1960. Patrick Moore et l'histoire du satellite de Vénus

myths & marvels
La planète Vénus
Richard Proctor
Patrick Moore
Patrick Alfred Caldwell-Moore (1923-2012) fut un astronome amateur britannique de haut niveau. Écrivain, chercheur, commentateur radiophonique et présentateur de télévision, il a animé pendant 50 ans l'émission The sky at night, et écrit près de 70 livres, ce qui en fait l'équivalent britannique de Camille Flammarion, à un siècle de distance. Membre de la Royal Astronomical Society, portant un monocle, c'était un personnage qui avait plusieurs cordes à son arc, comme dans la musique et même le canular, puisqu'il avait monté celui de Cédric Allingham (qu'il n'admit jamais). Dans le livre qu'il écrivit en 1956 à propos de la planète Vénus, on pouvait s'attendre à ce qu'il fasse un bon dossier sur son illusoire satellite.

The Phantom Satellite

Most of the large planets of the Solar System are attended by satellites. At the present time 31 are known; Jupiter has 12, Saturn 9, Uranus 5 and Neptune 2, while the Earth, of course, has one (the Moon), and Mars is attended by two dwarfs less than a dozen miles in diameter. Mercury and Pluto, as befits the two junior members of the planetary system, are unaccompanied.
  Some of these satellites are large. The four brightest members of Jupiter’s family were among the first new objects to be found by Galileo with his primitive telescope, and in 1655 Christiaan Huygens detected Titan, which goes round Saturn and is the only satellite in the Solar System now definitely known to have an atmosphere. The satellite problem was next taken up by G. D. Cassini at Paris, who was successful in finding four other members of Saturn’s retinue (lapetus, Rhea, Dione and Tethys). Then, in 1686, he made what was thought to be an equally startling discovery. The following is an extract from his observational journal:
  ‘1686 August 18th, at 4.15 in the morning. Looking at Venus with a telescope of 34 feet focal length, I saw at a distance of 3/5 of her diameter, eastward, a luminous appearance, of a shape not well defined, that seemed to have the same phase with Venus, which was then gibbous on the western side. The diameter of this object was nearly one quarter that of Venus. I observed it attentively for 15 minutes, and having left off looking at it for four or five minutes I saw it no more; but daylight was by then well advanced. I had seen a like phenomenon, which resembled the phase of Venus, on 1672 January 25, from 6.52 in the morning, to 7.02, when the brightness of the twilight caused it to disappear. Venus was then horned, and this object, which was of diameter almost one-quarter that of Venus, was of the same shape. It was distant from the southern horn of Venus a diameter of Venus on the western side. In these two observations, I was in doubt whether it was or was not a satellite of Venus, of such a consistence as not to be very well fitted to refiect the light of the Sun, and which in magnitude bore nearly the same proportion to Venus as the Moon does to the Earth, being at the same distance from the Sun and Earth as was Venus, the phases of which it resembled.’
  It was then recalled that Fontana had seen something similar as far back as 15th November 1645,259 but the question remained in abeyance for some time.

Le satellite fantôme

La plupart des grandes planètes du système solaire sont assistées par des satellites. A l'heure actuelle, 31 sont connus; Jupiter en a 12, Saturne 9, Uranus 5 et Neptune 2, tandis que la Terre, bien sûr, en a un (la Lune), et Mars est assisté par deux nains de moins d'une douzaine de kilomètres de diamètre. Mercure et Pluton, comme il sied aux deux membres juniors du système planétaire, ne sont pas accompagnés.
  Certains de ces satellites sont de grande taille. Les quatre membres les plus brillants de la famille de Jupiter ont été parmi les premiers nouveaux objets trouvés par Galilée avec son télescope primitif, et en 1655, Christian Huygens a détecté Titan, qui tourne autour de Saturne et est le seul satellite du système solaire maintenant définitivement connu pour avoir une atmosphère. Le problème des satellites a ensuite été abordé par G. D. Cassini à Paris, qui a réussi à trouver quatre autres membres de la suite de Saturne (lapetus, Rhea, Dione et Tethys). Puis, en 1686, il fit ce que l'on pensait être une découverte tout aussi surprenante. Ce qui suit est un extrait de son journal d'observation:
  «18 août 1686, à 4 h 15 du matin. En regardant Vénus avec un télescope de 34 pieds de longueur focale, j'ai vu à une distance de 3/5 de son diamètre, vers l'est, une apparence lumineuse, de forme mal définie, qui semblait avoir la même phase que Vénus, qui était alors gibbeuse sur le côté ouest. Le diamètre de cet objet était près du quart de celui de Vénus. Je l'ai observé attentivement pendant 15 minutes, et m'étant arrêté de le regarder pendant quatre ou cinq minutes, je ne l'ai plus vu; mais la lumière du jour était alors bien avancée. J'avais vu un phénomène semblable, qui ressemblait à la phase de Vénus, le 25 janvier 1672, de 6 h 52 du matin à 7 h 02, lorsque l'éclat du crépuscule le fit disparaître. Vénus était alors en croissant, et cet objet, dont le diamètre était presque le quart de celui de Vénus, était de la même forme. Il était éloigné de la corne sud de Vénus d'un diamètre de Vénus du côté ouest. Dans ces deux observations, je doutais que ce soit ou non un satellite de Vénus, d'une telle consistance qu'il n'était pas très bien équipé pour refléter la lumière du Soleil, et qui en magnitude portait à peu près la même proportion à Vénus comme la Lune le fait à la Terre, étant à la même distance du Soleil et de la Terre que Vénus, aux phases de laquelle elle ressemblait.
  On se rappela alors que Fontana avait vu quelque chose de similaire dès le 15 novembre 1645 259, mais la question est restée en suspens pendant un certain temps.

Note: Cassini ne révéla son observation qu'en 1695, et on ne parlait plus des prétendues observations de Fontana depuis 10 ans.
Then, near sunrise on 23rd October 1740, the satellite was recorded by James Short, the well-known instrument-maker. Short’s account260 is interesting enough to be reproduced in full:
Puis, le 23 octobre 1740, vers le lever du soleil le satellite a été noté par James Short, le célèbre fabricant d'instruments. Le récit de Short260 est suffisamment intéressant pour être reproduit intégralement:
Note: Mais il faut se rappelet que la date est en calendrier Julien et correspond au 3 novembre en calendrier grégorien.
  ‘Directing a reflecting telescope, of 16-5 inches focus (with an apparatus to follow the diurnal motion) towards Venus, I perceived a small star pretty nigh upon her; upon which I took another telescope of the same focal distance, which magnified about 50 or 60 times, and which was fitted with a micrometer, in order to measure the distance from Venus; and found its distance to be about 10° 2'0.’ Finding Venus very distinct, and consequently the air very clear, I put a magnifying power of 240 times, and, to my great surprise, found this star put on the same phase with Venus. Its diameter seemed to be about a third, or somewhat less, of the diameter of Venus; the light was not so bright or vivid, but exceeding sharp and well defined. A line, passing through the centre of Venus and it, made an angle with the equator of about 18 or 20 degrees.
  ‘I saw it for the space of an hour several times that morning; but the light of the Sun increasing, I lost it about a quarter of an hour after eight. I have looked for it every clear morning since, but never had the good fortune to see it again.
  ‘Cassini, in his Astronomy, mentions another such observation.
  ‘I likewise observed two darkish spots upon the body of Venus; for the air was exceeding clear and serene.”
  On 20th May 1759, at 8h. 45m., Mayer261 reported the satellite: ‘I saw above Venus a little globe of inferior brightness.’ Two years later, further observations seemed to confirm its real existence. A German astronomer, A. Scheuten, claimed262 that during the transit of 1761 he detected a small black dot following Venus across the solar disk, remaining visible even after Venus itself had passed off the Sun.
  «Dirigeant un télescope réfléchissant, focalisé de 16 à 5 pouces (avec un appareil pour suivre le mouvement diurne) vers Vénus, j’ai aperçu une petite étoile assez proche d’elle; sur lequel j'ai pris un autre télescope de la même distance focale, qui grossissait environ 50 ou 60 fois, et qui était muni d'un micromètre, pour mesurer la distance de Vénus; et a trouvé sa distance à environ 10 ° 2'0. '' Trouvant Vénus très distincte, et par conséquent l'air très clair, j'ai mis une puissance de grossissement de 240 fois, et, à ma grande surprise, j'ai trouvé cette étoile mise sur la même phase avec Vénus. Son diamètre semblait être environ un tiers, ou un peu moins, du diamètre de Vénus; la lumière n'était pas si brillante ou vive, mais extrêmement nette et bien définie. Une ligne, passant par le centre de Vénus et lui, faisait un angle avec l'équateur d'environ 18 ou 20 degrés.
  «Je l’ai vu pendant l’espace d’une heure plusieurs fois ce matin-là; mais la lumière du soleil augmentant, je l'ai perduede vue vers huit heures un quart. Je l'ai cherché chaque matin clair depuis, mais je n'ai jamais eu la chance de le revoir.
  «Cassini, dans son Astronomie, mentionne une autre observation de ce genre.
  «J'ai également observé deux taches sombres sur le corps de Vénus; car l'air était extrêmement clair et serein.
  Le 20 mai 1759, à 8h. 45m., Mayer261 a noté le satellite: «J'ai vu au-dessus de Vénus un petit globe de luminosité plus faible.» Deux ans plus tard, de nouvelles observations semblaient confirmer son existence réelle. Un astronome allemand, A. Scheuten, a affirmé262 qu'au cours du transit de 1761, il avait détecté un petit point noir suivant Vénus à travers le disque solaire, restant visible même après que Vénus elle-même eut passé le soleil.
Note: Il s'agit ici d'une confusion entre l'observation de St Neots et celle de Scheuten.
Finally, Montaigne of Limoges produced a series of observations which sounded most convincing.263
  Montaigne first reported the satellite on 3rd May 1761, and described it as a little crescent-shaped body about 22 minutes of arc away from Venus. As usual, it showed the same phase as the planet itself, and had one-quarter the diameter of Venus. Montaigne repeated the observation several times during the night, and on May 4th, 7th and 11th (the intervening nights were cloudy) he saw the companion again, differently placed but still showing the same phase. Montaigne, who had hitherto been decidedly sceptical about the existence of the satellite, was convinced. He stated that he had taken every possible precaution against optical illusion, and that he had seen the companion even when Venus itself was put outside the field of view.
Enfin, Montaigne de Limoges a produit une série d'observations qui semblaient des plus convaincantes263.
  Montaigne a signalé le satellite pour la première fois le 3 mai 1761 et l'a décrit comme un petit corps en forme de croissant à environ 22 minutes d'arc de Vénus. Comme d'habitude, il a montré la même phase que la planète elle-même et avait un quart du diamètre de Vénus. Montaigne a répété l'observation plusieurs fois au cours de la nuit, et les 4, 7 et 11 mai (les nuits intermédiaires étaient nuageuses), il a revu le compagnon, placé différemment mais montrant toujours la même phase. Montaigne, jusque-là résolument sceptique quant à l'existence du satellite, est convaincu. Il déclara qu'il avait pris toutes les précautions possibles contre l'illusion d'optique, et qu'il avait vu le compagnon même lorsque Vénus elle-même était placée hors du champ de vision.
Note: En fait, Montaigne a décrit l'objet avec une phase que sa lunette ne permettait pas de voir, et qui n'était en réalité qu'une étoile, différenre à chaque fois.
  All this seemed definite enough. In a memoir read to the French Académie des Sciences, Baudouin announced264 that: ‘The year 1761 will be celebrated in astronomy, in consequence of the discovery that was made on May 3 of a satellite circling round Venus. We owe it to M. Montaigne, member of the Society of Limoges. ... We learn that the new star has a diameter one-quarter that of Venus, is distant from Venus almost as far as the Moon from our Earth, has a period of 9 days 7 hours. ...” In 1773 the German astronomer J. Lambert calculated an orbit265 which gave the mean distance from Venus as about 259,000 miles, with a period of 11d. 5h. and an orbital inclination of 64°, the eccentricity being 0.195. Frederick the Great of Prussia proposed to name the satellite ‘D’Alembert’, after his old friend Jean d’Alembert, but the prudent mathematician declined the honour with thanks.
  Further observations were made on 3rd and 4th March 1764 by Rœdkiær, at Copenhagen; on March 10th and llth by Horrebow, also at Copenhagen; and on March 28th and 29th by Montbaron at Auxerre, who knew nothing about the Danish work.
  Tout cececi semblait assez précis. Dans un mémoire lu à l’Académie des sciences, Baudouin annonce264 que: "L’année 1761 sera célébrée en astronomie, à la suite de la découverte faite le 3 mai d’un satellite faisant le tour de Vénus. Nous le devons à M. Montaigne, membre de la Société de Limoges. ... On apprend que la nouvelle étoile a un diamètre du quart de celui de Vénus, est éloignée de Vénus presque aussi loin que la Lune de notre Terre, a une période de 9 jours 7 heures. ... " En 1773, l'astronome allemand J. Lambert a calculé une orbite 265 qui a donné la distance moyenne de Vénus à environ 259 000 milles, avec une période de 11 j. 5 h. et une inclinaison orbitale de 64 °, l'excentricité étant de 0,195. Frédéric le Grand, de Prusse a proposé de nommer le satellite «D’Alembert», du nom de son vieil ami Jean d’Alembert, mais le mathématicien avisé a décliné l’honneur avec des remerciements.
  D'autres observations ont été faites les 3 et 4 mars 1764 par Rœdkiær, à Copenhague; les 10 et 11 mars par Horrebow, également à Copenhague; et les 28 et 29 mars par Montbaron à Auxerre, qui ne savait rien des travaux danois.
Note: En fait, Il y eut 3 observations à Auxerre, et davantage d'observations à Copenhague: 7 en 1761, 5 en 1764 et une en 1768.
And henceforth, the satellite disappears from the observation books. Schröter could not find it, though he made a special search; neither could Herschel—and neither could Gruithuisen, who carried out an extensive series of observations. Satellites do not ‘softly and silently vanish away’, like the hunters of the Snark, and there is no escape from the conclusion that the satellite of Venus never existed at all.
  M. Hell266 discussed the matter in 1766, and pronounced in favour of optical illusion; this was also the view expressed by Boscovich267 in the following year. Later, Von Ende speculated268 as to whether an asteroid might be responsible, a view revived by Bertrand269 in 1875. At any rate, old myths die hard, and the ghost moon still had its supporters as lately as the mid-nineteenth century. Admiral Smyth, author of the famous Cycle of Celestial Objects, believed in it, and stated that ‘the satellite is perhaps extremely minute, while some parts of its body may be less capable of reflecting light than others’. This idea was developed in 1875 by F. Schorr, who went so far as to write a small book on the subject270. Schorr revised Lambert’s orbital period to 12d. 4h. 6m., and argued that the many failures to see the satellite were due to the fact that it varied in brightness, and was normally too faint to be visible. The theory seemed improbable even at the time, and in any case it was necessary to define just what was meant by ‘the satellite’, Whereas Cassini, Montaigne and others had described it as being a quarter the size of Venus itself, Rœdkiær and Horrebow in Copenhagen had seen it as a starlike point. Obviously something was wrong in the state of Denmark!
Et désormais, le satellite disparaît des registres d'observation. Schröter n'a pas pu le trouver, bien qu'il ait fait une recherche spéciale; Herschel non plus - et Gruithuisen non plus, qui a effectué une longue série d'observations. Les satellites ne «disparaissent pas doucement et silencieusement», comme les chasseurs du Snark, et il n’est pas possible d’échapper à la conclusion que le satellite de Vénus n’a jamais existé du tout.
  M. Hell266 en discute en 1766 et se prononce en faveur de l'illusion d'optique; c'était également l'avis exprimé par Boscovich267 l'année suivante. Plus tard, Von Ende a spéculé268 sur la question de savoir si un astéroïde pourrait être responsable, une vue ravivée par Bertrand269 en 1875. Quoi qu'il en soit, les vieux mythes meurent dur et la lune fantôme avait encore ses partisans au milieu du XIXe siècle. L’amiral Smyth, auteur du célèbre Cycle des objets célestes, y croyait et déclarait que «le satellite est peut-être extrêmement minuscule, alors que certaines parties de son corps peuvent être moins capables de réfléchir la lumière que d’autres». Cette idée a été développée en 1875 par F. Schorr, qui est allé jusqu'à écrire un petit livre sur le sujet270. Schorr a révisé la période orbitale de Lambert à 12 jours. 4h. 6m., Et a fait valoir que les nombreux échecs de voir le satellite étaient dus au fait qu'il variait en luminosité, et était normalement trop faible pour être visible. La théorie semblait improbable même à l'époque, et en tout cas il fallait définir exactement ce que l'on entendait par `` le satellite '', alors que Cassini, Montaigne et d'autres l'avaient décrit comme étant un quart de la taille de Vénus elle-même, Rœdkiær et Horrebow à Copenhague l'avait vu comme un point étoilé. De toute évidence, quelque chose n'allait pas dans l'état du Danemark!
Note: Mais les 3 et 4 mars 1764, Rœdkiær vit l'objet avec une phase.
  The problem was more or less cleared up in 1887 by Paul Stroobant of Brussels, who published an elaborate memoir271 in which he reprinted all the observations (33 of them, made by 15 different astronomers) and subjected them to a critical analysis. Some could be rejected outright, while others, such as Montaigne’s, had to be put down to ghost reflections.
  Le problème a été plus ou moins élucidé en 1887 par Paul Stroobant de Bruxelles, qui a publié un mémoire élaboré271 dans lequel il a repris toutes les observations (33 d'entre elles, faites par 15 astronomes différents) et les a soumises à une analyse critique. Certaines peuvent être rejetés d'emblée, tandis que d'autres, comme celles de Montaigne, doivent être réduits à des réflexions fantômes.
Note: Patrick Moore semble avoir lu trop vite l'étude de Stroobant, ou ne la connaitre qu'indirectement. Pour Stroobant les observations de Montaigne concernent bel et bien des étoiles.
Yet others could be put down to faint stars. Horrebow, for instance, may have recorded the 5th-magnitude star Theta Libræ, while there is a chance that what Redkier saw was the then unknown planet Uranus.
D'autres encore pourraient être attribués à de faibles étoiles. Horrebow, par exemple, a peut-être enregistré l'étoile de 5ème magnitude Theta Libræ, alors qu'il est possible que ce que Redkier ait vu soit la planète alors inconnue Uranus.
Note: Pour Stroobant il ne peut pas s'agir d'Uranus, beaucoup trop éloignée par rapport à la description.
Lambert’s calculated orbit, too, failed to survive the test of rigorous analysis, since it required the mass of Venus to be ten times greater than is actually the case.
  It would be easy to mistake a star (or even Uranus) for a satellite unless it were followed for a sufficient number of nights for its apparent motion to show it up in its true guise; and Venus is so brilliant that it is quite liable to give rise to ghost images when seen against a dark background. I have used a 3-inch refractor capable of showing a whole retinue of crescent satellites around Venus, as well as a complete duplicate of Saturn’s ring system; and it is related that Per Wargentin, a Swedish astronomer of the eighteenth century, possessed a telescope which never failed to show a companion to Venus or any other bright body. Admittedly it is strange that skilled observers such as Cassini and Short fell into so elementary a trap, but since the satellite is undoubtedly non-existent there is no alternative.
L’orbite calculée de Lambert échoua aussi à survivre au test d’une analyse rigoureuse, car elle exigeait que la masse de Vénus soit dix fois plus grande qu’elle n’est réellement.
  Il serait facile de confondre une étoile (ou même Uranus) pour un satellite à moins qu'elle ne soit suivie pendant un nombre suffisant de nuits pour que son mouvement apparent le montre sous sa vraie forme; et Vénus est si brillante qu'elle risque fort de donner lieu à des images fantômes lorsqu'elle est vue sur un fond sombre. J’ai utilisé un réfracteur de 3 pouces capable de montrer toute une suite de satellites en croissant autour de Vénus, ainsi qu’une copie complète du système d’anneau de Saturne; et on raconte que Per Wargentin, un astronome suédois du dix-huitième siècle, possédait un télescope qui ne manquait jamais de montrer un compagnon à Vénus ou à tout autre corps brillant. Certes, il est étrange que des observateurs qualifiés tels que Cassini et Short soient tombés dans un piège aussi élémentaire, mais comme le satellite est sans aucun doute inexistant, il n'y a pas d'alternative.
Note: Cette formulation tendrait à faire croire que la seule alternative est l'existence d'un satellite réeel de Vénus. Mais il y a d'autres hypothèses, qui, en fait ne tiennent pas mieux. Il faudrait donc écrire: C'est encore l'hypothèse la plus plausible.
  Before leaving the subject, one more observation must be mentioned. On 13th August 1892, E. E. Barnard, using the 36-inch Lick telescope, recorded a 7th-magnitude starlike object in the same field with Venus. The observation was made only half an hour before sunrise, and there is little chance of an optical ghost here—yet Barnard was able to make a good estimate of the position, and it does not agree with that of any known star272. It is worth noting that at an earlier period Barnard had made a special search for the satellite of Venus, and had satisfied himself that it did not exist. Ashbrook, in a recent comment,273 has made the plausible suggestion that Barnard recorded a nova, or ‘new star’, which by bad luck was not seen by anyone else.
  During the amusing flying saucer craze of a few years back, attempts were made to revive the phantom moon, and to suggest that it was nothing more nor less than an artificial space-station, which was dismantled when the ‘Venusians’ had no further use for it (!). But although it is not impossible that Venus may have a tiny companion, there is no proof. So far as we know at present, Venus, like Mercury, is a solitary wanderer in space.
  Avant de quitter le sujet, une dernière observation doit être mentionnée. Le 13 août 1892, E. E. Barnard, à l'aide du télescope Lick de 36 pouces, a enregistré un objet en forme d'étoile de 7e magnitude dans le même champ que Vénus. L'observation a été faite seulement une demi-heure avant le lever du soleil, et il y a peu de chance d'un fantôme optique ici - pourtant Barnard a été en mesure de faire une bonne estimation de la position, et cela ne correspond à celle d'aucune étoile connue. Il convient de noter qu'à une époque antérieure, Barnard avait fait une recherche spéciale pour le satellite de Vénus, et s'était assuré qu'il n'existait pas. Ashbrook, dans un commentaire récent273, a fait la suggestion plausible que Barnard a enregistré une nova, ou «nouvelle étoile», qui, par malchance, n’a été vue par personne d’autre.
   Au cours de l'engouement amusant pour les soucoupes volantes il y a quelques années, des tentatives ont été faites pour faire revivre la lune fantôme et suggérer que ce n'était ni plus ni moins qu'une station spatiale artificielle, qui a été démantelée lorsque les " Vénusiens " n'en avaient plus aucune utilité (!). Mais bien qu'il ne soit pas impossible que Vénus puisse avoir un petit compagnon, il n'y a aucune preuve. Pour autant que nous le sachions actuellement, Vénus, comme Mercure, est une errante solitaire dans l'espace.
Note: La première édition datant de 1956, l'amusant engouement concerne évidemment les vagues de "soucoupes volantes" de 1952 et 1954. Il est dommage que l'auteur ne nous donne pas une référence précise.

REFERENCES

259, F. FONTANA: Novæ calestium terrestriumque rerum observationes, tract. v. (Naples, 1646).
260. J. SHORT: Phil. Trans., 41, 646.
261. MAYER: Astr. Jahr. (1788); see also T. W. WEBB, Nature, 14, 193.
262. A. SCHEUTEN: Astr. Jahr. (1778), p. 186; WEBB, ibid.; see also W. T. LYNN, Obs., X, 73 (1887).
263. See WEBB, ibid.; LYNN, ibid.; J. ASHBROOK, S. & T., 13, 333 (1954). Ashbrook’s article is a concise summary of the whole satellite puzzle.
264. BAUDOUIN: Mémoire sur la découverte du satellite de Vénus, et sur les nouvelles observations qui viennent d’étre faites a ce sujet (Paris, 1761). See also Dictionnaire de Physique (Paris, 1789).
265. J. LAMBERT: Mem. Acad. Berlin (1773), p. 222.
266. M. HELL: Ephermerides astronomice ad meridianum vindobonensem calculis definite (1766), 37 (Vindobone).
267. BOSCOVICH: Dissertationes quinque ad diptricam pertinentes, (1767) (Vindobonz).
268. VON ENDE: Monatliche Correspondez zur Beforderung der Erdeund Himmelskunde (Von Zach), XXIV, 494 (1811).
269. BERTRAND: Jnl. des Savants, (Paris, 1875), p. 456.
270. F. SCHORR: ‘Der Venusmond’ (Braunschweig, 1875). See also comments by Webb (op. cit.) and Ashbrook (op. cit.).
271. P. STROOBANT: Mem. de l’Acad. de Bruxelles, XLXI, No. 5 (1887); see also A.N., No. 2809 (1887); and Nature, 35, 503 and 543; Ciel et Terre, 8, 332 (1887).
272. E. E. BARNARD: A.N., 172, 25 and 207 (1906); and 173, 315 (1907).
273. J. ASHBROOK: S. & T., XV, 356 (1956).

For further notes on the phantom satellite, see SMYTH, ‘Cycle of Celestial Objects,” Prolegomena, Vol. I, 109 (London 1844) ; T. DICK, ‘Celestial Scenery,’ 113-19 (London 1837); J. C. HOUZEAU, ‘Le satellite problématique de Vénus’, Ciel et Terre, 5, 121 (1884); H. P. WILKINS, ‘Mysteries of Space and Time,’ p. 117-19 (London 1955).

( Patrick Moore, The Planet Venus, third edition, Faber and Faber, 1960, p. 105-111 )

L'exhaustivité apparente de ce dossier peut bien faire illusion au non spécialiste, mais il est manifeste que l'auteur connait mal son élément le plus important: l'étude de Paul Stroobant. Il ne connait pas tous les cas cités et se trompe dans les conclusions à propos des observations de Montaigne et de l'hypothèse d'Uranus.

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Dernière mise à jour: 27/11/2020