1644 L'épitre aux Hébreux fait douter Grotius.


Huig De Groot
  Huig De Groot (1583-1645), latinisé en Hugo Grotius, mais qui se franciserait en Hugues Legrand, fut la fois humaniste, diplomate, théologien et juriste. Enfant prodige, il entra à l'université à 11 ans, et entreprit d'éditer l'œuvre de Martianus Capella à 13 ans. Il est surtout connu pour avoir été un grand théoricien du droit naturel, et son oeuvre majeure De Jure Belli ac Pacis (Le Droit de la guerre et de la paix) eut des dizaines d'éditions jusqu'au XXe siècle.

  Mais il écrivit aussi des dizaines d'autres livres, juridiques, théologiques ou historiques, voire des tragédies. En 1644, c'est à dire vers la fin de sa vie, il publia Annotationes in Vetus Testamentum, qui contient, d'intéressantes notes sur la traduction latine de l'ancien testament, en particulier sur le miraclee de Josué.

Spatio unius diei] Hebraei , ut in perfecta die : id est, aestiva, qualis tunc erat illa illis in locis. Ita Maimonides & Hebraei quos citat Masius, nullum hic miraculum agnoscentes, sed phrasim poëticam, quasi Sol exspectasset, donec occidio hostium perfecta foret, cum potius Israelitae non destiterint insistere hostibus, quamdiu aut Sol aut Luna lumen praebebant: sicut saepe in historiis insequendi finem nox adfert. Scriptor ad Hebraeos fidei praemia ingentia referens cap. XI. dejectae Hierichuntis meminit: mutati coelestis cursus, quod multo majus fuerat, non meminit. Et jam sequetur, Deum voci hominis se accomodasse, non quidem Solem sistendo, sed pugnando, id est, pugnantibus vires & invictum contra labores animum subministrando, immittendo praeterea lapides pro grandine. Haec ita non improbabiliter dici possunt, quanquam impossibile Deo non est Solis cursum morari, aut etiam post solis occasum speciem ejus in nube supra horizontem exstanti per repercussum ostendere.
Durant l'espace d'un jour,] Hébreux , Comme dans un jour entier : C'est à dire, en été, tel qu'il était alors, dans cette région. Ainsi, Maïmonide et les écrivains hébreux que cite Masius ne reconnaissent pas ici de miracle, mais une expression poétique, comme si le soleil avait attendu que le massacre de l'ennemi soit complet, alors que les Israélites n'arrêtaient pas de faire pression sur l'ennemi tant que le la lune ou le soleil fournirait la lumière: puisque souvent dans les récits la nuit met fin à la poursuite. L'auteur de l'épitre aux Hébreux, mentionnant les grands profits de la foi (He 11:30), se souvient de la chute de Jéricho. Le changement du cours céleste, qui fut bien plus grand, il ne s'en souvient pas. Et il s’ensuit que Dieu s’adapte à la parole humaine, non en arrêtant le soleil, mais en combattant, c’est-à-dire en fournissant aux combattants force et esprit indomptable face aux travaux, mais aussi en envoyant une grêle de pierres. Ainsi ces choses ne peuvent être dites inadmissibles, bien qu'il ne soit pas impossible à Dieu de suspendre le cours du soleil, ou encore de montrer, après le coucher du soleil, son apparence perdurant par réflexion au-dessus de l’horizon.
Hugonis Grotii Annotata ad Vetus Testamentum, tomus I, Lutetiae Parisiorum, Sebastiani Cramoisy, 1644, p. 183)
Note: On remarque qu'après s'être retranché derrière l'autorité de Maimonide, Grotius se retranche derrière celle de l'auteur de l'épitre aux hébreux, plus admissible par les chrétiens. Effectivement, si miracle il y avait eu, cet auteur eut du en parler, puisque ce miracle était bien plus extraordinaire que l'écroulement des murailles de Jéricho. Grotius accepte donc la grêle de pierres, mais pas l'arrêt réel du soleil, pour lequel il garde néanmoins la possibilité da la prolongation du jour.

Dernière mise à jour: 29/10/2019

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