1990 J-M Bonnet Bidaud et C. Gry découvrent Sirius
1991. Jean-Marc Bonnet-Bidaud et Cécile Gry expliquent leur découverte de Sima Quian.
L'article s'inscrit dans une démarche de recherche des derniers mystères de Sirius, et de sa légendaire couleur rouge à d'éventuels compagnons inconnus. Si Sirius B est bien connu, un hypothétique Sirius C, avait été soupçonné par Flammarion en 1882 (on le retrouve dans la prétendue cosmogonie des Dogons).
Parallèlement, l'un des auteurs a découvert, en Chine, le texte de Sima Qian, pourtant disponible en français dès 1899. Ne semblant en avoir lu qu'un passage, il va l'interpréter à sa guise.
J-M Bonnet Bidaud |
For more than hundred years and again in the recent years a dispute has been going on, as to whether or not Sirius, now recognized to be a binary system containing a white dwarf, has been red sometime in the relatively recent past. Several authors (see Brecher 1979; Schlosser & Bergmann 1985) maintain that a good number of ancient texts of Babylonian, Graeco-Roman, or medieval authors contain the evidence that Sirius was a red star; while others (Tang 1986; van Gent 1984; McCluskey 1987) argue that in most sources, the “evidence” originates from mistranslations or misidentification of the star. Probably one of the most reliable references is that of Ptolemy (150 AD), who classified Sirius as “hipokkiros” (reddish) among stars like Arcturus, Aldebaran, Pollux, Antares and Betelgeuse which all have (B-V)s higher than 1 (for the discussion of the Greek and Latin texts, see T. See 1926).
Depuis plus de cent ans et encore au cours des dernières années, une polémique a eu lieu, si oui ou non Sirius, maintenant reconnu comme un système binaire contenant une naine blanche, a été rouge dans un passé relativement récent. Plusieurs auteurs (voir Brecher, 1979; Schlosser & Bergmann, 1985) soutiennent qu'un bon nombre de textes anciens d'auteurs médiévaux, grecs, romains ou babyloniens contiennent la preuve que Sirius était une étoile rouge; Tandis que d'autres (Tang 1986; van Gent 1984; McCluskey, 1987) soutiennent que, dans la plupart des sources, la «preuve» provient de mauvaises interprétations ou de mauvaise identification de l'étoile. Probablement l'une des références les plus fiables est celle de Ptolémée (150 AD), qui a classé Sirius comme "hipokkiros" (rouge) parmi les étoiles comme Arcturus, Aldebaran, Pollux, Antarès et Bételgeuse qui ont tous (BV )s supérieur à 1 (pour la discussion des textes grecs et latins, voir T. See 1926).
Note: La référence à T. J. J. See annonce la couleur: c'est le rouge.
Cécile Gry |
First we note that several Chinese records, such as those from Sima Qian’s “Historical records” (Shiji) (van Gent 1984; Tang 1986) or from Ma Xu & Lisheng (van Gent 1984), all referring to Sirius as a white star, have been quoted recently in the literature to challenge the reality of the colour change. Surprisingly, one very important piece of information has been ignored so far in the same Han dynasty history book (Shiji) of the historian and astronomer Sima Qian (145 B.C.-87 B.C.). We recall that Sima Qian is famous for having collected all historical and scientific materials available at his time after the burning of the books ordered by the emperor Qin Shihuangdi in 213 BC; therefore making it possible to trace Chinese history and science back to a much earlier date.
Tout d'abord, nous notons que plusieurs enregistrements chinois, tels que ceux des "Histoires historiques" de Sima Qian (Shiji) (van Gent 1984; Tang 1986) ou de Ma Xu & Lisheng (van Gent 1984), tous se référant à Sirius comme une étoile blanche, ont été cités récemment dans la littérature pour contester la réalité du changement de couleur. Étonnamment, une information très importante a été ignorée à ce jour dans le même livre d'histoire de la dynastie des Han (Shiji) de l'historien et de l'astronome Sima Qian (145 B.C.-87 a.c.). Nous rappelons que Sima Qian est célèbre pour avoir recueilli tous les documents historiques et scientifiques disponibles à son époque après l'incendie des livres commandés par l'empereur Qin Shihuangdi en 213 avant JC; Ce qui permet de retracer l'histoire et la science chinoises à une date bien antérieure.
Note: Cette information n'a pas du tout été ignorée. Elle a été relevée par Hugh M. Johnson en 1961 et par Heck et Manfroid en 1986.
The information is contained in the “Book of Heavenly Bodies" (Tian guan shu, Chap. 27 of Shiji) and was discovered during the stay of one of us in China. The record is shown and translated in Fig. 1. According to the use at that time, the astronomical observation is followed by astrological predictions.
L'information est contenue dans le "Livre des corps célestes" (Tian Guan Shu, chap. 27 de Shiji) et a été découverte pendant le séjour de l'un de nous en Chine. Le texte est montré et traduit à la figure 1. Selon l'usage de l'époque, l'observation astronomique est suivie de prédictions astrologiques.
Note: Il ne s'agit pas d'une observation astronomique, mais d'un pronostic lié à la météorologie.
Fig. 1. (left) The chinese record taken from the Han dynasty ( ~ 100 BC) history book called “Shiji” (Historical Records) compiled by Sima Qian. The text is from the Chap. 27, “Tian guan shu” (Book of Heavenly Bodies). The paragraph concerning Sirius is in large heavy characters in the right and left columns and should be read from top to bottom and right to left. It translates literally as:
“At East/ there is/ bis/ star/ called/ Wolf/
Wolf/ horn/ changes/ colour/ , /many/ thieves/ robbers"
Wolf is the chinese name for Sirius. The term “horn” (jiao) suggests some asymmetry in the aspect of Sirius at that time. This document is extracted from the Qing-ding-si-ku-quan-shu (ed. Zhong Hua Shu Ju 1959/9)
Fig. 1. (à gauche) La chronique chinoise tiré du livre d'histoire de la dynastie Han (~ 100 avant JC) intitulé «Shiji» (Historical Records) compilé par Sima Qian. Le texte provient du chap. 27, "Tian guan shu" (Livre des corps célestes). Le paragraphe concernant Sirius est en gros caractères lourds dans les colonnes droite et gauche et doit être lu de haut en bas et de droite à gauche. Il se traduit littéralement par:
"À l'Est / il y a / bis / étoile / appelé / le loup /
La corne du loup / change / de couleur, beaucoup de / vols / voleurs"
Le loup est le nom chinois de Sirius. Le terme "corne" (jiao) suggère une certaine asymétrie dans l'aspect de Sirius à cette époque. Ce document est extrait du Qing-ding-si-ku-quan-shu (ed. Zhong Hua Shu Ju 1959/9)
Note: On voit mal comment une étoile ponctuelle pourrait être asymétrique, mais on peut imaginer que "la corne" représente en fait les petites aigrettes, que les astres brillants comme Vénus, forment sur notre rétine. Une autre explication est que le loup désigne ici la constellation et que la corne désigne l'étoile.
Although we do not claim to have found the right explanation, we have shown that it is possible to find external causes to the transient red colour of the system Sirius A-B. These causes invoke either the presence of a small isolated Bok globule crossing in front of the system, or the existence of a third body in the system, which in the circumstances would be at least close to the stellar mass limit, corresponding to the brown dwarfs.
Bien que nous ne prétendons pas avoir trouvé la bonne explication, nous avons montré qu'il est possible de trouver des causes externes à la couleur rouge transitoire du système Sirius A-B. Ces causes invoquent soit la présence d'un petit globule de Bok isolé passant devant le système, soit l'existence d'un troisième corps dans le système qui, dans les circonstances, serait au moins proche de la limite de masse stellaire, correspondant aux naines brunes.
Note: Nous pouvons exclure le globule de Bok qui aurait créé un affaiblissement jamais observé de l'éclat de Sirius. Quant au compagnon hypothétique, Jean-Marc Bonnet Bidaud finira par le considérer comme très improbable.
( J.M Bonnet-Bidaud and C. Gry, The stellar field in the vicinity of Sirius and the color enigma, Astronomy and Astrophysics 252, 193-197, 1991)
1991. Ciel & Espace résume la "découverte" de Jean-Marc Bonnet-Bidaud et Cécile Gry.
SIRIUS LA ROUSSE ?
D'une blancheur éclatante qui domine aujourd'hui le ciel hivernal, Sirius, du Grand Chien, pourrait bien avoir été l'une des plus belles étoiles rouges de l'Antiquité. Des textes babyloniens, gréco-romains et médiévaux l'indiquaient; mais la récente découverte en Chine d'un texte de l'historien et astronome Sima Qian (145-87 av. J.-C.) le confirme: Il y a 2000 ans des variations de couleur de l'étoile y étaient visibles.
Note: Elles le sont toujours, puisqu'il ne s'agit jamais que de la scintillation multicolore de Sirius.
J.-M. Bonnet-Bidaud et C. Gry, les astronomes français auteurs de cette découverte, considèrent qu'une minuscule nébuleuse opaque, un « globule de Bok », masquant momentanément Sirius, a pu atténuer et rougir la lumière qui nous en parvenait.
Note: Mais Ptolémée dit bien que Sirius est l'étoile la plus brillante du ciel, donc que sa lumière ne fut pas atténuée.
(Ciel et Espace, n° 254, janvier 1991 )
1992. Jean-Marc Bonnet-Bidaud et Cécile Gry exposent leur découverte en français.
L'ÉNIGME DE LA COULEUR DE SIRIUS.
DES TEXTES ANCIENS MIS AU JOUR SUGGÈRENT UN CHANGEMENT DE COULEUR DE L'ÉTOILE SIRIUS. PLUSIEURS SCÉNARIOS TENTENT D'EXPLIQUER LE PHENOMENE.
Note: D'abord, il n'y a plus d'énigme depuis longtemps. Ensuite les textes anciens dont il est question sont disponibles en français depuis 1899, et ne suggèrent rien d'autre que la scintillation en couleurs de Sirius, que tout le monde peut constater.
Dans plusieurs traités anciens d’astronomie, remontant aux environs du début de l’ère chrétienne, Sirius est décrite comme une étoile rouge alors que, de nos jours, elle brille d’un bel éclat blanc-bleu.
Note: C'est faux. Le seul texte ancien parlant d'une rouleur rouge est une satire d'Horace, qui n'est vraiment pas un traité d'astronomie, et le seul vrai traité d'astronomie est l'Almageste de Ptolémée qui décrit Sirius comme un peu jaunâtre.
un des premiers textes faisant état d'une couleur rouge de Sirius est peut-étre le plus renommé. Il s’agit du traité du célèbre astronome grec Ptolémée (150 ap. J.-C.) qui, traduit par les astronomes arabes, nous est parvenu sous le nom d’Almageste. Dans ce texte, Ptolémée établit une liste des six principales étoiles rouges (« hypokirros »): Aldébaran, Arcturus, Antarès, Bételgeuse, Pollux et... Sirius.
Note: Combien de fois faudra-t-il répéter que « hypokirros » ne signifie pas rouge?.
Des textes antérieurs d’auteurs latins tel que Sénèque (70 av. J .-C.), Horace ou Cicéron désignent également Sirius sous des termes comme « rubra » ou « rutilo »
Note: Sénèque, né vers l'an 4 avant notre ère, ne risquait pas d'écrire quoique ce soit soixante-dix ans auparavant. Quant aux mots « rubra » ou « rutilo » Schiaparelli avait expliqué dès 1896, que les anciens latins les utilisaient pour parler de la brillance et non de la couleur.
W. Schlosser et W. Bergmann, de l’université de Bochum, en Allemagne, viennent d’attirer l’attention sur un manuscrit médiéval conservé a la bibliothéque de Bamberg et contenant des fragments du De cursu stellarum ratio attribué à l’évéque Grégoire de Tours (538-593 ap. J .-C.). Dans ce texte, totalement indépendant des sources
classiques et bien sûr arabes, une étoile est mentionnée comme « rubeola » ou robeola », couleur « rouille ». Selon Schlosser et Bergmann il s’agit bien de Sirius, méme si l’identification reste controversée.
Note: Elle est plus que controversée: elle est démontrée fausse. Comment peut-on utiliser des arguments connus comme faux, dans une revue se voulant sérieuse comme La Recherche?.
Nous avons nous-mêmes eu l’occasion, lors d’un séjour en Chine, de rechercher les passages concernant Sirius dans les chroniques chinoises anciennes, notamment dans l’un des principaux textes de référence, Les Mémoires historiques (Shiji) de l’historien-astronome Sima Qian (145-87 av. J.-C.). Ce vaste traité, reconstitué après l’incendie de tous les livres ordonné par le premier empereur chinois, Qin Shi-huangdi, représente une compilation de l’ensemble des connaissances scientifiques et historiques chinoises couvrant les époques antérieures, et est loin d’avoir été totalement analysé.
Note: En tous cas, ce traité a été traduit en français par Edouard Chavannes, en 1899.
Fig. 1 Î Cliquez Î |
Dans le chapitre 27, « Chroniques des officiers célestes » (Tianguanshu), Sirius est à plusieurs reprises décrite comme une étoile blanche, en accord avec sa couleur actuelle, ce qui semble contredire les textes grecs et latins contemporains. Mais nous avons découvert un autre passage, resté jusqu’ici inaperçu où, cas unique, une référence explicite est faite à un changement de couleur (fig. 1). Même si aucune date ne peut être déterminée, la coïncidence paraît suffisamment troublante.
Note: ce passage n'était pas passé inaperçu de Hugh M. Johnson, qui le cite en 1961, ni de Heck et Manfroid, qui le citent en 1986. Et si aucune date ne peut être déterminée, c'est tout simplement parce que ce passage ne décrit pas un évènement passé, mais un pronostic, lié à la météorologie, comme les anciens en faisaient beaucoup.
(LA RECHERCHE, n° 239, janvier 1992, p. 105-107 )
Note: Après un tel étalage d'erreurs, il nous faut bien distribuer un bonnet d'âne. Mais à Qui? à J.-M. Bonnet-Bidaud? à C. Gry?.
Faute de savoir qui a écrit quoi, le bonnet d'âne reste en suspens. ??
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