1668. André Tacquet croit plus Fontana que Riccioli.

livre
Opera mathematica
Tacquet
André Tacquet
Le père Jésuite André Tacquet, (1612 - 1660), fut un mathématicien de renom. Outre la philosophie et la théologie, il étudia les mathématiques, la physique et la logique à l'université de Louvain. Puis il étudia à l'école de Mathématiques d'Anvers. Entré da,s la Compagnie de Jésus en 1629, il fut ordonné prêtre en 1643, et enseigna à Louvain en 1644. Ses livres, surtout consacrés à la géométrie sur la base des travaux d'Archimède furent utiilisés comme manuel scolaires à travers toute l'Europe. Mais il fut aussi un des pionniers du calcul infinitésimal.
Dans ses posthumes Opera mathematica, il consacre plusieurs livres à l'astronomie, mais il en parle en théoricien et en mathématicien, et pas du tout en observateur.

Figura Veneris & Mercurii

VEnerem & Mercurium apparere modò falcatos, & gibbosos instar Lunae, modò rotundos ac plenos iam exposui lib.6.num.29. ubi ordinem modumque harum phasium declaravimus. Quibus adde observationes Francisci Fontanae eximias planè ac singulares. Is telescopio usus quod Venerem exhibebat diametro prope semipedali, eandem conspexit a cornutam, atque interiori parte semiasperam, & quasi radios evibrantem, & cum uno alterove globulo nigricante, modò intra corpus , modò extra. Fides observationi quamvis admirandae detrahenda non est, quod horum nihil Ricciolus, Grimaldus, Gassendus aliive conspexerint: id enim potuit contingere quod telescopiis minus praestantibus usi fuerint, quam Fontana, cuius in conficiendis telescopiis excellens artificium satis notum est. Quod si vera est Fontanae observatio, dicendum est Venerem instar Lunae asperam ac montosam esse. Quid verò sint nigricantes illi globuli, an maculae solarium instar, è Veneris corpore ebullientes, an cavernae, seu valles, ut in Lunâ, quarum situs fortè ob vertiginem Veneris super axe suo varietur; an comites, seu laterones, ut in & , dificile est definire donec per plures observationes novis hisce Astronomicis portentis lux amplior afferatur.

Aspects de Vénus et de Mercure

Vénus et Mercure apparaissent tantôt en faux et bossues comme la lune, tantôt rondes et pleines , comme exposé livre 6, numéro 29, où nous avons montré l'ordre et la manière de ces phases. Ajoutez y les observations absolument extraordinaires et uniques de Francesco Fontana. Celui-ci au moyen du télescope trouva Vénus d'un diamètre de presque un demi pied, il la vit cornue, et aussi escarpée dans sa partie intérieure, et lançant comme des rayons, et avec un ou un autre globule noirâtre, tantôt à l'intérieur du corps de Vénus, tantôt à l'extérieur. La confiance en cette observation, bien que merveilleuse, n'est pas à dénigrer, et pour ce que d'elles Riccioli, Grimaldi, Gassendi et d'autres ne virent rien: car il peut arriver qu'ils aient utilisé des télescopes moins performants que Fontana, dont l'excellente habileté dans la confection des télescope est bien connue. Parce que si l'observation de Fontana est vraie, on peut penser que Vénus doit être accidentée et montagneuse comme la lune. Que seraient vraiment ces globules noirâtres, peut-être comme des taches solaires, bouillonnant du corps de Vénus, peut être des cavernes, ou plutôt des vallées, comme sur la lune, dont la position varierait fortuitement à cause de la rotation de Vénus sur son axe; peut être des compagnons, ou plutôt des satellites, comme à Jupiter et Saturne, il est difficile de le déterminer jusqu'à ce que, par beaucoup de nouvelles observations, la lumière s'accroisse et nous explique ces phénomènes astronomiques.

Note: Il semble que le père Tacquet n'ait pas lu le livre de Fontana et ne se base que sur Riccioli.
(Andreae Tacquet, Opera Mathematica, Livre VII, Ch. 4, Lovanii, novembre 1668, p. 310)

Les contemporains de Fontana s'en méfiaient comme d'un hableur, et le père Tacquet semble bien le seul à croire à Fontana, à ses pompes et à ses oeuvres, faisant fi des réserves de Riccioli, pourtant Jésuite comme lui.
N'ayant pas la pratique de l'observation, il semble totalement ignorer le problème de la qualité des instruments, pourtant crucial à cette époque, et n'imagine pas qu'une mauvaise lunette montre des détails illusoires, qu'une bonne lunette ne montre pas. Au contraire, raisonnant en mathématicien, il considère que puisque Fontana voyait des choses que Riccioli et Grimaldi ne voyaient pas, c'est qu'il avait un télescope plus puissant. Puis, la réalité de ces objets étant pour lui acquise, il passe aux hypothèses sur leur nature, se comportant exactement comme un ufologue d'aujourd'hui, qui fait des hypothèses sur la propulsion des OVNI, plutôt que de s'interroger sur la réalité de leurs observations.
Il fait là preuve d'une charmante naïveté, mais on verra plus tard d'autres savants, dont surtout un mathématicien, se montrer encore plus naïfs.

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Dernière mise à jour: 25/08/2020