2000 FACTEUR X concourt pour la plus grosse connerie
Facteur X n° 88 |
Sortie en 1997, la revue bimensuelle Facteur X, (X Factor en Angleterre), concocté par Marshall Cavendish, prétendait informer sur toutes les facettes du paranormal.
En fait ce n'était pas la première fois, qu'il s'éditait une revue bourrée de rêveries liées au paranormal, à l'insolite, ou à l'occultisme, loin de là. Des revues comme "Le Grand Albert ou Nostradamus, avaient montré le chemin dès le début des années 70
Il n'y avait pas non plus de nouveauté à employer un format du genre A4, ni a utiliser des illustrations en couleur. La revue Inexpliqué l'avait fait dès 1981.
En fait, Facteur X tentait de surfer sur le succès de la série télévisée "X-Files", où s'illustraient les agents Mulder et Scully, difusée aux États Unis dès 1993, et en France, en 1994. Et cette utilisation du paranormal à la télévision n'était pas nouvelle non plus, puisque la télévision française avait sorti La brigade des maléfices, dès 1971.
Enfin, il n'y avait pas de nouveauté non plus à publier des énormités, tendant à prouver qu'on se moque du lecteur, puisque Nostradamus le faisait déjà 25 ans auparavant.
Cette image mélange la reproduction colorisée d'une gravure montrant un phénomène parhélique au XVIe siècle, et la représentation supposée d'une tête de "cagot". Ces "cagots" ou "chrestians" auraient été, selon l'article, des extraterrestres débarqués sur notre Terre du temps de Charlemagne.
Peu d’événements étaient susceptibles d’étonner l’homme de l’époque médiévale car il survivait alors à grand-peine. Lorsqu’il avait résisté aux hivers rigoureux, aux guerres féodales et aux fléaux, il acceptait sans trop se formaliser les incursions de l’irréel ou du fantastique dans le réel. D'ailleurs, la frontière était floue entre l'imaginaire et le vécu et les phénomènes étranges pouvaient communément être acceptés comme des signes d'une autre réalité. L'Église elle-même saisissait les esprits en évoquant la présence immanente du malin et en décrivant les forces obscures de démons immatériels. La mort faisait partie du quaotidien et chacun se savait continuellement menacé.
Note: Brrr... La nuit du moyen age dans toute son horreur.
Seul cet aspect de la pensée médiévale peut expliquer que, en l’an 800, sous le règne des Carolingiens, les habitants de la vieille ville de Lyon n’aient pas été choqués de l’apparition de surprenants objets descendants du ciel. Les Lyonnais franchirent les portes fortifiées de la ville et gagnèrent avec force cris les champs où venaient de se poser les vaisseaux. Ils furent rapidement encerclés, puis un grand silence se fit lorsque le premier pilote sortît de l’engin.
Note: Ce passage semble s'inspirer du texte de Guy Breton.
Comme les citadins ne comprenaient rien à son langage inconnu, il fut décidé sans autre forme de procès de s’emparer de ces êtres. Les pilotes venus du ciel furent immédiatement cloués sur des planches et confiés au courant de la Saône et du Rhône. Ainsi, pensait-on châtier ces étranges visiteurs qui « venaient sur Terre pour abîmer les récoltes par le fracas de leurs terribles engins volants ».
Note: On lit ici la classique confusion entre les passagers d'un vaisseau volant et les prétendus empoisonneurs de boeufs, qui furent effectivement jetés dans le fleuve. Mais reconnaissons que l'auteur vient de réussir à inventer un nouveau détail: le fracas de leurs terribles engins volants n'apparaissait jusqu'ici nulle part dans la légende des magoniens débarqués à Lyon. Ce fracas est d'ailleurs atypique en ufologie où les engins sont quasiment toujours silencieux. On peut penser que l'auteur veut dire que les lyonnais de l'époque prenaient le grondement de l'orage pour le fracas d'engins volants, mais l'ennui, c'est qu'à l'époque personne n'imaginait des engins volants, et surtout bruyants.
Pas mal, n'est-ce-pas? Mais voici mieux!:
Complément d’enquête
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DES EXTRATERRESTRES DÉBARQUENT EN FRANCE
Dans les Chroniques, un manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale signé de l’archevêque de Lyon Agobard (779-840), on trouve la description de scènes dignes d’un véritable scénario de science-fiction contemporain: Agobard raconte comment sa cité fut soudainement envahie en l’an 800 par « des créatures voguant sur des navires aériens ». La population pensa immédiatement qu’il s’agissait là des « tempestaires », une armée envoyée par leur voisin Grimoald du pays de Magonie, afin d’abîmer les récoltes par les bruits et les vibrations extraordinaires de ses vaisseaux.
C’est donc en toute bonne foi que les Lyonnais firent subir les pires supplices aux « aériens » qu’ils interceptèrent à la descente de leurs engins. Après quoi, ils les clouèrent, vivants ou morts, sur des planches assemblées en forme de croix et les jetèrent dans le Rhône et la Saône. Le but de ces étranges sacrifices était d’en faire des exemples pour qu’ils soient vus de leurs coreligionnaires restés dans les airs et que ce châtiment collectif soit assez dissuasif. Ce fut bien le cas, car, au bout de quelques jours de massacre d’un grand nombre de ces étranges conducteurs d’aéronefs, l’invasion cessa.
Comme le mentionne Agobard, « ces gens ne comprenaient absolument rien à notre langage. Lorsqu’on leur demandait, sous la torture ou les coups, s’ils étaient sorciers, ils acquiesçaient d’un hochement de tête quel que soit le ton avec lequel on leur parlait. Par une fatalité inconcevable, ces malheureux poussaient la folie jusqu’à convenir qu’ils étaient sorciers ».
Dubitatif car il sentait que cette incompréhension de tout langage et cette différence de caractéristiques physiques cachaient autre chose de plus irrationnel qu’une simple attaque de voisins gourmands aux visées expansionnistes, l’archevêque usa de son influence pour faire libérer « deux hommes et une femme », capturés à la sortie de leur astronef. Pendant ce temps, Charlemagne émit des édits interdisant de troubler les airs et d’engendrer des tempêtes « par des moyens magiques » ! Ces tempêtes n’étant perçues que comme des troubles atmosphériques systématiquement engendrés par la mouvance des fameuses machines volantes à leur approche du sol.
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Note: Bravo! Dans le concours des plus grosses conneries, c'est mieux que Guy Breton, qui n'avait pas réussi à éviter que son texte contienne cinq mots de vrai: "trois hommes et une femme". Ici c'est « deux hommes et une femme », et il n'y a donc plus rien de vrai.
Pour le reste, Agobard n'a pas écrit de "Chroniques", la scène qu'il décrit ne s'est pas passée en l'an 800, il n'a pas décrit d'invasion, ni de navires aériens. Les lyonnais ne croyaient pas que les occupants des prétendus vaisseaux fussent des tempestaires, ni qu'il aient été envoyés par Grimoald, ni que ce Grimoald habite en Magonie, ni que ses prétendus vaisseaux soient animés de vibrations extraordinaires. Ils ne firent pas subir les pire supplices aux occupants descendus de leurs engins, ne les clouèrent pas sur des planches en forme de croix, et ne cherchaient pas à impressionner des coreligionnaires restés dans les airs. Les prétendus occupants ne convinrent pas qu'ils étaient sorciers, et l'archevèue ne pensait pas à quelque chose de plus irrationnel que des voisins gourmands. Charlemagne n'émit pas d'édits interdisant de troubler les airs à l'aide de machines volantes.
Encore bravo! C'est la totale!
SOURCE: Facteur X n° 88, septembre 2000, p. 2442-2443
Remarques:
Nous avons vu que l'auteur semble s'être inspiré des magistrales âneries de Guy Breton. Il pourrait bien s'être inspiré aussi de l'article de Gilbert Fouzon paru dans Nostradamus en 1972. Il faut reconnaitre que ces sources allaient très loin dans l'exploitation de la connerie humaine.
Mais allons encore plus loin (ou descendons toujours plus bas). La sagesse des nations nous apprend qu'un sot trouve toujours un plus sot que lui qui l'admire. Et voici ce que nous avons trouvé à propos de cet article:
Mais, cette fois nous disons, Chapeau bas, aux auteurs de ce n° 88, qui deviendra désormais historique, autant que le journal L'Aurore du 13 Janvier 1898, qui a publié, on le sait, l' article intitulé "J'accuse", du grand écrivain Émile Zola, pendant la terrible affaire Dreyfus.
SOURCE: ARTivision
Hé oui, on croit toujours avoir touché le fond, mais il y a toujours plus profond...
Dernière mise à jour: 12/01/2019
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