2003 Michel Rubellin résume mal le livre d'Agobard

Rubellin

Michel Rubellin, maître de conférence honoraire d'histoire médiévale à l'université Lumière-Lyon 2, s'est spécialisé dans l'histoire de l'église carolingienne, et en particulier dans l'histoire de l'église de Lyon du IXe au XIIIe siècle.
Comme l'archevêque Agobard (et même, Saint Agobard, dans le Lyonnais), contemporain de l'empereur Louis le pieux, est un personnage central de la renaissance carolingienne, il était bien normal qu'il intéresse particulièrement Michel Rubellin, qui a donc composé l'article Agobard, dans le Dictionnaire encyclopédique du Moyen Âge (1997).
Mais bien sûr, l'auteur se devait de nous en dire plus, sur la période qui l'intéresse, depuis la renaissance carolingienne, jusqu'à la réforme grégorienne, et c'est ainsi qu'il a publié en 2003 Eglise et société chrétienne d'Agobard à Valdès.
Nous pouvions nous attendre à un chef d-'oeuvre d'érudition, succédant aux travaux de l'abbé Chevallard, et de Mgr. Bressoles, et en lisant le passage consacré au livre d'Agobard qui nous intéresse, nous somme étonné: L'auteur écrit comme s'il n'avait pas lu ce livre d'Agobard.


  1. De 816 à 823, tout en gérant efficacement son diocèse, Agobard prend une part active aux grands débats qui marquent les débuts du règne de Louis le Pieux. Les cinq traités ou lettres que l’on peut assigner à cette période mettent en évidence une sorte d'équilibre entre les deux champs d'intervention.

L'application avec laquelle, durant cette période, Agobard entend exercer ses fonctions pastorales se manifeste de plusieurs façons. D'abord il parcourt son diocèse, sans qu’on puisse bien évidemment reconstituer ses itinéraires. C’est au cours d’une de ses visites qu’il découvre parmi ses ouailles des croyances et des pratiques qu’il dénonce comme relevant de l'hérésie, et condamne donc avec force, dans son premier traité, De la gréle et du tonnerre, en recourant à la fois au raisonnement et aux témoignages glanés dans l’Écriture sainte.
Note: En fait, Agobard dit bien que cette croyance était partagée par presque tout les gens, citadins, comme ruraux. Il n'avait donc pas besoin de parcourir son diocèse, puisque cette croyance avait cours à Lyon même. De plus, Agobard vint à Lyon entre 792 et 798, fut ordonné prêtre vers 804, et nommé coadjuteur de Leidrade en 813. C'est à dire que vers 815, date vraisemblable de la rédaction du livre, il était à lyon depuis 17 à 23 ans, et avait tout le temps de se familiariser avec les croyances locales. Dire qu'il découvrit cette croyance au cours d'une visite pastorale, n'est donc qu'une hypothèse fantaisiste.
Il a en effet constaté sur place - dans « ces régions », dit-il - que nombreux étaient ceux qui croyaient dans le pouvoir que certains individus appelés tempestaires auraient de provoquer la grêle et le tonnerre pour le compte de personnages venus d’une contrée nommée Magonie dans des vaisseaux aériens pour ramasser le produit des récoltes ainsi gâtées. Pour éviter de telles catastrophes, les paysans versaient aux tempestaires une part de leur récolte ; en revanche, ils ne payaient pas la dîme.
Note: En fait, Agobard explique: "Il est beaucoup de gens qui ne donnent jamais de bonne grace la dime aux prêtres,...au contraire, ce qu'ils appellent le canonique, sans que personne le leur dise, ils le paient très-volontiers a ceux par l'entremise desquels ils croienl être préservés de la tempête." Agobard dit donc, que les gens donnaient plus volontiers leur argent aux sorciers qu'aux prêtres, mais pas que les paysans ne payaient pas la dîme.
Agobard dit avoir, au cours d’un déplacement, sauvé du lynchage cinq malheureux pris pour des tempestaires par la population.
Note: Quasiment tout ceux qui ont parlé de cet incident, même les plus ignorants, les plus stupides, ou les plus charlatans, comme Guy Breton, on tous dit qu'il y avait trois hommes et une femme, et c'est exact. Mais Agobard ne parle pas d'un déplacement, mais d'une certaine assemblée d'homme, que, naturellement, il présidait, mais dont on ignore où elle eut lieu. C'est à croire que Michel Rubellin n'a pas vraiment lu le livre d'Agobard.
Il met cette erreur en relation avec une rumeur qui s’était développée quelque temps auparavant et dont il affirme avoir non seulement appris, mais aussi vu les effets désastreux pour quelques pauvres malheureux qui furent massacrés (« attachés sur des planches et jetés au fleuve », dit-il) parce qu’ils avaient été pris pour des envoyés du duc de Bénévent venus répandre une mystérieuse poudre, responsable d’une épizootie qui avait frappé la région.
Note: Agobard met cette erreur en relation avec le paganisme. Les massacres consécutifs à l'épizootie (survenue vres 810), il ne dit pas les avoir vu, mais il les cite "parce qu'il peut être une preuve et un exemple des vaines séductions et des altérations du bon sens."
Dans un cas comme dans l’autre. Agobard fait bien état de phénomènes qu’il a constatés lui-même (vidimus et audivimus), d'enquêtes qu’il a conduites et d’interventions qu'il a faites sur le terrain, impliquant par conséquent sa présence sur place.
Note: Dans le cas des croyants aux tempestaires, oui, et les enquêtes qu'il a conduites, c'était pour trouver des témoins de tempestaires en action (qu'Agobard n'a pas trouvé), mais qui ne nécessitait pas sa présence sur place. Dans le cas des massacres, non.


SOURCE: Michel Rubellin, Eglise et société chrétienne d'Agobard à Valdès, Presses universitaires de Lyon, 2003, p. 192

Remarques:

L'auteur donne pourtant sa source: "40 De grandine et tonitruis, éd. L. VAN ACKER", et mentionne même l'article de Jean-Louis Brodu, La Magonie n'est plus ce qu'elle était.
Le vrai titre du traité d'Agobard est d'ailleurs Liber contra insulsam vulgi opinionem de grandine et tonitruis, ainsi qu'on peut le constater sur la copie manuscrite qui nous en ext resté, mais l'édition Van Acker porte De grandine et tonitruis. Toujours est il que, manifestement, l'auteur citait, tout au plus de mémoire, et non à livre ouvert.

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