2007 Thibaut Canuti joue à l'historien sceptique Thibaut Canuti A en croire sa biographie, Thibaut Canuti, né en 1973, serait titulaire d'une maîtrise d'histoire contemporaine, diplômé de l'Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques (ENSSIB), et conservateur des bibliothèques dans le sud de la France. Cependant, il ne se prétend pas ufologue, mais plutôt vulgarisateur. C'est donc plutôt en tant que vulgarisateur qu'il écrivit: Un Fait Maudit, Histoire originale et phénoménologique du fait OVNI. Selon un des ses thuriféraires: "Il analyse ces cas en détail, les remet dans leur contexte et s’arrête sur les chroniqueurs ou les ufologues qui les ont présentés. ... L’ouvrage comporte également des reproductions de documents et une importante bibliographie que l’auteur semble vraiment avoir étudiés en détail. C’est un travail minutieux d’analyse, une étude poussée comme il y en a peu et qu’on aimerait voir plus souvent, un ouvrage important à mettre dans toutes les mains." Ah oui? Voyons donc ce qu'il a écrit sur Agobard:   Dans L'histoire de la magie d'Eliphas Levi, l'auteur décrit l'étrange état d'esprit du peuple sous le règne de Pépin « le bref ».   « L'air était plein de figures humaines, le ciel reflétait des mirages de palais, de jardins, de flots agités, de vaisseaux les voiles au vent et d'armées rangées en bataille. L'atmosphère ressemblait à un grand rêve, Tout le monde pouvait voir et distinguer les détails de ces fantastiques tableaux. Était-ce une épidémie attaquant les organes de la vision ou une perturbation atmosphérique qui projetait des mirages dans l'air condensé? Les imaginations étaient pleines de ces merveilleuses fictions lorsqu'apparurent les mirages du ciel et les figures humaines dans les nuées. On confondit les rêves avec la veille, et plusieurs personnes se crurent enlevées par les êtres aériens ; il ne fut bruit que de voyages au pays des sylphes, comme parmi nous on parle de meubles animés et de manifestations fluidiques. La folie gagna les meilleures têtes, et il fallut enfin que l'Église s'en mêlât ». Note: Eliphas Levi n'avait fait que copier dans Histoire de la Magie en France, de Jules Garinet, qui avait copié dans le Dictionnaire Infernal de Collin de Plancy, qui lui même avait copié dans Le comte de Gabalis, de Montfaucon de Villars, qui n'est qu'une fiction. De plus, la comparaison avec L'histoire de la magie montre qu'il y a deux coupures importantes dans le texte d'Eliphas Levi, ce qui le rend incohérent: les merveilleuses fictions, ici occultées, c'étaient celles que racontait le kabbaliste Zédéchias (qui n'a d'ailleurs jamais existé). Il semble que les superstitions aient atteint un stade inédit à cette époque. Note: Mais c'est selon un auteur du XIXe siècle, qui en copiait un second, qui en copiait un troisième, qui avait puisé dans une fiction du XVIIe siècle. On est loin d'un constat objectif fait au IXe siècle. Un texte d’Agobard, Évêque de Lyon, relate ainsi une intervention de l’Église pour éviter à quelques malheureux pris à tort pour des êtres de ce « peuple des nuages » d’être impitoyablement lapidés. Bien que nombre d’ufologues y aient vu trace d’un contact avec une civilisation extraterrestre, il ne s’agit sûrement que de la manifestation populaire de croyances irrationnelles contre lesquelles l’Église catholique romaine s’élevait fort naturellement. La transcription du texte original n’est donc ici reproduite que pour dissiper ce « malentendu ufologique » qui rappelle s’il en est la nécessité absolue de vérifier scrupuleusement l’origine de ces histoires anciennes: Note: Voila une prise de conscience qui honorerait son auteur, s'il avait fait lui même ce qu'il conseille. Mais la suite montre qu'il n'a pas lu le texte original d'Agobard (en latin), et en a repris une traduction ailleurs.   « Nous avons vu et entendu beaucoup d'hommes plongés dans une telle grande stupidité, tombés dans de telles profondeurs de folie, qu'ils croyaient qu'en une certaine région, qu'ils appellent Magonie, les bateaux naviguaient dans les nuages, afin de porter de nouveau dans notre région ces fruits de la terre qui sont détruits par la grêle et les tempêtes; et des marins versent en récompenses à ces magiciens de l'orage et reçoivent en retour farine et autres denrées.   Parmi le nombre de ceux dont la folie aveugle était assez profonde pour leur permettre de croire ces choses possibles, j'ai vu plusieurs exhibitions au cours d'attroupement humains, de quatre personnes, trois hommes et une femme, affirmant être tombés d'un tel vaisseau, après avoir été maintenus quelques jours en captivité. Elles avaient été présentées, comme je l'ai dit, devant la foule assemblée, afin d'y être lapidées. Mais la vérité a fini par triompher ». Note: A en croire ce texte, les quatre prisonniers étaient exhibées de foire en foire, comme des bètes curieuses, après avoir avoué qu'ils étaient tombés d'un vaisseau aérien. En réalité, Agobard dit que dans une certaine assemblée, on amena quatre prisonniers dont ceux qui les avaient capturé disaient qu'ils étaient tombés de ces vaisseaux qu'on disait venir de Magonie. SOURCE: Thibaut Canuti, Un Fait Maudit, JMG éditions, 2007, p. 62-63 Remarques: Thibaut Canuti a beau se prétendre historien, il n'a hamais consulté les textes originaux, et nous pourrions donner une longue liste de cas où il n'a fait que puiser chez des auteurs récents. Ici il semble s'être inspiré de la page web de Patrick Gross dont il recopie l'erreur, en disant que les prisonniers eux même avaient avoué être tombés d'un navire aérien.