1981 Historiques N° 11 parle d'Agobard.


II Des extraterrestres à Lyon


  C'était au temps de Louis le Débonnaire, le fils de Charlemagne, ce qui situe l'histoire aux alentours de l'an 825.
Note: plus précisément, aux alentours de l'an 815, à un an près.
Le trône archiépiscopal de Lyon était alors occupé par Agobard, lequel prit part à la révolte des fils de l'empereur, ce qui ne l'empêcha pas d'être, plus tard, canonisé par l'Eglise : il est devenu saint Agobard.
Note: Agobard a été vénéré comme saint, dans le lyonnais, mais n'a jamais été canonisé.
C'était l'un des hommes les plus savants et les plus célèbres de cette époque, et c’est pourquoi il avait été choisi par les Lyonnais pour être leur prélat.
Note: Agobard a été choisi par son prédécesseur, Leidrade, et non par les Lyonnais.

Lyon était déjà - et elle l'est toujours - la cité primatiale des Gaules. Elle était, de plus, la ville la plus importante de notre pays. L'aventure extraordinaire dont il va être question se passe à Lyon, et c'est Agobard lui-même qui en a fait le récit. C'est par lui que nous est également mentionné le nom de Magonia, un pays dont le saint homme nous dit que, selon les gens stupides ou fous, ce serait « une certaine région où des bateaux voguent dans les nuages, pour emporter dans ce lieu les fruits de la Terre qu'ont détruits la grêle et les tempêtes; les marins payant des gratifications aux sorciers de l'orage et recevant eux-mêmes du blé et d'autres produits »
Note: Ce qui laisserait entendre que Magonia serait dans les nuages, mais Agobard dit seulement que pour en venir les bateaux voguent dans les nuages.

  Avant de poursuivre le récit d’Agobard, il faut mettre l'accent sur ces « sorciers de l'orage » ou tempestaires, dont il est souvent question jadis, surtout dans les pays maritimes, comme l'Ecosse ou la Scandinavie, et jusqu'en France, comme on le voit ici. Il est parfois fait mention de sorcières qui suscitent des tempêtes en agitant, avec un bâton, leur urine dans un trou : magie imitative. D'autres fois, elles se contentent de battre l'eau d'un ruisseau avec une baguette. Dans d'autres traditions, il est question de sorciers qui vendent des cordes portant trois nœuds : en en défaisant un, on obtient un vent moyen avec deux, un vent violent; avec trois, une tempête...

  Les bateaux qui, du haut de leurs nuages, cueillent au passage les fruits de la terre enlevés dans les airs par les vents de tempête, ne vous remettent-ils pas en mémoire une théorie assez semblable avancée par l’Américain Charles Fort, évoquant des produits et des matériaux voguant entre ciel et terre.
Note: Les bateaux n'étaient pas censés cueillir les fruits du haut des airs, ni les attraper au vol dans la tempête. Les Lyonnais croyaient simplement que leurs occupants achetaient les récoltes perdues aux tempestaires.

  Mais revenons au récit de l’archevêque : on y trouve un témoignage fort intéressant sur « ces gens (capables) de croire ces choses possibles ». Il a, en effet, « vu quelques-uns extirpant d’une assemblée quatre personnes garrottées, trois hommes et une femme qui, prétendaient-ils, étaient tombées de ces bateaux ».
Note: Mais ce "ils", ce ne sont pas les personnes garrottées, mais ceux qui les avaient amenées.

  La même histoire a été reprise, avec pas mal de détails, par un kabbaliste du XVIIe siècle, qui se faisait appeler comte de Gabalis:
Note: Mais ce pseudo-comte est un personnage fictif.

« Un jour, il arriva qu'à Lyon, on vit descendre de ces nacelles aériennes trois hommes et une femme. La cité tout entière se rassembla autour d'eux, criant qu'ils étaient des magiciens. (...) En vain, les quatre innocents se défendirent en disant qu'ils étaient des leurs et avaient été emportés peu de temps auparavant par des hommes extraordinaires qui leur avaient montré des merveilles dont on n'a jamais entendu parler et ils avaient désiré leur faire eux-mêmes le récit de ce qu'ils avaient vu.

  La populace déchaînée ne tint aucun compte de leur défense et était sur le point de les jeter dans le feu quand le valeureux Agobard alerté par le bruit, arriva en courant et, après avoir entendu les accusations des gens et la défense des accusés, déclara gravement que les uns et les autres étaient dans l’erreur. » Pour lui, ce n'étaient ni des magiciens envoyés par un adversaire des Carolingiens, ni des êtres tombés du ciel. Pour certains ufologues contemporains, ces être pourraient bel et bien être des extra-terrestres. Et ils nous expliquent savamment que ceux qu'on nommait jadis : Démons ou bien Sylphes, pourraient être des êtres venus d'un autre univers que le nôtre...
Note: Tous les systèmes de croyance ont toujours réinterprété les croyances des autres systèmes. Pour les premiers chrétiens, les dieux antiques étaient des démons, et pour les ufologues, ces démons étaient des extraterrestres.

  Remarquons, au passage, que le nom de Magonia, donné à ce monde « intérimaire », où voguent ces « navires » dont Charles Fort nous a souvent entretenus, ces navires d'où l’on nous « pêche » parfois, comme nous le faisons des poissons, que ce nom de Magonia a justement été repris par Jacques Vallée pour l'un de ses livres, celui dont le titre français est : Chroniques des apparitions extra-terrestres, mais dont le titre originel, en anglais, est Passport to Magonia, livre bourré de faits et d’idées, livre passionnant s'il en est...
Note: passionnant mais trompeur, comme on peut en juger.


SOURCE: Historiques N° 11, 1981, p. 24

Remarques:

Malgré le nom de la revue, on ne parle pas ici de faits "historiques". C'est simplement de l'historiographie de kiosque, comme le titre l'indique suffisamment.
D'ailleurs l'auteur n'indique pas ses sources, bien qu'on reconnaisse le texte de Chronique des apparitions extra-terrestres, de Jacques Vallée. Ce texte contient une ambiguité, qu'on retrouvera ensuite: On pourrait croire que ce sont les quatre prisonniers qui disent être tombés de ces bateaux, alors qu'en réalité, ce sont ceux qui les avaient capturé qui le disaient.

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