405 avant JC
Grèce, Aegos Potamos, Pierre tombée du ciel après le passage d'une comète
En réalité: météorite possible, comète possible

4ème siècle avant notre ère, Aristote fait enlever une pierre par le vent déclenché par une comète.
Aristote
Aristote
De fait, quand la pierre est tombé de l'air à Aegos Potamos, c'est après avoir été soulevée par le vent pendant la journée qu'elle est retombée; or il se trouve que, précisément à ce moment là, une comète se produisit depuis la région du couchant.
(Aristote1, liv I, ch.VII-9)
Note: Aristote ne semble pas se préoccuper de la force du vent qui serait nécessaire pour soulever une pierre de la taille indiquée par Pline. Si une légère brise soulève la poussière, qu'un vent du diable soulève le sable, les brindilles et les objets légers, il faut rien moins qu'une tornade, pour souléver les tuiles, les planches, les branches d'arbres, voire les petits animaux. Mais personne n'a jamais parlé d'un ouragan capable d'emporter les maisons, les temples, les menhirs. Tous les diables de l'enfer n'y suffiraient pas. Et si un tel ouragan avait eu lieu, comment se fait il qu'il n'ait emporté q'une seule pierre, alors qu'il aurait du emporter tous les arbres et toutes les constructions voisines? La vitesse du vent nécessaire pour soulever un corps étant supérieure à la vitesse limite qu'atteindrait ce corps en chute libre, on calcule, en supposant la pierre sphérique avec une densité de 4, que pour une masse de 200 kg, la vitesse nécessaire est de plus de 700 km/h. Pour qu'une tornade (300 km/h maximum) puisse l'emporter, il faut qu'elle ne dépasse pas 1 kg. Ce n'est pas là, comme le mentionne Pline, la charge d'un chariot. L'explication d'Aristote ne tient donc pas debout, et il est bien probable qu'Aristote n'ait jamais vu la fameuse pierre.
Pour ce qui est de la comète, on peut remarquer que, né seulement 21 ans après le passage de la comète, Aristote avait pu en rencontrer des témoins oculaires, ce qui explique qu'il ait pu en connaitre la direction, alors qu'il ne connaissait pas celle de la comète de 427 AC.


264 avant notre ère, la chronique de Paros grave la chute dans le marbre.
Le "marbre de Paros" est une stèle dont on retrouvé trois fragments, dont l'un est aujourd'hui perdu. cette stèle portait une chronique anonyme, de plus en plus légendaire au fur et à mesure qu'on remonte dans le temps. Les fragments qui nous restent sont plus ou moins altérés. voici la partie qui nous intéresse du fragment conservé à Oxford.
On voit que l'inscription est difficile à déchiffrer, mais on a tout de même pu en faire un relevé. Le voici tel qu'il a été publié dans Die Fragmente der griechischen Historiker 2B (1929). Nous avons surligné en jaune le passage qui nous intéresse.
Consternation: Le texte est entièrement en majuscules (sans doute plus faciles à graver), sans ponctuation, sans espaces, sans passages à la ligne. Voici une transcription plus lisible, en grec classique.
Et voici sa traduction en anglais par Gillian Newing:

"From the year in which the stone fell at Aegospotami and Simonides the poet died, having lived for 90 years, 205 years, in the archonship at Athens of Theagenides (468/7 BC)."
Depuis l'année ou la pierre est tombée à Aegos Potamos, et Simonide le poête mourut, ayant vécu 90 ans, (il y a) 205 ans, sous l'archontat de Théagenidès
(marbre de Paros, 264/263 av JC)
Note: Théagenidès fut archonte d'Athènes la 1ère année de la 78ème Olympiade. Le marbre de Paros, où fut gravé cette inscription par un anonyme, est postérieur (il le dit lui même) de 205 ans aux faits.
cette inscription signifie donc simplement qu'en 264 av JC, un graveur anonyme croyait que la chute avait eu lieu 1ère année de la 78ème Olympiade. Mais supposons qu'en 2020 (donc aussi 205 ans après), on élève à Waterloo, une stèle portant: C'est ici, que le 18 juin 1815, le général Cambronne répondit "merde" aux anglais. Cette allusion n'est qu'une légende moderne, mais un graveur anonyme la croirait probablement vraie, et si les historiens du 43ème siècle ne disposent plus que de cette stèle, n'auront ils pas tendance à la croire vraie aussi?
Et pourtant, les historiens modernes des comètes retiennent la date donné par le marbre comme historique. On connaissait déja "But I read it in a book!" ou "mais enfin, c'est écrit noir sur blanc!", voila maintenant: "mais c'est gravé dans le marbre!"
Disciples de Vrain Lucas, vous savez maintenant ce qui vous reste à faire. Le marbre, y'a que ça de vrai!


vers 73 de notre ère, Pline décrit la pierre tombée du ciel.
Celebrant Graeci Anaxagoran Clazomenium Olympiadis LXXVIII secundo anno praedixisse caelestium litterarum scientia, quibus diebus saxum casurum esset e sole, idque factum interdiu in Thraciae parte ad Aegos flumen, qui lapis etiam nunc ostenditur magnitudine uehis, colore adusto, comete quoque illis noctibus flagrante.
Les Grecs célèbrent Anaxagore de Clazomène, qui, la seconde année de la 78e olympiade, prédit par la science astronomique qu'à tel jour une pierre devait tomber du soleil; et cela arriva, en plein jour, dans la Thrace, auprès du fleuve Aegos, encore aujourd'hui on montre cette pierre, de la grandeur d'une charretée, et d'une couleur brûlée. A la même époque, une comète brilla pendant les nuits.
(Pline1, liv II, ch 59)
Note: Pline est le seul à nous donner une estimation de la grandeur de la pierre, estimation qui suffit à réfuter l'hypothèse d'Aristote. Il nous dit aussi qu'elle était encore visible de son temps (5 siècles après), ce qui donne du poids (si j'ose dire) à son affirmation. Par contre, le fait qu'Anaxagore ait prédit le jour de la chute n'est probablement qu'une légende, née après la chute

vers 100, Plutarque fait de la chute de la pierre le présage de la bataille d'Aegos Potamos.
Et l'on assure que lorsque la flotte lacédémonienne sortit du port pour aller contre l'ennemi, on vit briller, aux deux côtés du gouvernail de la galère de Lysandre, les deux étoiles des Dioscures. D'autres prétendent que la chute d'une pierre, qui arriva dans ce lieu même, fut le présage de cette défaite; car c'est une opinion générale, qu'il tomba du ciel sur la côte d'Aegos-Potamos une grosse pierre qu'on montre encore aujourd'hui, et dont tous les habitants de la Chersonèse ont fait un objet de vénération. On dit même qu'Anaxagoras avait prédit qu'un des astres attachés à la voûte céleste en serait un jour arraché par un fort ébranlement et une violente secousse, et qu'il tomberait sur la terre. Les astres, selon ce philosophe, n'occupent plus aujourd'hui les espaces dans lesquels ils furent d'abord placés : comme ils sont d'une substance pierreuse, et qu'ils ont beaucoup de pesanteur, ils ne brillent que par la réflexion et la réfraction de l'éther; ils sont retenus dans les régions supérieures de l'univers par la révolution rapide du ciel, qui les y poussa dès la formation du monde, lorsque la violence du tourbillon, qui fit la séparation des corps froids et pesants d'avec les autres substances de l'univers, les empêcha de se détacher de ces régions élevées où elle les retient encore. Mais une opinion plus vraisemblable, c'est que les étoiles qu'on appelle tombantes ne sont, suivant quelques philosophes, ni des fusions, ni des séparations du feu éthéré, qui s'éteignent dans les airs au même moment qu'elles s'y enflamment; moins encore des embrasements de l'air, qui, condensé en trop grande masse, s'échappe vers les régions supérieures, et s'y enflamme : ce sont de vrais corps célestes qui, détachés du ciel par les secousses que leur font éprouver ou l'affaiblissement de la révolution rapide de l'univers, ou quelque autre mouvement extraordinaire, tombent sur la terre, non dans les lieux habités, mais le plus souvent dans la grande mer Océane, où ils disparaissent à nos yeux. Cependant l'opinion d'Anaxagoras est confirmée par Daïmachos, qui, dans son Traité de la religion, rapporte qu'avant la chute de cette pierre, on vit sans interruption dans le ciel, pendant soixante-quinze jours, un globe de feu d'une très grande étendue, semblable à un nuage enflammé, qui n'était point fixe à la même place, mais qui, flottant de divers côtés par des mouvements contraires et irréguliers, était poussé avec tant de violence, qu'il s'en détachait des parties enflammées, qui, portées çà et là, jetaient des éclairs pareils a ceux des étoiles tombantes. Lorsque ce globe fut tombé sur la côte de l'Hellespont, et que les habitants du pays, revenus de leur frayeur, eurent accouru pour l'examiner, ils n'y trouvèrent aucun indice, aucune trace de feu; ils ne virent qu'une pierre immobile, qui, quoique assez grande, paraissait à peine une très petite portion du globe de feu qu'on avait vu d'abord. Tout le monde sent combien Daïmachos a besoin ici de lecteurs crédules; mais si son récit est vrai, c'est une réfutation victorieuse de l'opinion de ceux qui prétendent que cette pierre était une masse de rocher qui, arrachée par la violence d'un vent orageux de la cime d'une montagne, et portée dans les airs tant que dura la force du tourbillon, tomba au premier endroit où ce mouvement rapide vint à se ralentir. On pourrait dire aussi que ce globe qui parut dans le ciel pendant plusieurs jours, était réellement enflammé, et qu'ensuite, en s'éteignant et se dissipant dans l'atmosphère, il y causa un changement extraordinaire, excita des vents impétueux et des secousses violentes, qui détachèrent cette pierre et la lancèrent sur la terre. Mais cette discussion convient à des ouvrages d'un autre genre.
(Plutarque1, vie de Lysandre)
Note: Plutarque commence par évoquer un détail, qui peut paraitre fabuleux au profane, mais qui est un phénomène bien connu: le feu des Dioscures, c'est à dire le feu St Elme. La bataille d'Aegos Potamos ayant eu lieu en 405 av JC, et la chute de la pierre ayant paru être le présage de la défaite des Athéniens, cela signifie clairement que la chute et la bataille eurent lieu dans la même année, comme tout ce qu'on considérait comme présage à l'époque. C'est alors qu'on se souvint qu'Anaxagore, qui était mort depuis 23 ans avait prédit qu'une pierre tomberait un jour du ciel. Quant au globe de feu, on est tenté de le rapprocher de la comète mentionnée par Aristote, et cela serait vraisemblable pour la durée. Mais le comportement ne correspond pas du tout. On a l'impression que Daïmachos confond la comète avec un brillant bolide qui aurait été vu le jour même de la chute. Ce Daïmachos de Platées, ne nous est guère connu que par Plutarque, qui le cite aussi dans sa Comparaison de Solon avec Publicola, et serait aussi l'auteur d’une Histoire de l'Inde, signalée par Strabon comme un recueil de contes absurdes. Il figure parmi les sources de Diogène Laerce. Il n'a probablement pas été témoin, ni même peut-être contemporain des faits. On ne peut donc pas retenir son témoignage.

3ème siècle , Diogène Laerce site l'historien Silénus.
Silénus raconte, au premier livre des Histoires, qu’une pierre tomba du ciel sous l’archontat de Dimylus
(Diogène,Anaxagore)
Note: On ne retrouve pas Dimylus dans la liste connue des archontes
L'historien Silenus est cité par Diogène Laerce, Denys d'Halicarnasse et Tite live, mais ses livres sont perdus


vers 324, Eusèbe de Césarée fait tomber la pierre dans le fleuve.
olymp.78. Anni mundi 4735
Lapis in Aegis fluvio de coelo ruit

la 78 ème olympiade. Année de la création 4735
Une pierre tomba du ciel dans le fleuve Aegos

(Eusèbe, folio 66)
Note: Aristote et Pline ne disent pas que la pierre tomba dans le fleuve (où on ne l'aurait peut être pas retrouvé), mais près de la ville qui porte le nom du fleuve.

1549, Antoine Mizauld copie Paul Eber, qui mélange ses fiches.
Paulo ante initium belli Peloponnesiaci, quod fregit Graeciae vires, post Solis occasum Cometa conspectus est ingens dies continuos 75. Mox tanta vis ventorum coorta est ut lapidem vehiculu magnitudini ne a rupe avulsum et sublatum in sublime turbo ferret, donec ad Urbem Thracie Aegospotamos delatus, e coelo decidisse vulgo creditus est. Eam tempestatem praedixit Anaxagoras, qui vixit tempore Periclis, autoris belli Peloponnesiaci
Peu avant le début de la guerre du Péloponnèse, qui affaiblit les grecs, après le coucher du soleil, une immense comète fut visible 75 jours de suite. Peu après la force des vents s'éleva tellement qu'une pierre de la taille d'un chariot, arrachée à la paroi et soulevée dans les airs par un tourbillon fut emportée jusqu'à ce qu'elle tombe dans la ville de Thrace d'Aegos Potamos, le peuple la croyant tombée du ciel. Cette tempète fut prédite par Anaxagore qui vivait du temps de Périclès, auteur de la guerre du Péloponnèse.
(Mizauld, p 214)
Note: Eber et Mizauld mélangent tout:
- la chute de la pierre eut lieu à la fin de la guerre du Péloponnèse, et non au début
- Ils retiennent la durée de 75 jours, qui vient de Daïmachos, qui n'est pas fiable
- Il renchérissent sur Aristote en disant que la comète induisit une tempète, qui souleva et envoya dans les airs la pierre qui tomba à Aegos Potamos
- Il affirment que la tempète fut prédite par Anaxagore, qui prédit seulement qu'une pierre tomberait du soleil


1553, Kaspar Peucer copie Mizauld et ses erreurs.
Paulo ante initium belli Peloponnesiaci ingens Cometes post solis occasum enituit, et continuos septuagenta quinque dies arsit. Mox tanta ventorum coorta vis, ut fragmenta monte avulsum in sublime abripuerint. quod ubi ad Urbem Thraciae Aegospotamos decidisset, ex coelo praecipitatum fuisse creditum est.
Peu avant la guerre du Péloponnèse une immense comète brilla après le coucher du soleil, et brula soixante quinze jours d'affilée. Peu après la force des vents s'éleva tellement qu'un fragment de montagne arraché fut emportée dans les airs, d'où il tomba dans la ville de Thrace d'Aegos Potamos, et qu'on crut précipitée du ciel.
(Peucer, de meteorologia, fol 252 verso)
Note: Peucer copie les erreurs de Mizauld, qui est probablement sa seule source, mais il en rajoute. Quand Mizauld parle d'une pierre de la taille d'un chariot, Peucer parle d'un fragment de montagne. Houla!

1555, Marc Fritsche copie Mizauld ou Peucer.
Mundi 3561: Urbis 349.
Bellum Peleponnesiacum: Lysander Atheniensis apud Aegos flumen navali praelio vicit, in quo omnes Athenarum vires ceciderunt. Muri Athenarum ad Tibiae cantum diruti. In initio hujus belli, mirabile omnino prodigium apparuit: Visus enim est ingens ignis in aere, spacio septuaginta quinque dierum, postea grande saxum superne in urbem delapsum est.

Année de la création 3561. An de Rome 349.
Guerre du Péloponnèse: Lysandre vainquit les Athéniens près d'Aegos en combat naval, dans lequel tous les hommes d'Athènes périrent. Les murs d'Athènes furent détruits au son de la flute. Au début de cette guerre, un prodige merveilleux apparut à tous: car on vit un immense feu dans les airs, l'espace de soixante quinze jours, après quoi, une grande pierre est tombée d'en haut dans la ville.

(Fritschius2)
Note: Fritsche copie l'erreur de Mizauld et de Peucer, et à le lire, on croirait que la pierre est tombée dans Athènes ou dans Aegos, et qu'une émule du joueur de flute de Hameln, fit s'écrouler les murs d'Athènes au son de la flute, comme les prètres hébreux avaient fait s'écrouler ceux de Jéricho au son de la trompette. En plus, la ville détruite, et tous ses habitants morts, la ville d'Athènes ne devrait tout simplement plus exister.

1557, Lycosthenes fait s'envoler un fragment de montagne.

chute de pierre (Lycosthènes)
Mundi 2881. ante Christum 1082.
Paulo ante initium belli Peloponnesiaci ingens cometes post Solis occasum enituit, & continuos 75. dies exarsit: mox tanta ventorum coorta vis, ut fragmenta monte avulsum in sublime abripuerint: quod ubi ad Urbem Thraciae Aegospotamos decidisset, ex coelo praecipitatum fuisse creditum est... Casparus Beucerus. de meteorolo.fol.252.

Année de la création 2881. 1082 avant Jésus-Christ
Peu avant le début de la guerre du Péloponnèse, une immense comète brilla après le coucher du soleil, et brula soixante quinze jours de suite. Peu après la force des vents s'éleva tellement qu'un fragment de montagne arrachée fut emportée dans les airs, d'où il tomba dans la ville de Thrace d'Aegos Potamos, et qu'on crut précipitée du ciel.
Caspar Peucer, De Meteorologia, folio 252

(Lycosthenes, p 49)

Mundi 3499. ante Christum 464.
Lapis in Aegis fluvio de coelo ruit

Année de la création 3499. 464 avant Jésus-Christ
Une pierre tomba du ciel dans le fleuve Aegos

(Lycosthenes, p 75)

Mundi 3560. ante Christum 403.
Lysandro contra Athenienses maritimo praelio dimicante, Castorem et Pollucem in ejus nave ex utraque parte extitisse, a Pluta, memorie proditum est. Quidam et lapidis casum ad carum rerum eventum prodigio fuisse ferunt. Nam ut constas multorum est opinio, mire magnitudinis saxum ad Aegospotamos e coelo delatum esse. Quod post longam aetatem miraculi loco ostentum est, id praecipua religione prose quem tib. Cherronesi incolis.
Pluta. in vita Lysandri

Année de la création 3560. 403 avant Jésus-Christ
Lysandre ayant combattu contre les Athéniens en bataille navale, Castor et Pollux s'étant élevé des deux cotés de son navire, comme il est révélé par Plutarque. Certains disent que l'évènement de la chute de la pierre fut un prodige. Car, comme le reconnait l'opinion d'un grand nombre, un roc d'une grandeur merveilleuse est tombé du ciel à Aegos Potamos. Après quoi l'endroit du prodige fut présenté longtemps, avec une vénération particulière qu'eurent pour lui les habitants de Cherconèse

(Lycosthenes, p 82)
Note: Le latin et la typographie pénible du livre de Lycosthènes, rendent la traduction approximative. Lycosthenes compte trois fois la chute de la pierre, une fois d'après Peucer, avec ses erreurs, et une date fausse de plus de six siècles, une fois lors de sa prédiction par Anaxagore, et une fois lors de la chute effective. On note que Peucer ne donne pas de date, et que Lycosthènes place la guerre du Péloponèse au XIème siècle avant J.C.

1568, Garcaeus copie Mizauld.
Paulo ante initium belli Peloponnesiaci, quod fregit Graeciae vires, post Solis occasum ingens cometes enituit et continuos septuaginta quinque dies arsit. Mox tanta ventorum vis coorta, ut lapidem vehiculi magnitudine a rupe avulsum in sublime turbo ferret, qui ubi ad Urbem Thracie Aegospotamos decidisset, e coelo praecipitatum fuisse vulgo creditus est. Eam tempestatem praedixit Anaxagoras, qui vixit tempore Periclis, autoris belli Peloponnesiaci, quod non ita multo post exarsit, et cum totos annos viginti octo durasset, con Graeciae exitiale fuit.
Peu avant le début de la guerre du Péloponnèse, qui affaiblit les grecs, après le coucher du soleil, une immense comète brilla et brula soixante quinze jours de suite. Peu après la force des vents s'éleva tellement qu'une pierre de la taille d'un chariot, arrachée à la paroi, fut emportée par un tourbillon, qui alors tomba dans la ville de Thrace d'Aegos Potamos, le peuple la croyant précipitée du ciel. Cette tempète fut prédite par Anaxagore qui vivait du temps de Périclès, auteur de la guerre du Péloponnèse, qui éclata peu de temps après , et dura vingt-huit années entières, étant fatale à la Grèce.
(Garcaeus, fol 36 verso)
Note: Garcaeus copie manifestement Mizauld... et ses erreurs. A le lire, la comète provoqua une tempète, prédite par Anaxagore, ainsi que la ruine de la Grèce

1579, Georgius Caesius dénature ses sources.
Mox etiam tanta ventorum tempestas secuta est, ut lapidem vehiculi magnitudine a rupe avulsum in sublime turbo ferret, demitteretque, ad urbem Thraciae Aegospotaos dictam, aut (ut Aristoteles) in ipsum Aegos flumen Thraciae.
Peu après s'ensuivit une telle tempète qu'une pierre de la taille d'un chariot, fut arrachée à la paroi et emportée dans par un tourbillon, et tomba, dit on, dans la ville de Thrace d'Aegos Potamos, ou (selon Aristote), dans le fleuve de Thrace Agos, lui même.
(Caesius)
Note: La pierre faisait la charge d'un chariot, mais pas la taille, et Aristote n'a jamais dit que la pierre était tombée dans le fleuve.

1681, Lubienietski mélange tout.
VII Anno mundi 3503 Ante Christum natum 466. olymp.78. secundo. Cometa in coelo 75 diebus visus, et lapis e sole ad Aegos flumen decidit. Eckstormius ex Peucero
VII An de la création du monde 3503. 466 avant Jésus Christ. 78ème Olympiade, seconde année. Une comète fut vue 75 jours au ciel, et une pierre tomba du soleil dans le fleuve Aegos. Eckstorm d'après Peucer
(Lubienietski, p 7)
Note: Non seulement Lubienietski mélange les comètes entre elles, mais il va un peu loin: passe encore qu'il repète l'erreur de la pierre tombée dans le fleuve, mais il aurait du comprendre que personne ne pouvait affirmer qu'elle était bien tombée du soleil, comme l'avait prédit Anaxagore

1783, Pingré essaye de sauver la comète, mais pas la pierre.
Pingré
Pingré
vers 465.*
« Les Grecs, dit Pline, rapportent qu'Anaxagore de Clazomène, en la seconde année de la LXXVIIIe Olympiade, prédit, par la grande connaissance qu'il avoit du Ciel, le jour auquel une pierre devoit tomber du Soleil: le fait arriva de jour, près d'Egos Potamos, ville de Thrace. On montre encore cette pierre; da grandeur est telle, qu'elle chargeroit seule une voiture; sa couleur ressemble à celle d'une pierre brulée. Il parut aussi alors une comète durant plusieurs nuits. ». Le témoignage de Pline, au sujet de la prédiction d'Anaxagore, est confirmé par l'autorité de Diogène-Laërce et de quelques autres anciens. Anaxagore avait même prédit la chute de plusieurs pierres selon Tzetzès a & Philostrate b. Aristote dit seulement qu'un vent violent fit tomber une pierre de l'air, et que soir du même jour, il parut une comète c. Selon Plutarque il tomba une étoile de pierre en forme de feu d. Il avoit dit immédiatement auparavant, qu'une des opinions d'Anaxagore étoient que les Etoiles ne sont autre chose que des pierres enlevées de la Terre par l'impétuosité de quelque tourbillon de vent, & enflammées par le feu répandu dans l'éther. « Anaxagore prévit donc, c'est toujours Plutarque qui parle, mais dans un autre ouvrage, que les corps célestes se heurteroient de manière qu'un d'entr'eux tomberoit du ciel. Damachus appuie le témoignage d'Anaxagore, en rapportant, dans ses livres de la Religion, qu'avant la chute de cette piertre, on vit dans le ciel, pendant soixante-quinze jours consécutifs, un corps d'une grandeur extraordinaire, semblable à une nuée embrasée: il n'étoit point immobile; il paroissoit de temps en temps agité par des mouvements divers, de manière que des morceaux enflammés, spérés par ces différentes secousses, furent dispersés en divers lieux, et parurent traverser l'air, à la manière de ces étoiles qu'on appelle Etoiles volantes. La crainte des habitants du lieu étant disssipée, ils approchèrent & ne trouvèrent aucune trace de feu: ils virent la pierre par terre, grande il est vrai, mais retenant à peine quelque marque de feu qui l'avoit pénétré. Il est clair que Damachus compte ici beaucoup sur la crédulité de ses lecteurs. Si cependant son récit est vrai, il contient une pleine réfutation du sentiment de ceux qui prétendent qu'un ouragan violent avait détaché cette pierre du sommet de quelque montagne, &c ». Je crois pouvoir conclure de ces passages, que vers la seconde année de la LXXVIIIe Olympiade, laquelle commence en Juillet 466, il a paru une Comète; elle peut même avoir été vue durant soixante quinze jours, selon le témoignage de Damachus: voila tout ce qui peut nous intéresser dans ce fait. Des termes de Damachus, on pourrait conclure que dans le même temps, il a paru une ou plusieurs aurores boréales. Quant à la pierre, elle n'est certainement pas tombée du Soleil ni du ciel; le vent, ou un tremblement de terre, l'aura détaché de quelques montagnes voisines: la peur défigure souvent les faits les plus simples.Pour ce qui regarde la prédiction d'Anaxagore, Philostrate (4) dit expressément que ce philosophe avoit annoncé qu'il viendroit une nuit subite en plein jour: il pouvoit donc avoir prédit ou voulu prédire une éclipse de soleil. Mais soit qu'il se defiat de sa prédiction, soit qu'il voulut faire le mystérieux, il avoit enveloppé son annonce dans des termes obscurs & relatifs à son système physique, selon lequel tous les Astres étoient autant de pierres. II a donc pu dire que les pierres se heurteroient dans le Ciel, que l'une céderoit à l'autre, qu'il en résulteroit un effet surprenant, &c. On vit une pierre que l'on crut descendue du Ciel; on ne douta point que ce ne fût-là l'effet annoncé par Anaxagore: chacun habilla cette histoire & cette prophétie à sa manière. Si cette explication, qui est assez conforme à celle de Struyck (5) , est vraie, & que la Comète ait accompagné l'éclipfe de Soleil , il faut rapporter son apparition à L'an 462 , ou à la première année de la LXXIXe Olympiade. II y eut réellement le 30 Avril de cette année une éclipse de Soleil; Struyck a calculé qu'à Athènes, vers quatre heures trois quarts du soir , l'éclipse fut totale, & que la durée de la totalité fut de 2 minutes 31 secondes. Posidonius, durant une éclipse totale de Soleil , vit une Comète que l'éclat du Soleil cachoit auparavant a. Struyck b croit qu'on pourroit appliquer ceci à ía Comète de 462; cela peut être; mais si c'est en cette même année que la prédiction d'Anaxagore a eu son effet, il faut reconnoître que la Comète se fera ensuite écartée du Soleil, & aura été vue plusieurs nuits.
C'est sans doute de cette même Comète qu'il faut entendre ce que disoit Charimandre dans son Livre des Comètes (6), qu'Anaxagore avoit vu dans le Ciel une lumière extraordinaire, de la grandeur d'une poutre, phénomène qui avoit duré plusieurs jours.

(1) Pline L II ch 58
(2) Diogène Laerce, Anaxagore p 35
a Tzetzès, chiliades II v 892 & suiv
b Philostrate, L I, ch 2
c Aristote, météorologiques, L I, ch 7
d Plutarque, de placit. L II, ch 13
(3) Plutarque in vie de Lysandre
(4) Philostrate loco citam
(5) Struyck, 1740, sur l'an 463 av JC
a Sénèque Livre VII ch 20
b Struyck,ibid.
(6) Sénèque Livre VII ch 5

(Pingré, p 259)
Note: La bizarrerie des renvois tient à ca que Pingré utilisait plusieurs systèmes pour ses notes: tantôt des notes en marge, auxquelles nous renvoyons par des chiffres entre parenthèses, tantôt des lettres minuscules, tantôt des chiffres
Pingré fait une confiance exagérée à Daïmachos, celui qui avait besoin de lecteurs crédules, ce qui l'oblige à imaginer des aurores boréales. Il cite Tzétzès, auteur d'une compilation mi-mythologique, mi-historique, 16 siècles après Anaxagore. Il déforme un peu Aristote qui ne dit pas que la comète parut le même soir. Il fait aussi une confiance exagérée à Struyck, qui voyait la comète de Halley partout, ce qui l'amène à la voir en 462 av JC, sur la base d'une affirmation de Posidonius. Mais des écrits de Posidonius, il ne nous reste que des fragments et la doxographie. En citant Posidonius, Sénèque dit seulement:
Multos cometas non vidimus, quod obscurantur radiis solis; quo deficiente, quemdam cometem apparuisse, quem sol vicinus obtexerat, Posidonius tradit.
Il y a beaucoup de comètes que nous ne voyons pas, parce que cachées par les rayons du soleil; dans une éclipse, on vit paraïtre une comète, que le soleil voisin couvrait, rapporte Posidonius.
Notons le modernisme étonnant de Sénèque, dont la remarque a été brillamment confirmé par les sondes spatiales d'observation solaire. Mais notons surtout qu'aucune date n'est indiquée. L'éclipse a peut être été observée par Posidonius lui même, mais il a vécu à Rhodes, à Athènes, à Rome, et même voyagé dans tout l'empire romain, et ceci au premier siècle avant notre ère, et non à l'époque d'Anaxagore. Les spéculations de Struyck sont donc vaines.
Même problème pour Charimandre, qui ne nous est connu que par Sénèque, dont le passage le concernant est même ignoré de certaines éditions:
Charimander quoque, in eo libro quem de cometis composuit, ait Anaxagorae visum grande insolitumque caelo lumen magnitudine amplae trabis, et id per multos dies fulsisse.
Charimandre aussi, dans son livre qu'il composa sur les comètes, dit qu'Anaxagore vit au ciel une lumière grandiose et inhabituelle de la taille d'une grande poutre, et qu'elle brilla de nombreux jours
Donc Sénèque, dont le texte est perdu pour certaines éditions, dit que Charimandre, dont le texte est perdu, dit qu'Anaxagore, dont le texte est perdu, avait vu un objet céleste, qui, certes, aurait pu être une comète. Mais aucune date n'est indiquée.
Bref, Pingré fait tout ce qu'il peut pour sauver l'observation d'une comète, mais rejette sans examen la chute d'une pierre


1857, Arago copie Lycosthènes.
465. Chute d'une grande pierre près du fleuve Aegos, en Thrace. (Plutarque, Pline et autres.)
(Arago, tome 4, p 184)
403. Chute d'une pierre considérée comme un présage (Lycosthènes.)
(Arago, tome 4, p 185)
Note: Arago n'a fait ici qu'une simple compilation en incluant Lycosthènes, ce qui lui fait répliquer les erreurs des auteurs qu'il utilise

1977, Raymond Drake transforme le feu st Elme en vaisseaux de l'espace.
Lysandre, le célèbre général spartiate, mit fin à la guerre du Péloponnèse en battant la flotte athénienne à Aigos-Potamos, près des Dardanelles. Plutarque écrit que Castor et Pollux apparurent soudain comme des étoiles jumelles de chaque côté du navire de Lysandre. Étaient-ce des vaisseaux de l'espace?
(Drake2, p 112)
Note: Admirons la légéreté avec laquelle Raymond Drake transforme le feu des dioscures de Plutarque, en vaisseaux de l'espace

1977, Christiane Piens cite Plutarque sans le dire.
Dans son Traité de la piété, Daimachos raconte que durant les 75 jours qui précédaient la chute d'un bolide au cours de la 78e Olympiade (-467 -466), on avait vu un gigantesque globe de feu parcourir le ciel à plusieurs reprises.
(Piens, p 32)
Note: pas de source indiquée, mais nous savons que Daimachos, qui n'est pas fiable, et dont le livre est perdu, est cité par Plutarque

2007, Massimo D’Orazio fait précéder la cause par l'effet.
A large stone fell in the Thracian Chersonese (modern Gallipoli Peninsula) at aegos potamos (goat river) c. 469-467 Be. The fall of this stone profoundly influenced the cosmological theories of two pre-socratic Greek philosophers, Anaxagoras of Clazomenae and Diogenes of Apollonia (fifth century BC). Anaxagoras wrote that the Sun and the Moon and all the stars are fiery stones that are borne about by the revolution of the ether.
Une grosse pierre tomba dans la Chersonèse de Thrace (actuelle péninsule de Gallipoli) à Aegos Potamos (fleuve de la chèvre) vers 469-467 av JC. La chute de cette pierre influença les théories cosmologiques de deux philosophes présocratiques grecs, Anaxagore de Clazomène et Diogène d'Apollonie (cinquième siècle avant JC). Anaxagore écrivit que le soleil et la lune et toutes les étoiles sont des pierres ignées qui sont maintenus par la révolution de l'ether
(Massimo D’Orazio, pp. 216-217.)
Note: De mieux en mieux. Les auteurs les plus crédules écrivent tous que sur la base de ses théories, Anaxagore prédit la chute de cette pierre, qui survint plus tard. Et voila maintenant que c'est la chute de la Pierre qui influença les théories d'Anaxagore. Voudrait on nous faire croire qu'Anaxagore disposait d'une machine à voyager dans le temps?

Analyse:
Cette chute étant l'une des plus célèbres de l'antiquité, on pouvait s'attendre à un festival d'absurdités. Ainsi la chute aurait eu lieu en 1082, 469, 468, 466, 465, 464, 431, 405 et 403 avant JC.
Les auteurs mélangent en une savante salade, la prédiction, la chute, les differents auteurs, les éclipses, les comètes et les bolides, les dates...


le fleuve de la chèvre (Aegos Potamos)
La chute se produisit près de la ville d'Aegos Potamos, qui tirait son nom du fleuve cotier du même nom. Aegos Potamos = fleuve de la chèvre, en grec. Ce fleuve, qui s'appelle aujourd'hui Indjé-limen ou Galata, n'est en fait qu'une rivière, qui fait environ 10 mètres de large près de son embouchure. Il est donc bien difficile d'admettre avec Eusèbe et ses successeurs que la pierre soit tombée dedans

Aegos Potamos (flèche) en Chersonèse
Aegos Potamos se trouvait en Chersonèse de Thrace, actuelle péninsule de Gallipoli. (Khersonêsos signifiait péninsule, en grec). La ville a maintenant disparu, mais son nom est célèbre pour la bataille navale qui se déroula devant elle, ou Lysandre défit la flotte Athénienne. C'est peut être à cette circonstance que nous devons de connaitre l'année et le lieu de la chute, puisqu'elle fut considérée comme le présage du désastre Athénien.
La localisation parait donc assurée à quelques kilomètres près, bien qu'on ne sache même pas si c'est au nord et au sud du fleuve qu'elle était tombée. On ne sait pas non plus ce qu'est devenu la pierre. On sait seulement qu'on la montrait encore du temps de Pline. La mentalité des habitants, qui vénéraient la pierre du temps de Plutarque, a bien changé ensuite, avec l'arrivée du Christianisme, puis de l'Islam. Deux religions qui ne supportaient pas l'idolatrie, et qui ont pu être fatales à la fameuse pierre.

Pour ce qui est de la date, deux séries de date nous sont proposées. Dans la première série, la chute aurait eu lieu les années précédentes, ou les années suivantes de la prédiction d'Anaxagore. Ce qui nous conduirait à conclure, soit qu'Anaxagore fut une caricature de devin, prédisant après coup, soit qu'il fut un devin fabuleux, capable de prédire le temps et même le lieu d'une chute de pierre céleste. Comme nous connaissons les idées d'Anaxagore, nous savons qu'il est logique qu'il ait prédit qu'un jour, une pierre tomberait du soleil, donc du ciel. Mais nous savons aussi, que le premier ouvrage qui mentionne une prédiction avec date et lieu n'apparut que cinq siècles après. De plus, si la chute avait suivi de peu la prédiction d'Anaxagore, elle eut validé sa théorie cosmique, incroyable et même impie pour les Athéniens de l'époque. Or ce ne fut pas le cas, puisqu'Anaxagore fut ensuite condamné pour impiété (et sauvé à grand peine par Périclès). On est donc dans le cadre d'une prédiction légendaire, et nous ne pouvons retenir qu'il ait prédit le temps et le lieu, mais seulement le fait.
Il nous reste les années 405 et 403 avant Jésus Christ. Une pierre tombée en 403, soit deux ans après la bataille ne risquait pas d'en être un présage, et nous ne pouvons y voir qu'une des nombreuses erreurs de Lycosthènes, malheureusement recopiée par Arago.
La date la plus probable est donc bien 405 avant JC, l'année de la baraille d'Aegos Potamos. On peut objecter que ni Thucydide, ni Xénophon n'en parle. Mais Thucydide, historien et militaire ne semble mentionner les prodiges, que lorsqu'ils ont une incidence militaire, en particulier les éclipses. Il ne parlent pas des comètes. Même chose pour Xénophon, et c'est bien dommage, pour nous, mais c'était leur choix.
Finalement le premier à nous parler de la pierre, et de la comète est Aristote, qui ne croit ni à l'un ni à l'autre, mais trouve une corrélation entre le second et la cause du premier. Ensuite vient Pline qui donne une description succinte, puis Plutarque, qui nous donne un détail (le présage) permettant de dater la chute. Et enfin une kyrielle d'auteurs qui se recopient mal les uns les autres, sans rien y comprendre ni rien vérifier. Ainsi l'historicité de la chute de pierre céleste, la plus célèbre de l'antiquité n'est même pas assurée avec certitude.

Pour ce qui est de l'explication du phénomène, nous avons vu que l'explication d'Aristote n'était qu'une de ces bétises dont il avait le secret.

Celle d'Anaxagore d'une pierre venant du soleil est déja un peu moins fausse, et serait même presqu'exacte s'il s'était contenté de dire qu'elle viendrait de l'espace, à part qu'elle n'est ignée qu'à son entrée dans l'atmosphère et non avant.

Les tentatives de ménager la chèvre et le chou, citées par Plutarque ne méritent pas qu'on s'y arrète.


falaise près de l'embouchure du fleuve de la chèvre
Les tentatives d'explication de Pingré se ramènent à celle d'Aristote (dont il aurait du comprendre l'inanité) et à l'hypothèse d'un séisme, qui aurait fait tomber la pierre d'une montagne, car Pingré, qui vivait à une époque ou l'existence des météorites n'avait pas encore été démontrée, n'admet absolument pas qu'une pierre puisse tomber du ciel, chose admise par Pline.
Objections là aussi:
- S'il y avait eu un séisme capable de lancer une grosse pierre ; tout le monde l'aurait ressenti, et compris l'origine du phénomène, surtout en plein jour.
- On ne voit pas de montagne escarpée dans les environs, bien qu'il y ait un bout de falaise sur la côte, où la chute d'une pierre n'eut trompé personne.

Reste l'explication par une météorite, qu'Arago retient, puisqu'il compte cette chute (deux fois) dans son catalogue de chutes de météorites. Bien que les détails connus soient bien tardifs, ils sont compatibles avec une chute de météorite, comme celle qui survint à Ensisheim. La pierre serait tombée du ciel, elle aurait fait la charge d'un chariot, elle aurait eu une couleur brulée. Nous pouvons donc classer le phénomène d'Aegos Potamos, comme chute possible de météorite.

Quant à la comète, Aristote et Pline nous parle d'une comète qui brilla au temps où tomba la pierre. Tous les autres auteurs se basent sur les renseignements fantaisistes de Daïmachos, ou les affirmations invérifiables de livres disparus. Nous retenons donc comme seulement possible l'apparition d'une comète qui brilla en grèce après le coucher du soleil en 405 av JC. Désolé pour les adorateurs de la comète de Halley, d'autant qu'il la cherchaient soixante ans auparavant.

Dernière mise à jour: 28/11/2014

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