Mars 1764. Montbarron croit voir le satellite de Vénus.
A part qu'il aurait été conseiller au présidial d'Auxerre, nous ne savons rien de ce Montbarron, qui aurait fait 3 observations du satellite à Auxerre. Ses observations ne nous sont connues que par le père Hell, qui avait rédigé un appendice, à ses éphémérides pour 1766, à propos du satellite de Vénus. Le père Hell, lui même les connaissait par une lettre de Messier, et nous ne savons pas comment Messier en a eu connaissance. Nos renseignements sont à la fois indirects et insuffisants.
Observationes. ejusdem Satellitis factae Altisiodori Altisiodori, ut refert cel. D. Messier in suis litteris die 16. Junii 1764. Parisiis ad me datis, D. Montbarron 1764. die 15. Martii telescopio gregoriano 32. pollicum contemplando Venerem vespere hora 7. conspexit quoddam aftrum minus, ex parte Vereris obscura, quod cum Verticali ex parte orientis faciebat angulum circiter 60. graduum. Die 28. ejusdem Mensis hora 7 1/2 Vespertina vidit D. Montbarron idem parvum astrum ad Venerem simile priori, faciens cum Verticali ex parte occidentis angulum 15. graduum; Die sequente, id est, 29. Martii, etsi Venus nubecülis rarioribus obducta fuerit, idem tamen astrum conspexit faciens cum Verticali ex parte occidentis angulum 44. graduum circiter ; post hanc ultimam observationem licet saepius hoc astrum ope ejusden tubi quaesiverit, illud tamen nunquam deinceps videre potuit; omnes observationes probant, astrum hoc non fuisse fixam aliquam, utpote, quae magis scintillantes sunt, & minus terminatae, Phasim tamen in hoc astro nullam distinguere se potuisse asseruit D. Montbarron. |
Observation du même satellite faite à Auxerre A Auxerre, comme le mentionne M. Messier dans sa lettre qu'il m'a envoyé de Paris le 16 juin 1764, M. Montbarron, le 15 mars 1764, observant Vénus avec un télescope grégorien de 32 pouces, à 7 heure du soir, aperçut un certain petit astre, du coté obscur de Vénus, qui faisait un angle d'environ 60° avec la verticale vers l'orient. Le 28 du même mois, à 7H 1/2 du soir M. Montbarron vit le même petit astre près de Vénus, similaire au précédent, faisant avec la verticale un angle de 15° du coté de l'occident. Le jour suivant, c'est à dire le 29 Mars, bien que Vénus fut précédée de nuages plus clairsemés, il observa cependant le même astre faisant avec la verticale un angle de 44° environ du coté de l'occident. Après cette dernière observation, bien qu'il chercha souvent cette astre avec la même lunette, il ne put cependant jamais le revoir; toutes ces observations prouvent que cet astre n'était pas quelqu'étoile fixe, qui sont plus scintillantes et moins délimitées. Cependant M. Montbarron admit n'avoir pu distinguer aucune phase dans cet astre. |
| Maximilien Hell, De satellite veneris, Vienne, 1765, p.26-27) Note: le fait que les petits astres ne scintillaient pas ne prouve pas qu'ils n'étaient pas des étoiles, mais simplement que l'atmosphère était moins turbulente ces soirs là. | |
Nous savons que Montbarron utilisait un télescope de Gregory de 32 pouces, soit 81.3 cm, donc plus puissant que celui qu'avait utilisé Short pour son observation. Mais comme nous ignorons de quel oculaire il s'est servi, nous ignorons le grosissement, et donc le champ. Contrairement aux autres observations, nous ignorons la distance de l'astre à Vénus, et dans l'hypothèse d'un satellite réel, les observations de Montbarron sont donc inutilisables pour le calcul d'une orbite. Nous ne savons pas non plus quel était le diamètre de ce petit astre, mais nous savons tout de même qu'il ne montrait pas de phase, ce qui laisse penser qu'il aurait pu être ponctuel.
Or, il se trouve que le 15 mars à 19H (18H 45 TU), il y avait, dans la direction indiquée, une étoile de 9e magnitude, à 4' de Vénus, soit la distance, vraisemblable pour un satellite, de 19 diamètres de Vénus.
Le 28, à 19H 30 (19H 15 TU), c'était, dans la direction indiquée, une étoile de 10e magnitude (qu'il pouvait voir avec son télescope), à 9.4 diamètres de Vénus.
 15 mars à 19H |  28 mars à 19H 30 |
Pour le 29, l'heure n'étant pas indiquée, on est bien en peine de trouver une étoile qui se trouve dans la direction indiquée. Maintenent, rappelons nous que ces renseignements fragmentaires, nous sont donnés très indirectement. Si on admet une erreur qui aurait transformé 4° en 44°, alors, pour une observation faite vers 19H, l'étoile 53 Arietis, de magnitude 6.10 convient parfaitement.
En conclusion, il est bien probable que les prétendues observations du satellite par Montbarron n'étaient jamais que des observations d'étoiles. Nous aurions cependant eu plus de certitude si nous avions pu disposer de ses compte-rendus originaux.
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