1965. Le satellite de Vénus dans la cosmogonie Dogon. Comment le satellite de Vénus a-t-il pu appartenir à une cosmogonie supposée venir du fond des ages? Le problème est assez confus et nécessite d'être décortiqué. Les Dogons Les Dogons sont un peuple d'agriculteurs et d'éleveurs qui vivent dans le Macina (sud de la boucle du fleuve Niger). Il se seraient installés au XIVe siècle sur les falaises de Bandiagara, pour échapper à l'islamisation et ses lois. Cet isolement contribua à ne les faire découvrir qu'assez tardivement aux Européens.
En fait la cosmogonie Dogon ne nous est connue que par l'ethnologue Marcel Griaule, et le satellite de Vénus n'apparait que dans Le Renard Pale, un livre écrit par Germaine Dieterlen, alors que Griaule était décédé depuis 9 ans. Marcel Griaule initie la légende de la cosmogonie. L'histoire (ou l'embrouille) commence en 1931 quand, dans le cadre de l'expédition Dakar-Djibouti, Marcel Griaule commença à étudier le peuple dogon en compagnie de Michel Leiris. Ils seront rejoints en 1937 par leur collègue Germaine Dieterlen, intéressée par les Dogons et les Bambaras (une grande ethnie du Mali).
Mais on a bien du mal à y découvrir une cosmogonie complète. On en saura un peu plus, au sujet de Sirius, en 1950, quand Griaule et Dieterlen publie: Un système soudanais de Sirius
Mais aussi, nous apprenons que Sirius a un autre compagnon:
Et nous apprenons enfin que d'autres ethnies connaissent aussi ce compagnon de Sirius:
Ainsi l'étoile Sirius aurait un compagnon, qui tourne en 50 années, et qui serait donc la naine blanche Sirius B. Mais elle aurait aussi un second compagnon. Ceci n'a rien à voir avec le satellite de Vénus, mais va nous permettre de retrouver l'origine de cette information. Germaine Dieterlen complète la cosmogonie. Germaine Dieterlen va nous permettre de mieux comprendre en publiant en 1965, avec la collaboration de feu Marcel Griaule, Le Renard pale, qui expose mieux la cosmogonie. Et c'est dans ce livre que nous trouvons ce qui doit être le satellite de Vénus:
L'ouvrage contient encore d'autres références astronomiques, comme les 4 satellites de Jupiter, représentés comme formant un carré entourant la planète. On sait depuis 1610, que Jupiter a 4 gros satellites, mais ils se montrent toujours alignés, et d'autre part, on en a découvert un cinquième en 1890, et des dizaines d'autres à l'aide des sondes spatiales. Tout ceci nous permet de savoir que les Dogons n'ont pas observé eux même les astres que contient leur cosmogonie, donc qu'ils ont été initiés, mais aussi de réfuter une initiation par une civilisation en avance sur la notre, puisque le savoir distillé est erroné et incomplet. Nous allons même pouvoir dater la culture de leur initiateur. Datation de la source En effet le deuxième compagnon de Sirius a été imaginé par Camille Flammarion en 1882, dans Les Étoiles et les curiosités du ciel, pour expliquer les irrégularités de l'orbite du compagnon Sirius B:
Quant au satellite de Vénus, le problème de son existence avait été exposé, mais pas réfuté, en 1882, par Joseph Bertrand dans les colonnes de l'Astronomie, et le même sujet repris en 1884, par Camille Flammarion dans Les Terres du ciel. Mais cette existence avait été réfutée en 1887 par Paul Stroobant, et en particulier dans la même revue l'Astronomie, revue de Camille Flammarion. La cosmogonie des Dogons, avec un deuxième compagnon de Sirius, 4 satellites de Jupiter, et un satellite de Vénus, correspond donc à la culture d'un lecteur de Camille Flammarion entre 1882 et 1887. Nous ignorons qui est exactement cet initiateur, quand il pratiqué cette initiation, et même sur qui, puisque les Dogons auraient pu être initiés indirectement, comme les Bambara et les Bozo. Mais tout ceci n'était pas évident pour tout le monde, puisqu'Eric Guerrier a publié en 1975, La cosmogonie des Dogons, suivi en 1976 par Robert Temple, avec The Sirius mystery. Tous les deux évoquaient une initiation des Dogons, mais Temple n'y allait pas avec le dos de la cuillère: Pour lui les Dogons avaient été initiés par des extraterrestres, venus dans leur astronef. Tout ceci fut réfuté plus tard: Non seulement la méthode de Griaule n'était pas scientifique, mais on ne retrouvait guère de traces de cette cosmogonie chez les dogons des années 1990. On a même soupçonné Griaule d'avoir injecté lui même cette cosmogonie sans sans rendre compte. Nous pouvons donc être sûr que les Dogons n'ont jamais observé de satellite à Vénus, et nous ne sommes même pas certains qu'ils y aient jamais cru.
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Dernière mise à jour: 11/04/2023