1977. Jacques Bergier fait du satellite un engin spatial.
Jacques Bergier | |
Nostra n° 257 |
Jacques Bergier (1912-1978), ingénieur chimiste, espion, polyglotte, résistant, déporté, journaliste, alchimiste, écrivain, miraclologue, futurologue, fut un personnage tellement improbable, qu'on pourrait refuser de croire qu'il ait réellement existé et qu'on hésiterait à l'inclure dans un roman de science-fiction. Membre fondateur du courant du réalisme fantastique, il n'imaginait pas les civilisations extraterrestres comme relevant de la science-fiction, mais de la réalité. Ces extraterrestres nous auraient contacté dans le passé, et très précisément, jusqu'à sa naissance. C'est donc tout naturellement que la revue Nostradamus lui confia la rubrique "l'actualité mystérieuse", et lui permit de s'exprimer sur d'autres sujets comme le satellite de Vénus..
LE MYSTERE DU
SATELLITE DE VENUS
LA planète Vénus, tout comme la Terre, a sa lune, mais en plus... lunatique encore : ce satellite se laisse regarder durant toute une période, puis il s’évanouit, il disparaît et nul ne peut deviner ce qu'il a pu devenir. C'est une lune à « super-éclipses ».
Des astronomes l'ont observée, d'autres le font encore, d'aventure.
Note: Aucun astronome ne l'a observé depuis deux siècles. On serait curieux de connaitre le nom de ces privilégiés.
Mais bien plus nombreux sont ceux qui ne la découvrent jamais au bout de leur télescope. Îls ont beau faire, ils n’obtiennent pas le rendez-vous escompté. C'est vraiment quelque chose de très capricieux qu'un clair de lune sur Vénus.
Note: Même si lune il y avait sur Vénus, on ne la verrait pas à cause des épais nuages de la planète.
Cette fantasque a reçu, pourtant, un nom de baptème. On l'appelle Neith.
Note: Neith n'est pas le nom du satellite de Vénus, mais d'une planète trans-vénusienne, jouant le role d'un pseudo-satellite.
Elle a ses détracteurs et ses fanatiques. L'un des seconds, voici une centaine d'années, entreprit de faire le point des connaissances acquises à son sujet. Il s'agissait de astronome américain T.W. Webb. Et voici les informations qu'il lui fut donné d'assembler.
Note: T.W. Webb n'était pas comme Schorr, un fanatique du satellite de Vénus. c'était un vulgarisateur qui fit un article sur le problème du satellkite de Vénus dans la revue Nature.
NEITH, la lune de cette planète disparait parfois pendant des annees
La mystérieuse Neith fut observée par Cassini en 1672, puis en 1686.
Note: Le supposé satellite ne s'est jamais appelé Neith. C'est le nom que donna Houzeau à une supposée planète transvénusienne.
— En 1759, Meyer l’examina à son tour, durant une demi-heure, grâce à un télescope de 30 centimètres, lun des meilleurs pour l’époque.
Note: Le télescope de Mayer faisait 75 cm de focale, il était équivalent à un petit télescope d'amateur d'aujourd'hui; et nettement inférieur aux plus puissants fabriqués par Short.
C'est, dit-il, un petit globe situé à environ 9000 km de la surface de Vénus (soit une fois et demi le diamètre de cette planète).
Note: Mayer n'a rien dit de tel. Il n'a vu qu'un globule beaucoup moins brillant, éloigné d'environ 1 1/2 du diamètre de Vénus. Il ne savait pas si c'était un défaut optique ou un satellite.
— En 1761, à Limoges, un Français du nom de Montaigne la regarda, des minutes durant, au cours des nuits du 3, du 7 et du 11 mai.
Note: En fait c'était les 3,4,7 et 11, et la lunette de Montaigne n'était pas assez puissante pour voir la forme de l'astre.
A noter que ces divers examens avaient été effectués avec toute la rigueur scientifique souhaitable et dans des conditions atmosphériques très satisfaisantes. Il s'agissait de travaux
aussi sérieux que ceux qui révélèrent, par exemple, l'existence des anneaux de Saturne.
Note: C'est totalement faux. Montaigne avait triché en choisissant les astres qui l'arrangeaient, sa lunette n'était guère puissante, elle n'avait pas de micromètre, et les conditions atmosphériques génèrent souvent l'observation.
Mais tous les cas n'étaient pas venus à la connaissance de T.W. Webb. Il y avait eu, aussi, un examen d'excellente qualité par l'Anglais James Short, le 23 octobre 1740, à l'heure du coucher solaire.
Note: T.W. Webb. mentionne bel et bien l'observation de Short. Elle eut lieu le 3 novembre 1740, 10 mn après le lever du soleil.
Ce Short devait procéder, après cette date, à d'autres tentatives, mais sans retrouver, hélas, l'espiègle Neith.
Bien plus près de nous, enfin, en 1954, la très sérieuse revue « Sky and telescope » a donné un nouveau bilan et révélé, du même coup, un nombre beaucoup plus élevé de réussites.
Note: Ces réussites étaient autant d'échecs, c'est à dire d'erreurs d'observation.
On y mentionnait, en effet, 33 observations de l'« autre lune » au XVIle et au XVIIIe siècle. Rien qu'en 1761.(une année déjà citée par Webb), il y en aurait eu 18.
Note: Ces 33 observations viennent du catalogue de Stroobant, qui démystifiait le satellite.
Il s’agissait, dans chaque cas nous insistons — d'études sérieuses faites par des savants officiels avec les meilleurs équipements alors disponibles.
Note: Archifaux. Ce catalogue commence par les observations de Fontana, qui n'a jamais décrit que les défauts de sa lunette, et se termine par celle d'Horrebow qui n'a vu que l'étoile θ Librae, déjà mentionnée dans un atlas céleste en 1603 .
Voici les faits les plus intéressants rapportés par « Sky and telescope ».
En 1773, l'Allemand Johann Lambert définit les éléments astronomiques de l'orbite de Neith. Selon lui, ce satellite tourne autour de sa planète en 11 jours et 5 heures.
Note: Cette seule période de 11 jours réfutait le calcul, car Vénus aurait eu une masse 7 à 10 fois supérieure à sa masse réelle.
Ce calcul émerveilla le monde scientifique de son temps et notamment le roi de Prusse Frédéric II, toujours passionné de mathématiques. Ce souverain suggéra alors de donner le nom de son ami d’Alembert à la fameuse lune vénusienne. Mais le philosophe français, à la fois modeste et prudent, récusa cet honneur sidéral.
Note: l'admiration de Frédéric II n'empécha pas que toutes les prédictions de Lambert échouèrent, et c'était bien normal, puisqu'il s'était basés sur les observations de Montaigne, qui n'avait noté que des étoiles, prises pour le satellite.
Plus de Neith, ensuite, et pour longtemps, malgré des investigations répétées. Ce qui n’empêcha pas un autre Allemand, le Dr F. Schorr, de publier, en 1875, « La Lune de Vénus », un livre dans lequel il expliquait les apparitions et disparitions de Neith par des variations dans la luminosité de la planète elle-même.
Impossible de le suivre sur ce terrain, vu qu'une planète n'a pas de luminosité propre; elle ne fait que refléter la lumière du soleil, laquelle ne subit pas de variations.
Au cours du dernier siècle, les choses n'ont guère évolué : parfois on a revu Neith et, le plus souvent, il fallut se passer d'elle. Mais pas question de nier son existence : si l'on ne disposait que d'un témoignage unique, un pourrait croire à une erreur humaine ou à une défaillance des équipements. Mais c'est de centaines d'observations concordantes qu'il s'agit. On dispose même de photographies.
Note: Il n'y eut que quelques dizaines d'observations, elles n'étaient pas concordantes, et il n'y eut jamais de photographies.
Il n’empêche que la « lune de Vénus » fut contestée et que certains, aujourd'hui encore, l'ignorent. En 1887, un astronome belge, le Dr Paul Stroobant, avait même fait une démonstration anti-Neith extrêmement brillante et qui parut emporter la conviction.
Note: Elle emporta effectivement la conviction, mais il ne semble pas que Jacques Bergier l'ait lu, ou alors en quelques secondes, en lecteur (trop) rapide qu'il était.
Mais on a revu, depuis, le fameux satellite.
Note: Ah oui? Et quand?.
Comment expliquer cette extraordinaire partie de cache-cache? L'hypothèse qui nous vient à l'esprit paraît relever de la plus délirante science-fiction. Mais que de fois, après tout, la science-fiction s’est révélée bonne prophétesse!
Note: Quand elle se révélait bonne prophétesse, elle extrapolait sur des découvertes en gestation, et quend elle était mauvaise prophétesse, on l'oubliait.
La voici donc. Imaginons que les Vénusiens existent (1) et qu'ils soient d'un niveau assez élevé d'intelligence. Ils vivraient, alors, entourés, recouverts d'une atmosphère à la fois
opaque et chargée d'électricité qui leur interdirait tout à la fois le recours à l'astronomie optique et à la radio-astronomie.
Note: Nous savons que Vénus est une fournaise à près de 400 °C, couverte d'acide sulfurique, mais Jacques Bergier écrit dans sa note: (1) La température à la surface de Vénus est très élevée: environ 800 degés centigrade. ceci interdit l'hypothèse d'une vie semblable à la notre. Mais il peut y avoir d'autres types de vie. Comme la vitesse des réactions chimiques croit très vites avec la température, la vie sur Vénus seraut plus active que la vie sur Terre. Le foisonnement de la vie proportionnel à la température? Les biologistes se mettront l'index à la tempe, mais Bergier sait bien que les biologistes ne lisent pas Nostra.
Comment feraient-ils, dès lors, pour examiner les parties proches ou lointaines de l’univers? Une seule méthode : le recours à un satellite artificiel.
Note: Encore faudrait il savoir qu'il y a quelque chose à observer au dela de l'atmosphère. Encore faudrait il que la technique disponible dans leur fournaise le permette. Imaginez la réaction d'un ingénieur en informatique si vous lui parlez d'ordinateurs fonctionnant à 800 °C.
Un laboratoire mis en orbite à volonté
La « lune » Neith ne serait-elle pas, en réalité, ce satellite artificiel, un laboratoire qué l’on pourrait, à volonté, placer sur orbite le temps de remplir un programme d'étude et ramener au sol ensuite ?
Note: redisons que la supposée lune de Vénus ne s'est jamais appelée Neith, mais surtout que les observateurs lui donnaient un volume comparable à celui de notre lune. C'est à dire un volume des millions de millards de fois supérieur à celui de nos plus grands laboratoires spatiaux.
Si tel était le cas, on serait fondé, pour la première fois, à parler de navire interplanétaire réalisé et utilisé par des extra-terrestres. Enfin, une soucoupe volante existerait.
Note: Car si Jacques Bergiet croyait aux extraterrestres, il ne croyait pas aux soucoupes volantes. Hé, non!
( Jacques Bergier, LE MYSTERE DU SATELLITE DE VENUS, NOSTRA N° 257, 9 mars 1977, p. 5 )
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Il y a autant de faussetés à la ligne, dans cet article, que dans un discours de Donald Trump. Remarquons que tout du long, Bergier crédibilise les observations, et ignore les objections, pour arriver à la conclusion que le satellite a bien existé, mais n'était qu'épisodiquement en orbite. Il ne reste plus qu'à sortir l'hypothèse d'une station spatiale, d'ignorer les objections sur sa masse invraisemblable, et le tour est joué.
Problème: doit on lui attribuer un bonnet d'âne ou son ignorance est elle feinte?
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