1876. Webb raconte son observation du satellite de Vénus.
Thomas W. Webb |
Thomas William Webb, avait déjà exposé succintement l'énigme du satellite de Vénus dans son Celestial Objects for Common Telescopes. Deux ans après le transit de Vénus de 1874, ayant constaté que ce transit avait semblé causer un regain d'intérêt pour le problème du satellite, du fait de la parution du livre du Dr Schorr, il écrivit un article dans Nature, pour traiter du sujet plus en détail
Il est bien obligé de constater la réalité des observations, mais aussi de constater la réalité de l'illusion invoquée par le père Hell, aussi va-t-il en discuter en expert, à propos des différentes observations depuis celle de Cassini jusqu'à celle d'Horrebow. Si l'aspect et la dimension des objets observés s'accordent bien avec un reflet, la compétence des observateurs et les circonstances ne s'y accordent pas. Webb rapporte même in extenso l'observation de Short, et l'explication du père Hell s'en sort mal. Mais l'abandon de l'hypothèse du reflet n'impose pas celle du satellite réel, et Webb doit encore étudier l'hypothèse de la planète Uranus, et celle des mirages atmosphériques.
Finalement, il raconte sa propre observation, faite 53 ans plus tôt, alors qu'il n'avait encore que 15 ans.
Before concluding these remarks, I may be permitted to relate something which fell under my own notice many years ago, and which may perhaps have some connection with the present subject. The observation which I am about to describe took place in the year 1823 ; it was not reduced to writing till nine years afterwards, but the
recollection of it was then very vivid and fully to be trusted ; and a small diagram of the relative position of the objects made at the time in the margin of a pocket-book of that year fixes the date to May 22. Until that evening I had never seen the planet Mercury, but finding that he was then in a favourable position I looked out for him with a little common hand-telescope (my near sightedness and the want of an eye-glass preventing me from detecting him otherwise), and soon found him low in the sunset horizon, The telescope in question had a good achromatic object-glass of 1.3 inch aperture and 14 inches focus, and was fitted with a terrestrial eye-piece, magnifying perhaps thirteen or fourteen times ; it was a favourite instrument in those early days, and I had succeeded in detecting with it several of the brighter nebulae and clusters, especially, at the extreme limit of visibility, the large nebula in Triangulum (M. 33). When I had looked at Mercury, I turned to Venus, then high in the S.W., and saw a Star, exactly resembling Mercury, or a miniature Venus, p or s p the planet, at a short distance, perhaps 20’ or 30’, and 1/3 or 1/4 of its diameter, or rather its impression on the eye, as of course with so low a power the disc of the planet could not be well made out. I had, when I wrote, a very distinct recollection of its great resemblance to Mercury. My mother, who had an excellent sight, coming into the garden, I showed her Mercury and this appearance with the glass, and she not only saw it readily, but we both believed afterwards that she perceived it without that aid. On the next evening, or more probably on the next but one, I could not find it again. As far as I can ascertain, I had in those early days no knowledge of the suspicion that had been entertained of a satellite: and I did not enter it, as in that case I should have done, in a little note-book of remarkable phenomena that I kept. Through the kindness of Mr. Lynn I have been enabled to ascertain that the star ε Geminorum was not far from the planet on that day, only about 30 1/2’ further S., which would agree very fairly
in that direction, but lying 6 1/2 m. more to the E. Independently of this discrepancy—a serious one, for I have no doubt of the p or s p position of the satellite, not only clearly remembered but shown in the little diagram—it does not seem probable that a star of 3-4 mag. should have been so conspicuous in such an instrument in the twilight. I have no note of the hour, but as Mercury had not sunk into the smoke of the town (Gloucester) in the W. horizon, it must have been comparatively early, and at that time of year the twilight is strong. It may be too hazardous under all the circumstances to include this with the other observations of the pseudo-satellite, but there seems no reason why it should pass into entire oblivion.
T. W. WEBB
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Avant de conclure ces remarques, il me sera peut-être permis de raconter quelque chose qui m'est venu à l'esprit il y a de nombreuses années et qui peut peut-être avoir un lien avec le sujet actuel. L'observation que je vais décrire a eu lieu en 1823; elle ne fut mise par écrit que neuf ans après, mais le souvenir en était alors très vif et digne de confiance; et un petit diagramme de la position relative des objets fait à l'époque dans la marge d'un livre de poche de cette année fixe la date au 22 mai. Jusqu'à ce soir-là, je n'avais jamais vu la planète Mercure, mais constatant qu'elle était alors dans une position favorable, je la recherchais avec une petite lunette d'un modèle courant (ma myopie et le manque de lunette m'empêchant de la détecter autrement), et la trouvai bientôt bas sur l'horizon du coucher du soleil. La lunette en question avait un bon objectif achromatique d'une ouverture de 1,3 pouce et une distance focale de 14 pouces, et était équipé d'un oculaire terrestre, grossissant peut-être treize ou quatorze fois; c'était un instrument de prédilection à cette époque, et j'avais réussi à détecter avec lui plusieurs des nébuleuses et amas les plus brillants, surtout, à l'extrême limite de visibilité, la grande nébuleuse du Triangle (M. 33). Quand j'eus regardé Mercure, je me suis tourné vers Vénus, alors haute dans le S-O, et j'ai vu une étoile, ressemblant exactement à Mercure, ou une Vénus miniature, p ou sp la planète, à une courte distance, peut-être 20 'ou 30', et 1/3 ou 1/4 de son diamètre, ou plutôt son impression sur l'œil, car bien sûr avec une puissance si faible le disque de la planète ne pourrait pas être bien net. J'avais, quand j'ai écrit, un souvenir très distinct de sa grande ressemblance avec Mercure. Ma mère, qui avait une excellente vue, entrant dans le jardin, je lui montrai Mercure et cette apparence avec la lunette, et non seulement elle le vit volontiers, mais nous crûmes tous les deux ensuite qu'elle l'aperçut sans cette aide. Le lendemain soir, ou plus probablement le surlendemain, je n'ai pas pu le retrouver. Autant que je sache, je n'avais, en ces premiers temps, aucune connaissance du soupçon qui avait été entretenu d'un satellite: et je ne l'ai pas noté, comme dans ce cas j'aurais dû le faire, dans un petit carnet de notes que je tenais des phénomènes remarquables. Grâce à la gentillesse de M. Lynn, j'ai pu constater que l'étoile ε Geminorum n'était pas loin de la planète ce jour-là, seulement environ 30 1/2 'plus au S., ce qui s'accorderait très bien avec cette direction, mais se trouvant 6 1/2 m. plus à l'E. Indépendamment de cette divergence - sérieuse, car je n'ai aucun doute sur la position p ou sp du satellite, non seulement clairement mémorisée mais montrée dans le petit diagramme - il ne semble pas probable qu'une étoile de mag. 3-4 aurait été si visible dans un tel instrument au crépuscule. Je n'ai pas de note de l'heure, mais comme Mercure ne s'était pas enfoncé dans la brume de la ville (Gloucester) à l'horizon Ouest, il devait être relativement tôt, et à cette époque de l'année, le crépuscule est fort. Il peut être trop dangereux dans toutes les circonstances de l'inclure dans les autres observations du pseudo-satellite, mais il ne semble pas y avoir de raison pour que cela passe dans l'oubli total.
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( T.W.Webb, THE SATELLITE OF VENUS, Nature, June 29 1876, p. 193 )
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Cette observation, intéressante parce qu'elle en rappelle d'autres, souffre d'un gros défaut: elle n'a pas été mise immédiatement par écrit, mais seulement neuf ans plus tard, l'article étant écrit 53 ans plus tard! Et les protestations de Webb sur l'incrustation de ce phénomène dans sa mémoire n'y changeront rien. Elles prouvent simplement que Webb croit fermement que son souvenir est exact.
Une reconstition de Stellarium pour le 22 mai 1823 à Gloucester montre que pour que ε Geminorum et Mercure soient clairement visible, il devait être en 20H 50 et 21H 50 TU. Mebsuta (ε Geminorum) était, le 22, au nord-est de Vénus, et le 23, plus proche de Vénus et au sud-ouest. Le surlendemain elle était trop loin de Vénus pour être visible dans le champ de l'instrument utilisé. Il n'y a pas de raison de douter que Mebsuta puisse être visible dans le crépuscule puisqu'il l'observait avec un instrument qui lui faisait gagner trois magnitudes et demi, donc paraissait dans l'oculaire de magnitude zéro, comme Véga. Mais puisque Mebsuta était visible dans son oculaire, si satellite de Vénus il y avait eu, il aurait du voir, outre Vénus, deux astres, et non un seul. Comme il n'en a vu qu'un, c'est donc bien Mebsuta qu'il a vu.
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