1420 Le pontifical de Toul contre les tempêtes
Le livre d'Agobard, qui voulait démontrer au monde ecclésiastique que les hommes n'ont aucun pouvoir sur la grêle ne fut visiblement lu par quasiment personne, puisque des ecclésiastiques continuèrent pendant des siècles, soit à condamner la sorcellerie gréligène, soit à conjurer la grêle.
Voici un exemple de pratique religieuse anti-grêle au XVe siècle.
Ordo contra auram levatam et contra aereas potestates: Cum primo videtur aura immoderata levari, proiciat sacerdos contra illam aquam benedictam et mox cum clericis ante altare accumbit dicens septem psalmos. |
Ordre contre les tempêtes soulevées et contre les puissances des airs: Dès qu'on voit soulever une tempête excessive, Que le prêtre jette de l'eau bénite contre elle, et qu'il se couche aussitôt devant l'autel avec les clercs récitant sept psaumes. |
SOURCE: Pontificale Tullense, B.N. Ms. Lat. 12079, folio 227 recto
Remarques:
La reproduction ci dessus, en niveau de gris, rend mal la splendeur des enluminures du manuscrit. Voici un autre passage reproduit avec ses couleurs:
Maintenant, il faut bien se dire que ce n'est pas parce que ce rite était écrit avec de belles couleurs qu'il en était plus efficace...
L'expression "auram levatam", qui rappelle le "aura levatitia" des lyonnais, n'indique pas clairement si c'est une tempête soulevée par des sorciers, ou simplement une tempète qui se lève.
L'important est que le clergé n'ait fait que christianiser des rites magiques et païens.
Sénèque eut peut-être ri de ce que les chrétiens aient remplacé le sang par l'eau bénite, mais Agobard se serait indigné de cette pratique, lui qui pensait que les prêtres n'ont pas plus de pouvoir sur la grêle, que les sorciers.