1878. Proctor explique la disparition du satellite de Vénus
Myths and marvels |
Richard Proctor |
Richard Anthony Proctor (1837 – 1888), astronome anglais est aujourd'hui surtout connu pour avoir deviné dès 1865 la structure en annelets des anneaux de saturne, confirmée par la sonde Cassini.
Il fit ses études au Collège de St John à (Cambridge) et se tourna vers le droit, puis vers l'astronomie et, en 1865, publia à ses frais "Saturn and its System". Mais si l'acueuil du monde scientifique fut favorable, celui du public fut plus mitigé.
Proctor comprit qu'il devait écrire dans un style plus populaire. Il se lança dans la publication d'une quinzaine de livres aux sujets alléchants, en particulier "Myths and marvels of astronomy". Il y parle de l'astrologie, de la grande pyramide, des autres mondes, des comètes, de certains paradoxes, et de quelques erreurs astronomiques comme celle du satellite de Vénus.
Single observations like Cassini's or Short's might be ex- plained as subjective phenomena, but this explanation will not avail in the case of the Copenhagen observations.
I reject, as every student of astronomy will reject, the idea of wilful deception. Occasionally an observer may pretend to see what he has not seen, though I believe this very seldom happens. But even if Cassini and the rest had been notoriously untrustworthy persons instead of being some of them distinguished for the care and accuracy with which their observations were made and recorded, these occasional views of a phantom satellite are by no means such observations as they would have invented. No distinction was to be gained by observations which could not be confirmed by astronomers possessing more powerful telescopes. Cassini, for example, knew well that nothing but his well-earned reputation could have saved him from suspicion or ridicule when he announced that he had seen Venus attended by a satellite.
It seems to me probable that the false satellite was an optical illusion brought about in a different way from those referred to by Hell and Brewster, though among the various circumstances which in an imperfect instrument might cause such a result I do not undertake to make a selection. It is certain that Venus's satellite has vanished with the improvement of telescopes, while it is equally certain that even with the best modern instruments illusions occasionally appear which deceive even the scientific elect. Three years have passed since I heard the eminent observer Otto Struve, of Pulkowa, give an elaborate account of a companion to the star Procyon, describing the apparent brightness, distance and motions of this companion's body, for the edification of the Astronomer-Royal and many others observers. I had visited but a few months before the Observatory at Washington, where with a much more powerful telescope that companion of Procyon had been systematically but fruitlessly sought for, and I entertained a very strong opinion, notwithstanding the circumstancial nature of Struve's account and his confidence (shared in unquestioningly by the observers present), that he had been in some way deceived. But I could not then see, nor has anyone yet explained, how this could be. The fact, however, that he had been deceived is not undoubted. Subsequent research has shown that the Pulkowa telescope, though a very fine instrument, possesses the undesirable quality of making a companion orb for all first-class stars in the position where O.Struve and his assistant Lindenau saw the supposed companion of Procyon.
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Des observations uniques comme celles de Cassini ou de Short pourraient être expliquées comme des phénomènes subjectifs, mais cette explication ne sera pas utile dans le cas des observations de Copenhague.
Je rejette, comme tout étudiant en astronomie rejettera, l'idée de tromperie volontaire. Parfois, un observateur peut prétendre voir ce qu'il n'a pas vu, bien que je pense que cela se produit très rarement. Mais même si Cassini et les autres avaient été notoirement des personnes indignes de confiance au lieu d'être certaines d'entre elles distinguées par le soin et la précision avec lesquels leurs observations ont été faites et enregistrées, ces vues occasionnelles d'un satellite fantôme ne sont en aucun cas des observations telles qu'elles auraient été inventés. Aucune distinction ne pouvait être faite par des observations qui ne pouvaient être confirmées par des astronomes possédant des télescopes plus puissants. Cassini, par exemple, savait bien que rien d'autre que sa réputation bien méritée n'aurait pu le sauver de la suspicion ou du ridicule lorsqu'il annonça qu'il avait vu Vénus assistée par un satellite.
Il me semble probable que le faux satellite était une illusion d'optique provoquée d'une manière différente de celles évoquées par Hell et Brewster, bien que parmi les diverses circonstances qui, dans un instrument imparfait, pourraient causer un tel résultat, je ne m'engage pas à faire un choix. Il est certain que le satellite de Vénus a disparu avec le perfectionnement des télescopes, alors qu'il est également certain que même avec les meilleurs instruments modernes apparaissent parfois des illusions qui trompent même l'élite scientifique.
Trois ans se sont écoulés depuis que j'ai entendu l'éminent observateur Otto Struve, de Pulkowa, donner un compte rendu élaboré d'un compagnon de l'étoile Procyon, décrivant la luminosité apparente, la distance et les mouvements du corps de ce compagnon, pour l'édification de l'astronome-royal et de nombreux autres observateurs. Je n'avais visité que quelques mois avant l'Observatoire de Washington, où avec un télescope beaucoup plus puissant ce compagnon de Procyon avait été systématiquement mais inutilement recherché, et j'avais une opinion très forte, malgré la nature circonstancielle du récit de Struve et sa confiance, (partagé sans aucun doute par les observateurs présents), qu'il avait été en quelque sorte trompé. Mais je n'ai pas pu voir alors, et personne n'a encore expliqué comment cela pourrait être. Le fait, cependant, qu'il ait été trompé n'est pas indubitable. Des recherches ultérieures ont montré que le télescope de Pulkowa, bien qu'un excellent instrument, possède la propriété indésirable de montrer un compagnon pour toutes les étoiles de première magnitude dans la position où O.Struve et son assistant Lindenau ont vu le supposé compagnon de Procyon.
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( Richard A. Proctor, Myths and marvels of astronomy, London, 1878, p. 307-308 )
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Proctor est encore gentil de ne pas soupconner d'observations inventées. Certaines observations, comme celles de Montaigne, furent enjolivées et exploitées. D'autre part, beaucoup d'observations ne concernaient pas des illusions instrumentales, mais tout bêtement des étoiles. Mais la remarque de Proctor est incontournable: Le satellite de Vénus disparut avec le progès des télescopes, contrairement aux satellites des grosses planètes qui se multiplièrent pour la même raison.
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