480 avant JC
Grèce, soldats célestes
En réalité: rumeur
On aurait vu des hommes en armes dans le ciel lors de la bataille de Salamine.

vers 100, Plutarque mentionne une grande lumière, et des apparitions d'hommes armés.
Le combat en était là, lorsqu’il parut, dit-on, une grande lumière du côté d’Eleusis, et que la plaine, depuis Thriasie jusqu’à la mer, retentit de voix confuses, comme d’un grand nombre d’hommes menant le chœur mystique d’Iacchus. On crut voir un nuage de poussière, soulevé par la marche de cette foule bruyante, monter peu à peu dans les airs, puis redescendre et tomber sur les vaisseaux. D’autres avaient vu, disaient-ils, des figures d’hommes armés apparaître, qui, de l’île d’Égine, tendaient les mains vers les trirèmes des Grecs. On conjectura que c’étaient les Éacides, dont on avait invoqué le secours avant le combat.
(Plutarque1, vie de Thémistocle)
Note: Iacchus = Bacchus. Il semble qu'il faut comprendre qu'on entendait des clameurs d'hommes ivres. Quant aux Eacides, ce sont les descendants d’Éacus, et notamment Telamon et Ajax. C'est tout ce que nous trouvons chez les auteurs, Eschyle, Hérodote, Diodore, Plutarque, qui ont raconté la bataille de Salamine. Une grande lumière apparue inopinément, qui n'était donc pas une comète, et pas non plus un objet d'une forme définie. C'est bien vague. Les voix confuses, de par leur confusion ne sont probablement qu'un vague bruit, qu'on interprèe comme des voix par pareidolie, le nuage de poussière est si peu extraordinaire qu'il n'a pas besoin d'explication. Quand aux figures d'hommes armées sur l'ile d'Egine, il n'est pas dit qu'elles aient paru dans le ciel, et l'ile d'Egine est à 20 km du lieu de la bataille. On voit mal comment on pouvait distinguer des mains tendues à 20 km de distance

1557, Lycosthenes reprend les hommes armés de Plutarque.
AM 3496, AC 467
Themistocles cum navali praelio contra Xerxem regem pugnaret, flamma magno lumine ab Eleusine illuxisse, sonitum quoque ac vocem toto Thriasio agro ad mare usque exauditam esse, velut ex hominibus multis mysticum Jachum educentibus, scribunt ex multitudine vero vocum referri a terra paulatim nebulam, ac intriremes rursus reverti, decideremque visam. Alii imagines & simulachra affirmarunt ab Aegina apparuisse armatorum hominum, manusque pro Graecis attollentium, quoas Aearidas esse conjeccerant, a quibus ante pugnam precibus & votis implorarant opem.
Authores sunt ejus rei Simonides, ac Plutarchus in Themistocle.

Année 3496 de la création. 467 avant Jésus-Christ
Alors que Themistocle se battait en combat naval contre le roi Xerxès, une flamme brilla d'une grande lumière depuis Eleusis, on entendit aussi des bruits et des voix sur toute la contrée de Thriasie jusqu’à la mer, comme provenant de nombreux hommes s'adonnant au mystérieux Bacchus, on écrit qu'on avait vu un nuage de poussière, soulevé graduellement de terre par cette foule bruyante, redescendre et tomber sur les vaisseaux. D’autres affirmèrent que des images et des fantomes d’hommes armés étaient apparues depuis l’île d’Égine, et levant les mains vers les Grecs, dont on conjectura que c’étaient les Éacides, dont on avait invoqué l'aide avant la bataille, par des prières et des offrandes.
Les auteurs sur cet évènement sont Simonide, et Plutarque dans la vie de Thémistocle.

(Lycosthenes, p 74)
Note: Lycosthènes place la bataille de Salamine en 467 AC.

1825, Collin de Plancy ajoute des armées prodigieuses au texte de Plutarque.
ARMÉES PRODIGIEUSES. — Au siége de Jérusalem par Titus, et dans plusieurs autres circonstances , on vit dans les airs des armées de flammes ou des troupes de fantômes, qui jamais ne présagèrent rien de bon. Ces prodiges eurent même lieu quelquefois dans l'antiquité. Plutarque raconte, dans la Vie de Thémistocle, que pendant la bataille de Salamine on vit en l'air des armées prodigieuses et des figures d'hommes armés, qui, de l'île d'Égine, tendaient les mains au-devant des galères grecques. On publia, ajoute-t-il, que c'étaient les Éacides, qu'on avait invoqués avant la bataille.
(Collin, p 233)
Note: Collin de Plancy ne s'intéresse qu'aux apparitions fantômatiques ou diaboliques, en les exagérant. Plutarque ne parle pas d'armées prodigieuses, mais seulement de figures d'hommes armés (qu'on voyait tendre les mains à 20 km de distance).

1846, L'abbé Migne copie Collin de Plancy.
ARMÉES PRODIGIEUSES. Au siége de Jérusalem par Titus, et dans plusieurs autres circonstances, on vit dans les airs des armées ou des troupes de fantômes, phénomènes non encore expliqués, et qui jamais ne présagèrent rien de bon.
Plutarque raconte, dans la Vie de Thémistocle, que pendant la bataille de Salamine, on vit en l'air des armées prodigieuses et des figures d'hommes , qui, de l'île d'Égine, tendaient les mains au-devant des galères grecques. On publia, ajoute-t-il, que c'étaient les Éacides, qu'on avait invoqués avant la bataille.

(Migne, tome I, col.121)
Note: Le dictionnaire de l'abbé Migne n'est en fait qu'une version remaniée de celui de Collin de Plancy

1976, Raymond Drake utilise Plutarque pour faire espionner la bataille.
In 480 BC that great light flamed over Salamis watching the Greeks smash the fleet-invasion of Xerxès;
En 480 av JC, cette grand lumière flamboya au dessus de Salamine observant les grecs anéantir la flotte d'invasion de Xerxès
(Drake1, p 185)

1977, Raymond Drake fait protéger les grecs par les dieux.
Thémistocle écrasa la grande flotte perse près de l'île de Salamine. Plutarque écrit qu'une grande lumière brilla et que des apparitions se matérialisèrent pour protéger les navires grecs. Les dieux sauvèrent-ils les Grecs à Salamine? Le grand tragique Eschyle le pensait. Il y avait combattu!
(Drake2, p 111)
Note: Plutarque écrit seulement qu’il parut, dit-on, une grande lumière du côté d’Eleusis, un nuage de poussières, et qu'on aurait vu des figures d'hommes en armes, non pas au dessus de la flotte, mais de l'ile d'Egine, à 20 km de distance. Les autres cas mentionnés par Drake montrent que pour lui, dieux = extraterrestres

2006, Jean Sider copie les erreurs de Migne et Collin de Plancy.
-480 - sdp - Grèce:
« Pendant la bataille de Salamine, on vit en l'air des armées prodigieuses et des figures d'hommes qui, de l'île d'Égine, tendaient les mains au-devant des galères grecques. On publia que c'étaient les Éacides, qu'on avait invoqués avant la bataille. » (Migne, p. 121, citant Plutarque dans la Vie de Thémistocle
(Sider, p 42)
Note: Sider, qui n'a pas lu Plutarque, et qui confond page et colonne, recopie Migne, qui recopiait Collin de Plancy, qui déformait Plutarque sans s'intéresser au phénomène lumineux. Il recopie donc l'erreur des armées prodigieuses que Plutarque ne mentionne pas

Analyse:
Une grande lumière du côté d’Eleusis, des clameurs confuses, un nuage de poussière... Que la description est floue.
Quant à la crédibilité, c'est bien pire: il parut, dit-on... On crut voir...
Au mieux, les clameurs confuses peuvent avoir été réellement entendues, mais sont à classer avec les pareidolies auditives.

Pour ce qui est des hommes en armes, Plutarque n'est guère précis quant aux témoins du prodige: D’autres avaient vu, disaient-ils, des figures d’hommes armés apparaître, qui, de l’île d’Égine, tendaient les mains vers les trirèmes des Grecs.
On ne sait pas bien ou se trouvaient ces "autres", mais apparemment ils se trouvaient en vue des trirèmes grecques, donc à Salamine même. Mais voila, l’île d’Égine étant à 20 km de Salamine, on ne risquait de distinguer des mains tendues à cette distance.
On peut rapprocher ce récit, ou l'on invoque les Eacides, de celui de la bataille de Marathon, ou l'on crut voir le spectre de Thésée, en armes.
Comme d'habitude, on a préféré copier une source plus récente et plus riche, que la source initiale, c'est à dire Plutarque. On a préféré embellir le récit de recopiage en recopiage, et l'on arrive à des armées prodigieuses protégeant les navires grecs.

Les "mons angels" de 1914
Ceci ressemble fort à la légende des "Mons Angels", où des soldats anglais auraient vu des archers célestes (ou parfois un nuage lumineux, comme à Eleusis) venir à leur secours, contre les troupes allemandes, lors de la bataille de Mons, les 22 et 23 aout 1914. La aussi, il s'agissait d'une rumeur, qui courut au printemps 1915, née de la publication d'une nouvelle d'Arthur Machen, intitulée The bowmen (les archers), et qui mettait en scène les archers de la bataille d'Azincourt (ou plutôt leurs spectres) venant au secours des troupes britanniques. Là aussi, le récit s'était étoffé, de recopiage en recopiage, gagnant en crédibilité, bien qu'après enquète, on ne put retrouver aucun témoin oculaire.

Dernière mise à jour: 05/08/2014

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