J.J. Dortous de Mairan |
Jean-Jacques Dortous de Mairan, né à Maureilhan près de Béziers le 26 novembre 1678 et mort à Paris le 20 février 1771, fut à la fois mathématicien, astronome et géophysicien, comme cela était possible à l'époque. Orphelin de père à quatre ans, et livré à lui même à seize, il se tourna vers l'étude et s'y montra doué pour les langues anciennes. A vingt ans, il traduisait le grec à livre ouvert et se tourna alors vers les mathématiques et la physique. Ayant envoyé de 1715 à 1717, des mémoires à l’Académie de Bordeaux, il fut couronné trois fois de suite par l'académie qui le mit alors hors-concours en le faisant membre du jury. Continuant ses travaux savants, il fut associé de l’Académie des Sciences, en 1718, puis en 1719, membre de cette académie en remplacement de Rolle. Cofondateur de l'académie de Béziers en 1723, il fut secrétaire "perpétuel" de l'Académie des Sciences de 1740 à 1743. Il fut alors élu à l'académie française au fauteuil du marquis de Sainte-Aulaire. Rédacteur du journal des savants en 1752, il fut membre de la plupart des sociétés savantes d'Europe.
C'est en 1733 qu'il rédige son Traité physique et historique de l'aurore boréale. Réédité en 1754, cet ouvrage est un peu la contrepartie de la cométographie de Pingré. Comme Pingré, il prend ses sources dans les vieilles chroniques et les catalogues de prodiges et de comètes, mais à l'inverse de Pingré qui garde les comètes et rejette les aurores, lui garde les aurores et rejette les comètes. Son catalogue d'aurores lui permet, bien avant la découverte du cycle de l'activité solaire, de remarquer que les observations d'aurores montrent des "reprises" d'activité. Voici ce qu'il écrit du phénomène de 1527:
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On remarque que de Mairan ne fait pas une analyse serrée de ses sources, car lui aussi verse dans le tragique en écrivant que ces "réveries" faillirent faire mourir de peur la plupart de ceux qui s'en effrayaient, alors que le texte original de Creutzer parle seulement de "quelques" témoins ( "etliche" ). Pis: il ne se rend pas compte que les comètes du 11 octobre et celle du 11 décembre ne sont qu'une seule et même. A ce compte là, il aurait pu compter une troisième comète avec celle du 11 aout, citée par Frytsch. Creutzer parle bien du "Weinmonat", le mois du vin, qui n'est évidemment ni le mois d'août, ni le mois de décembre. L'erreur vient de la dénomination du mois: october = huitième mois, d'après l'antique calendrier Julien commençant le premier mars, mais est en réalité le dixième. En sens inverse, ce dixième mois à été confondu avec december = dixième mois, ce qui nous fait trois dates.
Hévélius fut victime de la même erreur, en compilant plusieurs sources, bien que se rendant compte que ces deux "comètes" n'étaient pas de bon aloi
Cornelius Gemma est moins excusable, lui qui cite Creutzer sans l'avoir lu en ne donnant pas ses vraies sources, puisqu'il est l'auteur du premier dessin connu d'aurore boréale, à propos d'une aurore spectaculaire que de Mairan cite quelques pages plus loin. Mais Gemma s'interroge aussi sur la signification de cet auguste signe
Finalement, c'est grace à sa bonne connaissance de l'aspect et des propriétés des aurores boréales, que de Mairan a trouvé la solution. Il est vrai qu'à l'inverse de Pingré, il a trouvé ce qu'il cherchait. Il en a même trouvé trop, car il n'arrive pas à se débarrasser totalement de la confusion comète/aurore. En effet, pour De Mairan, la chevelure d'une comète, c'est tout simplement l'aurore de cette comète! Une interptétation que Pingré réfute 50 ans plus tard
Il peut paraitre bizarre que son identification ait été ignorée des auteurs postérieurs. En fait elle ne l'a pas été, mais seulement dans les ouvrages de météorologie. Les cométographes et les astronomes n'avaient aucune raison d'aller chercher des comètes dans un ouvrage consacré aux aurores boréales. Ce sont les moyens modernes, les moteurs de recherche, qui ont permis de retrouver l'antériorité de De Mairan en cherchant simultanément: comète 1527 aurore boréale, le traité de de Mairan apparait immédiatement
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