L'étoile des mages était elle une nova?

Une nova, c'est à dire une éroile nouvelle. Une étoile qui apparait brusquement sur la voùte céleste, là ou personne n'avait jamais rien remarqué.

Nova stella, novus rex! (Nouvelle étoile, nouveau roi!) C'est le cri qu'auraient poussé les Normands partant conquérir l'Angleterre en 1066, encouragés par la vision de la comète de Halley, qui, pour eux, étaient une étoile nouvelle.
Cette mentalité se perdant dans la nuit des temps, il parait logique qu'on ait pu raisonner ainsi à l'époque de la naissance du Christ, si une nova était apparue. Mais c'est la seule chose qui s'accorderait avec l'histoire de l'étoile des mages, car une nova est visible des mois, et reste immobile parmi les autres étoiles.

vers 440, Le pape Léon le grand a-t-il parlé d'une nova?.
Selon Dom Calmet:
Quelques anciens (b) ont avancé que c'était un astre nouveau, créé exprès pour annoncer aux hommes la naissance du Messie.

(b) Leo Magn. serm. I de Epiphan. Chrysost. in Matth. homil. 6

Mais en fait, dans le sermon cité, Léon le Grand dit:
Tribus igitur Magis in Regione Orientis stella novae claritatis apparuit,
En Orient, un astre d'une nouvelle clarté apparut à trois mages,
Donc, Léon le grand ne dit pas clairement que l'astre était nouveau.
Quand à Jean Chrysostome, il place l'apparition dans la bouche de ses adversaires:
Commençons, si vous voulez, par ce que disent sur ce sujet les ennemis de la vérité: car le démon les aveugle de telle sorte, qu’ils croient trouver dans cette histoire des armes pour combattre cette même vérité. Aussitôt, disent-ils, que Jésus-Christ fut né, il parut une étoile, ce qui est une preuve claire de la certitude et de la solidité de l’astrologie. Mais qu’y a-t-il de plus faux que ce raisonnement? Si Jésus était né selon la loi de l’astrologie, comment l’aurait-il détruite après, en renversant l’erreur du destin, en fermant la bouche aux démons, et en détruisant foutes les illusions de cet art de prédire et de deviner ?
Non, on ne peut pas dire que les anciens pères ont vraiment parlé d'une étoile nouvelle.

945, Le destin fabuleux d'un bolide.

Qui croirait qu'un simple bolide, paru en 945 finisse par être identifié à l'étoile des mages? C'est pourtant ce que va réussir à faire ce bolide, qui, à travers les écrits de cométographes, savantasses et même fumistes, va se transformer en comète, puis en nova récurrente, et finalement va servir à expliquer l'étoile des mages.
Chronicon Frodoardi
Dominus Teotilo venerandus urbis Turonicae Praesul obiit,...
Cumque ultimum jam exaleret spiritum, apparuit signum quoddam luminis per aëra discurrens. cubitum longitudinis habere visum: cujus lumine ad depellendas noctis tenebras sufficienter perfecti sunt, qui funus ejus deducebant: talique potiti solamine, per milia fere, ceu fertur, ducenta, Turonicam usque corpus ejus perferunt urbem.
(p 199)
Maître Theotilon, vénérable évêque de la ville de Tours, mourut,...
Et alors qu'il rendait déjà le dernier soupir, apparut un signe comme de lumière parcourant les airs. Il avait une coudée de longueur, sa lumière, suffisante pour chasser les ténèbres de la nuit éclaira ceux qui transportaient son corps: ils en eurent assez de réconfort, pour le porter sur environ deux cent milles, jusqu'à ce qu'ils amenèrent son corps à la ville de Tours.

Note: Ce phénomène lumineux traversant les airs, en éclairant le sol, ne peut être qu'un bolide. Il eut ici un heureux effet psychologique qui permit de ramener le corps de l'évèque à bon port.

Ex Libello Hugonis Floriacensis monachi
(en marge)An. 945
Post hos autem dies Theotilo Turonicae urbis venerandus episcopus ad Laudunum Montem, causa exidente, properavit. Sed dum ad propria remearet, in ipso itineri gravi coepit aegritudine deficere. Et cum jam ultimum exaleret spiritum, apparuit signum quoddam luminis per aëra discurrens. cubitum longitudinis habere visum; cujus lumine ad depellendas noctis tenebras sufficienter perfecti sunt, qui funus ejus deducebant: talique potiti solamine, per milia fere ducenta Turonicam usque corpus ejus pertulerunt ad urbem.
(p 321)

Theotilon, évêque de Tours, étant parti de Laon pour retourner à son diocèse, fut surpris en chemin de la maladie dont il mourut. Il rendoit le dernier soupir lorsqu'on vit un signe lumineux traverser l'air. Ce signe avoit une coudée de longueur, sa lumière avait assez d'éclat pour éclairer au milieu de la nuit ceux qui furent chargés de conduire à Tours le corps de ce prélat, dans une traversée de près de deux cent milles.
(Dom Martin Bouquet, Recueil des historiens des Gaules et de la France, tome VIII, nouvelle édition sous la direction de leopold Delisle, 1871 )
Note: Cette traduction, qui n'est pas la notre laisse entendre que le phénomène éclaira le convoi funèbre sur une route de deux cent milles, mais c'est manifestemùent faux.

1572, une étoile nouvelle sème la zizanie


Gravure du livre de Tycho Brahé
Personne de vivant n'avait jamais vu d'étoile nouvelle jusqu'à ce soir du 9 novembre 1572, ou Cornelius Gemma découvre une nouvelle Vénus dans la constellation de Cassiopée. Pourtant, la veille il n'avait rien vu bien qu'il ait fait très beau.
Deux jours après, c'est Tycho Brahé qui la decouvre. Il en est tellement surpris qu'il demande à d'autres personnes s'ils voient aussi cette étoile. Il va l'observer régulièrement, noter son éclat, tenter en vain de lui trouver une parallaxe. C'est bien un astre très lointain.
L'années suivante, il publie le résultat de ses observations
Or Aristote a encore grand crédit à l'époque, et l'apparition d'une étoile nouvelle viole le principe aristotélicien de l'immuabilité de la sphère céleste. Comment sauver le dogme? On attribue à Jérome Cardan l'idée de la réapparition périodique d'une étoile existante: cette étoile aurait tout simplement été celle de Bethléem. Ainsi rien ne se crée sur la sphère céleste, mais une étoile peut changer d'éclat: on minimise la violation du principe d'immuabilité.
On ne retrouve guère cette affirmation dans les oeuvres de Cardan, d'ailleurs mort trois ans après la publication du livre de Tycho, et comme aucun auteur qui le cite ne donne la source, il semble s'agir d'une reconstruction. Tycho lui même parle des idées de Cardan, mais pour son interprétation astrologique.

1573, Léovitius transforme un bolide en étoile

Historiae perhibent tempore Ottonis primi Imperatoris similem stellam in eodem fere loco Coeli arsisse Anno Domini 945. Ubi magnae mutationes plurimaque mala, varias provincias Europae pervaserunt, potissimum propter peregrinas gentes infusas in Germaniam. Verum multo locupletius testimonium in historiis extat de Anno Domini 1264. Quo stella magna et lucida in parte coeli septentrionali circa sydus Cassiopeae apparuit, carens similiter crinibus, ac destitua motu suo proprio.
Les histoires rapportent qu'au temps de l'empereur Othon premier une étoile semblable a brulé presqu'au même endroit du ciel l'an 945, où de grands changements et de très grand maux, se répandirent dans les différentes provinces de l'Europe, surtout à cause de nations étrangères entrées en Allemagne. Il apparait beaucoup de témoignages authentiques plus riches dans les chroniques pour l'an 1264, ou une grande étoile brillante apparut dans la partie septentrionale du ciel autour de l'astre de Cassiopée, manquant pareillement de chevelure, et n'ayant plus de mouvement propre.
Note: Léovitius nous raconte de belles histoires sans en donner de sources. En bon astrologue il s'intéresse surtout aux calamités supposées produites par ces apparitions célestes. Son étoile de 945 n'était qu'un bolide, quand à celle de 1264, on n'en trouve aucune trace, à part la comète, dûment mouvante et chevelue qu'on observa cette année là.
( LEOVITIUS Cyprianus, De nova stella iudicium, Lavingae, Emanuel Saltzer, 1573)

1573, TychoBrahé ne croit pas que l'étoile des mages fut sa nova


Tycho Brahé
Stella illa, quae in Oriente Magis apparuit, Tempore incunabulorum Christi, qua Duce illi Iudaeam petierunt, Regem noviter natum adoraturi, & de eo Hierosolymis sciscitabantur, ibique edocti tandem eum Bethlehemae, praecedente stanteque hac Stella supra eandem Domum, in qua erat, invenerunt, muneraque illi Aurum, Thus, Myrrham, tanquam Regi, DEO & Homini, obtulerunt ( quemadmodum hac a Mattheo Evangelista dilucide referuntur ) illa, inquam, Stella non erat de Coelestium Astrorum genere, neque cum hac Nova, cujus hic fit mentio, aut Cometis, ullatenus congruebat.
Cette étoile, qui apparut en Orient aux mages, au temps du berceau du Christ, par quel guide ceux ci se rendirent en Judée, pour adorer le roi nouveau né, et s'ètre enquis de cela à Jérusalem, et enfin instruits de Bethléem, cette étoile les précédant et se tenant au dessus de cette même maison, où il était, ils rentrèrent, et lui offrirent en présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe, comme à un roi, un dieu et un homme ( ce à que l'évangéliste Matthieu fait clairement référence ) cette étoile, je peux le dire, n'était pas de l'espèce des astres célestes, ni comme cette nova dont je fait ici mention, ou une comète de l'espèce appropriée.
(Tycho Brahé, Progymnasmata, édition 1610, page 324)

1579, Georgius Caesius transforme le bolide en comète dans Cassiopée

Mox anno 944. ut Mizaldus habet, Funccius, Cyprianus & alii, 945. temporibus Otthonis primi, Cometes mirae magnitudinis in Septentrione apud Cassiopéam apparuit, quem precessit & praenunciavit Solis Eclipsis horribilis, cujus imago veluti sanguine tingebatur.
peu après l'an 944, selon Mizauld, 945 selon Funck, Cyprien et d'autres, au temps de l'empereur Othon premier, une comète d'une grandeur merveilleuse apparut au nord, près de Cassiopée, que précéda et annonça une horrible éclipse de soleil, dont l'image était comme colorée de sang.
Note: Mizaud parle de la comète visible en Italie, qu'il place en 944, mais qui fut en réalité visible en 939 comme l'a démontré Pingré, sur la base de l'éclipse qui eut lieu la même année. Caesius la mélange avec le pseudo comète de 945, et avec l'apparition dans Cassiopée de Léovitius en 1264. Il faut dire que Caesius est un grand fabricant de comète
(Caesius, non paginé)

1602, Rockenbach mentionne une comète en Italie.

Anno Christi, nongentesimo, quadragesimo quarto, Cometa immensae magnitudinis, in Italia conspectus est.
L'an 944, on observa une immense comète en Italie.
(Rockenbach, p 173)

1614, Képler invoque une nova similaire à celle de 1604.

Après Tycho Brahé, Képler eut lui aussi l'honneur, le plaisir et l'avantage d'écrire un livre sur une nova qu'il avait précédemment observé. Apparue dans le pied du serpentaire (ou Ophiucus) le 9 octobre 1604, elle était un peu plus brillante que Jupiter, mais non visible en plein jour, comme celle que vit Tycho-Brahé. Kepler commença à l'observer le 20 octobre, et en 1606 publia son travail dans un livre: De stella nova in pede serpentarii. Aujourd'hui, cette nova est catologuée comme SN 1604
Mais cette nova apparaissait l'année suivant celle d'une triple conjonction Jupiter-Saturne, astrologiquement très intéressante. Aussi Képler, après avoir calculé, qu'une telle triple conjonction s'était déja produite en l'an 7 AC, fut il bien tenté d'imaginer que l'apparition d'une nova eut aussi lieu l'année suivante.
Kepler, peinture d'époque
Jean Képler
Da nunc ut nova Magorum stella primum conspecta fuerit, non tantum eodem tempore quo Vicini invicem spectabantur Saturni & Iupiter, anno scilicet 39. mense Iunio, sed etiam eodem coeli loco cum planetis quod summo miraculo factum est etiam nostro tempore anno 1604. cum stella nova in sagittatio: quid aliud Chaldaei ex ipsis artis Regulis hodieque extantibus coniicere potuerunt, quam maximi mamenti eventum. Ab hoc autem tempore scili. a mense Iunio anni 29. in Februarium anni 41. biennium est, minus 4. aut 5. mensibus. Nihil igitur habet ne Astrologus quidem quod computationi meae anni Natalitii opponat, habet vero quod in anno 40. Iuliano maximi faciat, & Nativitati Christi stellaeque Magorum convenientissimum iudicet.
Donnez maintenant que la nouvelle étoile des mages fut observée la première fois, non seulement en ce temps ou Saturne et Jupiter étaient observés mutuellement voisins, c'est à dire au moins de Juin de l'an 39, mais aussi dans ce même lieu du ciel avec les planètes parce que s'y produisit encore le plus grand miracle à notre époque l'année 1604 avec une nouvelle étoile dans le sagittaire: Que les Chaldéens, d'après les règles de leur art, encore existant aujourd'hui, purent conjecturer d'autre qu'un évènement extrèmement attendu. En outre, à partir de ce moment, c'est à dire du mois de juin 39 au mois de février 41, il y a deux ans moins 4 ou 5 mois. Il n'y a donc rien qu'un astrologue même réfute quant à mon calcul de l'année de la naissance, il y a en vérité qu'en l'année julienne 40, il s'en fit un très important, qu'il juge le plus convenable à la naissance du Christ et à l'étoile des mages.
Note: il faut donc faire l'hypothèse d'une nova dans la même région céleste que celle de 1604, qui suivit la triple conjoction de l'an 7 AC, comme elle suivit celle de 1603, et celle de l'attente d'un grand évènement chez les Chaldéens. Mais cela n'explique pas pourquoi ce grand évènement concernait la Judée. Et surtout, aujour'hui, nous trouvons absurde qu'une conjonction planétaire annonce l'explosion d'une supernova à des milliers d'années-lumière de notre système. Mais Képler ignorait la vitesse de la lumière et la distance des étoiles, et raisonnait ici en astrologue
(Johannis Keppleri, De vero anno quo aeternus dei filius humanam naturam in utero benedictae virginis mariae assumpsit., Francofurti 1614, p 134)

1651, Riccioli ne croit ni à une nova, ni à une comète.

Riccioli
Riccioli
II Stellam vero illam, quam Deus Opt. Max. divinitus excitavit, & Magis illucescere iussit, ac Sacrosanctis Filii sui ac salvatoris nostri Natalibus praelucere, nobis nullo modo licuit inter stellas novas, de quibus hoc loco agimus recensere. De illa tamen ad finem sectionis hujus quid alii bene vel male senserint, scripserint ve disseremus: ostendemusque perperam ab aliquibus inter Cometas vel Stellas naturali ex causa genitas collocatam fuisse.
En effet cette étoile que Dieu Tout Puissant a fait divinement apparaître, et fait se lever devant les mages, ainsi que présager la naissance de son très saint fils, notre sauveur, ne nous fut permis en aucune façon parmi les étoiles nouvelles, dont nous faisons le recensement ici. De celle ci cependant nous discuterons à la fin de cette section de ce que d'autres auront pensé, écrit, bien ou mal: et nous montrerons que c'est à tort qu'elle a été placée par certains parmi les étoiles ou les comètes nées d'une cause naturelle.
(Riccioli, tome II, p 133)
Note: Riccioli, qui est jésuite, n'est pas loin de considérer comme un blasphème le fait d'invoquer un phénomène naturel.

1668, Hévélius mélange tout.

eodem anno 945. Stellam novam propè Cassiopeam visam recenset. Rockenbach eundem Cometam ad annum Christi 944 refert; similiter Myzaldus in Catalogo. Urspurgensis habet pag. 212 ad annum 945.
cette même année 945, on rapporte qu'une étoile nouvelle fut vue près de Cassiopée, Rockenbach mentionne la même comète en l'an 944, de même Mizauld dans son catalogue. Conrad Urspurgens l'a page 212 à l'année 945.
Note: Rockenbach parle de la comète visible en Italie, et qui est en réalité celle de 939. Ce n'est donc pas la même que la pseudo comète vu dans Cassiopée.
(Hévélius, p 802)

1783, Pingré accepte le bolide de 945 pour une comète.


Alexandre Guy Pingré
"Theotilon, évêque de Tours, étant parti de Laon pour retourner à son diocèse, fut surpris en chemin de la maladie dont il mourut. Il rendoit le dernier soupir lorsqu'on vit un signe lumineux traverser l'air. Ce signe avoit une coudée de longueur, sa lumière avait assez d'éclat pour éclairer au milieu de la nuit ceux qui furent chargés de conduire à Tours le corps de ce prélat, dans une traversée de près de deux cent milles". La durée de ce signe me persuade presque que c'étoit une véritable Comète. En effet, plusieurs Auteurs marquent l'apparition d'une Comète sur l'an 945: Mais il en est parmi eux qui font cette Comète un peu trop ressemblante à celle de 939.
Note: Cette durée résulte d'une mauvaise traduction. Le texte de Frodoard dit que ceux qui portaient le corps en furent assez réconfortés pour le porter sur deux cent milles, non qu'ils furent éclairés sur cette distance.
  En 945, selons quelques Auteurs modernes, on vit une nouvelle Etoile près de Cassiopée.

Leovit. apud Tychon. lib. I p.421. Licet. lib.V. c. XII. Hevel.
(Pingré, p 356)

1890, Camille Flammarion réfute la nova périodique


Camille Flammarion
Tycho-Brahé a écrit lui-même un long Traité sur l’astre de 1572 (Progymnasmata, ou, de Nova Stella, anni 1572). et dans ce Traité, qui ne contient pas moins de 478 pages consacrées à une seule étoile; il parle de Cyprian Leowitz (Leovitius) d’après lequel une étoile brillante aurait déjà été vue en 1264 au même point du ciel « circa Sydus Cassiopeæ ». Or, d’après M. Lynn, qui a fait une fort curieuse recherche sur ce point, ce Traité de Leowitz aurait été publié en 1573, aurait pour titre Judicium de nova stella et serait d'un caractère purement astrologique. Tycho était très au courant de tout ce que cet astrologue écrivait; il donne une citation complète de Leowitz qui, après avoir parlé d‘une étoile qui aurait également étonne le monde sous le règne de l’empereur Othon Ier, en l'an 945, et des calamités qui arrivèrent à la même époque, ajoute: « Verum, multo locupletius testimonium in historiis extat de Anno Domini 1264, quo Stella magna et lucida in parte Cœli septentrionali circa Sydus Cassiopeae apparuit, carens similiter crinibus, ac destituta motu suo proprio.»
Or, il y a eu, précisément en 945 et 1274, des comètes très fameuses qui frappèrent tous les regards, et la comète de 1264, notamment, a été splendide. On l’a même assimilée à celle de 1556, célèbre par l'abdication de Charles Quint, et dont on attendait aussi le retour vers 1848.
Note: En fait, il n'y eut pas de comète en 945. Quant au retour de la comète de Charles Quint, c'est Pingré qui l'avait prévu pour 1848, mais on l'attendit surtout en 1857, où elle devait provoquer la fin du monde.
  Cependant, les expressions « carens crinibus ac destituta motu proprio » signifient que l’apparition de 1264 n’avait ni chevelure, ni mouvement propre, ce qui ne la fait guère ressembler à une comète. Il pourrait fort bien y avoir eu la même année une comète et une étoile nouvelle.
Toutefois, ces deux apparitions d’étoiles en 945 et 1264 ne sont signalées que par l'astrologue bohémien dont nous venons de parler. Aucun historien n’en fait mention, et les annales chinoises qui ont enregistré avec tant de soin les phénomènes célestes n’en parlent pas davantage. Elles ne sont donc pas sures.
Eh bien! C'est uniquement sur ces apparitions de 945 et 1264 qu'a eté fondée l’idée d’une périodicité d’éclat dans l’étoile de 1572. On conçoit, en elfet, que si vraiment en ce même point du ciel une conflagration stellaire avait déjà été observée trois fois, on conçoit, dis-je, qu'elle pourrait appartenir à un soleil d’éclat variable périodique, comme on en connaît d’ailleurs des centaines d’autres exemples. De la première à la seconde époque il y a 319 ans et de la seconde à la troisième 308. La différence entre ces deux intervalles n‘excède pas les écarts analogues manifestés par certaines étoiles variables. Par conséquent, on aurait quelque motif d’attendre une nouvelle recrudescence d’éclat de 308 à 319 ans environ après 1572, soit de 1880 à 1891, plus ou moins. Mais un tel retour est doublement problématique, puisque d'une part il n’est pas certain que l’étoile de 1572 ait jamais brillé avant cette époque, et que d’autre part, lors même qu’elle l'aurait fait, rien ne prouverait encore qu‘elle doive repasser par des phases analogues.
Quant à l'assimiler à l’étoile de Bethléem, comme l'ont fait Jérome Cardan et Théodore de Bèze au XVIe siècle, c‘est encore plus imaginaire. ll est vrai qu’en remontant de trois siècles en trois siècles eu arrière, on arrive vers les époques 680, 315 et 0. Mais, comme nous venons de le voir, la périodicité de trois siècles (plus ou moins) n'a aucune base vraiment sérieuse.

Note: Et même si elle avait une valeur sérieuse, cela placerait l'apparition de l'an 13 av. JC à l'an 21, ce qui fait large.
(L'astronomie, avril 1890, page 121)

1910, l'abbé Moreux ne croit pas à la nova pour expliquer l'étoile de Bethléem.

L'étoile de Bethléem
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l'abbé Moreux
  Quelle est donc l'étoile dont parle en ces termes saint Mathieu au commencement de son Evangile ? Bien des fois la question a été posée, et la fête de Noël nous invite, cette année encore, à aborder un sujet que n'ont pas dédaigné les plus grands astronomes.
...
  D'ailleurs, l'étoile était-elle nouvelle dans le sens que les astronomes donnent à ce mot ? Evidemment, les Mages, très versés dans l'astronomie, connaissaient fort bien leurs constellations. Une étoile brillante, apparaissant soudain sous la voûte céleste, en un endroit anormal, n'eût pas manqué d'attirer leur attention. Ce texte de saint Mathieu est formel : il s'agit bien d'une étoile apparue pour annoncer la naissance du Christ; mais que signifie, dans le texte, le mot « étoile », qui avait plusieurs sens dans les langues anciennes et dans le grec en particulier ? Toute la question est là, et elle n'est pas neuve puisque, au XVIe siècle, Jérôme Cardan et Théodore de Bèze se sont demandé si on ne pouvait prendre ce mot étoile dans le sens astronomique.
  De temps à autre, les astronomes enregistrent, en effet, sur leurs clichés, des étoiles très brillantes n'existant pas sur les plaques photographiques antérieures. Quelques-unes sont même visibles à l'oeil nu, comme la Nova (nouvelle) aperçue le 11 novembre 1572, dans la constellation de Cassiopée (la chaise). On cite, à cette époque, les apparitions analogues de 1265 et de 952, et, en supposant qu'il s'agissait d'un même objet, on concluait que le phénomène revenait tous les trois cent quinze ans environ ; de cette façon, on remontait en arrière et on arrivait ainsi vers les années 630, puis 315 et enfin 0.
  Outre que le raisonnement précédent n'est appuyé sur aucune base sérieuse, et qu'il paraît plus exact de penser que les apparitions de 1265 et de 952 s'appliquaient à des comètes, il est impossible d'assimiler une Nova parue dans Cassiopée avec l'étoile de Bethléem.
Note: A l'origine, il s'agissait d'un bolide vu en 945 et d'une comète vue en 939. Puis on en a fait une comète vue en 945, et nous voila avec une comète vue en 952.
  La constellation de Càssiopée étant au Nord, une étoile de cette région céleste ne pouvait guider les Mages d'abord vers l'Ouest, quand ils allaient d'Orient en Judée, puis vers le Sud, de Jérusalem à Bethléem. Dans cette dernière partie du voyage, les Mages auraient eu l'étoile derrière eux.

Note: Et en plus, l'étoile ne risquait pas de s'arréter au dessus d'une maison.
(La Croix, 24 décembre 1910, page 1)

1955, Arthur Clarke croit à la supernova


Arthur C Clarke
La seule explication solennelle qui allie les calculs des savants et la parole sacrée est celle de l'apparition dans le ciel d'une de ces étoiles étranges, une « supernova» que les grands astronomes étudient aujourd'hui passionnément, Oublions un instant Ie cortège des astres de notre système solaire. Portons-nous par l'imagination à travers l'espace réel jusqu'aux étoiles, ces autres soleils dont plusieurs sont beaucoup plus grands que le nôtre. La plupart des étoiles brillent d'un éclat invariab!e de siècle en siècle. Sirius, par exemple, apparaît aujourd'hui exactement comme elle est apparue à Moïse, à l'homme de Néanderthal ou au Dinosaure à supposer qu'ils se soient jamais inquiétés du ciel nocturne. Son éclat n'a guère changé depuis qu'il y a une histoire de la Terre, et il sera toujours le même dans des milliards d'années. Mais les « novae », ou étoiles nouvelles, pour une raison non encore établie, se transforment soudainement en véritables bombes atomiques célestes. Une telle étoile peut exploser avec une si grande violence qu'elle est capable, en quelques heures, de développer une intensité cent mille fois supérieure à son éclat initial, Une nuit elle est invisible à l'oeil nu, et la nuit suivante elle devient la plus éclatante de toutes les étoiles. Si notre soleil se transformait en « nova », la Terre se mettrait à fondre, serait réduite en cendres et en vapeur en quelques minutes, et seules les planètes les plus excentriques du système survivraient.
Note: Jusqu'ici, c'est de la classique vulgarisation scientifique.
Tout nous conduit à croire que la glorieuse étoile de Bethléem fut une « supernova» d'un éclat apparent comparable à celui de Vénus et qui avait voyagé pendant au moins trois mille ans avant d'atteindre la Terre. De sorte que cet impressionnant cataclysme dont elle était la manifestation évidente avait eu lieu 5 000 ans auparavant, à une époque ou la Grande Pyramide venait à peine d'être construite.
Note: Ici, au contraire, c'est de l'affirmation gratuite.
Or, la lumière de la supernova Bethléem se déplace encore dans l'espace. Elle a laissé la Terre loin derrière elle au cours des vingt siècles qui se sont écoulés, depuis que des hommes l'ont vue pour la première et dernière fois, Aujourd'hui, sa lumière s'étend sur une sphère de 10000 années-lumière et va, par conséquent, en s'affaiblissant. En ce moment même, l'étoile de Bethléem brille encore dans le ciel de mondes innombrables englobant des soleils lointains. Tous ceux qui pourront observer les phénomènes de ces mondes seront les témoins de sa soudaine apparition et de sa lente évanescence, tout comme les Mages ont pu l'avoir vue il y a 2 000 ans, quand le flux de lumière visible de la Terre Promise apporta aux hommes son message d'espérance.

Note: Comme c'est beau! Dommage que ce soit absurde. On se demande ce qui porte Arthur Clarke à croire à une supernova, alors qu'on sait que cette hypothèse est incompatible avec les deux phases d'observation du récit de Matthieu.
(Arthur C. Clarke, Quelle fut l'étoile de Bethléem, Constellation, N° 81, janvier 1955, page 86)

1961, Science & Vie fait de la science "avancée"

L'étoile de Bethléem a bien existé
S & V
Les astronomes sont formels: l'Etoile de Bethléem a bien existé; c'était une supernova qui explosa en l'an 4 avant notre ère, que les historiens estiment être la date véritable de la naissance du Christ. Située près d'Alpha du Verseau, elle fut visible pendant plus de 70 jours.
Note: En fait, il s'agit de la comète de l'an 5 AC.
De telles précisions peuvent être obtenues aujourd'hui grâce aux renseignements fournis par les radiotélescopes, renseignements qui sondent le passé à des centaines d'années-lumière.
Note: En fait, de tels renseignements sont plutôt obtenus par la consultation des annales chinoises.
Signalons, cependant, que les supernovae, étoiles géantes qui explosent parce qu'elles ont épuisé leurs réserves d'hydrogène et ne peuvent plus maintenir leur pression intérieure, n'ont pas toujours apparu pour des événements d'égale importance. Ainsi, celle qui succéda à l'étoile de Bethléem ne marqua que la mort de Marc-Aurèle, en l'an 185 (l'empire romain, lui, s'effondra sans signaux célestes...). Mais ce fut peut-être l'étoile de 1230, visible pendant 3 mois, qui décida Frédéric Il à lancer la VIe croisade...
Gageons que les astrologues vont désormais consulter les directeurs de radiotélescopes avant de se livrer à des pronostics historiques.

Note: Rappelons que c'était l'époque ou Science & Vie faisait concurrence à Planète dans la publication de théories "avancées".
(Science & Vie, n° 529, octobre 1961)

2002, Costantino Sigismondi invoque l'étoile variable "Mira Ceti"

A coté des novae et supernovae, on connait des novae récurrentes, qui connaissent périodiquement de nouveaux sursauts. En continuant dans cette voie, on arrive aux étoiles variables. Mais on peut douter qu'une étoile d'une périodicité de moins d'un an puisse convenir, puisque Matthieu ne dit pas qu'à Jérusalem on voyait tous les ans des mages arriver d'Orient, en cherchant le roi des juifs.

We consider the probability that the Gospel of Matthew could report the earliest observation of Mira Ceti. Some biblical remarks have to be considered in order to distinguish a scientific text in the modern acceptation and the content of Gospels regarding some astronomical arguments.
Nous considérons la probabilité que l'Evangile de Matthieu pourrait signaler la première observation de Mira Ceti. Quelques remarques bibliques doivent être considérés afin de distinguer un texte scientifique dans l'acception moderne et le contenu des Evangiles concernant certains arguments astronomiques.
Note: les évangiles ne prétendent même pas être historiques, alors scientifiques....
Mira fulfills the basic requirements to be the Star of Bethlehem as described in the Gospel according to Matthew (Mt 2:1-12). In fact it was visible at least two times with a time interval (not specified in Mt text) in which it disappeared. Moreover Mira was close to the position were the triple conjunction of Jupiter and Saturn occurred in the years 7-6 b. C. and it could be observed during that period by ancient astronomers. The discovery of Mira in 1596 and its second observation 12.5 years later, made by David Fabricius, occurred when Jupiter approached it.

Mira répond aux exigences de base pour être l'étoile de Bethléem telle que décrite dans l'Evangile selon Matthieu (Mt 2, 1-12). En fait, elle était visible au moins deux fois avec un intervalle de temps (non précisé dans le texte de Mt) pendant lequel elle a disparu.
Note: Hé non, elle n'y répond pas. La première observation fut faite "à son lever", mais Mira a du se lever des dizaines de fois durant sa période de visibilité. La deuxième observation est considérée depuis le IVème siècle comme ne pouvant être celle d'un astre.
En outre Mira était proche de la position où eut lieu la triple conjonction de Jupiter et de Saturne dans les années 7-6 avant notre ère, et elle a pu être observée pendant cette période par les astronomes anciens. La découverte de Mira en 1596 et son deuxième observation 12,5 années plus tard, faite par David Fabricius, se sont produites lorsque Jupiter s'en approcha.

Note: A ce compte là, les astronomes anciens auraient eu l'occasion de découvrir Mira chaque fois que Jupiter se promenait dans la constellation des poissons. Mais si Hipparque n'a pas découvert Mira, ce ne sont pas des mages non identifiés, sans carte céleste qui auraient pu la découvrir
Nous ne faisons même pas une reconstitution du ciel pour cette théorie absurde.

(Mira Ceti and the Star of Bethlehem)

Analyse:

Quelle histoire absurde! Avec un bolide, et une comète savamment tondue, un astrologue nous a donné de quoi fabriquer une nova périodique!
Et ta soeur, Leovitius? elle s'appelle Cassiopée?


évolution de la luminosité
selon Tycho Brahé
La seule chose de vraie dans l'hypothèse de la nova, c'est que le phénomène était nouveau, ou du moins jamais vu de mémoire d'astronome.
Mais ensuite? Prenons l'exemple de la nova de Cassiopée. Elle surprit les observateurs le premier jour où ils la virent, mais ensuite elle fut visible près de 18 mois, au même point du ciel et disparut. Or Matthieu fait dire aux mages: nous avons vu son étoile à son lever, mais ensuite, plus rien, et le voyage des mages en suivant l'étoile n'est qu'une invention de Jean Chrysostome.
Et comme, dans le récit de Matthieu, Hérode se fit préciser la date de l'apparition, cela indique bien que ce n'aurait été qu'un phénomène temporaire, et qui n'était plus visible depuis longtemps. Pour comparaison, deux mois après son apparition, la nova de 1572 était encore aussi brillante que Véga, ou Capella.
En plus il faudrait admettre que la nova réapparut et se transforma en phénomène atmosphérique, capable de guider les mages, ce qui est totalement absurde. Nous somme bien obligé d'admettre que la prétendue réapparition n'en était pas une.

Donc, le phénomène céleste découvert par les mages, n'avait rien à voir avec sa prétendue réapparition, et n'était absolument pas une nova, qui aurait été encore visible lors de l'arrivée des mages à Jérusalem.

Dernière mise à jour: 13/02/2015

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