2000 Auguste Meessen explique le rôle de Jacques Vallée


...en 1969, Jacques Vallée qui a la mentalité d'un explorateur, fit un rapprochement entre des occupants d'ovnis et des farfadets, Sylphes ou autres personnages des mythes et folklores. Il faisait intervenir un lieu mythique, la Magonie, située dans quelque « Univers parallèle ». L'hypothèse que « des entités nous viendraient d'un lieu complètement imaginaire situé hors de l'espace-temps » jeta le trouble dans certains esprits. Aimé Michel chavira aussi, puisqu'il affirma en 1973, que les soucoupes volantes peuvent apparaître sur place, « exactement comme un fantôme.» Il lui suffisait de dire : « Que sont l'espace et le temps ? Des idées humaines. » Il n'était pas physicien.
Note: Mais un physicien d'aujourd'hui dirait la même chose. Nos conceptions de l'espace et du temps, forgées à notre échelle, ne sont que corrélées à la réalité, à l'échelon macroscopique. A l'échelon quantique ces conceptions ne sont plus valables.
Dès les premières lignes de son livre, Jacques Vallée avait annoncé la nouvelle couleur: « Ce livre tente de bâtir un pont ‘mince et fragile’ entre une chimère et un mythe. Ce n'est pas un livre scientifique. » Il est instructif de voir comment le concept de la Magonie fut introduit. Au 9e siècle, d'Agobard, archevêque de Lyon,relata lui-même qu'il avait « vu et entendu beaucoup d'hommes » qui croyaient « qu'il existe une certaine région, qu'ils appellent Magonia, où des bateaux voguent dans les nuages. » Ils prétendaient en effet que « trois hommes et une femme étaient tombés de ces bateaux. ». Un autre récit précisa qu'on les « vit descendre de ces nacelles aériennes » et qu'on les prit dès lors pour des magiciens, faisant très peur. Ces quatre personnes se défendirent cependant, en affirmant « qu'ils étaient des leurs et avaient été emportés peu de temps avant par des hommes extraordinaires qui leur avaient montré des merveilles dont on n'a jamais entendu parler ».
Note: En citant Vallée, il eut été prudent de remarquer que le premier récit venait d'Agobard, et le second, de la fiction parodique de Montfaucon de Villars.
Si c'était vrai, cela devait être de la magie pour les gens de cette époque. On était donc résolu à les « jeter dans le feu », mais d'Agobard, « alerté par le bruit, arriva en courant, et après avoir entendu les accusations des gens et la défense des accusés », déclara gravement que « ce qu'ils disaient avoir vu était impossible. Les gens crurent en la parole de leur bon père d'Agobard plus qu'en leurs propres yeux ».
Note: Tout le passage précédent vient de Montfaucon de Villars, on ne peut donc rien en déduire.
L'évêque était persuadé d'avoir empêché « qu'ils soient lapidés », parce que « la vérité a prévalu. »
Note: Et l'évêque avait effectivement empêché « qu'ils soient lapidés », parce qu'il avait pu confondre les accusateurs.
En fait, il valait mieux pour ces quatre personnes qu'ils soient considérés comme des menteurs ou des fous, mais aujourd'hui, on pourrait y voir une histoire d'enlèvements. Même en 1969, cela était encore beaucoup moins évident.
Note: Ce passage laisse entendre que c'était les quatre prisonniers qui avaient avoué étre descendu des mystérieux vaisseaux, mais ceci n'a lieu que dans la fiction de Montfaucon de Villars. Et en 1969, le livre de Montfaucon de Villars était considéré depuis longtemps comme une fiction.

SOURCE: Auguste Meessen, Où en sommes-nous en ufologie?, INFORESPACE n° 101, décembre 2000

Remarques:

A l'époque où il écrivait, le professeur Meessen avait largement eu le temps de comprendre, notamment grace aux articles de Brodu et Dumerchat, que Jacques Vallée avait embrouillé le problème en mélangeant la version d'Agobard, et celle de Montfaucon de Villars. Mais il semble que le rôle "historique" de Jacques Vallée ait dissuadé Meessen d'en faire une analyse critique.

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