CHAPITRE PREMIER

PRÉLIMINAIRES ASTRONOMIQUES

Le ciel
Mouvement propre du Soleil
Temps sidéral
Le Zodiaque
La précession des équinoxes
La Lune
Les planètes
Constitution physique
Le Soleil. Son influence sur la Terre

Par une belle nuit, le ciel présente aux regards l'apparence d'une voûte sombre, parsemée d'étoiles. La verticale perce cette voûte au zénith, et le plan horizontal qui passe par notre oeil définit l'horizon théorique (nous préciserons).
Une observation de longue durée montre que les étoiles conservent sur la voûte céleste leurs positions relatives; en reliant deux à deux par des segments de droite les étoiles voisines, on obtient des lignes brisées, qui aident à retenir l'aspect d'une région du ciel. Ainsi naquirent les constellations qui se retrouvent identiques à elles-mêmes de siècle en siècle; si l'on néglige de légères modifications, notre ciel est semblable à celui de l'Antiquité et nous avons pu conserver les constellations dont les Grecs établirent le premier catalogue, au début de notre ère, et dont les dessins se sont transmis à travers les âges.
A ces figures géométriques, les Anciens, dont l'imagination était féconde, ont superposé, tant bien que mal - souvent plus mal que bien - des schémas d'animaux familiers ou fabuleux, de héros ou de symboles mythologiques.
Les alignements stellaires, fruits du hasard, évoquent rarement une image impérieuse. Une des associations les meilleures est le Scorpion: avouez cependant que le Scorpion comporte beaucoup d'arbitraire. En général, la correspondance est d'une grande pauvreté : voyez la Grande Ourse ou la Vierge (fig. 1).


Fig. 1. - La Grande Ourse, la Vierge et le Scorpion
Les points noirs représentent les principales étoiles de ces constellations. Leurs alignements traditionnels, représentés par des traits qui joignent les points deux à deux, sont déjà arbitraires. Quant aux dessins qui englobent les contours géométriques, ils sont entiêrement fantaisistes. A la Vierge, on pourrait substituer une arbalête. ou un réveille-matin. sans que la convention fût plus grande.
Dans l'Ourse, on reconnait les sept étoiles du Grand Chariot; dans la Vierge, l'Epi, étoile de première grandeur; au coeur du Scorpion, Antarês.

Une seule nuit d'observation montre que la plupart des constellations se lèvent vers l'Est et se couchent vers l'Ouest, comme le Soleil et la Lune. La voûte céleste semble pivoter autour d'un point fixe, le Pôle céleste Nord (voisin de l'étoile polaire). Cette voûte visible n'est que la moitié d'une sphère céleste qui tourne autour d'un de ses diamètres, la ligne des pôles. Ce mouvement de rotation n'est qu'apparence: en réalité, la Terre qui nous porte, isolée dans l'espace, tourne autour d'un axe dont la direction est celle des pôles célestes.
Pour la sphère céleste, la ligne des pôles PP' est l'axe fondamental
(fig. 2).
Le grand cercle perpendiculaire est l'équateur céleste: il sépare l'hémisphère nord céleste de l'hémisphère sud céleste.
La verticale OZ et la direction du pôle définissent le plan méridien du lieu, qui coupe le plan de l'horizon suivant la direction nord-sud. Les éléments: horizon, zénith, direction du pôle, méridien, points cardinaux, sont invariables pour un lieu donné. On peut les associer à une sphère locale, permanente et immobile.
Il est commode d'imaginer que les astres sont fixés sur une seconde sphère concentrique, enveloppant la précédente, et qui tourne autour de la ligne des pôles d'un mouvement uniforme.
Le mouvement de cette sphère céleste s'appelle mouvement diurne, car il engendre la succession de nos jours et de nos nuits.
La période de ce mouvement est le jour sidéral, plus court, d'environ quatre minutes, que le jour civil de nos calendriers. Ce dernier est en effet rattaché au Soleil, qui n'est pas fixe parmi les étoiles; son petit déplacement quotidien au travers de certaines constellations est responsable des quatre minutes de différence.
Dans le mouvement diurne, chaque étoile de la sphère céleste décrit sur la sphère locale un petit cercle, toujours le même, qu'on appelle son parallèle céleste.
Les étoiles voisines du pôle, qui traversent le méridien entre N et R, ne se couchent jamais: ce sont les circompolaires nord du lieu considéré.
Par symétrie, il existe autour du pôle sud P' des astres perpétuellement invisibles; les parallèles qu'ils décrivent se trouvent au-dessous de l'horizon (calotte SP'Q de perpétuelle invisibilité).

Fig. 2. - Sphère céleste et mouvement diurne
N-S = direction nord-sud
W = ouest
LIC = arc de parallèle céleste décrit pendant le jour par une étoile, de son lever L à son coucher C.

Tous les astres compris entre les cercles NR et SQ, au contraire, se lèvent et se couchent, pour le lieu considéré: les parallèles qu'ils décrivent au cours du mouvement diurne sont coupés par le plan de l'horizon. Mais ils sont coupés en deux parties inégales (sauf l'équateur, qui est divisé diamétralement). L'arc de parallèle situé au-dessus de l'horizon, dit arc diurne, est d'autant plus grand (relativement au tour complet) que le parallèle considéré est plus proche de NR (et d'autant plus court qu'il est plus proche de SQ, naturellement). C'est le contraire pour les arcs nocturnes, au-dessous de l'horizon.
La durée de présence d'un astre au-dessus de l'horizon est mesurée par l'angle LIC, du lever au coucher. Les étoiles qui se trouvent à 90° des pôles et qui, par suite, décrivent l'équateur au cours du mouvement diurne, sont levées chaque jour pendant douze heures et couchées pendant douze heures.
Les étoiles qui se trouvent au nord de l'équateur céleste sont levées pendant plus de douze heures sur vingt-quatre; celles qui se trouvent au sud se lèvent pour moins de douze heures; celles qui traversent le méridien non loin de S se lèvent peu de temps. Le lieu d'observation étant donné, une formule très simple fait connaitre la durée D du lever d'une étoile en fonction de sa distance AE à l'équateur.

cos (D/2) = - tg l tg
l = latitude du lieu = hauteur du pôle;
= AE = déclinaison de l'étoile;
D - durée de visibilité (à raison de une heure pour 15°).

Mouvement propre du Soleil (fig. 3).. - Le Soleil participe au mouvement diurne, comme les étoiles, mais il ne reste pas fixe, comme elles, sur la sphère céleste. Il parcourt en une année, à travers certaines constellations, un grand cercle appelé écliptique. Le plan de l'écliptique, incliné à 23°,5 sur celui de l'équateur, le coupe suivant un diamètre ' Le point (gamma) est l'équinoxe de printemps, ' l'équinoxe d'automne. Sur l'écliptique, le Soleil chemine, à raison de 1° par jour (environ) en sens contraire du mouvement diurne. Ce déplacement engendre l'inégalité entre jour sidéral et jour civil. Supposons qu'à une certaine date, le Soleil passe au méridien en même temps que l'étoile Régulus; le lendemain, quand Régulus culmine, le Soleil se trouve à 1° à l'Est du méridien et ne traversera le méridien que quatre minutes plus tard. Le surlendemain, son retard serait de huit minutes sur Régulus et ainsi de suite.


Fig. 3. - Ecliptique, Zodiaque, temps sidéral
La figure montre l'écliptique, route annuelle du Soleil, au milieu de la bande zodiacale, coupant l'équateur céleste aux deux points équinoxiaux, et '.
Le mouvement diurne emporte le tout dans le sens des flèches. En un an, le Soleil parcourt l'écliptique dans le sens contraire à celui des flèches.
Les quatre points MC et FC, Asc et Occ, ont une signification astrologique. Ce sont les intersections de l'écliptique avec le méridien et avec l'horizon (voir DOCTRINES ASTROLOGIQUES, les quatres angles de l'horoscope).

Comme le Soleil règle l'activité des hommes, c'est à lui qu'on a rattaché le jour civil.
Le mouvement propre du Soleil sur l'écliptique est aussi la cause du cycle des saisons et définit l'année. Lorsque, quittant l'hémisphère sud céleste, le Soleil franchit le point (le 21 mars) et s'avance dans l'hémisphère nord, ses durées de présence au-dessus de l'horizon, qui constituent nos jours (1) naturels, vont croissant pour atteindre jusqu'à seize heures, sous notre latitude: c'est le printemps. Puis ces durées diminuent jusqu'à douze heures pendant qu'il revient vers l'équateur et c'est l'été. Après le franchissement de ', vers le sud, ce seront les jours courts (de douze à huit heures) d'automne et d'hiver.

(1) Déplorons ici les fâcheuses défaillances de la langue française lorsqu'il s'agit des durées: le mot « jour » signifie à la fois la durée fixe de vingt-quatre heures et la fraction très variable de cette durée « où il fait jour » en opposition au mot nuit. De même, le mot. « heure » signifie à la fois une durée de 1/24 de jour et un instant déterminé (quelle heure est-iI ?).

Temps sidéral. - Pour définir, à un instant donné, la position de la sphère céleste avec tous ses astres, par rapport à la sphère locale, il suffit de connaître la position du point par rapport au méridien, c'est-à-dire la valeur de l'angle EO. Cet angle, qui s'accroît uniformément de 15° par heure, porte le nom de temps sidéral et se compte de 0 à 24 heures. Il est 0 heure sidérale en un lieu quand le point traverse le méridien de ce lieu. On peut imaginer que le point entraîne l'équateur, l'écliptique et la sphère céleste entière, dans le mouvement de rotation autour de PP' (fig. 3).
La configuration du ciel étoilé par rapport à la sphère locale dépend donc uniquement de la position de , c'est-à-dire du temps sidéral.
Parmi les calculs de l'astrologie, le plus important est celui du temps sidéral puisqu'il définit l'aspect du Ciel.
Toute erreur ou imprécision à son endroit conduit à des conclusions fautives.
La détermination du temps sidéral à partir de l'heure civile fournie par nos horloges ou par les documents (actes d'état civil ou autres) comporte plusieurs opérations où peuvent se glisser des erreurs.
Rappelons quelques conventions. Le temps fondamental, ou temps universel (T. U.), est le temps civil de Greenwich. D'autre part, la Terre a été divisée en vingt-quatre fuseaux horaires (chacun comporte 15° en longitude) numérotés de 0 à 23 vers l'Est. Le fuseau 0 est celui dont le méridien de Greenwich occupe le milieu. Par convention, l'heure de toutes les horloges du fuseau numéroté x, est T. U. + x heures.
Nous donnons en appendice un exemple précis de recherche du temps sidéral. mais si l'on tient pour négligeable une erreur d'environ quatre minutes (l'astrologie s'en accommode) l'opération est rapide:
1 ° Etablir le temps civil LOCAL de l'événement étudié. On apporte à l'heure officielle la correction d'heure d'été et une correction de longitude locale, par rapport au milieu du fuseau.
2° Ajouter au résultat précédent le temps sidéral à 0 heure du jour considéré, fourni approximativement par une petite table perpétuelle (
Appendices II).

Le Zodiaque. - Le Zodiaque est une zone de la sphère céleste qui s'étend à 8°,5 de part et d'autre de l'écliptique, route du Soleil. Les planètes principales et la Lune résident dans cette ceinture.
Le Soleil faisant le tour de l'écliptique en douze mois, les Anciens ont divisé le Zodiaque en douze cases rectangulaires à partir du point (
fig. 3 et fig. 4); le Soleil habite ces cases successivement, chacune pendant un mois; dans chaque case, les étoiles furent groupées, coûte que coûte, en une constellation dont le nom désigna, à l'origine, indifféremment, le rectangle ou l'astérisme qui s'y logeait. Voici les douze rectangles ou SIGNES du Zodiaque, dans l'ordre où le Soleil les parcourt, à partir du 21 mars.

Partie nord
de l'écliptique
Le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Lion, la Vierge. Printemps
Eté
Partie sud
de l'écliptique
' La Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau, les Poissons. Automne
Hiver

Les constellations correspondantes représentent surtout des animaux (d'où le nom de Zodiaque). La Balance seule est inanimée. Plusieurs des rectangles étaient d'une grande pauvreté en belles étoiles: les constellations qu'ils délimitèrent sont peu frappantes : le Bélier et la Balance n'ont chacune que deux étoiles atteignant la troisième grandeur, le Capricorne n'en a qu'une, le Cancer, les Poissons, le Verseau n'en ont aucune.

La précession des équinoxes. - Le Zodiaque tel que nous le connaissons semble avoir été définitivement établi vers le IIIe siècle seulement avant notre ère; mais certaines de ses figures, comme le Taureau. étaient déjà célèbres chez les Babyloniens mille ans auparavant. Au temps d'Hipparque (-130), le point se situait au début du rectangle Bélier. Mais la précession des équinoxes, au fil des siècles, a brouillé la simplicité du Zodiaque hellènique et apporte une grande confusion dans le langage.
Une oscillation lente de la ligne des pôles déplace l'équateur céleste parmi les constellations et les points et ' reculent le long de l'écliptique. Depuis le temps d'Hipparque, le point a remonté toute la constellation des Poissons, entrainant avec lui, par convention, la ceinture des rectangles zodiacaux avec leur ancien nom. Aujourd'hui comme autrefois, un rectangle et une constellation portent le même nom, mais le rectangle renferme désormais une constellation autre que son homonyme.

Fig. 4. - Constellations et signes du Zodiaque
Les constellations sont formées d'étoiles et sont fixes sur la sphére, Les signes sont des rectangles portant les mêmes noms que ces constellations: leur ceinture recouvre la bande des constellations; mais la précession fait glisser peu à peu cette ceinture des signes, si bien qu'actuellement le rectangle-signe du Bélier recouvre les étoiles des Poissons, etc. Le glissement a lieu dans le sens de la flèche,
En bas, les symboles des douze signes, dans l'ordre où le Soleil les parcourt, de mois en mois. à partir du 21 mars; plus ou moins évocateurs de l'animal originel, ils contribuent beaucoup, par leur mystère, à l'impression magique du profane, dans ses premières relations avec l'astrologie.

De nos jours, le signe (ou rectangle) du Bélier recouvre. et contient. la constellation des Poissons. On continue à dire que le Soleil entre le 21 mars dans le signe du Bélier, mais il entre en réalité dans la constellation des Poissons.
De même, le signe du Taureau renferme les étoiles du Bélier, et ainsi de suite, par permutation comme le montre la figure. Danr. deux mille deux cents ans, les signes auront encore reculé d'une case et le décalage sera double. Et le phénomène continuera régulièrement.
Les constellations ont d'ailleurs des limites compliquées comme un puzzle et la bande des Signes rectangulaires empiète sur plus de douze constellations.

La Lune . - La Lune, satellite de la Terre, décrit en vingt-sept jours, autour de nous, sa trajectoire, à une distance moyenne de 360.000 km. Sur la voûte céleste, cette trajectoire apparaît comme un grand cercle peu incliné sur l'écliptique (de 5° seulement). Les deux points opposés où l'orbite lunaire coupe l'écliptique s'appellent les noeuds (signes symboliques: ). C'est aux jours où la Lune passe aux noeuds de son orbite qu'elle peut avoir l'occasion d'éclipser le Soleil ou d'être éclipsée elle-même dans l'ombre portée par la Terre. Si les noeuds étaient fixes, les éclipses auraient lieu toujours aux deux mêmes points du Zodiaque. En réalité, le plan de l'orbite lunaire tourne (en conservant son inclinaison de 5°) et les deux noeuds balaient entièrement l'écliptique en 18,7 ans. Au bout de cette période, les éclipses ont eu lieu tout le long de l'écliptique au milieu de la bande zodiacale: le nom d'écliptique caractérise cette propriété, car les Anciens attachaient uue importance primordiale à ces phénomènes frappants.
La Lune décrit le Zodiaque dans le même sens que le Soleil, mais treize fois plus vite: en une heure, la Lune avance d'une quantité égale à son propre diamètre parmi les champs d'étoiles. Si l'on veut localiser exactement la Lune, il convient d'avoir l'heure très précise et de calculer avec rigueur.
Par le cycle frappant de ses phases (en moyenne 29,5 jours), qui a donné naissance au mois, la Lune fut le premier des marqueurs de temps, et aux âges où l'homme n'avait pas conquis l'usage de lumières artificielles, la Pleine Lune jouait, la nuit, le rôle du Soleil dans le jour. Les voyages, les concours de peuple, les fêtes ou rites nocturne n'avaient lieu qu'à la Pleine Lune. Les Ecritures suffisent à nous rappeler ce passé relativement récent, dominé par les servitudes naturelles.
La Lune est un astre petit, dénué d'atmosphère; son volume est 2 % du volume de la Terre et sa masse ne dépasse guère 1 % de celle de notre Globe. La Lune est un corps assez homogène et comparable par sa nature à notre croûte terrestre.

Les planètes. - Mis à part le Soleil et la Lune, les Anciens, de temps immémorial, reconnurent en tout cinq planètes par l'observation de leurs déplacements parmi les étoiles. Ce sont, par ordre de distances croissantes au soleil et avec leurs symboles:

MercureVénusMars JupiterSaturne

Nous nous en tiendrons, pour le moment, à ces cinq planètes; les suivantes, Uranus , Neptune, Pluton , de découverte contemporaine, n'ont eu aucune place - ipso facto - dans l'astrologie traditionnelle.
Nous savons depuis Copernic (1543) que ces objets décrivent des orbites arrondies autour du Soleil, comme la Terre, dans le même sens et dans des plans voisins de celui de l'écliptique. On trouve donc toujours les planètes dans le Zodiaque. Mais comme nous les observons de la Terre, qui est mobile, leur mouvement, si simple, de progression régulière autour du Soleil, revêt pour nous des apparences compliquées et surprenantes. Si nous suivons pendant longtemps la marche de l'un de ces astres dans le Zodiaque, nous le verrons s'avancer, accélérer son progrès, puis ralentir et stopper (station), puis rétrograder, lentement d'abord puis plus vite, freiner ce recul, s'arrêter de nouveau et repartir, et ainsi de suite. Chaque planète, en définitive, avance plus qu'elle ne recule, mais en zigzag, avec des boucles ou des festons.
Les Anciens, qui croyaient la Terre fixe au centre du Monde, eurent les plus grandes peines à rendre compte de ces mouvements par des combinaisons compliquées de cercles, par des échafaudages de mouvements circulaires. Ils n'y parvinrent d'ailleurs pas de façon satisfaisante. Les principaux changements de vitesse des planètes, leurs reculs et leurs stations sont de pures apparences. La planète progresse quasi uniformément sur son orbite. C'est la promenade annuelle de la Terre qui introduit des boucles dans la perspective des planètes sur la toile de fond des constellations lointaines. Et la vitesse de la Terre se compose avec la vitesse propre de la planète, pour déterminer la marche apparente.

Constitution physique. - Les planètes sont des corps relativement froids; leur lumière est empruntée au Soleil; leur rayonnement propre est négligeable; leur éclat résulte uniquement de la diffusion de la lumière solaire par leur sol ou par leur atmosphère. En gros, leur constitution est comparable à celle de la Terre: leur variété actuelle provient de l'inégalité de leurs masses initiales, qui a déterminé l'inégalité des atmosphères et, par suite, l'évolution physico-chimique dissemblable des régions externes que nous observons.
Accessoirement, la proximité au Soleil a réglé les conditions thermiques de leurs surfaces.
. Mercure est un petit objet (5 % du volume terrestre), semblable à la Lune et dénué, comme elle, d'atmosphère (sauf peut-être quelques traces).
. Vénus, à peu près égale à la Terre, se signale par son éclatante blancheur et par son puissant éclat aux crépuscules, dans les époques favorables. Son atmosphère est évidente; les nuées blanches qui voilent le plus souvent son sol peuvent être des sables fins, soulevés par un régime cyclonique des vents. Cette atmosphère contient du gaz carbonique en abondance - mais peu ou point d'eau ni d'oxygène. Ses autres constituants (l'azote, par exemple) ne se sont pas encore révélés
. Mars est une planète petite, dont la masse est à peine 1/9 de celle de la Terre. Elle possède une atmosphère beaucoup plus faible que la nôtre (pression au sol 7 cm. de mercure), presque toujours transparente, et qui laisse bien voir le sol. Ses régions claires, occupant les 2/3 de la surface de Mars, ont une couleur rose ou ocre et semblent des étendues désertiques recouvertes de poussières rougeâtres, que le vent soulève parfois: ces aires rougeâtres confèrent à la planète cette couleur de rouille qui a toujours frappé les observateurs.
Il existe aussi des régions sombres (probablement des bas- fonds) dont la teinte, bleutée ou verdâtre, et l'intensité, varient au cours des saisons: ces variations pourraient être l'indice d'une vie végétale inférieure (mousses ou lichens), adaptée à la rudesse des climats martiens.
Il existe enfin aux deux pôles des calottes polaires peu épaisses, neige ou givre, qui disparaissent presque complètement au cours des étés, mais la vapeur d'eau qu'elles engendrent est si raréfiée qu'on n'a pas encore pu la mettre en évidence.
L'oxygène n'est pas décelable non plus. Par contre, on a découvert sur Mars du gaz carbonique, comme sur Vénus, en assez petite quantité. Les composants inertes (l'azote, sans doute), ne sont pas encore décelés.
.Jupiter est la planète géante du Système solaire. Masse trois cent vingt fois celle de la Terre. Aucun sol visible. Une atmosphère profonde, impénétrable, est le siège de transformations permanentes et singulières. On y décèle le méthane et l'ammoniac. L'hydrogène et l'hélium sont certainement très abondants mais indécelables dans ce milieu très froid: la température des régions observables est de l'ordre de - 140° C.
. La planète Saturne ressemble beaucoup à Jupiter mais sa masse est moindre (cent fois celle de notre Globe) et sa température est encore plus basse.
Les propriétés absorbantes du méthane et de l'ammoniac s'exercent puissamment dans le rouge; la lumière solaire que renvoient les deux planètes géantes, appauvrie en couleurs rouges, présente une teinte verdâtre, livide ou plombée.
Ainsi sont expliquées les colorations des différentes planètes, par des propriétés physico-chimiques simples de leur sol ou de leur atmosphère.
Rappelons pour terminer que les Anciens ne connaissaient pas la distance des planètes, pas même leurs distances relatives, pas même leur ordre d'échelonnement en profondeur. Au surplus, pour qui considère la Terre comme le centre du système planétaire, l'ordre des planètes, par distances croissantes à la Terre, varie selon l'époque. S'il s'agit des planètes proches, toutes les permutations sont possibles et l'ordre est arbitraire (fig. 5). On peut avoir aussi bien TM S V m que Tm M V S, ou T SV M m, etc. Car, si la distance moyenne Terre-Soleil est prise pour unité, Tm varie de 0,5 à 1,5; TV, de 0,25 à 1,75; T M, de 0,35 à 2,65.

Fig. 5. - Positions relatives des planètes par rapport à la Terre, T.

Dans leurs orbes autour du Soleil S, on voit Mercure passer de m en m', Vénus de V en V', Mars de M en M'.

Au contraire Jupiter est toujours plus éloigné de la Terre que les corps précédents, et Saturne est le plus lointain de tous, en permanence.

Le Soleil . Son influence sur la Terre . - Le Soleil est une énorme sphère de gaz très chauds (6.000° en surface, des millions de degrés à l'intérieur). Ces gaz sont essentiellement de l'hydrogène (pour les 2/3) et de l'hélium (pour 1/3). Les autres corps de la chimie terrestre réunis semblent n'intervenir dans sa masse totale que pour moins de 5 %.
La masse du Soleil est trois cent trente mille fois celle de la Terre.
Qui songerait à minimiser les liens puissants, essentiels,qui associent notre Globe au Soleil? Les astronomes seraient les derniers à les méconnaître, puisqu'ils passent leur vie à les étudier et à tâcher d'en découvrir de nouveaux.
Naturellement, le Soleil nous tient d'abord par sa masse: la gravitation nous enchaîne à lui. Sans cette force permanente, notre Globe irait se perdre dans les ténèbres. Cette force intervient aussi pour 1/3 dans le phénomène des marées (le reste est dû à la Lune).
La lumière et la chaleur, dons royaux du Soleil, entretiennent la vie sur la Terre (et l'ont sans doute engendrée). Une température élevée détruit le protoplasme, une basse température fige ses activités. La vie se maintient parce que nous ne sommes ni trop près ni trop loin du Soleil. Notre nourriture, animale ou végétale, est le sous-produit, plus ou moins indirect, de la fonction chlorophyllienne des plantes vertes, c'est-à-dire de l'activité de la lumière solaire. Toutes les énergies que l'homme utilise (force des animaux domestiques, vents, chutes d'eau, bois de chauffage, houille, pétrole, etc.), proviennent intégralement des apports contemporains ou fossiles du Soleil à la Terre. L'énergie atomique (nucléaire, pour mieux dire) fera exception: mais l'humanité n'y a pas encore puisé utilement.
Nous devons le cycle de nos saisons au fait que l'axe de la Terre n'est pas perpendiculaire au plan de l'écliptique. L'évolution rythmée des plantes annuelles a frappé l'homme primitif et la corrélation avec la position du Soleil dans le Zodiaque a été comprise de bonne heure. L'apparition de l'agriculture dans l'histoire humaine s'est accompagnée de rites et de sacrifices saisonniers: la puissance vitale du Soleil, ses vertus fécondes lors de sa position dans les signes zodiacaux « humides » du Printemps, ses principes maturateurs dans les signes « secs » de l'Eté, étaient pleinement ressentis.
Ce déterminisme étroit entre Soleil, Zodiaque et cycles agricoles a présidé à la naissance concomitante de l'astronomie et de l'astrologie.
De nos jours, l'activité du Soleil est étudiée en grand détail. On a reconnu ses variations au cours d'un cycle de onze ans, pendant lequel le nombre et la position de ses aires actives (facules et taches) varient beaucoup.
La quantité d'énergie totale que le Soleil nous fournit n'est pas constante non plus, mais l'amplitude de ses variations n'est pas très grande. Nous connaissons maintenant la relation entre l'activité solaire et maints phénomènes terrestres (par l'intermédiaire de notre haute atmosphère) : les aurores polaires, les orages magnétiques, les courants telluriques, certains fadings (ou, au contraire, certains renforcements) de la radio, sont la conséquence d'éruptions solaires (rayons ultra-violets et particules électrisées). Depuis peu on a découvert et on enregistre sur radar une émission permanente du Soleil en ondes courtes radioélectriques (allant du décimètre à quelques mètres) sujette à de brusques et violents sursauts. Emission intéressante, bien que les énergies qu'elle met en jeu soient négligeables par rapport à la lumière et à la chaleur solaire proprement dites.

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