1865. Guillemin résume les différentes opinions
Amédée Guillemin |
Le Ciel |
Amédée Guillemin (1826-1893), fit ses études à Beaune et à Paris, avant de devenir professeur tout en écrivant dans les journaux libéraux. Après s'être installé quelque temps à Chambéry, il revint à Paris et commença alors une carrière de vulgarisateur.
Son œuvre capitale fut Le Monde Physique en cinq volumes de grand format, mais il publia aussi toute une série de petits livres d'astronomie et de physique, sous le nom de Petite encyclopédie populaire. Il collabora à de nombreux périodiques, scientifiques et politiques, notamment à La Nature. En astronomie, son oeuvre majeure est Le Ciel, paru en 1865, et ensuite réédité en éditions somptueuses. Parlant du satellite de Vénus, il y avoue l'embarras des savants.
Si l'on s’en rapportait à un assez graud nombre d'observations de savants du dix-septième et du dix-huitième siècle 1, elle aurait encore avec nous un trait de ressemblance de plus. Comme la Lune accompagne la Terre, Vénus serait aussi pourvue d’un satellite. Mais on n’a pu revoir ce corps singulier, et de hautes autorités scientifiques 2 ont assuré que les observateurs avaient été le jouet d’une illusion d'optique. Il faut convenir que le doute qui existe encore à cet égard 3 cest au moins fort curieux, et témoigne des progrès qui restent encore à accomplir dans le domaine de l'astronomie planétaire.
L'existence du prétendu satellite de Vénus expliquerait peut-être la lumière secondaire, légèrement rougeûtre, qui a permis de voir la partie non éclairée du disque de la planète : les nuits de Vénus auraient ainsi leur clair de lune.
1. D. Cassini, Short, Montaigne, Rœdkier, Horrebon, Montbaron, Lambert.
2. De Lalande (Encyclopédie méthodique).
3. Arago, après avoir fait l'historique de ces observations vraies ou illusoires, termine ainsi le paragraphe consacré à ce sujet dans son Astronomie populaire (t. II, p. 542): « Mais c’est assez insister sur cet objet; j'ai voulu présenter au lecteur toutes les pièces du procès; chacun pourra ainsi se faire une opinion, qui, dans l'état actuel de nos connaissances, ne peut être que du domaine des probabilités. »
Amédée Guillemin, Le Ciel, Paris, Hachette, 1865, p. 97
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Prudent, Guillemin se retranche derrière l'autorité d'Arago pour ne pas prendre parti. Pourtant, s'il avait étudié le problème au point de vue photométrique, il aurait bien vu que les théories pour sauver l'existence du satellite de Vénus étaient absurdes, et que l'explication de la lumière secondaire par un satellite ne tenait pas debout: Ce satellite aurait du à la fois, être assez lumineux pour éclairer Vénus, et être assez obscur pour rester invisible.
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