1881. Denning découvre une explication instrumentale.
OBSERVATIONS TÉLESCOPIQUES DE LA PLANÈTE VÉNUS
Pendant les mois de mars et d'avril 1881, Vénus brilla comme un astre splendide dans le ciel du soir, et j’entrepris une série d'observations suivies, surtout pendant ces deux mois, dans le but de retrouver les détails délicats qui avaient été signalés par quelques anciens astronomes. [ Télescope de 10 ¼ pouces (= 0m,26); grossissement = 400 fois.]
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30 mars, midi 30m. — Images détestables. J'ai toujours invariablement trouvé qu'on ne peut rien tirer des observations faites lorsque le soleil est assez haut sur l’horizon. L’atmosphére est trop brillamment éclairée, et son agitation devient trop apparente pour qu'un astre, méme aussi lumineux que Vénus, puisse étre observé avec fruit. Il est vraiment surprenant que de pareilles conditions aient été recommandées pour ce genre de travaux.
Pendant l’observation d'aujourd hui, deux croissants étaient visibles dans le champ de la lunette : l'un large et pâle, presque au centre du champ, et l'autre petit et brillant, un peu à l’ouest du premier; ce dernier était la véritable image de la planéte. Les observations d'un satellite de Vénus, qu’on trouve mentionnées dans quelques traités d’Astronomie, me revinrent alors en mémoire ; mais il était évident que j’étais en présence d'une simple illusion d'optique.
Il était assez curieux que les deux croissants fussent tournés du même côté, la phase était la même : l'un semblait la reproduction exacte de l'autre. J’estimai que le diamétre du plus petit était à peu près le 1/6 du diamétre de l'autre. Je fis tourner l'oculaire sans produire aucun déplacement dans la position relative des deux images, puis je le retirai. Regardant alors dans l'intérieur du tube, je découvris l'explication du phénoméne. Les rayons du soleil entrant par l'ouverture principale de la lunette venaient tomber en partie sur le petit tube mobile. qui porte l'oculaire et y formaient du côté de l’Ouest un petit croissant brillant lequel, faiblement réfléchi et renversé par l’oculaire, devenait l’origine de l'image. L’explication était fort simple, et je ne doute pas que les observations d’un satellite de Vénus faites au siécle dernier ne puissent s'expliquer d'une façon semblable, quoique, & la vérité, il soit difficile de penser que l’origine de pareilles illusions aient pu échapper à des recherches soigneuses.
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W.-F. DENNING,
astronome à Bristol.
(L'Astronomie, Paris, Gauthier-Villars, 1882, p. 222-223)
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Encore eut-il fallu qu'il y eut des recherches soigneuses, mais de toutes façons, cette explication ne s'applique qu'à des observations diurnes, comme celles de Short, faites avec le même type de lunette.
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