1953 Desmond Leslie ne connait que le comte de Gabalis
Desmond Leslie |
Desmond Leslie, né à Londres, en 1921, est surtout connu chez les ufologues, comme le co-auteur du livre de George Adamski. Mais ses armoiries peuvent tout de même se targuer d'autres fleurons.
Son père, Shane Leslie, était un cousin de Winston Churchill, et lui même servit comme pilote dans la Royal Air Force, durant la seconde guerre mondiale.
Il fut aussi un pionnier de la musique électronique, et pour les amateurs de presse "people", son exploit le plus connu fut de boxer devant des millions de téléspectateurs, le critique théatral Bernard Levin, pour défendre l'honneur de sa femme d'alors, la chanteuse et actrice, Agnes Bernelle.
Dans son livre co-écrit avec Adamski, il a écrit les 20 premiers chapitres, incluant un catalogue d'observations depuis 1619, une critique de Donald Menzel, des observations récentes, et diverses considérations "audacieuses".
Dans le chapitre qui nous intéresse, il commence par descendre en flammes quelques croyances d'autrefois sur les vitesses indépassables, puis il se laisse aller à quelques considérations sur les capacités d'extraterrestres, connaissant la Terre depuis des siècles, et explique pourquoi ils n'avaient pas encore atterri, du moins officiellement.
THE SOLAR SYSTEM
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So why should they risk a public landing ? They have seen what the mob does to that which it fears, and what it does to that which it worships. Their ship would be impounded for evasion of custom duties. Their clothes would be torn off and sold as souvenirs. They would be denounced as saboteurs, anti-Christs, disturbers of the peace, emissaries of Satan, and the rest, as happened on that ill-advised attempt made in France during the reign of Charlemagne. 56
The Comte de Gabalis tells us that on this occasion the famous Quabbalist Zedechias attempted to improve conditions on Earth by suggesting to ‘the aerial peoples’ that they should make a ‘great and wondrous demonstration’.
‘They did so sumptuously’, says de Gabalis. ‘These beings were seen in the air... sometimes on wonderfully constructed aerial ships whose flying squadrons roved at will.’ The result of this attempt to win recognition was no more successful than it is today, assuming that the apparitions seen in our skies relate to the same cause. The people insisted that sorcerers and demons had taken possession of the air (today it is ‘secret weapons’; just as bad). Even the Kings believed it. Charlemagne and his successor, Louis the Debonair, decreed terrible penalties for these ‘tyrants of the air’.
The first chapter of the Emperor’s Capitularies says that the Aeriels were so upset at seeing the people alarmed against them that they came down to Earth in their great flying vehicles and carried off men and women the better to instruct them, ‘determined to dissipate the bad opinion people had of their innocent fleet by carrying off men from every locality... and setting them down again in diverse parts of the world.’ But the unfortunate mortals seen landing from these vessels were mistaken for saboteurs, commandos and ‘sorcerers come to scatter poison on the fruit and in the springs’ and were promptly hastened off to the kind of horrible fate that awaits the doers of such activities. ‘The great number of them put to death by fire and water throughout the kingdom is incredible. One day... at Lyons, three men and a woman were seen descending from these aerial ships. The entire city gathered about them crying out that they were magicians and were sent by Grimaldus, Duke of Beneventum, to destroy the French harvests. In vain these innocents sought to vindicate themselves by saying that they were their own countrymen and had been carried off a short time since by miraculous men who had shown them unheard-of marvels and had desired them to give an account of what they had seen.’ 57
56/ These remarks have since been justified. On 20 July 1953 a crowd of people assembled in the lodestone country of California to witness what they had hoped would be a saucer landing. Among them were immigration officers duly armed with rubber stamps and the McCarren Act to ‘arrest the visitors‘ should their papers be out of order.
Naturally enough no public landing took place, nor will one until the authorities and mob at large take a semblance of an adult attitude.
57/ Compte de Gabalis’ Discourses.
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LE SYSTÈME SOLAIRE
... Alors pourquoi devraient-ils risquer un atterrissage public? Ils ont vu ce que la populace fait à ce qu'elle craint, et ce qu'elle fait à ce qu'elle adore. Leur engin serait saisi pour évasion des droits de douane. Leurs vêtements seraient arrachés et vendus en souvenirs. Ils seraient dénoncés comme saboteurs, antichrists, fauteurs de guerre, émissaires de Satan, et le reste, comme cela est arrivé sur cette tentative malavisée faite en France sous le règne de Charlemagne. 56
Le comte de Gabalis nous dit qu'à cette occasion le célèbre kabbaliste Zedechias tenta d'améliorer les conditions sur Terre en suggérant aux « peuples aériens » de faire une « grande et merveilleuse démonstration ».
« Ils le firent somptueusement », dit de Gabalis. « Ces êtres furent vus dans l'air ... parfois sur des vaisseaux aériens merveilleusement construits dont les escadrons volants erraient à gré. » Cet essai de reconnaissance n'eut pas plus de succès qu'aujourd'hui, en supposant que les apparitions vues dans nos cieux relèvent de la même cause. Les gens soutinrent que sorciers et démons avaient pris possession de l'air (aujourd'hui ce sont des « armes secrètes », tout aussi mauvaises). Même les rois le crurent. Charlemagne et son successeur, Louis le Débonnaire, décrétèrent de terribles peines pour ces « tyrans de l'air ».
Le premier chapitre des Capitulaires de l'Empereur dit que les aériens étaient si peinés de voir les gens alarmés contre eux qu'ils descendirent sur Terre dans leurs grands véhicules volants et emmenèrent des hommes et des femmes pour mieux les instruire, « décidés à dissiper la mauvaise opinion que les gens avaient de leur flotte innocente en emportant des hommes de toutes les localités ... et en les replaçant dans diverses parties du monde. » Mais les infortunés mortels qu'on vit descendre de ces aéronefs furent pris pour des saboteurs, des commandos et des « sorciers venus pour répandre du poison sur les fruits et dans les sources » et furent promptement menés au genre d'horrible destin qui attend les auteurs de tels agissements. Le grand nombre d'entre eux mis à mort par le feu et l'eau dans tout le royaume est incroyable. Un jour... à Lyon, on vit trois hommes et une femme descendre de ces vaisseaux aériens. Toute la ville les entoura en criant que c'était des magiciens et qu'ils étaient envoyés par Grimoald, duc de Bénévent, pour détruire les récoltes francaises. En vain ces innocents cherchèrent-ils à se justifier en disant qu'ils étaient leurs propres compariotes et qu'ils avaient été enlevés peu de temps auparavant par des hommes miraculeux qui leur avaient montré des merveilles inouïes en les priant de raconter ce qu'ils avaient vu. 57. »
56 / Ces remarques ont été justifiées depuis. Le 20 juillet 1953, une foule se rassembla dans le Lodestone County, Californie, pour assister à ce qu'ils avaient espéré être un atterrissage de soucoupe. Parmi eux se trouvaient des agents de l'immigration dûment armés de cachets et de la loi McCarren pour « arrêter les visiteurs » si leurs papiers n'étaient pas en règle. Naturellement, il n'y eut pas d'atterrissage public, non plus qu'il n'y en aura un jusqu'à ce que les autorités et la foule n'aient un semblant de comportement adulte.
57/ « Comte de Gabalis ». Discours.
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SOURCE: Desmond Leslie & George Adamski Flying saucers have landed, T. Werner Laurie, 1953
Remarques:
A part un passage tronqué: "at will" au lieu de "at the will of the Zephyr" (au gré du zéphyr), les passages cités sont identiques à ceux de l'édition de 1913 de Comte de Gabalis, qui est donc la source de Leslie.
La référence "compte de Gabalis" dans le texte n'est probablement qu'une coquille, mais il n'en reste pas moins que Leslie semble prendre le comte de Gabalis pour l'auteur du livre, alors que ce n'est que le personnage central d'un livre de fiction.
Du coup, il prend pour argent comptant les arguments de ce comte imaginaire et ne voit pas d'objections à ce que les "capitulaires" aient raconté les aventures des sylphes.
Il est déja faux que les capitulaires aient contenu des peines contre "les tyrans de l'air" et autres pilotes de vaisseaux aériens. Mais voici que les capitulaires deviennent des chroniques contenant des faits incroyables.
Pire, ces faits sont racontés comme si l'auteur avait pu connaître l'opinion des sylphes, voire comme s'il en était un lui même. Or il est évident que, même si ces évènements avaient eu lieu, l'auteur ne pouvait connaître la motivation des sylphes. Ce simple fait d'écrire des choses que l'auteur ne pouvait savoir est typique d'un conte. Dans un conte, il est convenu que l'histoire est inventé et que l'auteur n'a pas à expliquer comment il l'a su. On retrouve ici le comportement de l'évangéliste Matthieu, racontant la visite des mages, comme s'il avait été l'un d'entre eux.
Montfaucon de Villars avait déjà fait une savante salade en mélant l'épisode des malheureux jetés dans le Rhone, lors de l'épizootie bovine de 810, les tempestaires, la Magonie, et les quatre prisonniers de Lyon. Mais il était entendu que c'était une fiction, parodiant les idées kabbalistes. Ici, non seulement c'est devenu de la réalité, capitulaires de l'empereur faisant foi, mais le comte de Gabalis est lui même devenu réel!
Quant à l'intervention de l'archevêque Agobard, elle a purement été escamotée.
Desmond Leslie s'est montré là d'une colossale naïveté. Mais qu'attendre d'autre d'un auteur capable de partager un livre avec un charlatan de la taille de George Adamski?
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