Ludwig Lavater |
Ludwig Lavater, né en 1527, donc l'année de la pseudocomète, était un pasteur suisse et théologien de la réforme, qui a travaillé dans la mouvance de son beau père, Heinrich Bullinger. Il a été archidiacre à Zurich, et écrit divers livres à caractère réligieux, mais aussi prodigieux, comme De spectris, lemuribus et magnis atque insolitis fragoribus, publié à Leyde en 1569.
En 1556, il publia Cometarum omnium fere catalogus, qui ab Augusto quo imperante Christus natus et usque ad hunc 1556. annum apparuerunt, ex variis ex variis historicis collectus., autrement dit, un catalogue de toutes les comètes (prétenduement) apparues depuis la naissance du Christ.
Voici ce qu'il a écrit pour la spseudo-comète de 1527
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Anno 1527. II die Octobris, manè circa horam quartam in ea Vuestriae parte, cui comites Rhoeni praesunt, terrificus cometes a multis visus est, duravitque hora et quarta ejus parte. Oriebatur a Subsolano, ascendens meridiem occidentemque versus, sub Septentrione maxime conspicuus. Longitudine erat immensa, colore sanguineo in croceum declinante. Summitas ejus incurvati brachii formam et speciem habebat, in cujus manu, ingentis magnitudinis gladius, veluti jam jam percussuri, videbatur. In gladii mucrone, atque ab utraque acie, tres non mediocres stellae apparebant, verum quae a mucrone fulgebat, reliquis duobus major erat. Ab his subobscuri radii, pilosae caudae figura, conspiciebantur. In lateribus a summo ad imum usque, radii in speciem fere hastarum deformati, & gladii minores, diluti sanguinis colore, inter quos humanae facies, comis barbisque hispidae, nigricantis nubis colore, cernebantur. Haec simul tanto terrore horroreque movebantur ac rutilabant, ut nonnulli spectatorum, timore metuque prope exanimati dicantur. Vidit hunc insignis astrologus Petrus Creusserus (Joa. Liechtenbergii insignis astrologii discipulus, Frank) viderint innumeri homines utiusque sexus alii. Gerardus Noviomagus. Bullingerus in suis commentariis ad cap.21.Lucae.
L'an 1527. le 11 octobre, vers quatre heures du matin, dans cette partie de la Westrie que commandent les comtes du Rhin, une horrible comète fut vue de nombreuses personnes, et persista une heure un quart. Elle apparut au levant, s’éleva dans la direction du midi et du couchant, étant le plus remarquable vers le Nord. Elle était d’une longueur démesurée et de couleur sang, finissant au jaune safran. Son sommet avait la forme et l’aspect d’un bras recourbé dans la main duquel on voyait une épée d’une grandeur immense et comme prète à frapper. A l’extrémité de l’épée et de chaque côté de la lame se voyaient trois étoiles de bonne taille, mais celle qui étincelait au bout de l’épée était plus grande que les deux autres. De celle-là s'apercevaient des baguettes un peu obscures, à la structure de queues velues. Sur les côtés du sommet jusqu’au pied, des rayons grossièrement en forme de lance et de petites épées, de couleur rouge délavé, entre lesquels se distinguaient des figures humaines aux barbes et cheveux hérissées, de la couleur de nuages noirâtres. Ces choses ensemble se déplaçaient et brillaient de tant de terreur et d'horreur que quelques spectateurs dirent être près de rendre l'ame de peur et d'angoisse. Vit ceci le distingué astrologue Peter Creutzer (disciple du distingué astrologue Jean Lichtenberg), et d'innombrables personnes des deux sexes. Gérard de Nimégue. Bullinger dans ses commentaires de St Luc, chapitre 21
Cette description est effectivement celle de Gérard de Nimègue. Mais on ignore si Lavater l'a copié directement, ou indirectement, par l'entremise des commentaires de son beau-père Bullinger, qui ne se trouvent que dans quelques bibliothèques. Il est logique que Bullinger, ait put faire état du prodige de 1527, en commentant le chapitre 21 de l'évangile de Luc, ou celui ci parle des signes précurseurs de la ruine de Jérusalem:
Et il y aura des signes dans le soleil, et la lune, et les étoiles... (Luc 21:25)
Car les théologiens réformés de ce temps là, imaginaient facilement que la fin du monde était proche. Malgré ses 12 prédictions de la fin du monde (10 prédictions privées et 2 publiques), Harold Camping n'a rien inventé.
Au moins, le texte de Gérard de Nimègue n'est pas déformé. D'autres s'en chargeront plus tard.
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