1832. Brewster suspecte des illusions d'origine optique.
David Brewster | |
David Brewster (1781-1868) naquit à Jedburgh, en Ecosse, et était le fils du recteur de la "grammar school" de la ville. Envoyé à l'université d'Edinburgh à l'age de 12 ans, il fut destiné au clergé et devint pasteur de l'église d'Ecosse, mais montra très tôt de l'intérêt pour les sciences.
Inventeur du kaléidoscope et d'un stéréoscope, ses travaux sur la polarisation de la lumière lui valurent d'être membre de la Royal Society en 1815.
Curieusement, autant il se montra sceptique quand Michel Chasles prétendit que la gravitation universelle avait été trouvée par Pascal, avant Newton, autant il croyait dévotement à la vérité de la bible, ce qui l'amena à réfuter la théorie de l'évolution de Darwin.
Ici, face aux observations du satellite de Vénus, c'est le sceptique qui parle.
In the year 1686, Cassini supposed that he perceived a satellite near Venus having the same phase as the planet. Short, Baudouin, and Montaigne, imagined that they saw the same phenomenon; but this illusion was completely dissipated by the transit of Venus over the sun, when she appeared unaccompanied by a secondary planet. These astronomers, however, seem to have been deceived by an optical illusion; for the imaginary satellite was probably a secondary image of Venus, formed by a double reflection. M. Wargentin had in his possession a good achromatic telescope, which always showed Venus with a satellite, but the deception was discovered by turning the telescope about its axis. In the memoirs of the Academy of Berlin for 1773, the celebrated M. Lambert has given a theory of the satellite of Venus deduced from the observations of Cassini, Short, Montaigne, Baudouin, Rodkier, Montbarron, and other astronomers, and he has actually computed tables for finding its position in the heavens. There is a strange consistency among some of the observations of these astronomers, which could scarcely have been expected. Lambert finds from them, that the period of the satellite must be 11,2175 days; the inclination of its orbit to the ecliptic 63 3/4°, its eccentricity 0.195, nearly equal to that of Mercury; the longitude of its node 0s 16°, and the longitude of its apogee in the orbit 4s 13°; the magnitude of the satellite 1/27 of that of Venus, or nearly equal to that of our moon ; and its distance from Venus 66 1/2 radii of Venus. Lambert maintains, from his tables, that the satellite, if it did exist, might not have passed over the sun’s disc at the time of the transit of Venus, but he expected that it might be seen alone on the sun when Venus passed near that lumisary.
|
En 1686, Cassini supposa qu'il aperçevait un satellite près de Vénus ayant la même phase que la planète. Short, Baudouin et Montaigne s'imaginaient avoir vu le même phénomène; mais cette illusion fut complètement dissipée par le transit de Vénus sur le soleil, quand elle est apparue non accompagnée d'une planète secondaire. Ces astronomes, cependant, semblent avoir été trompés par une illusion d'optique; car le satellite imaginaire était probablement une image secondaire de Vénus, formée par une double réflexion. M. Wargentin avait en sa possession un bon télescope achromatique, qui montrait toujours Vénus avec un satellite, mais l'erreur fut découverte en tournant le télescope autour de son axe. Dans les mémoires de l'Académie de Berlin pour 1773, le célèbre M. Lambert a donné une théorie du satellite de Vénus déduite des observations de Cassini, Short, Montaigne, Baudouin, Rodkier, Montbarron, et d'autres astronomes, et il a en fait des tables calculées pour trouver sa position dans les cieux. Il y a une étrange cohérence parmi certaines des observations de ces astronomes, à laquelle on ne pouvait guère s'attendre. Lambert en déduit que la période du satellite doit être de 11.2175 jours; l'inclinaison de son orbite par rapport à l'écliptique 63 3/4 °, son excentricité 0,195, presque égale à celle de Mercure; la longitude de son nœud 0s 16 °, et la longitude de son apogée sur l'orbite 4s 13 °; la magnitude du satellite 1/27 de celle de Vénus, ou presque égale à celle de notre lune; et sa distance de Vénus 66 1/2 rayons de Vénus. Lambert soutient, à partir de ses tables, que le satellite, s'il existait, n'aurait peut-être pas traversé le disque solaire au moment du transit de Vénus, mais il s'attendait à ce qu'il puisse être vu seul sur le soleil lorsque Vénus passa près de ce lumisaire. |
E.Chambers- Cyclopaedia, London, M.DCCXXVIII, volume the second, p. 293
|
Brewster admet donc qu'il y aurait dans ces observations une cohérence étrange (mais que nous savons être artificielle), mais préfère penser, comme le père Hell, qu'il s'agit plutôt de reflets dans les lentilles. Il faut dire qu'il est en plein dans sa spécialité, lui qui a étudié la polarisation de la lumière par réflexion vitreuse.
|