1768. Christian Horrebow croit voir le satellite de Vénus.

Christian Horrebow (1718-1776) fils de Peder Horrebow, directeur de l'observatoire de Copenhague, succéda à son père en 1753. Il aurait été le premier à observer la périodicité des taches solaires. Il eut comme collaborateurs Peder Roedkiaer, Arent Aasheim, Christian Boserup, Ole Bützou, Ejolvor Johnsen, Herman Brøndlund Celius, Henrik Frederik Schlegel, Johannes Høyer et Thomas Bugge.

S'il assista à une observation du satellite de Vénus par Roedkiaer sans être convaincu, il fit lui même une observation le 4 janvier 1768, avec ses collaborateurs Ole Bützou et Ejolvor Johnsen.

1768 d. 4 Januarii. Venus observabatur h. circiter 5 3/4 A.M. tubo Dolloniano 10 pedum, apparatu terrestri instructo, atque ejus facies talis erat:
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 O 
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scilicet infra Venerem paulo ad dextram â linea verticali conspiciebat parvum lin. vertic. lumen, quod minime stella erat, (erant enim etiam stellae in tubo, quae longe aliam habebant apparentiam), quodque à Venere circiter magnitudine diametri Veneris distabat. Mox postea in tubo Isleano Astronomico 12 pedum 1 observabatur Venus, ibique ejus haec erat facies:
☾| 
   O 
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scilicet idem lumen, quod infra ad dextram in tubo terrestri conspiciebat, supra ad sinistram in tubo Astronomico apparebat, atque in distantia diametri Veneris.2
Praeterlapsa hora, vel hore tribus quartis, magis ad dextram in Dolloniano, et magis ad sinistram in tubo astronomico apparebat hoc Veneri adhaerens lumen.
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 O 
  |   ☾
☾  | 
     O 
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tubo Dollon tubo coelesti

Hoc vero idem phaenomenon in Venere observabant tres Observatores, C. H., O. B. et J.; 3 omnes certo videbant, hoc lumen stellam non esse, tentando omnibus certum videbat, hoc lumen non esse ilusionem opticam, unde suspicabant, illud forsan esse Veneris Satellitem.

1) Under April 1, 1767, we read: “ Hic tubus 12’ postea Isleanus dicendus est, quia D. de I’Isle eum ordinavit.”
2) It will be noticed that the crescent is not reversed in tho figure. In the description there is nothing about the “ satellite” being crescent-shaped.
3) Chr. Horrebow, Ole Bützou and Ejolvor Johnsen, The last-named became second assistant in August 1767, two months after Roedkiser's death.
4 janvier 1768. Vénus fut observée vers 5 H 3/4 du matin avec la lunette de Dollon de 10 pieds, le redresseur terrestre installé, et sa figure étati telle:
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 O 
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C'est à dire que sous Vénus, un peu à droite de la verticale, on voyait une petite lumière, bien que ce n'était pas du tout une étoile, (car il y avait encore d'autres étoiles dans la lunette, qui avaient, de beaucoup, une autre apparence), et qu'elle était éloignée de Vénus d'environ un grand diamètre. Peu de temps après Vénus a été observé dans la lunette astronomique Delislienne 1, et alors sa figure était ceci:
☾| 
   O 
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C'est à dire que la même lumière qu'on voyait dessous à droite dans la lunette terrestre, apparaissait au dessus à gauche dans la lunette astronomique, mais éloigné d'un diamàtre de Vénus.2
Passé une heure, ou trois quart d'heure, cette lumière proche de Vénus apparut plus à droite dans la lunette de Dollon, et plus à gauche dans la lunette adtronomique.
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 O 
  |   ☾
☾  | 
     O 
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lunette terrestre lunette astronomique

Trois observateurs ont réellement vu ce même phénomène à Vénus, C. H., O. B. et J.; 3 tous ont vu avec certitude cette lumière ne pas être une étoile, il a été vérifié par tous que ce n'était pas une illusion d'optique, d'où ils ont conjecturé que c'était peut être le satellite de Vénus.

1) Au 1 avril 1767, nous lisons: cette lunette de 12 pieds est ensuite appelée Delislienne, parce que D. Delisle l'a apporté.
2) On remarquera que le croissant n'est pas inversé dans la figure. Dans la description, rien ne dit que le «satellite» est en forme de croissant.
3) Chr. Horrebow, Ole Bützou et Ejolvor Johnsen, ce dernier devint second assistant en aout 1767, deux mois après la mort de Roedkiaer.
Note: Les figures ne sont absolument pas des dessins de ce qui a été observé, mais de simple shémas, ou le symbole ☾ désigne la supposée lune de Vénus, et non l'aspect réel de l'objet.
H. Schjellerup, Satellite of Vénus, Copernicus, an International Journal of Astronomy, Dublin, 1882, Vol. II, p. 164

Paul Stroobant a vérifié que la position du supposé satellite correspond à l'étoile θ Librae


Reconstitution de l'observation de Horrebow par Stellarium pour 5H 45 (4H 55 TU)

On peut s'étonner que le directeur de l'observatoire de Copenhague ait pu nier qu'il s'agissait d'une étoile, alors que c'en était bien une, de 5e magnitude, donc visible à l'oeil nu, qui figurait sur les atlas célestes, au moins depuis 1603.


θ Librae dans l'Uranometria de Bayer, en 1603

On peut s'étonner aussi, qu'il ait besoin d'expliquer qu'une lunette astronomique renverse les images. Surtout il est étonnant qu'il n'est pas compris que si l'objet s'éloignait rapidement de Vénus, au lieu de l'accompagner, c'est que c'était une étoile fixe et non un satellite. Voila qui en dit long sur la compétence des observateurs de Copenhague, et sur la valeur de leurs observations. Si l'observation de Christian Horrebow est bonne pour la poubelle, celles de Peder Roedkiaer, parfois réfutées par ses collaborateurs, le sont encore bien plus.

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Dernière mise à jour: 05/12/2020