1845 Amélie Bosquet confond tempestaires et Magoniens
CHAPITRE TREIZIEME
Esprits Météores On prétendait autrefois que le plaisir de nuire n’engageait pas seul les meneurs de nuées à cet abominable métier ; ils y trouvaient encore leur profit; profit, d'ailleurs, aussi facile à supputer qu'aucun de ceux qu'ait jamais rapporté la sorcellerie, mais que le peuple ne manquait pas, comme d'ordinaire, d'évaluer à une fortune considérable, proportionnée à l'énormité du crime qu'il devait rétribuer. Tous les grains abattus par la tempête passaient, disait-on, dans une contrée intermédiaire, située dans quelque région de l’air, et qui s’appelait Magonie, à l’aide de chars ou de navires volants, que les Esprits, souffleurs des orages, dirigeaient à leur gré. Ces grains étaient ensuite rachetés à vil prix par les sorciers qui avaient le pouvoir de se transporter à Magonie, et ceux-ci faisaient revenir ici-bas les objets de leur trafic à l’aide des mêmes moyens qui avaient procuré leur enlèvement. Agobard, qui a écrit contre les superstitions des Tempestaires ou meneurs de nuées, nous témoigne que telle était la croyance de son époque 1. Mais il paraît que, au temps où écrivait Le Loyer, le souvenir de Magonie s’était déjà évanoui de la mémoire du peuple, car le furibond démonologue, plein de foi dans les promoteurs d’orages, se déchaîne énergiquement contre Agobard, qu’il accuse d’avoir inventé lui-même la fable absurde de l’enlèvement des grains, afin de discréditer malicieusement une croyance orthodoxe et bien fondée.
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Les Capitulaires de Charlemagne reconnaissent qu'il existe un art de diriger les orages , et donnent à ceux qui l'exercent le nom de tempestaires 2.
1 Agobardi Opera, t I, p. 145-164
2 Capitularia Reg. franc.edenl, Baluzio, I, 428, art 25: De incantanionibus et tempestariis
SOURCE: Amélie Bosquet, La Normandie romanesque et merveilleuse, Rouen, 1845, p. 251.
Remarques:
Amélie Bousquet mélange allègrement les mythiques agissements des tempestaires, et ceux des Magoniens. Mais d'où viennent ces allégations frelatées, qui ne concernent même pas la Normandie? Quelques détails trahissent leur auteur: les sorciers y trouvaient leur profit, faisaient des fortunes considérables, tous les grains abattus passaient en Magonie à l'aide de chars volants que les souffleurs d'orages dirigeaient à leur gré. Tous ces détails se trouvent précisément chez Delandine qui est donc la source initiale.
Le fait qu'Amélie Bosquet fasse appel à Agobard, qui ne disait pas du tout la même chose, montre qu'elle ne l'a pas lu, mais a recopié la référence ailleurs.
Par contre la mention de l'opinion de Le Loyer, avec le commentaire qui convient, est parfaitement exacte.
Reste que les Capitulaires de Charlemagne ne reconnaissent pas vraiment qu'il existe un art de diriger les orages, ils punissent simplement ceux qui prétendent le faire.
Le livre d'Amélie Bosquet semble avoir inspiré le Magasin Pittoresque, huit ans plus tard.
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