1844 William Henry Smyth hésite à exclure le satellite.
William Henry Smyth |
Celestial Objects |
William Henry Smyth (1788-1865), s'engagea dans la marine marchande à l'age de 14 ans. Son navire, acheté par la royal navy, devenu un navire de guerre, il servit sur divers batiment, pendant les guerres Napoléoniennes. Lieutenant en 1813, puis commandant en 1815, il quitta la Royal-Navy en 1846, puis atteint dans la réserve le grade de contre-amiral en 1853, de vice-amiral en 1858, et d'amiral en 1863. Et attention, si l'amiral Nelson a sa statue à Trafalgar square, l'amiral Smyth, lui, à droit à une mer lunaire à son nom!
Car il s'intéressa à l'astronomie après avoir rencontré l'astronome Piazzi à Palerme en 1817, et fonda son propre observatoire en 1825.
Parmi ses publications, une des plus connues est A Cycle of Celestial Objects, de 1844, où, dans le premier tome, se trouve un passage sur le satellite de Vénus.
The question as to whether Venus has a satellite or not, has been warmly and widely contested: no such attendant seems to have been undeniably detected, but to the present moment it cannot be demonstrated that it is not in existence. The satellite of an inferior planet, especially if it were very small, would be extremely difficult to find, for when the primary is nearest to the earth, and circumstances are most favourable for its discovery in other respects, the dark side would be turned toward us. Besides Baudouin, Rodkier, and other astronomers, Cassini and Short, two exact observers, were positive as to having perceived a satellite; and, from the published details, Lambert has given a very consistent theory of its action. But it has been pronounced, and that rather dogmatically, that the observers must have been deceived by stray light, ghosts, false images, or other optical illusions of imperfect telescopes; and that opinion is grounded upon the fact, of no secondary body being seen when Venus traversed the solar disc. Yet this, though a strong point, is not admitted by Lambert, and even if it were, would be scarcely conclusive: for in different countries, and with different eyes and means, that optical illusion must have been truly marvellous which could pervade the minutely detailed observations of Cassini in 1672 and 1686, of Short in 1740, and M. Montaigne in 1761*. The contested satellite is, perhaps, extremely minute, while some parts of its body may be less capable of reflecting light than others; and when the splendour of its primary, and our inconvenient station for watching it, are considered, it must be conceded that, however slight the hope may be, the search ought not to be relinquished.
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La question de savoir si Vénus possède ou non un satellite a été chaudement et largement contestée: aucun compagnon de ce type ne semble avoir été indéniablement détecté, mais à l'heure actuelle, il ne peut être démontré qu'il n'existe pas. Le satellite d'une planète inférieure, surtout s'il était très petit, serait extrêmement difficile à trouver, car lorsque la planète est la plus proche de la terre et que les circonstances sont les plus favorables à sa découverte à d'autres égards, le côté obscur serait tourné vers nous. Outre Baudouin, Rodkier et d'autres astronomes, Cassini et Short, deux observateurs exacts, étaient convaincus d'avoir aperçu un satellite; et, à partir des détails publiés, Lambert a donné une théorie très cohérente de son mouvement. Mais il a été déclaré, et cela de façon assez dogmatique, que les observateurs ont dû être trompés par la lumière parasite, les fantômes, les fausses images ou d'autres illusions d'optique de télescopes imparfaits; et cette opinion est fondée sur le fait qu'aucun corps secondaire ne fut vu lorsque Vénus a traversé le disque solaire. Pourtant, ce point, bien que fort, n'est pas admis par Lambert, et même s'il l'était, ne serait guère concluant: car dans différents pays, et avec des yeux et des moyens différents, cette illusion d'optique a dû être vraiment merveilleuse qui pourrait pervertir les observations minutieusement détaillées de Cassini en 1672 et 1686, de Short en 1740 et de M. Montaigne en 1761 *. Le satellite contesté est peut-être extrêmement minuscule, tandis que certaines parties de son corps peuvent être moins capables de réfléchir la lumière que d'autres; et quand on considère la splendeur de sa planète , et notre position incommode pour l'observer, il faut admettre que, si faible que soit l'espoir, la recherche ne doit pas être abandonnée.
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Note: Smyth se retranche derrière l'autorité de Cassini et de Short, en oubliant que si illusion il y eut, elle fut tout de même rarissime. Il attribue la même autorité à Montaigne, qui ne fut qu'un amateur de la société d'agriculture de Limoges, dont la lunette ne lui permettait pas d'observer la phase qu'il décrivait, et qui n'a vu, en fait, que des étoiles (ce que Smyth ne pouvait pas savoir). Si le satellite était minuscule, il n'aurait pas été vu par Cassini et Short comme ayant presque la taille de la lune.
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* Sir David Brewster says that “ Mr. Wargentin had in his possession a good achromatic telescope, which always showed Venus with such a satellite, and the deception was discovered hy turning the telescope about its axis.” This, however, must be a mere pleasantry, for it is impossible that the accurate observers cited could have been deceived through so gross a neglect. Cassini employed a 34-foot refractor, at epochs with fourteen years between them, and Short used two reflectors, to the second of which he applied three different eye-pieces, magnifying 60, 140, and 240 times.
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* Sir David Brewster dit que "M. Wargentin avait en sa possession un bon télescope achromatique, qui montrait toujours Vénus avec un tel satellite, et la tromperie a été découverte en tournant le télescope autour de son axe." Ceci, cependant, doit être une simple plaisanterie, car il est impossible que les observateurs précis cités aient pu être trompés par une négligence aussi grossière. Cassini a utilisé un réfracteur de 34 pieds, à des époques espacées de quatorze ans, et Short a utilisé deux réflecteurs, au second desquels il a appliqué trois oculaires différents, grossissant 60, 140 et 240 fois.
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(Captain William Henry Smyth, A Cycle of Celestial Objects, London, 1844, p. 109-110)
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L'amiral Smyth (encore capitaine à l'époque), semble se raccrocher à un brin d'herbe, pour ne pas avoir à jeter le satellite à la poubelle. Comme Gregory, il imagine une faible réflectivité du satellite, mais puisque Cassini a pu l'observer distinctement, le satellite devrait quand même être périodiquement visible. Et puisqu'il lui a trouvé une taille similaire à celle de la lune, il n'y a pas à le supposer minuscule. Quant à Lambert, il s'est révélé incompétent en calculant une orbite qui aurait attribué à Vénus une masse invraisemblable.
Vraiment, Smyth semblait y tenir sentimentalement beaucoup à ce satellite.
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