L'étoile des mages
et l'ère Chrétienne

Comme les rois mages...
En Galilée...
Suivait des yeux l'étoile du Berger...

Cette chanson de Sheila en dit long sur l'ancrage de l'étoile des mages dans la culture populaire. Bien sûr, ce n'était pas en Galilée, mais en Judée. Bien sûr, l'étoile du berger, c'est la planète Vénus, mais toutes les illustrations de l'étoile des mages la représentent au moins aussi brillante que la planète Vénus.
Cet ancrage est tellement profond que les étoiles de la ceinture d'Orion s'appellent traditionnellement "les trois rois", et qu'en Espagne, ce n'est pas Saint Nicolas ou le père Noël qui apportent des cadeaux aux enfants, mais les rois mages (en souvenir des cadeaux qu'ils firent à l'enfant Jésus), et qu'on imagine pas l'épiphanie sans la galette des rois.
L'étoile des mages est, comme disent les journalistes, un "marronnier", c'est à dire un sujet de saison. Chaque fin d'année, à l'époque des fêtes, nous décorons nos villes avec des illuminations nocturnes ou apparait souvent l'image stylisée d'une comète. Chaque fin d'année la tradition fait apparaitre des "crèches" ou apparaissent souvent une grosse étoile, ou une comète. Et chaque fin d'année, divers médias se laissent aller à publier un article instructif sur les "rois mages" et l'étoile qui les a guidé. On aurait déja recensé 250 articles "scientifiques" sur le sujet.
Nous allons voir que tout ceci n'est qu'une légende, mais que cette légende a failli inspirer l'année de départ de l'ère chrétienne.

Les illustrations

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Innombrables sont les représentations de l'étoile des mages, tant en oeuvres d'art, qu'en simples illustrations, voire en dessin humoristiques.
Les oeuvres d'art s'attachent à dépeindre la visite des mages à Bethléem, avec l'étoile en arrière plan.
Les illustrations des médias présentent plutôt les mages en route, le plus souvent à dos de chameau
Les dessins humoristiques utilisent le thème des mages, pour railler nos moeurs, nos administrations ou encore la situation politique en palestine.
Mais en général, toutes les illustrations respectent cette légende des trois mages, alors que le texte de l'évangile ne dit rien de leur nombre

Le texte des évangiles

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La base de l'histoire des rois mages (en fait, la légende), c'est l'évangile de Matthieu, qui affirme "des mages venus du Levant se présentèrent à Jérusalem".
Et c'est tout pour leur identité. Matthieu ne dit pas de quel pays ils venaient, ni combien ils étaient, encore moins leurs noms.
Quant aux autres évangélistes, ils sont muets sur la question, et encore plus Flavius Josèphe, qui, lui, fut le véritable historien de la Judée de cette époque.
Nous n'avons donc, comme garant de l'histoire des mages, que le texte de Matthieu, dont nous allons voir qu'il n'est absolument pas historique.

Les ajouts ultérieurs

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Le flou, l'indigence, même, du récit de Matthieu, est une véritable provocation à le compléter, pour obtenir une scène bien mémorisable. Aussi va-ton progressivement inventer le nombre des mages, leurs noms, leur royauté, leurs ages et leurs ethnicités.
Et c'est ainsi que nous avons trois rois mages, un jeune, un vieux et un noir, nommés Gaspard, Melchior et Balthazar.
Parallèlement, on complétera aussi l'évangile de Luc, pour faire naitre Jésus dans une étable, et même dans une grotte.

La prophétie de Balaam

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Bien que l'évangile de Matthieu n'en fasse absolument pas mention, de nombreux commentateurs prétendent faire un parallèle entre l'apparition de l'étoile aux mages, et la "prophétie de Balaam" qui affirme: "une étoile sortira de Jacob" (entendez, du peuple d'Israel).
Or nous allons voir que cette prophétie n'a rien à voir avec l'étoile des Mages.
Pire: elle a manifestement été inventée, et ajoutée au livre des nombres, au moment du retour des juifs à Jérusalem.


L'hypothèse du miracle

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L'hypothèse du miracle fut l'une des premières avancées. Jean Chrysostome argua de l'impossibilité physique de l'étoile des mages, pour en faire la preuve d'une intervention divine. Cette impossibilité, il l'avait d'ailleurs fabriqué lui même, en inventant de nouveaux détails. Cette hypothèse subsistera, concurremment avec celle d'un phénomène naturel, jusqu'à - ne riez pas - aujourd'hui.
Elle a même été défendue par des gens considérés comme des savants (mais qui étaient aussi ecclésiastiques)
Le récit de Matthieu (surtout une fois enrichi) étant incompatible avec l'apparition d'un véritable astre, ils ont préféré croire à un miracle, plutôt qu'à l'invention.

L'hypothèse de l'astre unique

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nous avons vu son étoile à son lever, dit l'évangéliste.
Un jugement rapide tendrait à faire penser qu'il n'y avait qu'un seul astre, ressemblant à une étoile, c'est à dire une planète ou une étoile brillante.
En fait, dès qu'on y réléchit, cette hypothèse ne tient même pas pour le deuxième verset: on ne connaît pas d'objet céleste capable de se lever une seule fois
Quant au neuvième verset, c'est bien pire: Aucun objet à l'infini n'aurait pu donner l'impression de s'arréter au dessus de l'endroit où était né Jésus.
Et pourtant des auteurs ont pu, sans honte, soutenir cette hypothèse. Pire: c'était des astronomes.

L'hypothèse de la comète

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L'hypothèse que l'étoile des mages soit une comète a été soutenue dès l'antiquité, puisqu'on la trouve déja, chez Origène, dans Contra Celsum.
Ensuite, il faut attendre le XVIème siècle, et le regain d'intérèt pour les comètes, considérées en tant que présage, pour que cette hypothèse reprennent vie, concurremment avec celle du miracle, et d'autres phénomènes naturels.
Malheureusement, à l'analyse, cette hypothèse s'effondre, comme un chateau de cartes pendant un tremblement de terre.

L'hypothèse de la nova

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L'hypothèse de la nova n'est née qu'après l'observation de Tycho Brahé en 1572. Et pour cause: Avant lui, personne ne croyait que puisse apparaitre une nouvelle étoile, la sphère des étoiles fixes étant immuable selon le dogme d'Aristote.
Une foi cette immmuabilité détruite par l'observation, il devenait logique de penser que l'astre vu par les mages était tout simplement une étoile nouvelle.
Malheureusement, là aussi, l'hypothèse s'effondre à l'analyse.


L'hypothèse de la conjonction planétaire

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L'hypothèse de la conjonction planétaire a été imaginée par Képler, après qu'il eut lui même observée une intéressante triple conjonction de Jupiter et de Saturne.
Se rappelant de l'étoile des mages, il chercha si une conjonction similaire n'aurait pas averti les mages, et il en retrouva effectivement une en l'an 7 avant notre ère.
Plus tard, d'autres astronomes, imaginant les mages comme des astrologues, imaginèrent d'autres conjonctions, mais en se fiant toujours au texte de Matthieu, qui place la naissance de Jésus avant la mort d'Hérode, mais qui dit aussi que l'astre s'arréta au dessus de l'endroit où était l'enfant. Une conjonction, aussi remarquable soit elle, ne peut donc expliquer que la première observation.

L'hypothèse de l'occultation

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Une occultation, c'est la disparition d'un astre éclipsé par un autre, en général, par la lune.
On pourrait penser que ce phénomène n'a rien à voir ici, puisqu'il s'agirait d'une apparition et non d'une disparition. Mais si l'on se rappelle que les mages auraient probablement été des astrologues, et qu'ils se seraient alors basé sur la signification astrologique du phénomène, et non sur son caractère spectaculaire, alors l'hypothèse n'est pas idiote.
Mais en réalité, il n'y a eu aucune occultation visible en orient pour respecter exactement les conditions du problème
Ici encore, les auteurs qui ont soutenu cette hypothèse étaient des astronomes.

L'hypothèse du météore

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Toutes les hypothèses à base astronomique échouent à rendre compte du déplacement de l'étoile de Jérusalem à Bethléem. En effet l'étoile guide les mages, et finit par venir se placer au dessus de la maison où était Jésus. Tous les commentateurs qui se sont intéressés à cet épisode ont bien du conclure que le phénomène ne pouvait pas être astronomique.
Il fallait donc invoquer un phénomène intra-atmosphérique, visible à courte distance, proche des mages. Une sorte de météore.
Bien sûr, un météore qui dure plusieurs heures, et qui obéit à une volonté intelligente, ce n'est pas un phénomène naturel, et les commentateurs ont du y mettre une pincée de miracle.

L'hypothèse de l'engin extraterrestre

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Hé oui! Ils ont osé. (ils osent tout, c'est à ça qu'on les reconnait). Les ufomanes ont osé expliquer l'apparition de l'étoile des mages par l'incursion d'un engin extraterrestre. D'ailleurs, pour eux, la conception de Jésus était extra-terrestre, et les mages eux-mêmes étaient des extra-terrestres.
Epistémologiquement, cette hypothèse vaut exactement ce que vaut celle du miracle, c'est à dire rien. Et c'est bien normal, puisque pour les ufomanes, qui ne croient pas aux miracles, mais croient à la transcendance de la technique des extra-terrestres, l'apparition de l'étoile des mages est une sorte de miracle technologique, ou on a remplacé l'omnipotence divine, par l'avancée fantastique de la science des extra-terrestres sur la notre.

L'hypothèse astrologique

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Il fallait s'y attendre. Les mages de Matthieu étaient venus à Jérusalem après avoir observé le lever de l'étoile du roi des juifs. Dans l'esprit de Matthieu, c'était donc des astrologues. Or s'ils avaient observé un phénomène astrologiquement important, un autre astrologue, grace à des éphémérides des positions des astres à la même époque, pouvait le retrouver aussi. Donc il était logique que les astrologues s'y mettent. Et le premier à avoir appliqué l'astrologie à la recherche de l'étoile des mages semble bien être l'illustre Képler.
Après lui d'autres ont suivi cette voie, mais non seulement les phénomènes possibles étaient multiples, mais surtout les mages n'ont jamais existé que dans l'imagination de Matthieu.

La conjonction planétaire probable et l'origine de l'ère chrétienne.

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En reprenant l'idée de Képler, sans trop s'attarder à la véracité du récit de Matthieu, où Jésus naît avant la mort d'Hérode, on trouve qu'il y eut effectivement une conjonction spectaculaire et mémorable, en l'an 1 de notre ère, au mois de Novembre, ce qui est proche de la date traditionnelle de la naissance de Jésus. Ce rapprochement extrème concernait toutes les planètes visibles, sauf Saturne et ne put guère être vu qu'un seul jour au petit matin, ce qui s'accorde avec "à son lever" qu'on trouve dans le texte de Matthieu. Ce phénomène a du ètre noté à Alexandrie, ou existait une colonie juive. Or, une chronologie alexandrine, modifiée au Vème siècle, plaçait l'incarnation et la naissance du Christ la même année que cette conjonction.

Conclusion

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Nous avons passé en revue les hypothèses explicatives, et constaté qu'elle ne tenaient pas la route, à l'exception de la conjonction de planètes, quoiqu'aucun auteur n'ai soupçonné la bonne:
Surtout, nous avons vu qu'à la base, l'évangile de Matthieu, qui ne prétend pas être historique mais édifiant, a fait un pieux mensonge, en racontant une belle histoire, qui à l'analyse se révèle absurde, et partiellement inventée.
En conséquence, l'histoire des mages, prévenus par une étoile n'est plus qu'une légende, et même un conte pieux, dont il était inutile de chercher l'explication.
Mais si nous avions utilisé l'ère alexandrine mineure plutôt que celle instaurée par Denys le petit (qui en diffère d'un an), notre ère chrétienne dériverait peut-être bien de la croyance à cette légende

Dernière mise à jour: 26/10/2017
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