1985. Schlosser & Bergmann évoquent Grégoire de Tours


Wolfhard Schlosser
In antiquity, Sirius was considered generally as a red star. A well-known case is Ptolemy’s reference to Sirius as ‘reddish’ in his Almagest. Other classical authors, including Cicero, Horace and Seneca, concur with this opinion. Less well known is the fact that the Romans sacrificed red-coated dogs to Sirius at the time of its heliacal rise.
Dans l'Antiquité, Sirius était généralement considéré comme une étoile rouge. Un cas bien connu est la référence de Ptolémée à Sirius comme «rougeâtre» dans son Almageste. D'autres auteurs classiques, dont Cicéron, Horace et Sénèque, sont d'accord avec cette opinion. Moins connu est le fait que les Romains ont sacrifié des chiens roux à Sirius au moment de son lever héliaque
Note: Quel ramassis de légendes! Ptolémée n'a jamais dit que Sirius était rougeâtre, Horace et Sénèque parlait de son lever héliaque, et le sacrifice d'une chienne rousse se référait à la maladie de la rouille, et non au lever héliaque de Sirius.
We have now found new information about the Red Sirius while analysing Gregory of Tours’ ‘De cursu stellarum ratio’.
Nous avons maintenant trouvé de nouvelles informations sur Sirius Rouge en analysant Grégoire de Tours ‘De cursu stellarum ratio
In this merovingian text, Sirius is easily identified by its rise-times and times of visibility. It is called ‘stella splendida’, the only case in the manuscript where this attribute of highest luminosity is given. Its proper name is ‘Rubeola’ or ‘Robeola’, meaning ‘red’ or ‘rusty’.
Dans ce texte mérovingien, Sirius est facilement identifié par ses heures d'apparition et sa durée de visibilité. On l'appelle «stella splendida», le seul cas dans le manuscrit où cet attribut de la plus haute luminosité est donné. Son nom propre est 'Rubeola' ou 'Robeola', signifiant 'rouge' ou 'rouillé'
Note: nous avons vu dans le dossier de Grégoire de Tours, qu'au contraire la période de visibilité excluait Sirius et indiquait Arcturus.
This new and seemingly independent evidence for the red colour of Sirius in the past suggests that there might indeed have been an astrophysical transformation of the Sirius A/ B system during the past two millennia.

Cette nouvelle et apparemment indépendante preuve de la couleur rouge de Sirius dans le passé suggère qu'il pourrait y avoir eu une transformation astrophysique du système Sirius A / B au cours des deux derniers millénaires.
Note: Si cela était vrai, Sirius aurait été rouge du temps de Grégoire de Tours, et blanche du temps d'Al Sufi, c'est à dire qu'elle aurait changé de couleur en quatre siècles, mais nous avons vu qu'il n'y a rien de vrai dans la légende de la rougeur de Sirius.
(W. Schlosser & W. Bergmann, An early medieval account on the red color of Sirius, Nature, 7 novembre 1985, p. 45 )
Et un bonnet d'âne, non, deux bonnets d'âne, pour Messieurs Schlosser et Bergmann, qui ne savent pas de quoi ils parlent.
 

1986. Science & Vie entérine les âneries la "découverte" de Schlosser et Bergmann.

Science & Vie 822
QUAND SIRIUS ÉTAIT ROUGE
Pourquoi donc plusieurs textes de l’antiquité, babyloniens, grecs et romains, qualifient donc Sirius de “rouge” ?
  Des historiens de l’astronomie ont expliqué cela par le fait que Sirius avait souvent été observée près de l'horizon, et une étoile observée trés près de l'horizon paraît toujours plus rouge qu’elle n’est réellement, tout comme le Soleil à son lever ou à son coucher.
  Mais deux astonomes (sic) allemands, Schlosser et Bergmann, de l’université de Bochum (RFA) ne sont pas de cet avis.
  Ils ont retrouvé un manuscrit de Grégoire de Tours datant du VIe siècle (Nature, n° 6041, pages 45-46), qui ne se rattache pas à la tradition classique (on n’y trouve pas les noms romains des étoiles brillantes); son but est de donner des instructions aux monastéres en vue d’organiser les prières nocturnes (à cette époque, il n’y avait pas d’horloges !). Et Sirius y est qualifiée de “rouge” (rubeola) et de “très brillante” (Stella splendida).
Note: Ce manuscrit est connu depuis des siècles, et l'identification des étoiles aussi. Ce n'est pas Sirius qui est mentionnée, mais Arcturus, et rouge se traduirait par "rubra", "rubeola" se traduirait mieux par "rougeaude".
  L’explication classique par l’absorption atmosphérique ne tient pas pour le VIe siécle, malgré la précession des équinoxes: dans le ciel de Rome, Sirius ne restait que quelques minutes prés de l’horizon, quelques minutes sur plus de dix heures où cette étoile était visible.
Note: Qu'est ce que Rome vient faire dans cette histoire? Les observations sont valables pour Tours. Et ce passage montre une ignorance totale du phénomène du "lever héliaque", qui, de toute éternité, n'a jamais duré que quelques minutes, la précession des équinoxes n'ayant rien à y voir.
  Donc, si Grégoire de Tours répétait d‘une façon indépendante les observations babyloniennes et romaines classiques, on peut naturellement supposer que toutes ces observations reflétaient la réalité: Sirius était bien rouge.

Note: Mais Grégoire de Tours ne répétait rien du tout, et ce qu'on peut naturellement supposer, c'est que Schlosser et Bergmann sont deux ânes.
Cependant, le journaliste, qui n'est pas astronome, et qui n'a pas lu le texte de Grégoire de Tours, ne peut pas le savoir. Il est obligé de faire confiance à la publication de deux scientifiques dans la prestigieuse revue Nature.

( Science & Vie , n°822, mars 1986, p. 58)

Dernière mise à jour: 02/10/2018

Accueil Sciences Astronomie Erreurs Sirius