Lucien Rudaux |
Son livre |
fils du peintre et graveur Edmond-Adolphe Rudaux, Lucien Rudaux (1874-1947) fut un grand vulgarisateur, et un magnifique illustrateur de sujets astronomiques dont les créations n'ont rien à envier à celle de Chesley Bonestell.
Membre de la Société astronomique de France dès 1892, il crée en 1894 un observatoire à Donville-les-Bains dans la propriété de ses parents.
Rédacteur et artiste pour La Nature en 1902, il le devient en 1905, pour L'Illustration.
En 1923, il a illustré Le Ciel, d'Alphonse Berget.
En 1925, il pense aux astronomes amateurs en publiant un Manuel Pratique d'Astronomie.
En 1937, il publie Sur les autres mondes, illustré des splendides spectacles que le lecteur verrait s'il était transporté sur la lune ou les autres planètes.
Son oeuvre la plus magistrale est encore Astronomie, les astres, l'univers, qu'il ne put terminer, mais qui est supérieure à bien d'autres manuels de vulgarisation, en ce qu'il prend le lecteur au niveau des apparences du ciel, pour l'emmener progressivement vers des mondes de plus en plus lointains.
Au chapitre "Les comètes", il ne peut s'empécher d'écrire un passage sur "les Comètes et la Terre", où, avant de parler de la possibilié d'une rencontre, il évoque les croyances de nos ancêtres:
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Dès l’antiquité, leurs formes, et les variétés de celles-ci, avaient été assez bien notées. Mais, d’autre part,on les a contemplées dans un tel esprit de terreur, au moyen âge surtout, que, l’imagination aidant, toute notion logique disparaît. Ainsi, aprés des représentations qui, naïves ou seulement incorrectes, rendent compte malgré tout du caractère essentiel de ces astres curieux, rencontrons-nous des descriptions dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles sont absolument ahurissantes. Témoin celle que donne l’historien Nicétas, en l’an 1182 : « une comète parut dans le ciel, semblable à un serpent tortueux; tantôt elle se replioit sur elle-même, tantôt, au grand effroi des spectateurs, elle ouvroit une vaste gueule; on auroit dit qu’avide de sang humain, elle étoit sur le point de s’en rassasier...»
Et que dire de l’affirmation du célèbre chirurgien Ambroise Paré, écrivant à propos de la grande comète de 1528 «... Qu’elle estoit si horrible, si épouvantable, qu’elle engendroit si grande terreur au vulgaire, qu’il en mourut aucuns de peur, les autres tombèrent malades..., ceste comète étoit couleur de sang ; à la sommité d’icelle on voyait la figure d’un bras courbe tenant une grande espée en la main comme s’il eust voulu frapper. Au bout de la pointe il y avoit trois estoilies. Aux deux côtés des rayons de cette comète, il se voyoit grand nombre de haches, cousteaux, espèes colorées de sang parmi lesquelles il y avoit grand nombre de fasces humaines hideuses avec les barbes et
les cheveux hérissez....»
Bornons-nous à ces deux relations. Elles suffisent amplement à faire concevoir la terreur qu’inspiraient les comètes, et les folles imaginations à leur endroit, qui procédaient d’idées superstitieuses. Car, en premier lieu, leurs apparitions jugées mystérieuses étaient interprétées comme l’annonce d’événements tragiques et de calamités. Reconnaissons d’ailleurs que, malgré les connaissances acquises, toutes ces craintes ont persisté sous une forme ou sous une autre, et qu’il n’est pas rare de les rencontrer encore dans les temps modernes....
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LA COMÈTE DE 1528 DÉCRITE PAR AMBROISE PARÉ, D'APRÈS UNE GRAVURE DE L'ÉPOQUE
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(Lucien Rudaux et Gérard De Vaucouleurs, Astronomie, les astres, l'univers, Larousse, 148, p.243)
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Bien sûr, les deux descriptions citées sont étonnantes, mais il ne s'agissait de comète, ni dans un cas, ni dans l'autre.
La prétendue comète décrite par Nicétas, qui évoque assez bien la description de Pline l'ancien, n'était manifestement qu'un gros bolide à trainée persistante.
Pour celle d'Ambroise Paré, reprise de Boaistuau, nous avons déjà dit que ce n'était qu'une aurore boréale.
Quant à la gravure, ce n'est pas celle d'Ambroise Paré, mais celle redessinée par Pouchet, que Rudaux, ou De Vaucouleurs, a probablement reprise d'Amédée Guillemin.
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