut appeler folklore aérospatial cette correspondance entre l'observation d'un phénomène naturel, et son interprétation dans la culture technique de l'époque. Les ufologues et les simples amateurs d'OVNI seront peut être étonnés d'apprendre que les "soucoupes volantes", qu'ils croyaient un phénomène original, ne sont en fait, qu'un avatar des fusées fantômes.

Bien que la science expérimentale naisse avec le XVIIème siècle, il faut attendre la fin du XVIIIe siècle, pour que les anciennes conceptions du monde s'effacent progressivement devant celle des philosophes modernes, où il n'y a place que pour des phénomènes naturels. La raison de ce décalage est que pendant que le monde savant admet les progrès de la science objective, le peuple en reste aux vérités révélées par la Bible. La croyance omniprésente en la véracité fondamentale de la Bible affirmait sa supériorité sur la science, et ne s'est estompée qu'au "siècle des lumières", avec le concordisme, qui admettait que l'interprétation de la bible devait s'accorder avec la science. C'était au point que que les géologues de ce siècle n'imaginaient pas l'histoire de la terre sans le déluge. La dissipation de la croyance en la bible doit d'ailleurs peut-être plus aux progrès de la géologie, assignant des millions d'années d'age à la Terre, qu'aux critiques de Voltaire et des encyclopédistes.
C'est dans ce nouveau cadre qu'apparait l'interprétation technique des prodiges célestes, et avec elle le thème de mystérieux engins volants.
Nous appelerons "aéronefs fantômes" ou "engin fantômes", ces engins que les témoins croient avoir vu alors qu'ils n'avaient aucune existence réelle, du moins en tant qu'engins. Si la nature supposée de ces engins mystérieux évolue parallèlement au progrès technique, les mécanismes psychologiques révélés par ce nouveau folkore restent fondamentalement les mêmes que celles qui étaient à l'oeuvre depuis des siècles.

Alors que les vaisseaux fantômes ont suscité une certaine littérature, on ne connaît ni association ni ouvrages consacrés à l'étude des aéronefs fantômes, sauf depuis qu'ils sont décrits comme des engins extraterrestres, ou quand il s'agit de science-fiction. Nous allons donc dérouler ici une petite histoire des aéronefs fantômes, qui va s'étendre parallèlement à celle de la conquète de l'air, puis de l'espace.

Les aérostats fantômes.

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Bien qu'historiquement on avait déja parlé, au moyen age, de "vaisseaux volants", nous commençons cette chronique dans le cadre de l'interprétation technique, et les aérostats fantômes seront donc les premiers à inaugurer notre galerie d'aéronefs fantômes, puisque les aérostats sont les premiers engins qu'ont ait vu effectivement voler, et que des témoins crurent avoir vu voler, alors qu'ils n'existaient que dans leur têtes.
On ne pouvait évidemment croire avoir vu dans les airs un engin dont on ignorait l'existence. Il faudra donc attendre l'envol des premiers ballons, pour rendre cette interprétation possible. Elle sera d'ailleurs encore plus possible quand les lancements seront annoncés à grand renfort de publicité.

Les dirigeables fantômes.

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La solution du problème de la direction des ballons, qui paraissait tellement utopique que l'académie des sciences aurait refusé de telles communications, vint d'une autre direction que l'étude du vol des oiseaux. Plutôt que des ailes battantes, il fallait adapter à la propulsion aérienne l'hélice de bateau, inventée par Frédéric Sauvage en 1832, et perfectionnée en 1842 par Normand et Barnes. C'est ainsi que qu'en 1852, Henri Giffard fit l'essai d'un ballon muni d'une hélice mue par une machine à vapeur, et d'un gouvernail. Ce fut la première fois qu'un ballon fut capable de se diriger bien que ne pouvant revenir à son point de départ, sauf en l'absence de vent. Ce retour au point de départ ne sera réalisé qu'en 1884, mais tous les projets de ballons dirigeables utiliseront maintenent l'hélice.
Les dirigeables vont maintenant pouvoir servir à expliquer les phénomènes célestes insolites.

Les avions fantômes.

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Après les difficiles expériences de l'«avion» de Clément Ader, imitant la morphologie de la chauve-souris, les frères Wright inventent en 1903 l'aéroplane, muni de plans gauchissables. bien que sous motorisé (il avait besoin d'une catapulte), sa technique va inspirer la nouvelle génération d'aéronefs. En 1908, ils viennent en Europe faire une démonstration de leur engin. La même année a lieu le premier parcours en circuit fermé. C'est aussitôt l'engouement. Les aéroplanes volettent de toute part, tandis que se lancent les premières revues d'aéronautique. Les journaux s'emplissent des exploits des « merveilleux fous volants », sans vérifier leurs informations. Il se crée ainsi une rumeur colossale des aéroplanes en bois et toile. En 1910, il se publie un article par jour dans chaque journal. Bien entendu, la fiction suit, et la psychose des engins fantômes avec.
Avions fantômes et dirigeables fantômes vont alors se concurrencer pendant une dizaine d'années.

Les fantômes de la grande guerre.

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La première guerre mondiale venue, les esprits s'échauffent et l'espionnite s'installe. Tout ce que le ciel peut compter d'insolite pour un esprit non prévenu, va être mis en relation avec la guerre et l'action de l'ennemi. En particulier, Jupiter et Vénus sont pris tantôt pour un aéroplane, tantôt pour un dirigeable, tantôt par les Alliés, et tantôt par leurs ennemis.
Jusqu'ici, c'est encore logique dans la mesure ou ceux qui observent ces planètes croient y voir le phare d'un engin espion.
Mais on en arrive à ce qu'une éclipse, un bolide, voire une étoile trop scintillante serve à alimenter la psychose nationaliste.

Les avions fantômes seuls en course.

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La grande guerre est finie, et avec elle la peur des dirigeables ennemis. Cependant les engins volants continuent d'occuper le ciel, mais avec un usage plus civil.
En fait, ce sont surtout les avions qui font sans cesse de nouveaux progrès. La Manche avait été traversée en 1909, et la Méditerranée en 1913. Voici que l'Atlantique Nord est traversé en 1919 de l'Irlande à Terre neuve, puis en 1927 de New-York à Paris. Ce sont les avions qui font maintenant réver, au point que tous les auteurs de romans d'aventures et de science fiction vont l'utiliser.
Ce sont donc les avions qui vont maintenant servir de référence pour les engins fantômes, jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale.

L'entrée en scène avortée des fusées fantômes.

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Comme d'habitude, le second conflit mondial a révélé une nouvelle arme: les V1 et autres V2. Dernier cri de la technique aéronautique, et d'une puissance redoutable, les bombes volantes fournissent naturellement la nouvelle référence des engins fantômes.
L'Allemagne vaincue, c'est la puissance et le régime de l'URSS qui inquiètent. La mer Baltique, dont l'URSS est riveraine, ayant servi aux essais des vrais V2, c'est sur ses rives que l'on va observer les prochains engins fantômes.
Dans une telle ambiance, on pouvait s'attendre à une vague d'observations de V2 fantômes, mais un concours de circonstances allait en décider autrement.

l'intermède des soucoupes volantes.

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Si de nombreux livres d'ufologie font commencer l'histoire des OVNI avec les soucoupes volantes de 1947, nous avons vu qu'en réalité, on ne les avait pas attendu pour voir des objets mystérieux dans le ciel. En fait, en 1947, ce sont bien des fusées fantomes qu'on aurait du voir, et ce que vit le premier témoin de "soucoupes" en avait effectivement les performances.
C'est donc assez artificiellement qu'on s'est mis à parler de soucoupes volantes au lieu de fusées fantômes, puisque le terme "soucoupe volante" n'était que la raccourci d'un journaliste, pour désigner un engin qu'on avait vu se déplacer "comme une soucoupe ricochant sur l'eau". Mais un éditeur s'empara de ce thème et transforma le mot en concept.

Le retour des fusées fantômes

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Pendant qu'on observe et qu'on discute des soucoupes, les ingénieurs continuent de travailler sur les engins spatiaux. Dès 1952, Von Braun avait lancé le projet d'une station spatiale annulaire, qui restera le standard de la station spatiale de science-fiction pendant une génération. Dès 1954, les américains envisagent de lancer des satellites artificiels. Ce projet, nécessitant des fusées à étages, va prendre corps avec l'annonce de l'année géophysique internationale. En attendant que des lanceurs soient prêts, on construit des stations de détections des futurs satellites.
O surprise, on annonce qu'elle auraient détecté des satellites inconnus. Russes et Américains s'en renverraient la paternité. Pour les fusées fantômes, l'heure de la revanche va sonner.

Les ovnis

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OVNI est aujourd'hui synonyme de phénomène insolite. A l'origine c'est l'acronyme de Objet Volant Non Identifié, traduction de l'anglais UFO (Unidentified Flying Onject), terme utilisé Par Edward J. Ruppelt pour désigner ces objets céleste mystérieux. En France, une appellation encore plus prudente avait été introduite dès 1955 par l'armée: Mystérieux Objets Célestes, dont l'acronyme faisait partie du sigle de la commission d'étude française, la SEMOC (Section d'Etude des Mystérieux Objets Célestes). Ce sigle M.O.C., reprise par Aimé Michel en 1958, était finalement plus appropriée que OVNI, car il ne préjugeait pas que l'objet soit volant. Les OVNIs seront néanmoins un concept incontournable pendant la vague de 1974. Mais leur propriété d'être non identifiable les éloigne de toute représentation conventionnelle précise, et des quantités de phénomènes disparates vont en profiter.

Les retombées d'engins spatiaux

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Après la grande vague de 1974, et la vague de livres et de conférences qu'elle a suscité, l'intérêt du public pour les OVNIs retombe progressivement.
En 1979, les retombées de satellites, qui naguère alimentaient la rubrique des ovnis, réintègrent leur propre mythologie. Avec les satellites fantômes, l'objet de la rumeur est devenu bien lointain. N'évoluant plus dans l'espace aérien, il ne permet plus l'observation d'aéronefs fantômes, sauf quand il retombe. Dans les années 70 et 80, la rumeur s'alimente des progrès des stations spatiales, ou des satellites espions, pour les conséquences de leurs chutes: les unes pèsent des dizaines de tonnes, les autres sont porteurs de charges radioactives ou de matériel ultra-secret.

Le baron noir

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Nous avons vu que dans les années 80, la soucoupe volante était bien passée de mode. L'OVNI, moins précis, mais encore vaguement discoïdal ne provoquait plus l'enthousiasme non plus. Il faut bien l'admettre, en matière de phénomènes mystérieux, il y a aussi des modes.
Nous avons vu que globalement, ces modes avaient suivi le progrès technique, des aérostats aux engins spatiaux, mais nous avons vu aussi que les engins spatiaux étaient moins adaptés à provoquer des vagues d'observations que les bons vieux avions fantômes. Aussi ne faut il pas s'étonner qu'en 1988, on assiste à une vague d'avions fantômes, presque purement parisienne, avec cette différence que l'agent principal de confusion, ne sera plus une planète prise pouur un projecteur, mais un bruit de moteur pris pour celui de l'avion.

Les triangles

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Les triangles ne sont en fait, pas du tout des triangles, mais simplement des triplets de points lumineux. Or, on peut toujours relier trois points pour former un triangle. L'appellation est donc inadéquate. De plus, cette apparence de triangle correspond assez bien à l'aspect d'un avion vu la nuit.
Cela n'a pas empéché les ufologues belges, chez qui des triangles étaient apparus dès 1970, de recenser des milliers d'apparitions de "triangles", instaurant ainsi un nouveau "look" pour les OVNIs, dont le disque commençait à faire vieillot. Ce fut la novelle référence dans la années 1990. La vague belge de triangles de 1989-1990 peut se comparer en intensité à la grande vagues française de soucoupes volantes de l'automne 1954.

Le phénomène du 5 novembre 1990

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fort marris étaient les ufomanes français après la vague belge, eux qui n'avaient plus eu de vague chez eux depuis 1974. Aussi se jetèrent ils sur le phénomène du 5 novembre 1990 qui, c'est le cas de le dire, leur tombait du ciel. Bien sûr, ce flot d'observations n'avait duré que quelques minutes, mais que ne ferait-on pas pour sauver l'honneur national?
Cocorico! La France avait aussi sa vague d'OVNI. Que tous ces témoignages aient été expliqués quelque jours plus tard comme la rentrée atmosphérique d'un troisième étage de fusée russe ne comptait pas. Il suffisait de décréter que cette explication ne valait rien puisqu'elle émanait de sceptiques, de débunkers, de rationalistes, du GEPAN et autres représentants de la "science officielle", diabolique conjuration contre la foi dans les OVNIs extraterrestres.

Les drones

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Puisque les témoins de phénomènes objectivement non identifiés ont toujours tendance à les identifier avec la dernière technologie dont on parle, il était logique que les aéronefs téléguidables, les drones, d'abord réservés à l'usage militaire, mais apparus ensuite dans les magasins de jouets, finissent par s'incorporer à la panoplie des engins fantômes.
Et cela n'a pas raté: noici que des installations "sensibles", en particulier les centrales nucléaires, qui avaient la réputation d'attirer les OVNIs, vont être prétenduement survolées par des drones. Des drones dont on n'obtiendra aucune vidéo, ou même photo, ni aucun témoignage précis. Des drones fantômes, donc.

Conclusion.

Nous n'avons pas évoqué ici les interprétation précédant l'interprétation technique des phénomènes célestes insolites, mais ce survol des interprétations du pasé suffit à montrer combien la conception classique des ufologues est étroite:

- NON, les OVNI ne sont pas des engins extraterrestres.

- NON, l'histoire des OVNI ne commence pas en 1947 avec les premières apparitions de "soucoupes volantes".

- NON il n'y a pas UNE interprétation par un phénomène objectif qui a raison contre toutes les autres. A toutes les époques on a perçu les phénomènes céleste avec les idées du moment. En particulier, les phénomènes qu'on interprétait comme des machines volantes ont été perçus en fonction de la technologie qu'on imaginait à l'époque.

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