Les indices accusaient José Luis Jordan Péña
Trop d'indices convergeaient vers José Luis Jordan Peña. Omniprésent dans les affaires d'Aluche et de San José, rédacteur manifeste de la lettre d'Antonio Pardo, sa machine à écrire tapait des caractères exactement semblables à ceux des lettres "ummites". D'ailleurs, les "ummites" eux même insistent sur le fait que leurs lettres sortent d'une Hispano Olivetti modèle studio 46 , les autres étant réputées apocryphes.
De plus, il dessinait exactement comme les ummites, semblant plus familier des parallélépipèdes que des lignes courbes.
La comparaison des dessins "ummites" avec ceux de José Luis Jordan Peña est éminemment instructive...
A gauche, les dessins "ummites", à droite ceux de José Luis Jordan Peña
Et qu'on ne dise pas que José Luis Jordan Peña a volontairement imité le style des "ummites" dans des dessins parus dans une revue de parapsychologie espagnole de 1989. Ces dessins sont parus dans son livre "Casas encatadas", en 1982 (avec un copyright de 1981), une époque où il ne cherchait pas à se faire passer pour le rédacteur des lettres "ummites"
La rapidité et l'à propos avec lequel les"ummites" répondaient aux questions des récipiendaires de leurs lettres impliquent qu'ils surveillaient de près leurs cogitations. On pouvait soupçonner que le représentant des "ummites", était là, à la fois visible et invisible, lors des réunions ou l'on discutait du contenu des dernières lettres.
José Luis Jordan Peña |
Or dans les années 70, les principaux destinataires du courrier "ummite" (c'est à dire les anciens de la "baleine hilare") appartenaient au groupe "Eridani" de Madrid. Qui avait fondé ce groupe? L'omniprésent José Luis Jordan Peña, qui participait également à l'organisation des colloques.
Non seulement, aucune manifestation "ummite" ne se produisait sans qu'il ne soit là, mais en plus il collaborait avec le mouvement des sceptiques espagnols.
Il avait de quoi se poser des questions, et des ufologues sceptiques comme Oscar Rey Brea, ne s'en privèrent pas en érigeant un faisceau de présomptions convergentes. Arrivé là, le doute n'était déjà plus permis. L'homme de main d'Ummo était parfaitement identifié, même si la preuve formelle manquait.
Mais qui était le cerveau, l'instigateur? José Luis Jordan Peña, ou une entité plus puissante dont il aurait été l'instrument?
Les ummologues ont cherché midi à 14 Heures
Un unique instigateur pour l'affaire UMMO? Allons donc! Un ummologue "sérieux" ne perdrait pas des années de sa vie a étudier les bêtises d'un plaisantin, n'est ce pas? Il ne les consacrerait pas non plus à tomber dans le panneau d'une expérience de psychologie. Donc, une fois que ses années de recherche ont été investi, pas question d'admettre qu'on a travaillé pour rien, il faut absolument tomber sur quelque chose d'important.
Donc Il ne faut absolument pas que José Luis Jordan Peña puisse être le seul instigateur de l'affaire. Si la piste extraterrestre est un cul de sac, la source du courrier "ummite" ne peut émaner que d'un organisme puissant, secret et même dangereux. On est alors dans le théâtre d'ombre du complot. Fantasmes, paranoïa et frissons garantis.
La C.I.A.?
Pour Antonio Ribera, le responsable est trouvé: la vie sur Ummo est une apologie de l'«american way of life» (il se base sur le mode de vie technicisé des "ummites"). La piste serait donc américaine
Or si le responsable est américain, il est tout trouvé, c'est la C.I.A. Dans ce cas, et dans le cadre d'une poursuite des expériences américaines de "mind control", l'opération aurait pu avoir pour but d'étudier à petite échelle, le contrôle d'un groupe, dans un pays de culture espagnole. Ceci aurait pu avoir des applications à Cuba, où la C.I.A a déjà imaginé de créer une psychose populaire pour renverser le régime Castriste.
Parfaitement! dans le flot des révélations qui nous sont parvenues sur les méthodes de la C.I.A., on a appris que le général Edward Lansdale avait imaginé de faire courir à Cuba la rumeur du retour du Christ, à une date déterminée, pour renverser Fidel Castro. Le grand soir, un prodige céleste, causé par des fusées éclairantes lancées d'un sous-marin, aurait déclenché le processus. (Le Nouvel Observateur n° 577, 1er déc. 1975.)
D'autres ont remarqué une idéologie procommuniste dans les lettres? Qu'à cela ne tienne, c'est tout simplement de l'intox. En "réalité" la C.I.A. a volontairement embrouillé les pistes, en se faisant passer pour une officine communiste
... Et pendant ce temps là, à Wright Patterson Air Force Base, la marmotte, qui est moderne, elle met le chocolat dans le polyfluorure de vinyle...
Oui, mais...
Nous devons remarquer que les manoeuvres de la C.I.A. contre Castro (tout au moins, celles postérieures à la malheureuse tentative de la "baie des cochons"), n'ont pratiquement jamais dépassé le stade de la conception.
Et puis, pourquoi aller si loin quand il suffisait d'infiltrer aux USA même, une communauté de "latinos" ?
Enfin, les "ummites" se prétendaient surveillés par la C.I.A (ça prouve bien que leur affaire était sérieuse, n'est ce pas?). Ils ont mis en garde leurs correspondants contre la présence d'un prétendu agent de la C.I.A, dont ils ont donné le signalement... et la photo
(
lettre D97 )
Mais, vous l'aviez déjà compris, c'est la C.I.A qui a volontairement embrouillé les pistes, et pendant ce temps là, la marmotte...
Tout ce qu'on peut vraiment supposer c'est que la C.I.A garde (comme nous) un oeil sur cette affaire qui peut contenir d'utiles enseignements pour elle.
Le K.G.B.?
Pour Renaud Marhic, qui est allé enquêter en espagne, suivi par Jean-Jacques Vélasco, ex-directeur du feu SEPRA, ainsi que pour l'astronome Jean-Claude Ribes, le responsable est trouvé: la vie sur UMMO est une apologie du totalitarisme soviétique (ils se basent sur la structure de la société "ummite").
La revue d'ufologie russe Aura-Z apporte de l'eau à ce moulin en interviewant Leonid Chebarchine, ancien vice-président du K.G.B., qui confirme: "Le K.G.B. était parfaitement capable de monter une mystification de ce calibre"
Dans le cas du K.G.B., l'expérience aurait pu avoir pour but de mesurer la réaction d'un groupe à l'injection d'une idéologie totalitariste et centralisatrice. Le modèle social ummite prône le centralisme à l'échelle de la planète, sous le contrôle d'une oligarchie: un conseil de "sages", l'UMMOAELEWE. Le choix de l'Espagne pourrait alors être significatif d'un projet plus vaste, dirigé vers les fragiles sociétés d'Amérique latine, dont la culture peu cohérente constitue un véritable terreau pour les dictatures.
Oui mais...
Certes, les "ummites" faisaient l'apologie du communisme et du pacifisme, mais pas de la tyrannie, bien au contraire. Dans la liste des personnalités à qui les "ummites" rendent hommage, et qui ont oeuvré pour la paix, on trouve bien Karl Marx, mais aussi Don Helder Camara et Jean XXIII, qui n'étaient pas précisément en odeur de sainteté au K.G.B. En sorte que la propagande "ummite" était peut être pro-communiste, mais aussi indirectement anti-stalinienne, ce qui n'était probablement pas le but recherché par le K.G.B.
On espère bien pour le K.G.B. qu'avec ses 400 000 agents et son budget, il ait été capable de monter une mystification de ce "calibre", mais ça ne prouve pas qu'il l'ait fait. Bien au contraire, les agents du K.G.B. se seraient fait "remonter les bretelles" pour avoir pondu de pareilles nullités.
Les courriers "ummites" ont continué après l'effondrement de l'U.R.S.S., et quelque soit la motivation initiale de l'opération, on voit mal comment elle aurait pu continuer dans ces conditions.
( Notons que les partisans de l'hypothèse Kagébiste ne supposent tout de même pas que la piste ait été embrouillé pour mener vers la C.I.A. )
Quand à la théorie du rédacteur en chef d'Aura-Z, elle vaut son pesant d'emprunts russes: Les "ummites" auraient injecté dans leurs lettres, des idées que les soviétiques n'avait pas les moyens d'étudier, pour que ce soit les scientifiques occidentaux qui s'y emploient.
Boris Churinov |
Et pendant ce temps là, à Novosibirsk, la marmotte, qui est traditionnelle, elle met le chocolat dans le papier sulfurisé...
Enfin, pour juger de la validité de la piste du K.G.B., ne vaut il pas mieux demander à un ufologue russe, qu'à des français? Or l'ufologue russe Boris Chourinov, qui sait sûrement mieux que les ufologues français ce qui se passe dans son propre pays, traite avec humour l'hypothèse de Renaud Marhic:
Il suffit d'être né en URSS pour savoir que sa notion de l'ex-système communiste soviétique est extrêmement floue, étant puisée, suivant toute apparence, de romans d'espionnage. Si on continue son " analyse " du système social, on arrivera très vite à la conclusion que Tommaso Campanella (1568-1639) travaillait pour le KGB en préparent l'Occident à l'affaire Ummo avec sa 'Cité du Soleil' qui préconisait un système communiste.
(
Le KGB et la récolte du manioc au Dahomey)
Une secte?, une bande de farceurs? Des publicitaires?...
Ceux qui sont en manque d'imagination peuvent se référer à liste de 50 hypothèses que les "ummites" ont eux même donné.( lettre D97 au père Guerrero )
On y remarque tout de suite l'absence de deux hypothèses:
- José Luis Jordan Peña ne fait pas partie des suspects
- Il n'est pas soupçonné non plus que le responsable puisse être un raton laveur...
Mais leurs spéculations ne tiennent pas debout
Pour éliminer l'hypothèse que le mystificateur ait agi seul, les ummologues alignent les arguments:
1) Un canular ne dure pas trente ans!
C'est un sophisme: En effet l'affaire UMMO n'est pas un simple canular, mais une manipulation psychologique, analogue à la création d'une secte.
Elle n'a pas duré trente ans en continu. La phase de production des lettres les plus intéressantes n'a guère duré que quatre ans. La "source UMMO" réagissant ensuite sporadiquement au congrès qu'organisaient les récipiendaires.
2) Derrière l'affaire UMMO, il y a de gros moyens!
Quelle bonne blague! De gros moyens? Nous connaissons maintenant leur inventaire:
Un appareil photo, un pied, du film, un laboratoire d'amateur, deux assiettes en plastique, un bol en plastique ou un couvercle de moulin à café, de la colle, un feutre, du fil de nylon, du Tedlar récupéré sur le stand de Dupont de Nemours, des fusées éclairantes, de quoi faire quelque trous dans le sol, une machine à écrire, des craies ou des crayons de couleur, une ramette de papier machine, des enveloppes, des timbres-poste, un bricolage électronique pour filtrer la voix au téléphone, une pile de revues de vulgarisation scientifique, un dictionnaire de chinois mandarin...une certaine dose de cynisme (c'est peut être là le plus important)...
...et quelques complices pour tenir le support de la maquette, se faire passer pour un témoin "indépendant", ou poster les lettres de différentes villes du monde au cours de ses voyages
(non, toujours pas de raton-laveur)
Ah, les gros moyens que voila!
3) José Luis Jordan Peña n'a pas une culture suffisante en physique avancée!
Que si! Il suffit de lire sa prose:
La tercera condicion exigiria que exista una relacion biunivoca de orden fisico-geométrico entre cada punta de esa representacion cerebral, y los puntos reales del recinto. Decimos que la relacion ha de ser geométrica porque habria que postular una topologia del espacio universal muy distinta de la que nos ofrece las cosmologias mas conservadoras. No pensemos que con ello nos precipitamos alegremente en la Ciencia ficcion. Actualmente eminentes astronomos y fisicos especulan seriamente acerca de un nuevo modela de espacio universal que puede revolucionar las vigentes concepciones deI Universo.
Ese espacio estaria cuantificado. Ello implica que no sera concebible una distancia inferior a la del «quantum» elemental y que sena del orden de 10-33 centimetros. El espacio estaria por tanto formado por minusculos agujeros negros. Wheeler llamara a estas entidades «geones» «agujeros de gusano», verdaderas entradas y salidas del «superespacio». Una entidad microfisica podria talvez penetrar por uno de estas agujeros y emerger a través de otro, en otro punto lejanisimo deI Cosmos. Se ha llegado a determinar la densidad de este espacio hiperpesado del cual formamos parte.
Seria deI orden de !10^94 gramos/cm3! Pero todo ésto ha de esperar, hasta confirmarse empiricamente.
La troisième condition exigerait qu'il existât une relation biunivoque d'ordre physico-géométrique entre chaque point de cette représentation cérébrale, et les points réels de l'enceinte. Nous disons que la relation doit être géométrique parce qu'elle postulerait une topologie de l'espace universel très différente de celle qui nous offre les cosmologies les plus conservatrices. Ne pensons pas que de cette façon nous nous précipitons joyeusement dans la Science fiction. Actuellement, des astronomes éminents et des physiciens spéculent sérieusement sur un nouveau modèle d'espace cosmique qui peut révolutionner les conceptions de l'Univers en vigueur.
Cet espace serait quantifié. Cela implique que ne serait pas concevable une distance inférieure à celle du "quantum" élémentaire et qui serait de l'ordre de de 10^-33 centimètres. L'espace serait par conséquent formé de minuscules trous noirs. Wheeler appellerait ces entités "geons", des "trous de vers", véritables entrées et sorties de l'«hyperespace». Une entité microphysique pourrait peut-être pénétrer par un de ces trous et émerger à travers un autre, dans un autre point très lointain, du Cosmos. On est arrivé à déterminer la densité de cet espace hyperdense dont nous faisons partie. Il est de I'ordre de 10^94 grammes/cm3 ! Mais tout ceci doit attendre d'être confirmé expérimentalement.
( José Luis Jordan Peña, "Casas encatadas", Noguer, Barcelona 1982, p 248 )
Troublant, n'est ce pas? On voit bien que notre homme était parfaitement capable de pondre des théories physiques sophistiquées (mais peu cohérentes) en se basant sur des articles de vulgarisation
Par contre, la pauvreté de la description du biotope "ummite" est frappante. Bien sûr, les "ummites" nous donnent quand même des leçons de Sciences naturelles:
Des classes, comme les crustacés n'existent pas à proprement parler sur UMMO, bien qu'y figurent des animaux que vous ne pourriez pas classer aujourd'hui et qui leur ressemblent. Par contre, y figurent des classes comme les poissons, les amphibiens, les oiseaux, les reptiles et les mammifères, que vous n'auriez aucun doute à qualifier comme telles, et cependant, vous ne pourriez trouver aucune de leurs espèces dans un parc zoologique ou un aquarium de la Terre.
(autrement dit: Il n'y a pas de raton laveur sur UMMO)
...mais ils sont incapables de citer une seule espèce sous marine!
Larousse 1900
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La pauvreté de leurs descriptions technique fend le coeur: Non seulement leur engin spatial ressemble à une grosse machine à laver, mais ils sont incapables de concevoir autre chose que de l'électronique à lampe, alors qu'à l'époque des premières lettres on était passé aux systèmes transistorisés et qu'on était en train de se mettre aux circuits intégrés
Leur nullité en astronomie est consternante: même pas le niveau d'un manuel de cosmographie pour enfants...
Quand on voit cette pauvreté d'imagination de la description du monde "ummite", quand on voit les erreurs d'ordre scientifiques dont les documents sont bourrés, on comprend bien qu'une grosse organisation comme le K.G.B. ou la C.I.A., avait les moyens de faire 100 fois mieux en faisant plancher là-dessus d'authentiques scientifiques, sous couvert de travaux de prospective par exemple.
Qu'on imagine seulement une petite équipe de farceurs ayant une bonne culture scientifique dans des domaines différents: ils eussent fait 10 fois mieux, rien qu'en pompant dans le "scientific american" et le dictionnaire Larousse d'il y a cent ans
Ces lacunes énormes dans la science "ummite" sont sans appel: Il n'y a qu'un seul cerveau derrière. Et ce cerveau, nous le connaissons
Le manipulateur se dénonce lui même
Javier Sierra |
Nous avons vu que José Luis Jordan Péña avait avoué, puis se serait (?) rétracté.
Mais il faut dire que ça commençait à sentir le brûlé pour lui. Javier Sierra, rédacteur en chef de la revue "Más Allá" avait découvert que les deux témoins d'Aluche, c'est à dire lui et Vicente Ortuño se connaissait parfaitement. Il interrogea donc Vicente Ortuño en 1988, qui avoua, puis plus tard, José Luis Jordan Péña.
C'est ainsi que celui ci préféra s'expliquer dans la revue des sceptiques espagnols, "La Alternativa Racional", de l'été 1993 ( N° 29 ).
Dans son article: "UMMO, un autre mythe qui se crashe", il explique ses conceptions du petit monde ufologique, qu'il classe en psycho-ufologues, astro-ufologues, mytho-ufologues (ufomanes) et nouméno-ufologues (ufolatres).
Pensant que 80% de la population est atteinte du syndrome de paranoïa, c'est à dire d'idées erronées persistantes et résistantes à toute argumentation logique, il décida de monter une expérience pour le vérifier
Me decidí a crear un mito llamado Ummo adornándole con falso aterrizaje y apócrifas huellas. Recuerdo que
conseguí unas láminas de Fluoruro de Polivinilo tan resistentes a la tracción y a la temperatura que se catalogaron para la NASA, tanto es que no se conocían en nuestra península.
El montaje fue casi perfecto. Aderezado con unos informes pseudocientíficos lo lancé mediante cartas anónimas causando la
expectación que puede suponerse.
Je me suis décidé à créer un mythe appelé Ummo en l'ornant avec un faux atterrissage et de fausses traces. Je me souviens que j'ai obtenu des lames de Fluorure de Polyvinyle tellement résistantes à la traction et à la température qu'ils ont été catalogués pour la NASA, tant est qu'ils n'étaient pas connus dans notre péninsule.
Le montage a été presque parfait. Je l'ai lancé au moyen de lettres anonymes, agrémentées d'informations pseudoscientifiques en causant l'intérêt que l'on devine.
Il ajoute:
Posteriormente gracias a un periodista, Javier Sierra, me he decidido a revelar el Affaire".
Ultérieurement, à cause d'un journaliste, Javier Sierra, je me suis décidé à révéler l'«Affaire».
C'est donc bien à la curiosité de Javier Sierra que nous devons les premiers aveux signés de José Luis Jordan Péña. Mais il est ici peu bavard. Il ne s'explique, ni sur sa technique, ni sur ses complices, ni sur certains aspects de l'affaire (car certains étaient peu avouables), ni sur celles de ses aveux. Il allait en révéler plus trois ans plus tard...
Car ça sentait de plus en plus le brulé pour José Luis Jordan Péña, qui selon Manuel Carballal, fut interrogé par le Groupe de Surveillance des Sectes de la Police Nationale espagnole. Il faut dire qu'il avait aussi monté deux sectes
José Luis Jordan Peña passe "à table" |
De son coté, Manuel Carballal avait déjà étudié l’affaire DARO, un canular qui était l'oeuvre d'une seule personne. Il partit donc sur la piste de José Luis Jordan Péña, comme auteur unique de l'affaire. Il réussit à accéder au dossier de l'interrogatoire. Ce qu'il apprit confirma ses soupçons: C'était bien José Luis Jordan Péña qui, après avoir découvert les réunions de la "Ballena Alegre", avait décidé de jouer lui aussi un rôle actif, et commencé à manipuler Fernando Sesma en lui téléphonant un jour comme étant DEI-98, un résident de la planète UMMO...
Pour sa défense, il faut comprendre aussi qu'après avoir vu la naïveté colossale de Sesma, c'était vraiment trop tentant
Et d'ailleurs, il annonçait la couleur: «Je voulais que le symbolisme phonétique inspire la fausseté de son contenu »
(HUMO = fumée en espagnol).
Il expliqua à Manuel Carballal comment il s'y était pris: « Pour simuler la caractéristique voix Ummite, j’utilisai un appareil électrique de distorsion que je construisis moi-même, et qui donnait à ma voix, ou à celle de quiconque l’utilisait, une résonance métallique et nasillarde. »
« Je me revois écrivant les rapports les Samedi et Dimanche après-midis, profitant de mes voyages en France, en Angleterre, etc., ou des voyages de mes amis, pour y poster les lettres.»
José Luis Jordan Péña révéla les détails techniques de des mystifications d'Aluche et de San José. Comment il avait fabriqué les traces, la maquette, comment il l'avait photographié, comment il avait inventé des témoignages...
«La chose la plus incroyable était que j’en vins à m’entretenir avec des gens qui prétendaient avoir vu la soucoupe, mais que je n’avais pas payé»
Sur ses indications, Manuel Carballal reproduisit la maquette, et au 30 ème anniversaire de la supposée observation, il refit les photos sur les lieux même. ( reconstitution )
C'était bien les excès criminels des récupérateurs d'UMMO, qui l'avaient poussé à lâcher le morceau aux enquêteurs:
«Estoy arrepentido de haber creado un experimento, que considero inmoral, que se ha vuelto contra mí.»
« Je me suis repenti d'avoir monté une expérience que je considère immorale et qui s’est retournée contre moi. »
Enigmas publie l'enquête |
Mais l'enquête de Manuel Carballal, publiée dans la revue "Enigmas" d'août 1997, fit apparaître des choses moins reluisantes:
Deux de ses complices, Trinidad Pastrana, alias "Marisol", et Mercedes Carrasco, qui posta des lettres de Malaisie et du Zimbabwe, auraient été abusées sexuellement après avoir été hypnotisées par lui
Il avait fondé deux petites sectes: Pirophos et une secte pseudo-Hindou, qui lui permettaient d'assouvir des pulsions sado-masochistes
Par ailleurs il avait bien eu des rapports avec les services secrets espagnols, le CESID. Cela semble s'être borné, comme l'avait compris Javier Sierra, à étudier la possibilité d'utiliser le courrier "ummite" pour envoyer des messages codés. De fait, cela expliquerait la curieuse lettre D113, concernant des consignes d'expédition au refuge anti-atomique de Piedralaves, avec un message codé. Cela ne parait pas avoir été plus loin, pour ce qui est du contenu des lettres. Mais le CESID était probablement au courant des dérapages sexuels de son correspondant, ce qui lui permettait de le "tenir"
Finalement, Après les aveux successifs de José Luis Jordan Péña, il semble bien:
- Que le but initial de la mystification "ummite" était de jouer avec la crédulité des amis des hommes de l'espace
- Que les complices espagnols de la mystification était peu nombreux et n'ont joué qu'un rôle mineur: pas besoin d'être James Bond pour tenir une canne à pèche ou mettre des lettres à la poste
- Que les services secrets n'ont pas interféré avec le contenu scientifique des lettres
- Que les activités de gourou abusif de José Luis Jordan Péña n'ont interféré que pour donner une coloration sado-masochiste à certaines lettres
Autrement dit, derrière le courrier "ummite", il n'y aurait eu, en pratique, qu'un seul homme, assisté de quelques "collaborateurs"
A l'heure actuelle, cependant, si Péña a eu un - ou des ? - collaborateur français, qui aurait bien connu la région de La Javie, nous ignorons encore son nom.