1853 Le Magasin Pittoresque écrit n'importe quoi
LE LIVRE DES PRODIGES
PAR CONRAD LYCOSTHENES
Note: Lamentable! Conrad Lycosthène ne vivait pas au centre de l'Allemagne puisqu'il était alsacien, et écrivit son livre à Bâle. Il cite deux fois des flottes dans le ciel, pour les années 214 et 170 avant notre ère, mais la flotte céleste de l'an 214 est mentionnée page 114, d'où l'erreur.
Saint Agobard, l'évêque de Lyon, est heureusement mieux informé ; il sait à merveille vers quelle région fantastique se dirigent ces légers bâtiments ; ils vont au pays de Magonie (1), et c'est par réserve que le saint prélat du neuvième siècle ne vous trace pas leur itinéraire.
Note: N'importe quoi! Agobard cite cette histoire de bateaux aériens comme une rumeur dont il ne croit pas un mot. Ce qu'il sait à merveille c'est que cette prétendue Magonie n'est qu'une connerie, et c'est un peu violent d'affirmer qu'il nous cache le reste par réserve!
Ce qu'il y a de certain, selon lui, c'est que les tempestaires chargeaient sur ces frêles vaisseaux des fruits abattus par la grêle ou détruits par les orages, et les rachetaient ensuite à vil prix.
Ce qu'il y a de certain, c'est qu'Agobard dénonce ceci comme une croyance stupide, et même si cela avait bien eu lieu, ce sont les Magoniens qui seraient venus dans leurs navires aériens acheter les récoltes abattus aux tempestaires.
Chose étrange, ces sorciers que les bas siècles redoutaient sous le nom de tempestarii, n'ont pas plus cessé d'exister pour le peuple de certaines provinces que les flottes aériennes en Normandie, on les connaît encore sous le nom de meneurs de nuées; mais malheur à eux, si, durant certains jours de fête, un homme adroit et courageux leur lance une balle bénie ! le nuage noir qui les cache à la terre ne peut les préserver de la mort.
(1) Suivant les idées bizarres du neuvième siècle, le pays de Magonie était une sorte de port franc situé dans quelque région intermédiaire de l'air, où les navires volants portaient leur funeste chargement.
Note: Il n'y aurait rien eu de funeste, c'aurait été simplement de l'approvisionnement.
A l'aide d'une monture encore plus simple et connue de tous, les tempestaires se dirigeaient vers cette contrée aérienne, et y faisaient à bon marché de coupables approvisionnements.
Note: On aimerait que l'auteur nous décrive cette monture simple et connue de tous. Un balai, peut être? En tous cas les tempestaires étaient censés ravager les moissons et les revendre aux Magoniens, et non pas s'approvisionner en Magonie.
Quelques critiques ont voulu voir dans les navires aériens d'Agobard le début des aérostats.
Note: Pour une fois, c'est exact, dommage que cette hypothèse soit encore une connerie.
SOURCE: MAGASIN PITTORESQUE, tome XXI, N° 34, aout 1853, p. 272.
Remarques:
Il est exact que les supposés sorciers s'appellaient les tempestaires, et que les prétendus navires aériens étaient supposés venir de Magonie, mais l'auteur, qui est peu être Edouard Charton, mais n'a pas lu le livre d'Agobard, a tout mélangé. Chez lui, Agobard affirme au lieu de réfuter. Les sorciers montent sur les bateaux à la place des magoniens, et ils rachètent les récoltes au lieu de les revendre. Sans compter que l'auteur confond date et numéro de page. C'est d'une ignorance consternante.
La source de notre auteur, n'est évidemment pas le livre de Lycosthènes, paru en 1557, puisque l'oeuvre d'Agobard ne fut retrouvée qu'en 1605. Mais l'allusion aux meneurs de nuées de Normandie, nous met sur la piste et montre que l'auteur semble s'être inspiré de La Normandie romanesque et merveilleuse d'Amélie Bosquet, qui, elle aussi, mélangeaient les rôles des tempestaires et des Magoniens.
Cependant, cet article du Magasin Pittoresque, consacré à Conrad Lycosthènes, en plusieurs livraisons, sera lui-même intégralement copié par Imago Mundi.