1789. Jacques Antoine Dulaure n'a pas lu Agobard LYONNAIS ...   Saint-Agobard, Archevêque de Lyon, & l'un des plus savans hommes du neuvième siecle, rapporte que de son temps le peuple étoit persuadé de l'existence des Magiciens & des Enchanteurs qui s'elevoient dans les airs, & produisoient à leur gré l'orage & la grèle, pour gâter les fruits de la terre (1) Ils çroyoient que ces Magiciens enlevoient ensuite secrétement ces fruits pour les vendre aux habitans d'un pays imaginaire, nommé Magonie & qu'ils amenoient tous les ans, par l'air des navires chargés de ces denrées & les revendoient au public: « J'ai vu, dit-il, la populace attroupée traîner quatre de ces sorciers, dont trois hommes & une femme, qui étoient descendus du haut des airs dans ces espèces de navires, ils furent conduits en ma présence, & sans mes exhortation; ils auroient été lapidés. Agobard ajoute que ces opinions chimériques étoient celles de tous les esprits; les Nobles, dit-il, comme ceux qui ne l'étoient pas; les habitans des villes, comme ceux des campagnes, y croyoient fermement». (1) Dans les Capitulaires de Charlemagne, chap. I, ces Magiciens sont nommés tempestarii, sive immissores tempestatum SOURCE: Jacques-Antoine Dulaure, DESCRIPTION DES PRINCIPAUX LIEUX DE FRANCE, Paris, Lejay, 1789 Remarques: Dulaure confond visiblement les tempestaires et les Magoniens. Selon les croyances des Lyonnais telles que les a rapporté Agobard, les tempestaires, qui provoquaient les orages, restaient au sol. Ce sont les magoniens qui venaient dans leurs navires aériens acheter les récoltes abattues aux tempestaires. Quand aux quatre malheureux trainés pour être lapidés, ils n'étaient ni sorciers, ni descendus d'un navire aérien. Jacques-Antoine Dulaure n'a donc pas lu le livre d'Agobard. Par contre, les détails qu'ils donnent, comme le fait que les navires venaient tous les ans, laissent penser qu'il s'est inspiré du livre de Bourgeois.