1761 - 1764. Les observations de Peder Roedkiaer.

Mayer
l'observatoire
Au Danemark, l'astronomie est à l'honneur depuis Tycho Brahé, mais celui ci quitta le Danemark en 1597, et son observatoire fut détruit. A Copenhague c'est en 1642 qu'un observatoire fut construit par ordre du roi Christian IV sur la suggestion de l'astronome Christian Sørensen Longomontanus (qui avait travaillé avec Tycho). Ce n'était qu'une tour de près de 35 m, sur la plate forme de laquelle se faisait les observations, mais qui reste le plus vieil observatoire d'Eutope. La tour jouxtait une bibliothèque qui appartenait comme elle à l'université de Copenhague
Dans cette observatoire oeuvra Ole Roemer, découvreur de la vitesse de la lumière, dont les papiers disparurent malheureusement dans l'incendie de 1728.
En 1761, le directeur en était Christian Horrebow, fils de Peder Horrebow son prédécesseur. C'est à Peder Roedkiaer, un de ses assistants qu'on doit les multiples observations du satellite de Vénus, qui nous sont aujourd'hui connues. Ses observation furent mentionnées dans les publications de la Kongelige Danske Videnskabernes Selskab (l'académie des sciences danoise) dont faisait partie Horrebow.

Nous connaissons les observations de Roedkiaer par le collationnement qu'en a fait Schjellerup dans Copernicus, an International Journal of Astronomy pour 1882, d'après les registres de l'Observatoire de Copenhague.
Curieusement le texte est en latin. Les notes de Schjellerup sont en anglais

Voici les observations de 1761

  1761. d. 28 Junii. In quadrante Venerem observans 1 Rœdkiær vidit albedinem quandam, quae Venerem sequebatur. Distantiam inter hanc et limbum Veneris superiorem invenit 0-66 2, et observavit 11" transitum inter hanc et Venerem. Postea tubo 17' eandem iterum vidit, atque ex facie ejus, quæ non adeo falcata erat ac Veneris, sed fere dimidia facie splendens, suspicatur Observator, se satellitem Veneris vidisse. Coeteri nos eandem albedinem videre non potuimus, licet Venerem sæpe observaverimus quadrante, rota meridiana et tubo 17 pedum.
  1 No time given, altitude = 51° 52' 21”.
  2 As 1p = 130".44, the distance was 86".
  Le 28 juin 1761. Observant Vénus en croissant, 1 Rœdkiær vit une certaine blancheur qui suivait Vénus. Il trouva la distance entre elle et le limbe supérieur de 0-66 2, et il observa un transit de 11" entre elle et Vénus. Ensuite il la vit de nouveau avec le télescope de 17 pieds, toutefois, de son apparence, qui n'était pas spécialement en forme de faux comme Vénus, mais luisant d'un éclat très moyen, l'observateur suppose avoir observé le satellite de Vénus. Nous autres ne pûmes voir cette même blancheur, bien que nous ayons souvent observé Vénus en croissant, à la lunette méridienne et à la lunette de 17 pieds.
  1 Pas d'heure indiquée.
  2 Comme 1p = 130".44, la distance était 86".
Note: Rœdkiær aurait donc vu une lueur trop faible pour que les autres la voit, mais les renseignements donnés sont difficiles à interpréter. Que faut il comprendre par transit de 11" ? Et les équivalences données par Schjellerup différent d'un passage à l'autre. Nous savons tout de même par Stellarium qu'il y avait à 6.5' du limbe de Vénus une étoile de magnitude 10.15, ramenée à une magnitude d'environ 14 par l'absorption athmosphérique. Le problème est de savoir si Rœdkiær pouvait la voir avec sa lunette, dont nous ignorons l'ouverture. Nous savons que les lunettes de l'observatoire n'était pas achromatiques, et devaient donc avoir un objectif de moins de 60 mm. Or nous savons qu'une lunette de 60 mm capture 100 fois plus de lumière que l'oeil nu, et fait donc gagner 5 magnitudes. Dans ces conditions, si Rœdkiær avait une bonne vue, il pouvait bien voir une étoile de 11e magnitude, mais pas de 14e, surtout si elle était noyée dans la lueur de l'aube.
  1761. d. 30 Junii, A. M. Venerem observans Rœdkiær eandem videbat albedinem, quam antea diebus 28vo et 29no Junii viderat. Distantiam ejus a Venere determinabat 1/4 circiter diametri Veneris. Erat isto die prope cornu superius Veneris in quadrante. Sed ista albedo nondum ceteris nobis apparuit.   Le 30 juin 1761, Rœdkiær observant Vénus voyait la même blancheur qu'il avait vu les jours précédant du 28 et 29 juin. Il estimait sa distance à Vénus d'environ 1/4 du diamètre de Vénus. Ce jour le croissant de Vénus était proche de l'extinction. Mais cette blancheur n'apparut à aucun des autres.
Note: Une nouvelle fois Rodkiaer aurait observé une faible lueur que les autres ne voyait pas. Il la voyait tout près de Vénus, ce qui permet de lever toute équivoque. Or Stellarium nous révèle qu'il y avait tout près de Vénus, une faible étoile, de magnitude 10.05, qui fut occultée par Vénus à 2H 30, et que l'absorption atmosphériue ramenait à la magnitude 15. Vénus, étant proche de la conjonction n'était vu que comme un mince croissant, mais était aussi noyée dans la lumière de l'aube. A droite la reconstitution de Stellarium, sans et avec effet atmosphérique. On voit qu'il est bien normal que les autres astronomes n'aient rien vu. Mais il est extraordinaire que Rodkiaer ait pu percevoir cette lumière nettement trop faible, d'autant qu'elle autait été occultée à 2H 30. Ou il a raconté des bétises, et a eu de la chance, ou il avait une vision vraiment exceptionnelle, qui aurait du lui permettre de voir à l'oeil nu des étoiles de magnitude 10, mais alors, ça se serait su.
  1761. d. 2 Julii. A. M. Per totam hanc noctem, et etiam per plurimas antecedentes Boserup et Rœdkiær Venerem expectarunt orientem spe Satellitem ejus detegendi, sed, etsi tubis 17 et 22 pedum usi fuerint, nihil tamen viderunt.   Le 2 juillet 1761. Toute la nuit, et encore plusieurs précédentes, Boserup et Rœdkiær guettèrent Vénus se levant dans l'espoir de découvir son satellite, mais bien que les lunettes de 17 et de 22 pieds fussent utilisées, ils ne virent cependant rien
  1761. d. 19 Julii. Statim post ortum Veneris, Rœdkiær observabat lumen aliquod debile figuræ confusæ et indistinctæ una cum Venere in tubo 17 pedum existens, etsi optime videretur, etiam Venere in tubo non existente. Distantia hujus luminis a Venere erat, ut aestimabat, 40 fere semidiam. Veneris. Venus supra illam in tubo ad sinistram sita erat. Lumen valde debile erat, sed tamen satis magnum, ut persuasus sit se stellam non observasse.   Le 19 juillet 1761. Peu après le lever de Vénus, Rœdkiær observait une sorte de faible lumière de forme confuse et indistincte étant avec Vénus dans la lunette de 17 pieds, quoique pour mieux voir, Vénus ne soit plus encore dans la lunette. La distance de cette lumière à Vénus était, comme il l'estimait, d'environ 40 rayons de Vénus. Dans la lunette Vénus se trouvait à gauche au dessus d'elle. La lumière était très faible, mais cependant assez grande, pour être convaincu de n'avoir pas observé une étoile.
Note: La lumière étant avec Vénus, au ras de l'horizon, il ne faut pas s'étonner qu'elle ait été faible et confuse, si c'était une étoile. Or justement, au dessus et à droite de Vénus (la lunette renversant les images), se trouvait l'étoile m Tau, de magnitude 4.90, mais qui paraissait de manitude 9 à cause de l'absorption atmosphérique à cette hauteur angulaire. Quand à la distance estimée, elle est fausse, Stroobant ayant montré que les distances estimées en multiple du diamètre de Vénus étaient toujours sous-estimées.
  1761. d. 20 Julii. Rœdkiær Venerem orientem quidem observabat, sed nubes Venerem quovis momento tegebant.   Le 20 juillet 1761. Rœdkiær observa quand même Vénus se levant, mais à un moment des nuages recouvrirent Vénus de tous cotés.
  1761. d. 23 Julii. Rœdkiær hae nocte Venerem plus integra hora observabat tubo 17 pedum et interdum tubo machinæ parallacticæ, sed ne minimum quidem signum Satellitis videbat.   Le 23 juillet 1761. Cette nuit Rœdkiær observa Vénus plus d'une heure entière avec la lunette de 17 pieds, et de temps en temps avec l'instrument équatorial, mais ne vit pas le moindre signe du satellite.
  1761 d. 25 Julii. Rœdkiær Venerem per longum satis tempus observavit, sed Satellitem detegere non potuit.   Le 25 juillet 1761.Rœdkiær observa Vénus pendant un temps assez long, mais ne put découvrir le satellite.
  1761 d. 5 Augusti. Statim post hanc observationem 1 stellam quandam machina parallactica observabat Rœdkiær. Hanc stellam pro Satellite Veneris habebat.
Venush. 22 40 41
Stella_  22 40 46

Distantiam stellae a limbo Veneris superiore observabat circumv. 7.18 2. Postea Boserup stellam invenit eandem, atque admonuit, Satellitem Veneris esse infra hanc stellam. Hinc Rœdkiær machina parallactica sequentem fecit observationem.
Stella supra observatah 22 58 1l
Satelles_ 22 58 30
Distantia Satellitis micrometro machine parallacticæ determinata 21.66, quod facit in minutis. 3. Postea a Rœdkiær determinata distantia Satell. à Venere
in rectasc24" temp.
in declin.28:84 4


1 Transit of “ Pegasi Collum.”
2 From 18 measures of the diameter of the Sun during the transit of Venus, June 6, 1761, assuming the Solar Radius = 958".42 (Leverrier, Annales, VI., p. 39) I find 1p = 69".23 and accordingly the observed distance = 497".0
3 Full stop in MS., and a new line. The distance is 25' 0".
4 Equal to 33' 17".
  Le 5 aout 1761. Immédiatement après cette observation 1, Rœdkiær observait une certaine étoile à l'instrument équatorial. Il tenait cette étoile pour le satellite de Vénus.
Venush. 22 40 41
étoile_  22 40 46
Il trouvait la distance de l'étoile au limbe supérieur de Vénus d'environ 7.18 2. Ensuite Boserup trouva la même étoile et remontra que le satellite de Vénus était sous cette étoile. Rœdkiær fit cette observation suivante à l'instrument équatorial.
étoile vue plus hauth 22 58 1l
Satellite_ 22 58 30
Distance du satellite mesurée au micromètre de l'instrument équatorial 21.66, donc en minutes. 3. Donc distance du satellite à Vénus trouvée par Rœdkiær
en ascension droite24 s
en déclinaison28:84 4

1 Transit du "cou de Pégase"
2 D'après 18 mesures du diamètre solaire pendant le transit de Venus, le 6 Juin 1761, supposant rayon solaire = 958".42 (Leverrier, Annales, VI., p. 39) je trouve 1p = 69".23 et repectivement distance observée = 497".0
3 Fin de ligne dans le manuscrit. la distance est 25' 0".
4 Egal à 33' 17".
Note: Rœdkiær n'indique pas l'heure de l'observation. Si on se base sur la distance de l'étoile à Vénus qui serait, d'apès Schjellerup, de 497", elle correspond assez bien à l'étoile 64 Ori. Dans ce cas, pour qu'elle ait 5 s d'avance sur Vénus en ascension droite, il faudrait que l'observation ait eu lieu à 1H 20 mn TU, soit 2H 10, en temps local de Copenhague. Mais alors Vénus n'était qu'à 3° au dessus de l'horizon. Cette étoile de 6e magnitude, figure dans le catalogue de Tycho-Brahé, danois lui aussi, mais qui, bien que ne disposant pas de télescope, était surement plus compétent que Rœdkiær.

sur Stellarium

sur le catalogue de Tycho Brahé
La position de l'étoile en H, mn et s, n'est pas la même dans les deux observations, ce qui nous apprend que la valeur donnée n'est pas l'ascension droite, mais un angle horaire. La situation se complique quand Boserup prétend trouver le satellite sous cette étoile, et que Rœdkiær lui trouve 19 s d'avance sur l'étoile. Il y a bien sous 64 Ori, une petite étoile qui a 17 s d'avance en ascension droite, mais elle est de 11e magnitude, et même de 12e, en tenant compte de l'absorption atmosphérique. De plus, la suite est incohérente car la distance entre le supposé satellite et Vénus est inférieure à la différence des déclinaisons, alors que cela devrait être l'inverse, l'hypoténuse étant toujours plus grand que les autres cotés.
  1761 d. 8 Augusti. Rœdkiær h. 2 matut. iterum vidit Satellitem Veneris, et machina parallactica observavit.
Satellesh. 23 23 31
Ven. limb. sequ._  23 23 40

Distantiam a Veneris limbo inferiore determinavit
12:92
13:50
_____
26:42 1

1 Equal to 80’ 9”.
  Le 8 aout 1761, Rœdkiær à 2 H du matin, vit de nouveau le satellite de Vénus et l'observa à l'instrument équatorial.
Satelliteh. 23 23 31
limbe de Vénus_  23 23 40
Il mesura la distance au limbe inférieur de Vénus
12:92
13:50
_____
26:42 1

1 égal à 80’ 9”.
Note: Rœdkiær n'indique pas l'heure exacte, ni la position du satellite par rapport à Vénus. Nous savons tout de même qu'il est sous Vénus, puiqu'on se réfère au limbe inférieur, qu'il précède Vénus de 9 s en ascension droite, et qu'il en est éloigné de 26:42 unités qui valent 69.23" d'après un calcul précédent de Schjellerup. La distance est alors de 30.5' si les unités sont centésimales, et de 30.8' si elle sont sexagésimales. Or à 31' de Vénus, et avec 5 s d'ascension droite d'avance, se trouvait l'étoile 71 Ori, de magnitude 5.20, qui est donc encore une fois ce que Rœdkiær a pris pour le satellite de Vénus.
  1761 d. 12 Augusti. Hora l mat. Rœdkiær Venerem orientem observavit et Satellitem ejus iterum invenit infra Venerem ad dextram situm fere eodem in loco, ubi prima vice eum observabat. Situm ejus accuratius determinare nubes impediebant.   Le 12 aout 1761, à 1 H du matin, Rœdkiær observait Venus se levant, et découvrit de nouveau son satellite sous Vénus, à droite, pressque au même endroit où il l'avait d'abord observé. Des nuages empêchaient de déterminer sa position plus précisément.
Note: A Copenhague, Vénus se levait à 0H 39. Au dessus d'elle tronait l'étoile ν Gém, de 5e magnitude.
  1761 d. 13 Augusti. Hora l matutina Rœdkiær observavit Venerem, et invenit in parte inferiori tubi lumen quoddam debile ad dextram Veneris, sel nubes Venerem subinde occultantes observationes ulteriores impedivere.   Le 13 aout 1761, à 1 H du matin, Rœdkiær observait Venus, et trouva dans le bas du champ de la lunette, une lumière assez faible à droite de Vénus, mais des nuages cachant progressiment Vénus empéchèrent des observations ultérieures.
Note: Vers 1 H, Vénus se trouvait à un peu plus de 2° sur l'horizon, et à droite d'elle l'étoile HIP 31249 de magnitude 7.95, réduite à la magnitude 11.6. Cette étoile était donc difficile à voir et aurait du lui paraitre à gauche de Vénus dans sa lunette. Mais on ignore de quel instrument Rœdkiær s'est servi.
  1761 d. 29 Augusti, A.M. Per hanc noctem Venerem observavit Rœdkiær, sed Satellitem detegere non potuit.   Le 29 aout 1761. Cette nuit Rœdkiær observa Vénus, mais ne put découvrir le satellite.
  1761 d. 24 Novembris. A.M. Rœdkiær Venerem observabat tubo 17' et 7', sed Satellitem non inveniebat.   Le 24 novembre 1761. Rœdkiær observait Vénus avec les lunettes de 17 pieds et de 7 pieds, mais ne trouvait pas le satellite.
  1761 d. 1 Decembris. Venerem observabat, sed Satellitem non invenit [Rœdkiær].

  Le 1 décembre 1761. Il observait Vénus, mais ne trouva pas le satellite [Rœdkiær]

Peder Roedkiaer remit le couvert en 1764. Voici ses observation de cette année là.

  1764 d. 3 Martii. Hora 6 pomeridiana Roedkier Venerem observans ejus detegebat Satellitem. Vitro utebatur objectivo utrinque convexo 9 1/2 pedum, oculari 3 pollicum. Phasis ejus prorsus erat similis Ven. scilicet globosa, ita ut diameter maxima esset verticalis in ambobus. Distabat in tubo ad sinistram Veneris 3/4 diametri Veneris. Centrum Satellitis in eodem cum centro Veneris erat parallelo, magnitudo fere 1/4 diametri Veneris.   1764 le 3 mars, à 6 H de l'après midi, Roedkiaer découvrit le satellite en observant Vénus. Il employait un objectif à lentille biconvexe de 9 1/2 pieds et un oculaire de 3 pouces. Sa phase était absolument comme Vénus, c'est à dire gibbeuse, en sorte que son plus grand diamètre était vertical dans les deux cas. Dans la lunette il était distant de Vénus de 3/4 de diamètre de Vénus sur la gauche. Le centre du satellite était au même moment parallèle au centre de Vénus, sa grandeur d'environ le 1/4 du diamètre de Vénus.
Note: Rodkiaer utilisait une lentille biconvexe, donc non achromatique, de 114 pouces de foyer (2.90 m) avec un oculaire de 3 pouces, d'où un grossissement de 38 fois. La résolution d'une lunette non achromatique de 2.9 m de foyer doit être de 4", au mieux, et le diamètre angulaire de Vénus était de 12" ce soir là. Comme le satellite était prétendument 4 fois plus petit, son diamètre angulaire était de 3", inférieur à la résolution de la lunette. Comme Fontana, Roedkiaer décrivait une phase qu'il ne pouvait voir...
A droite, ce qu'il aurait vu...

1/2 distance d'observation pour voir l'image de droite à l'échelle
  1764 d. 4 Martii Iterum hac vespera horâ itidem 6tâ Roedkiaer videbat Satellitem Veneris. Distantia ejus ad sinistram erat 1/2 diametri Veneris. Centrum ejus cum centro Veneris angulum faciebat semirectum plus minus: altius in tubo apparebat quam Veneris centrum. Phasin ejus etiam optime distinguere potuit Veneri conformem: usus est partim eodem vitro objectivo quo heri, partim objectivo menisco 14 pedum cum oculari 3 pollicum. Configurationes d. 3 & 4 Martii tales erant :
Configuratio d. 3 Martii  Configuratio d. 4 Martii
Satell. o O VenusSatell. o
               O Venus.
  N.B. Ita Satelles et Venus in tubo apparuere. Satellitem fuisse præsertim exinde patet, tam Veneris quam Satellitis diametrum notabiliter (tubo usus 14 pedum præ tubo 9 1/2 pedum) amplificari, quod de nulla fixa valet.

  1764 le 4 mars, de nouveau Roedkiaer vit le satellite de Vénus à cette même 6e heure du soir. Sa distance était de 1/2 diamètre de Vénus à gauche. Son centre faisait avec le centre de Vénus la moitié d'un angle droit environ: Dans la lunette il paraissait plus haut que le centre de Vénus. Il put encore très bien distinguer sa phase semblable à celle de Vénus. Il utilisa, partie le même objectif qu'hier, partie un objectif ménisque de 14 pieds avec un oculaire de 3 pouces. Les configurations des 3 et 4 mars étaient telles:
Configuration 3 Mars  Configuration 4 Mars
Satellite  o O VenusSatellite o
                   O Venus.
N.B. Le satellite et Vénus apparurent ainsi dans la lunette. Il est évident que le satellite a été surtout de là, le diamètre tant de Vénus que du satellite notablement agrandi (la lunette de 14 pieds fut utilisée en comparaison de la lunette de 9 1/2 pieds), puiqu'il ne vaut rien d'établi.
Note: la dernière phrase n'est pas claire. Rœdkiær utilisait une lunette de 168 pouces avec un oculaire de 3 pouces, donc un grossissement de 56. La lunette avec ménisque étant toujours non achromatique, sa résolution devait être de 3.5", au mieux. La encore Rœdkiær ne pouvait distinguer aucune phase. Le diamètre apparent de Vénus étant alors de 12.2", la distance à Vénus eut été de 6.1", et de moins de 6', vue dans l'oculaire, mais l'irradiation gène alors beaucoup l'observation d'un astre faible. On remarque qu'Uranus se trouvait alors sous Vénus, à 16.6', mais la position ne correspond pas du tout. Si Rœdkiær l'avait remarqué (et il aurait pu), il aurait été l'un des précurseurs de la découverte d'Uranus. D'autre part on ne trouve pas d'étoile au voisinage de Vénus à ce moment là. Il reste possible qu'il ne s'agissait que d'un reflet de l'image de Vénus, et c'est encore accorder beaucoup de respect à Rœdkiær, car il se pourrait bien que le satellite n'existait que dans sa tête.
  1764 d. 9 Martii. Horâ 6 1/2 vespertina Satelles Veneris visus est a P. H.,1 Boserup and Roedkier. Ob defectum necessariorum apparatuum situm Satellitis atque distantiam ejus a Venere observationibus determinare non potui. In tubis videbatur supra Venerem ad dextran, ita ut ex meo judicio faceret cum verticali Veneris circa 30°. Distantia a Venere erat 1 1/4 vel 1 1/2 diam. Veneris. Satelles Veneris erat perquam parvus ita ut vix 1/6 diam. Veneris excederet.2
1) Peter Horrebow, Jr., son of Prof. Peter Horrebow, Römer’s disciple, and brother to Chr. Horrebow. He was for some Years first assistant at the Observatory, until his brother's death in 1776, He died in 1812.
2) This evening the “ satellite” was observed through two telescopes, one of 9 1/2 feet and one of 6 feet focal length. P. Horrebow also thought he saw it with the quadrant, which had a tube of 3 feet only, but he was not certain (Trans. R. Dan. Soc. IX. p. 400)
  Le 9 mars 1764. A 6H 1/2 du soir, le satellite de Vénus fut vu par P. H.,1 Boserup et Roedkier. A cause de la défaillance de l'équipement nécessaire, je ne pus déterminer par les observations la position du satellite et sa distance à Vénus. Dans la lunette, on le voyait au dessus de Vénus à droite, de sorte que, selon mon jugement, il faisait environ 30° avec la verticale à Vénus. La distance à Vénus était 1 1/4 ou 1 1/2 diamètre de Vénus. Le satellite de Vénus était extrèmement petit, en sorte qu'il n'excédait pas 1/6 du diamètre de Vénus.
1) Peter Horrebow, Jr., fils du Profeseur Peter Horrebow, disciple de Römer, et frère de Christian Horrebow. il fut pendant quelques années premier assistant à l'observatoire, jusqu'à la mort de son frère en 1776. Il mourut en 1812.
2) Ce soir là, le "satellite" fut observé avec deux télescopes, un de 9 1/2 pieds, et un de 6 pieds de distance focale. P. Horrebow pensait aussi qu'il le vit avec le quadrant, dont le tube ne fait que 3 pieds, mais il n'en est pas certain.
Note: Stellarium ne trouve aucune étoile à la position indiquée. Remarquons tout de même que le diamètre apparent du satellite n'aurait fait que 2", c'est à dire moins que la résolurion des instruments. Et le fait d'avoit utilisé deux télescopes n'élimine pas l'hypothèse du reflet, si le même oculaire a été utilisé dans les deux cas.
  1764 d. 10 Martii. Hora 6 vespertina videbamus tubo 9 1/2 ped. ad dextram Veneris lumen quoddam, an vero Satelles Veneris esset, nec ne? C. et P. Horrebow affirmare non audent. Lumen istud faciebat cum verticali Veneris 45°. Roedkier autem credebat, se Satellitem Veneris vidisse eodem tubo 9 1/2 ped., in quo applicuerat duo filamenta sese ad angulum rectum secantia, et observabat sequentem transitum Veneris et Satellitis—
h.556 13 Satelles ad horizontale,
 56 14 Limb. superior Ven. ad idem,
 56 18 Limb. inferior Ven. ad idem,
 56 31 Limbus anteced. Ven. ad verticale,
 56 35 Limbus sequens Ven. ad idem,
 56 36 Satelles ad idem filam.
Hora 7 1/4 vespertina lumen istud plane disparebat.
  Le 10 mars 1764, à 6H du soir, nous voyions à droite de Vénus, avec la lunette de 9 1/2 pieds, une certaine lumière, était ce le satellite de Vénus, ou non?. Christian et Peder Horrebow n'ose l'affirmer. Cette lumière faisait 45° avec la verticale de Vénus. Roedkier croyait au contraire avoir vu le satellite de Vénus avec la même lunette de 9 1/2 pieds, dans laquelle il mit deux fils se coupant à angle droit, et observait les transits suivant de Vénus et du satellite-
h.556 13 Satellite à l'horizontale
 56 14 Limbe superieur Venus idem
 56 18 Limbe inferieur Venus idem
 56 31 Limbe anterieur Venus à la verticale
 56 35 Limbe postérieur Venus idem
 56 36 Satellite ad idem filam.
A 7H 1/4 du soir, cette lumière disparut complètement.
Note: On peut s'étonner de ce que le limbe de Vénus, qui ne faisait que 12", mette 4 s pour traverser le fil. Avec Stellarium, il faudrait que le limbe fasse 32", et donc pour 12", le limbe a du traverser en 1.5 s. Le satellite qui se trouvait à droite est cependant passé sur le réticule après Vénus. L'image était donc renversée et le supposé satellite se trouvait donc à quelques secondes d'arc à gauche et au dessous de Vénus. On ne trouve pas d'étoile à quelques secondes d'arc de Vénus, et il est bizarre que la lumière ait disparu à 19H 15, alors qu'elle se trouvait encore à plus de 14° de l'horizon.
  1764 d. 11 Martii. Hac vesperâ ab hora 5 3/4 ad horam 7 videbamus omnes tubo 9 1/2 ped. lumen quoddam debile ad dextram Veneris circa 30 grad. supra horizontalem Veneris. Hoc lumen colore Veneri (non stellulis fixis quae simul in tubo apparebant) simile erat, quamobrem omnes credidimus, quod Satelles Veneris esset. Multis modis tentatum est, an lumen fictitium esset, quod in tubo apparuit, sed contrarium deprehensum est.1 Colore simile erat illi lumini, quod P. H. d. 9 Martii apparuit, sed multo minus erat. Distabat fere a Venere 1 vel 0 3/4 diam. Veneris. Hora 7 disparebat.
1) In his report to the R. Society of Sciences Prof. Horrebow states that he looked at Jupiter and Saturn the same evening and saw them both well and without any false images. He also moved the telescope about while observing Venus, but the relative positions of Venus and the satellite remained unchanged. This was also the case while he let Venus pass through the entire field of view, and even when Venus was outside the field the satellite was visible (l.c. p. 402_3).
  Le 11 mars 1764. Ce soir de 5H 3/4 à 7H nous voyions tous dans la lunette de 9 1/2 pieds une certaine faible lumière à droite de Vénus à environ 30° au dessus de l'horizontale. Cette lumière était semblable à Vénus par sa couleur (pas les petites étoiles fixes qui apparaissaient en même temps dans la lunette), pour quelle raison nous crumes tous que c'était le satellite de Vénus. De nombreuses manière on vérifia, que cette lumière était peut être artificielle, du fait qu'elle apparut dans la lunette, mais le contraire fit reconnu.1 La couleur était identique à la lumière qui se montra à P.H. le 9 mars, mais beaucoup moins vive. Elle était éloignée de Vénus de 1 ou 3/4 du diamètre de Vénus. A 7 H elle disparut.
1) Dans son rapport à la Société royale des Sciences,le professeur Horrebow allègue qu'il regarda Jupiter et Saturne le même soir et les vit bien toutes les deux et sans fausses images. Il déplaça aussi le télescope tout en observant Vénus, mais les positions relatives de Vénus et du satellite sont restées inchangées. C'était également le cas lorsqu'il laissait Vénus traverser tout le champ de vision, et même lorsque Vénus était en dehors du champ, le satellite était visible.
Note: Il y avait quelques petites étoiles dans le voisinage, mais aucune à moins d'un diamètre de Vénus. L'argument de la contre expérience avec Jupiter et Saturne ne réfute pas le reflet de l'image de Vénus, car elle est beaucoup plus lumineuse que celle de Jupiter. Là encore, il est étrange, si c'était un astre, qu'il ait disparu à 19H, à une hauteur sur l'horizon de plus de 17°. Mais si c'était un reflet de l'image de Vénus, il n'aurait pas du rester visible quand Vénus était en dehors du champ, et n'aurait pas du non plus disparaitre à 19H.
  1764 d. 12 Martii. Hac vesperà Satelles Veneris non visus est, licet iisdem tubis usi simus ac antea. Aér tamen serenus erat; ita ut minimas stellas in tubo cum Venere videremus.   Le 12 mars 1764. Ce soir là, le satellite de Vénus ne fut pas vu, quoiqu'on ait utilisé la même lunette plate qu'avant. L'air était cependant serein, en sorte que nous vimes les plus petites étoiles avec Vénus.
(Schjellerup, On some hitherto unknown Observations of a supposed Satellite of Vénus, Copernicus, an International Journal of Astronomy, Dublin, 1882, p.164)

On remarque que toutes les tentatives d'observation sont mentionnées, les succès comme les échecs. Rœdkiær a fait 15 tentatives d'observation du satellite en 1761, et 5 en 1764.
Sur 12 observations du satellite de Vénus:
- deux fois, les autres observateurs ne virent rien.
- quatre fois, on est sûr qu'il s'agissait d'une étoile
- une fois, c'était peut-être une étoile, mais des nuages vinrent le cacher.
- deux fois l'observateur prétendit décrire une phase quand l'astre était plus petit que la résolution de l'instrument.
- une fois le diamètre fut estimé alors qu'il était plus petit que la résolution de l'instrument.
- deux fois l'astre a disparu en plein ciel, alors qu'il était encore loin de devoir s'éteindre par l'absorption atmosphérique.

C'est dire la confiance qu'on peut accorder aux observations faites à Copenhague. Bien que pour certaines d'entre elles, on ne sait pas très bien ce qui a été observé, il est probable qu'il ne s'agissait pas d'un astre, et certain qu'il ne s'agissait pas du satellite de Vénus, auquel ces messieurs semblaient croire.

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Dernière mise à jour: 29/10/2020