L'étoile des mages était elle une conjonction d'astres?

Une conjonction, c'est simplement le rapprochement extrème de deux astres sur la voute célestes. Il y a même occultation du plus éloigné quand l'alignement de la terre et des deux astres est rigoureux. C'est souvent le cas avec la lune
On observe aussi des rapprochemnts avec une étoile, ou des rapprochements de trois planètes. Il y eut même un rapprochement exceptionnel de quatre planètes, mais dont personne n'a tenu compte.
Ces rapprochements ont toujours eu une signification pour les astrologues, et comme les mages étaient supposés être des astrologues, il était facile de soupconner que l'étoile des mages fut, en fait, une conjonction d'astre.

Noël 1603, Képler observe une merveilleuse conjonction

Kepler, peinture d'époque
Jean Képler
Accidit igitur pulchro quodam casu, ut hoc ipso mane, quo dies sacer Christo natalitius illuxit, tres Planetae Saturnus, Iupiter & Mercurius in forma trianguli dispositi, in clarae aurorae lumine apparerent. Itaque si qui forte ad coelum attenderunt; iis haec apparitio procul dubio de incipiente Trigono igneo validam fidem fecit.
...
Fuit autem hodierno mane dispositio planetarum ista:

Alors il arriva un certain heureux évènement, que ce matin même, où se leva le jour sacré anniversaire du Christ, trois planètes, Saturne, Jupiter et Mercure, disposées en forme de triangle, apparurent dans la lumière resplendissante de l'aurore. Et donc, s'il en est qui qui observèrent le ciel fortuitement, cette apparition leur fit sans doute la forte impression d'un trigone igné en voie de formation.
Note: En langage astrologique, un trigone igné est la figure dessinée par trois astres formant un triangle pointe en haut.
...
En effet, cette disposition des planètes eut lieu aujourd'hui au matin:

(Johannis Keppleri, De stella nova in pede serpentarii, Pragae 1606, p 46)


reconstitution par Stellarium

Il faut reconnaitre que quand on est Chrétien, et qu'on s'y connait en astrologie, cette conjonction trinitaire le jour anniversaire de la naissance du Christ peut bien laisser songeur.

1843, Johann Repomuk Sepp en pleine réverie

Johann Repomuk Sepp, fils d'un tanneur de Bad Tölz, Bavière, étudia la philosophie et la théologie catholique, le droit, la philologie et l'histoire. Disciple de Görres, professeur et mélé à la vie politique bavaroise, il était connu pour son interprétation très personnelle de l'histoire. Das Leben Christi (La vie du Christ) en est un exemple.


Johann Repomuk Sepp
Chronologie ist in ihrem wesentlichsten Theile nur angewandte Astronomie: sofort haben wir auch diese in's Gebiet unserer Untersuchung gezogen, uud auf astronomischem Wege den Stern des Messias aufgesucht und seine Zeit erkundet. Es hat sich ausgewiesen, und Kepler ist zuerst als Beobachter aufgestanden, dem dann die übrigen, von der Entdeckung freudig überrascht, in einstimmigem Zeugnisse ihren Beifall zugerufen: der Stein der Weisen war kein Comet, kein schwirrend Meteor; er ist die große Constellation, „der große Stern" der Orientalen, die dreimalige Conjunktion der beiden größten oberen Planeten Saturn und Jupiter im Zeichen der Fische, eingetreten im Jahre 747 römischer Zeitrechnung, und zwar im Wonnemonat, im Ärntemonat, und endlich zum drittenmale im Christmonat um Weihnachten und auf Epiphanie, verbunden zugleich mit einem seltsamen Lichtgestirn von siisternühnlichem Glanze, dem Ausfluß jener merkwürdigen Constellation. Als dann Mars, schon dem Widderpunkte nahe, und hierauf noch die Sonne, Merkur und Venus im Feuertrigone hinzugekommen: da war bis in den Mai 748 eine Combination fast aller Planeten am Himmel eingetreten, ein bedeutungsvolles Siebengestirn, eine glänzende Pleiade bildend;
(Johann Repomuk Sepp, Das Leben Christi, Regensburg 1843, tome 1, page 39)
La chronologie n'est dans sa partie essentielle que l'astronomie appliquée : c‘est pour cela que nous avons consulté celle-ci, et cherché par des calculs astronomiques à bien connaître l'étoile du Messie et l‘époque de son apparition. Ces recherches nous ont conduit à cette conclusion : que l'étoile des mages n'était ni une comète ni un météore égaré dans les cieux. mais qu'elle était la grande constellation, la grande étoile des Orientaux, la triple conjonction dans le signe des Poissons des deux plus grandes planètes, Jupiter et Saturne; que ces trois conjonctions ont eu lieu l'an de Rome 747, la première dans le mois de mai, la seconde dans le mois d'août, et la troisième dans le mois de décembre vers Noël et l'Épiphanie que cette triple conjonction a été accompagnée de l‘apparition d'un corps lumineux extraordinaire, ayant un éclat semblable à celui des étoiles fixes, et que ce corps lumineux était le résultat de cette constellation si remarquable. Puis Mars, déjà près du signe du Bélier, et après lui le Soleil, Mercure et Vénus étant venus a leur tour dans le trigone de feu, il en résulta dans le mois de mai 748 une combinaison de presque toutes les planètes au ciel, formant en quelque sorte un seul corps composé de sept corps lumineux et une pléiade brillant d'un éclat extraordinaire et mystérieux.
(Dr. Sepp, La vie de N.S. Jesus-Christ, trad. Charles Sainte-Foi, 2ème.éd. tome 1, 1861, page 91)
Note: Au départ, ça s'annonce sérieux, puis on dérive vers l'apparition d'un corps lumineux apparu comme par miracle, et enfin on arrive à une délirante fantasmagorie, qui montre bien que l'auteur ne se représente pas visuellement ce dont il parle.
Mais qu'à cela ne tienne, Stellarium va le faire à sa place.


 
A gauche, le rassemblement des sept astres invoqué par Sepp, au printemps de l'an 6 AC, à droite, ce qu'on voyait en réalité.

1910, l'abbé Moreux ne croit pas à la conjonction

L'abbé Moreux, vulgarisateur dont les anciens se rappellent avec nostalgie, étant à la fois prètre et astronome, ne pouvait pas rester sans rien dire sur l'étoile des mages. Et l'hypothèse de Képler va en patir.

L'étoile de Bethléem
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l'abbé Moreux
  Jésus donc étant né en Bethléem de Juda, aux jours du roi Hérode, voilà que des Mages vinrent d'Orient à Jérusalem, en disant : Où est celui qui est né roi des Juifs, « car nous avons vu son étoile en Orient » et nous sommes venus l'adorer.   Le roi Hérode ayant appris cela, en fut troublé et tout Jérusalem avec lui. Alors. ayant appelé secrètemeut les Mages, il s'enquit soiqneusement auprès d'eux « du temps où l'etoile leur était apparue ».
  Ayant entendu les paroles du roi, ils partirent. « Et voilà que l'étoile qu'ils avaient vue en Orient les précédait jusqu'à ce que, venant au-dessus du lieu où était l'Enfant, elle s'y arrëta. Voyant l'étoile ». ils se réjouirent d'une « très grande joie ». Et entrant dans la maison. ils trouvèrent l'Enfant avec Marie, sa Mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent.

    (S. Math., chap. II, v. 1-12.)

  Quelle est donc l'étoile dont parle en ces termes saint Mathieu au commencement de son Evangile ? Bien des fois la question a été posée, et la fête de Noël nous invite, cette année encore, à aborder un sujet que n'ont pas dédaigné les plus grands astronomes. Kepler, cherchant la solution de ce problème, croyait à une conjonction de planètes.
  D'après ses calculs, il est certain qu'au mois de mai de l'an 7 avant l'ère chrétienne, peu de temps, par conséquent, avant l'époque supposée de la naissance de Notre-Seigneur, Jupiter et Saturne se trouvèrent très près l'un de l'autre dans la constellation des Poissons. La même conjonction eut lieu le 3 septembre et le 5 décembre de la même année. Etait-ce semblable phénomène que les Mages auraient pris pour l'étoile annonçant la naissance du Christ ?

  Examinons l'hypothèse. Tout d'abord une conjonction de planètes ne dure jamais bien longtemps or, quand celle dont parle Kepler se -produisit, les Mages étaient en Orient, c'est-à-dire dans les régions de l'Arabie, de la Perse, ou mieux de la Médie, donc à 1000 ou 1 500 kilomètres de Jérusalem, et il fallait un temps notable pour franchir une si longue distance. II y a là une première objection sérieuse.
Note: En fait le problème n'est pas là. Une conjonction serrée ne dure que quelques heures, mais celle de Jupiter et Saturne durèrent plusieurs jours. On ignore où se seraient trouvés les mages, et donc le temps qu'ils auraient mis à venir à Jérusalem. Mais l'important est que les Mages auraient dit "nous avons vu son étoile à son lever" (ce qu'on appelle un "lever héliaque". Ils l'ont donc vu au moins une fois, mais ne disent pas qu'ils l'ont suivi.
  Cette conjonction, que mentionne Képler, nous avons actuellement, mieux qu'autrefois, les moyens de la préciser.
  Eh bien, son étude ne nous conduit pas à des résultats très brillants. Jamais les deux astres ne se sont assez rapprochés dans le ciel pour qu'on pût les confondre avec une étoile unique; ils ont toujours été séparés par un intervalle égal à deux fois le diamètre de la Lune, si bien qu'il faudrait admettre que les Mages étaient tous atteints d'une forte myopie pour confondre ce phénomène céleste avec une étoile nouvelle.

Note: C'est vrai, mais "étoile" est à prendre dans un sens plus général. Une comète était aussi appelée étoile, et il faut plutôt comprendre "phénomène céleste", même si celui invoqué par Képler n'est pas le bon.
(La Croix, 24 décembre 1910, page 1)

1955, le livre d'Urantia sait mieux que Matthieu ce qui s'est passé

122:8.7 These wise men saw no star to guide them to Bethlehem. The beautiful legend of the star of Bethlehem originated in this way: Jesus was born August 21 at noon, 7 B.C. On May 29, 7 B.C., there occurred an extraordinary conjunction of Jupiter and Saturn in the constellation of Pisces. And it is a remarkable astronomic fact that similar conjunctions occurred on September 29 and December 5 of the same year. Upon the basis of these extraordinary but wholly natural events the well-meaning zealots of the succeeding generation constructed the appealing legend of the star of Bethlehem and the adoring Magi led thereby to the manger, where they beheld and worshiped the newborn babe.
122:8.7 Ces mages ne virent pas d'étoile pour les guider vers Nethléem. La belle légende de l'étoile de Bethléem est née comme suit: Jésus est né le 21 Août de l'an 7 avant notre ère, à midi. le 29 mai de l'an 7 avant notre ère, il arriva une extraordinaite conjonction de Jupiter et de Saturne dans la constellation des Poissons. Et c'était un fait astronomique remarquable que des conjonctions similaires ont eu lieu le 29 Septembre et le 5 Décembre de la même année. Sur la base de ces événements extraordinaires, mais totalement naturels, les fanatiques bien intentionnés de la génération suivante construisirent la légende attrayante de l'étoile de Bethléem et des Rois Mages en adoration conduit ainsi à la crèche, où ils virent et adorèrent la nouveau-né.
Note: Bien que l'auteur reconstruise ici l'histoire à sa guise, il a réussi à dire quelque chose de vrai. L'histoire des mages conduits par l'étoile n'est effectivement qu'une légende. Malheureusement la naissance de Jésus le 21 aout en est une autre (sans compter toutes les fables qui parsèment le livre d'Urantia).
(The Urantia book, 122,8)

1979, Thierry Montmerle hésite entre triple conjonction et nova

Après avoir cité l'évangile de Matthieu, et rappelé les évènements contemporains, l'auteur essaye de trouver une correspondance astronomique, sans exclure la possibilité d’un mythe

   L'astre est vu semble-t-il deux fois: une fois à leur départ, sans doute de Mésopotamie, et une autre fois au moment où ils se mettent en route pour Bethléem, vraisemblablement quelques mois plus tard. Cependant, ni Hérode, ni les habitants de Jérusalem n’ont vu à ce moment quoi que ce soit dans le ciel.
  En termes astronomiques, on est donc conduit à rechercher l’apparition à quelques mois d'intervalle, soit d’un même phénomène répété deux fois, soit de deux phénomènes indépendants.
Note: Il s'agit forcément de deux phénomènes indépendants, le premier pouvant être un phénomène astronomique, mais pas le second.
Ces phénomènes doivent être suffisamment peu spectaculaires pour que l'homme de la rue de l'époque ne les remarque pas - à moins que le ciel n’ait été couvert ce jour - là au-dessus de Jérusalem! (Après tout, si c’était un 25 décembre...) En revanche, ils sont sans doute exceptionnels, au moins pour les mages, férus d’astrologie, familiers de l'observation du ciel, et connaissant bien sûr l’oracle de Balaam
...
  Or, il se trouve que, de - 7 à - 3, le ciel est effectivement le théâtre d‘un certain nombre de phénomènes, dont l‘apparition en séquence est, sinon exceptionnelle, du moins très rare. On trouve ainsi successivement: (2) une triple conjonction de Jupiter ou de Saturne, un triangle équilatéral formé par Mars, Jupiter et Saturne (mais sans doute invisible en raison de la proximité du disque solaire), puis deux novae (ou comètes), enfin deux conjonctions de Vénus et de Jupiter, sans compter l’éclipse de Lune précédant la mort d'Hérode.
Note: Des phénomènes astronomiques, il y en a régulièrement, et une succession de phénomènes en vaut une autre, même si les phénomènes ne sont pas les mêmes. Quant aux conjonctions de Vénus et de Jupiter, elles sont assez fréquentes, sauf pour la conjonction de l'an 2 avant notre ère, ou les deux astres parurent confondus, mais que l'auteur ne cite pas.
Il n'y a aucun évènement remarquable de -10 à -7, ni de -3 à +13 (voir tableau)
Note: Tiens donc? En réalité nous avons six conjonctions à moins de 1° en l'an 9 avant notre ère, 4 conjonctions, dont une semblant réunir les deux astres, en l'an 2 avant notre ère. Enfin la conjonction la plus rare réunit quatre planètes en l'an 1 de notre ère. Ces lacunes de documentation sont suspectes.
...
La triple conjonction de Jupiter et de Saturne, les 29 mai, 29 septembre et 4 décembre - 7, ne revenant que tous les 120 ans environ, devait être connue et prédite par les mages babyloniens et riche en significations astrologiques; Jupiter et Saturne se trouvent alors dans la constellation des Poissons, associée à lsraël.
Note: Le problème c'est qu'on ignore si les mages venaient de Perse, de Chaldée, d'Arabie, ou d'Iturée. On ignore donc à quoi était associé la constellation des poissons dans leur système.
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L'identification de cet événement avec l'astre de Bethléem avait la faveur de Johannes Kepler qui avait pu personnellement en observer un semblable en 1603.
...
Mais Kepler ne savait pas que, à l'autre bout de la Terre, des mandarins chinois guettaient avec attention l'apparition de tous les astres nouveaux, et ce, depuis alors plus de deux mille ans! Leurs observations sont consignées dans diverses chroniques, et le père Foucquet. missionnaire en Chine, découvrit, sans doute en 1729 dans le «Chhien Han Shu» (histoire de la Première Dynastie Han) la mention d'une «comète» apparue dans la constellation du Capricorne en mars - 5, et ayant brillé 70 jours. Pour le père Foucquet, il ne faisait aucun doute qu'il avait découvert la «vraie» étoile de Noël. Sans doute, en réalité, s’agissait-il plutôt d'une nova,
Note: cette comète de l'an 5 AC est mentionnée par plusieurs sources, et c'est vrai qu'il n'est pas sûr qu'il s'agisse bien d'une comète, car le trajet parmi les constellations n'est pas indiqué.
...
Au bout du compte, et en supposant une nouvelle fois que toute l’histoire ait un fondement, et ne soit pas, par exemple. une justification a posteriori de l'oracle de Balaam, on se trouve devant non pas une, mais deux possibilités! Ou bien Jésus nait pendant l'hiver de - 7 a - 6, sa naissance ayant été annoncée par une triple conjonction de Jupiter et de Saturne, ou bien Jésus nait en avril - 4, les Mages commençant leurs préparatifs au moment de l'apparition de la nova du Capricorne, et arrivant en Palestine au moment de celle de la «cométe» de l'Aigle.

Note: cette reconstruction est bien hasardeuse. L'astre de l'an 5 avant notre ère, ne correspond pas à la description "à son lever", et celui de l'an 4 n'est probablement qu'un bolide. Quant à la triple conjonction, elle ne suffit pas, si l'on admet que le phénomène était régulier et prédictible. Enfin, aucune de ces hypothèses n'arrive à expliquer la deuxième observation où l'étoile précédait les mages, avant de s'arréter au dessus de la maison.
(Thierry Montmerle, L'étoile de Noël, La Recherche n° 106, décembre 1979, p 1250 )
Reconnaissons que l'auteur travaille, en le sachant, dans l'hypothèse où l'histoire des mages n'est pas un mythe (alors que c'en est un), mais nous ne savons pas comment il a pu ignorer la principale conjonction de cette époque, celle de l'an 1.

1996, John N.Harris invoque la planète Uranus.

Il fallait oser invoquer la planète Uranus quand tout le monde sait qu'elle est invisible à l'oeil nu. Mais qu'à cela ne tienne, l'auteur commence par dégainer trois citations de manuels d'astronomie, affirmant la visibilité à l'oeil nu. A genoux vilains sceptiques! Puis il ajoute:
the biblical "Star of Bethlehem" has been subject to various interpretations, but in 1979, after an extensive analysis astronomer David Hughes1 concluded that the most likely candidate was a trio of Jupiter-Saturn conjunctions which took place in the constellation of Pisces in 7 BC. More recently (1995), another astronomer suggested that the phenomenon could also be explained by the double occultation of Jupiter by the moon in 6 BC. Though neither configurations remotely resemble a single "star" or planet, these detailed and otherwise scholarly treatments have been well received, but the fact that the visible major superior planet Uranus was also in Pisces during the period in question does not appear to have been given sufficient attention,
la biblique "étoile de Bethléem» a fait l'objet de diverses interprétations, mais en 1979, après une analyse approfondie l'astronome David Hughes conclu que le candidat le plus probable était un trio de conjonctions Jupiter-Saturne qui a eu lieu dans la constellation des Poissons en 7 avant notre ère.
Note: invoqué par Kepler en 1614 et réfuté par l'abbé Moreux en 1910.
Plus récemment (1995), un autre astronome suggéra que le phénomène pourrait aussi s'expliquer par la double occultation de Jupiter par la Lune en 6 avant notre ère. Bien qu'aucune configuration distante ne ressemble à une étoile ou planète unique, ces études détaillées et par ailleurs savantes ont été bien reçus, mais le fait que la grosse planète supérieure visible Uranus était aussi dans les Poissons au cours de la période en question ne semble pas avoir attiré suffisamment l'attention,

L'auteur suppose alors la connaissance d'Uranus par les babyloniens, et prétend que le phénomène ayant attiré l'attention des mages, serait le lever de Saturne et d'Uranus en mars de l'an 9 AC.
Nous n'avons pas compris ce que la situation de Saturne et d'Uranus avait de particulier à cette époque là, mais nous avons tout de même demandé à Stellarium de nous reconstituer le ciel vu à Babylone, à la mi-mars. On voit le lever de Vénus (que l'auteur ne mentionne pas), on voit Saturne, mais pas Uranus. Et pour cause: Stellarium indique une magnitude de 6.27, ramenée en pratique à 8.32, à cause de la faible hauteur sur l'horizon. Rappelons que les astres de magnitude supérieure à 6 sont invisibles. Encore un auteur qui a travaillé pour rien.
(THE STAR OF BABYLON AND BETHLEHEM)

1996, Libération découvre la mécanique céleste.

Divin ovni dans le ciel de Bethléem
Selon la Nasa, Jésus ne serait pas né en l'an 5 mais en l'an 2 avant Jésus-Christ.

Enfin, la stricte vérité scientifique sur un miracle très chrétien:

l'«étoile» qui a guidé les Rois jusqu'à l'étable natale de Jésus n'est pas une étoile mais une planète, ou plutôt deux. Grâce à un logiciel de la Nasa, les astronomes ont découvert que l'«étoile» des Rois mages était la conjonction de Vénus et de Jupiter. Un événement qui s'est produit deux ans avant" Jésus-Christ

Note: Voila des siècles que les éphémérides des astronomes mentionnaient cette conjonction. Mais faire référence à la NASA, ça fait tout de suite plus sérieux, n'est ce pas?
(Libération SCIENCES, 24 décembre 1996)

1999, Martin Gardner fait le point sur l'hypothèse.

On ne présente plus Martin Gardner, a ceux dont sa chronique du Scientific American faisait les délices. Autodidacte érudit, Martin Gardner aurait pu en remontrer a bien des savants. Son érudition lui permet de faire ici un dossier assez objectif.


Martin Gardner
One of the most popular and longest lasting of natural explanations of the Star was put forth by Kepler. He suggested in a 1606 tract that the Star was actually a conjunction of Jupiter and Saturn that occurred in 7 B.C. in the constellation of Pisces the Fish. He was not the first to suggest this; the conjecture can be found in English church annals as far back as 1285, but Kepler was the first to argue the possibility at length. The constellation’s name was a happy coincidence because a fish had long been, as still is today, a symbol of the Christian church and its believers.
L'un des plus populaire et des plus durables des explications naturelles de l'étoile a été mis en avant par Kepler. Il a suggéré dans un traité de 1606 que l'étoile était en fait une conjonction de Jupiter et Saturne qui s'est produite en 7 avant notre ère dans la constellation des Poissons. Il n'était pas le premier à le suggérer; la conjecture peut être trouvé dans les annales de l'église Anglaise dès 1285, mais Kepler fut le premier à affirmer la possibilité en détail. Le nom de la constellation était une heureuse coïncidence, car un poisson a été longtemps, et encore aujourd'hui, un symbole de l'église chrétienne et de ses adeptes.

Scholars now agree that Jesus was born sometime between 4 and 8 B.C. Matthew dates the birth as in the "days of Herod". Herod is known to have died early in 4 B.C. so Jesus must have been born before then. The exact year is, of course, unknown, though it could well have been at the time of the 7 B.C. Jupiter-Saturn conjunction.
Les chercheurs sont maintenant d'accord que Jésus est né quelque part entre 4 et 8 avant notre ère. Matthieu date la naissance dans les "jours d'Hérode". Hérode est connu pour ètre décédé au début de l'an 4 avant notre ère, ainsi Jésus doit être né avant cette date. L'année exacte est, bien sûr, inconnue, mais elle pourrait bien avoir été au moment de la conjonction Jupiter-Saturne de l'an 7 avant notre ère.
Note: Les chercheurs oublient que Matthieu est seul à placer la naissance au temps d'Hérode, et que son récit étant autoréfutable, nous n'avons pas à en tenir compte.

Kepler later had doubts about his conjecture. As astronomer Roy K. Marshall points out in his booklet The Star of Bethlehem (published in 1949 by the Morehead Planetarium, at the University of North Carolina, Chapel Hill), Jupiter and Saturn, throughout the period of their proximity, were never closer together than two diameters of the Moon as it appears in the sky. In 1846 British astronomer Charles Pritchard did some careful research on the event. Because of the erratic looping paths of the two planets, as seen from Earth, there were three separate close encounters. Astronomers call it a "triple conjunction".
Kepler eut plus tard des doutes sur sa conjecture. Comme astronome Roy K. Marshall souligne dans son livret L'étoile de Bethléem (publié en 1949 par le Planétarium de Morehead, à l'Université de Caroline du Nord, Chapel Hill), Jupiter et Saturne, pendant toute la période de leur proximité, n'ont jamais été rapprochées à deux diamètres de la lune tel qu'elle apparaît dans le ciel. En 1846, l'astronome britannique Charles Pritchard fit quelques recherches soigneuses sur l'événement. A cause des trajectoires erratiques en boucle des deux planètes, vu de la Terre, il y a eu trois rencontres rapprochées distinctes. Les astronomes l'appellent une «triple conjonction".

The two giant planets were closest on May 29, October 1, and December 5. "Even with . . . the strange postulate of someone with weak eyes," Pritchard wrote, "the planets could not have appeared as one star." Marshall adds: "Only an abysmally weak pair of eyes could have ever merged them."
Les deux planètes géantes étaient au plus près, le 29 mai, le 1 Octobre et le 5 Décembre. "Même avec. . . l'étrange postulat de quelqu'un aux yeux faibles", Pritchard a écrit, "les planètes n'aurait pas pu être apparues comme une étoile". Marshall ajoute: "Seule une paire d'yeux lamentablement faible les aurait jamais fusionné".
Note: C'est ce qu'écrivait aussi l'abbé Moreux.

There are other objections to Kepler’s guess. A much closer meeting of the same two planets occurred in 66 B.C. As Arthur C. Clarke says in his entertaining essay "The Star of Bethlehem" (Chapter 4 in his collection of essays Report on Planet Three, 1972), this event "should have brought a delegation of wise men to Bethlehem sixty years too soon!"
Il y a d'autres objections à la proposition de Kepler. Une rencontre beaucoup plus proche des deux mêmes planètes a eu lieu en 66 avant notre ère. Comme Arthur C. Clarke dit dans son essai divertissant "L'étoile de Bethléem" (chapitre 4 dans son recueil d'essais Rapport sur la planète Trois, 1972), cet événement "aurait amené une délégation de sages à Bethléem 60 années trop tôt!"
Note: Cette remarque est souvent reprise, mais Clarke aurait du mieux vérifier, car c'est faux. La conjonction Jupiter-Saturne de l'an 66 ne fut pas meilleure que celle de l'an 7 (avant notre ère). Par contre, il y eut une conjonction Jupiter-Vénus le 8 février à moins de 10'. Elle était cependant nettement moins serrée que celle du 17 juin de l'an 2 avant notre ère. Clarke aurait mieux fait de remarquer la conjonction bien plus rare de l'an 1.

Each of the three conjunctions of 7 B.C. lasted only a few days, whereas Matthew has the Star guiding the wise men throughout a journey that must have taken at least several weeks. Finally, the two planets would rise and set like ordinary stars, planets, and the Sun and Moon, but Matthew describes the Star as lingering in the sky as it glided slowly toward Bethlehem. Kepler eventually decided the Star was created by God between Jupiter and Saturn when they were close together.
Chacune des trois conjonctions de l'an 7 avant notre ère n'a duré que quelques jours, alors que Matthew met l'étoile guidant les sages à travers un voyage qui doit avoir pris au moins plusieurs semaines. Enfin, les deux planètes se lèvent et comme des étoiles ordinaires, les planètes et le Soleil et la Lune, mais Matthieu décrit l'étoile comme persistant dans le ciel comme elle glissait lentement vers Bethléem. Kepler décida finalement que l'étoile avait été créé par Dieu entre Jupiter et Saturne quand elles étaient rapprochées.

Kepler’s original conjecture became popular among nineteenth century Christians, especially in Germany where the so-called "higher criticism" of the Bible favored natural causes for Biblical miracles. The 7 B.C. theory was also defended in endless popular biographies of Jesus published in Christian countries. In England the Anglican cleric Frederic W. Farrar, in his Life of Christ (1874), devotes several pages to a scholarly discussion of the 7 B.C. conjunction. Samuel J. Andrews, in The Life of Our Lord Upon the Earth (1891), an American work, also takes Kepler’s theory seriously.
La conjecture originale de Kepler est devenu populaire parmi les chrétiens du XIXe siècle, en particulier en Allemagne, où ce qu'on appelle "haute critique" de la Bible a favorisé des causes naturelles pour les miracles bibliques. La théorie sur l'an 7 a été défendue dans d'interminables biographies populaires de Jésus publiés dans les pays chrétiens. En Angleterre, le pasteur anglican Frederic W. Farrar, dans sa Vie du Christ (1874), consacre plusieurs pages à une discussion savante de la conjonction de l'an 7. Samuel J. Andrews, dans La vie de notre Seigneur sur la terre (1891), une œuvre américaine, prend également la théorie de Kepler au sérieux.

In recent years the 7 B.C. conjecture has been revived in the lengthy life of Jesus section that makes up the final third of the massive Urantia Book (1955). This bible of the Urantia movement purports to have been written entirely by supermortals who channeled the text through members of the movement to give to Urantia, the cult’s name for Earth, a new revelation destined to supersede Christianity. On page 1352 of the Urantia Book we learn that the Jupiter-Saturn encounter of May 29, 7 B.C., gave the appearance of a single star, which we know it didn't, and this accounts for what the supermortals call the "beautiful legend" that grew up about the "Star". The supermortals, or "unseen friends" as Urantians like to call them, reveal that Jesus was born at noon, August 21, 7 B.C. It is a date celebrated annually by Urantians. (For more on the bizarre Urantia movement see my book Urantia: The Great Cult Mystery, recently reprinted in paperback by Prometheus Books.)
Au cours des dernières années, la conjecture sur l'an 7 a été relancé dans la longue section sur la vie de Jésus qui fait le dernier tiers de l'énorme Livre d'Urantia (1955). Cette bible du mouvement Urantia est censé avoir été entièrement écrit par des esprits qui ont médiumnisé le texte à travers les membres du mouvement pour donner à Urantia, le nom de la secte pour la Terre, une nouvelle révélation destiné à remplacer le christianisme. À la page 1352 du Livre d'Urantia nous apprenons que la rencontre Jupiter-Saturne du 29 mai, 7 avant notre ère, a donné l'apparence d'une étoile simple, dont nous savons qu'elle n'exista pas, ce qui explique ce que les esprit appellent la "belle légende" qui a grandi sur "l'étoile". Les esprits, ou «amis invisibles» comme les Urantiens aiment à les appeler, révèlent que Jésus est né à midi, le 21 Août, 7 avant notr ère. C'est une date célébrée chaque année par Urantiens. (Pour en savoir plus sur le bizarre mouvement Urantia voir mon livre Urantia: Le Grand Mystère du Culte, récemment réédité en livre de poche par Prometheus Books)

Other planetary conjunctions in later years have been considered as possible explanations of the Star. For example, a spectacular merging of Jupiter and Venus took place on June 17, 2 B.C. The disks of the two planets actually overlapped! This candidate for the Star is defended by James De Young and James Hilton in "Star of Bethlehem" (Sky and Telescope, April 1973), and again by Roger Sinnott in "Computing the Star of Bethlehem" (Sky and Telescope, December 1986). Jupiter and Venus were last that close in 1818, and won't be again until 2065.
D'autres conjonctions planétaires dans les années suivantes ont été considérées comme des explications possibles de l'Étoile. Par exemple, une fusion spectaculaire de Jupiter et Vénus a eu lieu le 17 Juin, 2 avant notre ère. Les disques des deux planètes se chevauchaient effectivement!
Note: Plus exactement, vu de Jérusalem, et à l'oeil nu, les disques semblèrent se toucher, mais le contact apparent n'eut lieu qu'après le coucher du soleil.
Ce candidat pour l'étoile est défendue par James De Young et James Hilton dans "Star of Bethlehem" (Sky and Telescope, Avril 1973), et encore par Roger Sinnott dans "En calculant l'étoile de Bethléem" (Sky and Telescope, Décembre 1986) . Jupiter et Vénus n'étaient aussi près qu'en 1818, et ne le seront pas à nouveau avant 2065.
Note: Oui, mais ces chercheurs oublient que ce phénomène eut lieu au coucher des deux astres, alors que Matthieu dit "à son lever".
(Martin Gardner, The Star of Bethlehem)

2004, Grady Dearman démultiplie en vain les conjonctions

Sonnez cloches, résonner trompettes! grace à ses savants calculs, Grady Dearman a réussi à trouver, non seulement la date exacte de la naissance du Christ, mais encore l'heure exacte! Si!

THE DATE OF CHRIST'S BIRTH
SIX FOLD CONJUNCTION OF PLANETS

The four planets Mercury, Venus, Mars, and Jupiter were in conjunction Aug. 25-26, 2 BC. in ONE day (24 hours) they were SIX conjunctions of the four planets

LA DATE DE NAISSANCE DU CHRIST
CONJONCTION SEXTUPLE DE PLANETES

Les quatre planètes Mercure, Vénus, Mars et Jupiter furent en conjonction le 25-26 aout 2 avant notre ère. En UN jour (24 heures) il y eut SIX conjonctions des quatre planètes.

Et l'auteur de donner en détail les coordonnées des quatre planètes lors de ces six conjonctions.
The places of the four planets at the six conjunctions are given below:
(Local time at Bethlehem ... Aug. 25-26, 2BC)

NoDateTimeMERCURYVENUSMARSJUPITER
#1257:15pmLong. 142.30142.30
Lat. (-8.68)(1.04)
#2262:56am142.11142.11
(1.83)(1.13)
#3262:59am142.12142.12
(1.83)(-8.67)
#4263:02am142.12142.12
(-8.67)(1.13)
#5266:44am142.41142.41
(1.83)1.04
#6265:27pm142.50142.50
(1.13)(1.04)

Nous remarquons que trois conjonctions ont eu lieu en l'expace de quelques minutes autour de 2H 59 mn.
Alleluia! Le Christ est né lé 26 aout, 2 avant notre ère, à 2H 59 mn, heure de Bethléem!
Oui mais...
Demandons à Stellarium de nous reconstituer le ciel à Jérusalem au même instant, soit à 0H 38 TU

Catstrophe!
1) le phénomène est sous l'horizon
2) Le trio Mercure-Mars-Jupiter est trop près du soleil pour être visible.
3) Vénus est très loin du trio précédent. Qu'est ce que ça veux dire?
Ca veux dire que l'auteur ne s'est pas préoccupé de la visibilité, ni de la proximité, mais seulement de la concordance des longitudes écliptiques.
Autant dire que son travail n'est qu'une simple curiosité qui n'a rien à voir avec notre problème.

2006, Agence Science-Presse ferait mieux de retourner à l'école

L'Agence Science-Presse est une agence de presse québécoise fondée en 1978 et consacrée aux sujets scientifiques et technologiques.
Cependant, il y a d’autres événements astrologiquement intéressants qui se produisirent vers la même époque. En effet, Jupiter a été occulté à deux reprises par la Lune en l’an 6 avant notre ère. Le rapprochement de la Lune aurait augmenté le pouvoir de Jupiter.
Note: augmenté le pouvoir de Jupiter? heu... C'est de la science ou de l'astrologie?.
La seconde de ces occultations s’est produite le 17 avril alors que Jupiter était à l’est. À ce moment, la Lune, Jupiter et le Soleil se trouvaient dans la constellation du Bélier. Les calculs modernes indiquent que la Lune a occulté Jupiter, bien que le phénomène fût inobservable en raison de la proximité du Soleil. Firmicus Maternus, un astrologue au service de Constantin le Grand, décrivit cette configuration comme celle de la naissance d’un gouverneur de monde de nature divine et immortelle ! Par la suite, au mois d’août, Jupiter était stationnaire dans le ciel passa à travers la constellation du Bélier (associé aux Juifs dans le Tetrabiblos de Claude Ptolémée), et devint stationnaire de nouveau le 19 décembre.
Note: D'abord Jupiter n'a fait que passer dans la constellation du bélier, ensuite c'est dans le cadre de l'astrologie des mages qu'il faut chercher une correspondance, et non dans celle de Ptolémée.

Il existe aussi une autre série de conjonctions importantes s’étant produite un peu plus tard. Le 1er août de l’an 3 avant notre ère, on assiste au lever héliaque de Jupiter. Le 13 août, Vénus et Jupiter sont très près l’une de l’autre au lever du Soleil. Et le 18, Mercure devient visible et le 1er septembre Mercure et Vénus sont à moins d’un tiers de degrés l’une de l’autre dans la constellation du Lion. Astrologiquement, Jupiter, la planète royale, a quitté le Soleil, le père des dieux, pour se joindre à Vénus, la Vierge Marie, dans la constellation du Lion, symbole de la tribu de Judas. De plus, Mercure, le messager des dieux, a quitté le Soleil pour se tenir avec Vénus dans les lueurs de l’aube.
Note: Quelle salade mythologique romano-judéo-chrétienne! Le soleil, père des dieux. Vénus, la vierge Marie. et Mercure, et le lion de Juda! Et en plus c'est faux: le père des dieux c'est Kronos, lui même fils d'Ouranos et de Gaia, et non le soleil.

Par la suite, le 14 septembre ainsi que les 17 février et 8 mai de l’an 2 avant notre ère, Jupiter si tint a coté de l’étoile Regulus dans la constellation du Lion, qui représente aussi la royauté. C’est le 17 juin que le phénomène sera le plus spectaculaire. Vénus et Jupiter, les deux planètes les plus brillantes, donnent l’impression d’entrer en collision. À 8 h 30 min heure locale, elles passent à 0,6 minute d’arc l’une de l’autre. À l’œil, elles formeront alors plus qu’un seul point très brillant à 15 degrés au dessus de l’horizon ouest, en direction de la Judée. Il s’agissait là d’un événement sans précédent.
Note: Il est exact que Jupiter et Vénus parurent confondus. Mais le fait s'était déja produit en 362 avant JC, quoique trop près du soleil.
Mieux encore, le 27 août de cette même année, Jupiter et Mars se trouvait à moins d’un septième de degrés l’un de l’autre dans la constellation de la Vierge. Près d’eux se trouvaient ensemble Mercure et Vénus dans les lueurs de l’aube.

Cette séquence d’événements dramatiques aurait été observée par les mages. Lorsque Jupiter quitte le Soleil à la mi-novembre de l’an 3 avant notre ère, les mages entreprennent leur voyage, Jupiter les dirigeant vers la Judée. Six semaines plus tard, en examinant le ciel à l’aube, Jupiter est direction sud, juste au dessus de Bethléem. À ce moment, Jupiter cessa de se déplacer, ayant atteint son point le plus à l’ouest. Simultanément, le Soleil fait de même ; c’est le solstice. C’est alors que les mages découvrent l’enfant.

Note: L'an 3 AC, c'est à dire -2, Jupiter est en conjonction avec le soleil à la mi-juillet et redevient visible à l'est début aout. Six semaines après la mi-novembre, soit début janvier de l'an 2 AC, à l'aube Jupiter est à l'ouest. Jupiter fait une station début décembre et une autre début avril. Quant au soleil qui cesse de se déplacer au solstice, cela signifierait que la Terre s'arrète sur son orbite.
(Agence Science-Presse, L'étoile de Bethléem)
Tout n'est pas faux dans ce qui précéde, mais si comme nous l'apprend Wikipédia, Agence Science Presse est la seule agence scientifique Québécoise, plaignons les médias canadiens francophones.

Analyse:

Nous n'avons pu faire qu'un rapide survol de ce qui s'est publié à propos de l'hypothèse de la conjoction, puisque des centaines de publications et de sites internet en discutent.

Une conjonction planétaire a effectivement un sens en astrologie, et aurait donc pu intéresser des mages. Mais pour que les mages se soient déplacés, il eut fallu que ce soit une conjonction significative d'une nouvelle ère, donc très rare. Or les conjonctions simples (deux astres) sont tout de même fréquentes.
D'autre part, pour qu'une conjonction soit remarquable, il faut évidemment qu'elle soit bien visible, donc qu'elle s'opère à au moins 15° du soleil, et qu'elle implique au moins un astre brillant, comme Jupiter ou Vénus, et un autre bien visible. Une conjonction entre Jupiter et Vénus à 3° du soleil reste invisible. Une conjonction entre Saturne et Uranus est quasiment invisible et n'a de sens que sur le papier.
La triple conjonction invoquée par Képler, n'était en fait que trois conjonctions simples la même année. Comme elles ne se faisaient pas à moins de 1°, et que les conjonctions trop proches du soleil sont inobservables, nous avons dressé la listes des conjonctions à moins de 1°, impliquant au moins un astre brillant, observées à plus de 15° du soleil, de l'an 10 av. JC. à l'an 1.
Nous n'avons pas cherché à donner des valeurs précises des rapprochements, puisqu'il s'agit d'évaluer l'impression née d'une observation à l'oeil nu.

9 avant notre ère
9 janvierJupiter-Mercureà < 1°
27 janvierVénus-Jupiterà < 1°
8 marsVénus-Saturneà ~ 0.5°
5 avrilVénus-Mercureà ~ 0.4°
25 octobreVénus-Marsà ~ 0.6°
20 décembreJupiter-Marsà ~ 0.7°
8 avant notre ère
1 septembreVénus-Régulusà 5'
7 avant notre ère
mai à décembreJupiter-Saturnetriple conjonction à ~ 1°
6 avant notre ère
5 marsJupiter-Mars~ 0.8°
24 avrilVénus-Saturneà ~ 0.6°
8 MaiVénus-Jupiterà ~ 0.6°
3 avant notre ère
12 juinVénus-Saturneà ~ 0.3°
12 aoutVénus-Jupiterà ~ 0.3°
23 aoutVénus-Mercureà ~ 0.8°
1 septembreVénus-Mercureà ~ 0.4°
14 septembreJupiter-Régulusà ~ 0.4°
2 avant notre ère
17 févrierJupiter-Régulusà ~ 0.9°
10 avrilVénus-Marsà ~ 0.8°
7 maiJupiter-Régulusà ~ 0.8°
17 juinVénus-Jupiterà 4' (1', à 21 H TU, sous l'horizon à Jérusalem)
1 avant notre ère
21 aoutVénus-Jupiterà ~ 0.4°
1 de notre ère
5 novembreMercure-Vénus-Mars-Jupitervisible moins d'une heure ("à son lever")


Hé oui. On ne peut tout de même pas s'attendre à une révolution, à une nouvelle ère, à chaque conjonction.
La seule conjonction simple visuellement remarquable, où les deux astres aient eu l'apparence de se réunir en un seul, est celle de Vénus et Jupiter le 17 juin de l'an 2 avant notre ère. Mais voila, ce phénomène fut visible au coucher des deux astres, alors que Matthieu dit "à son lever". Et, à part l'aspect visuel, les conjonctions de Jupiter et Vénus sont des phénomènes à peu près aussi fréquents que les éclipses de Lune. Comment des astrologues y auraient ils vu l'annonce d'un nouveau règne?

Il y a bien la triple conjonction de Jupiter et Saturne de l'an 7 av.J.C., mais nous avons vu que l'abbé Moreux ne la jugeait pas spectaculaire. Certes, le phénomène global de la triple conjonction demande plusieurs siècles pour se reproduire, mais il s'étend sur plusieurs mois, alors qu'il faudrait un phénomène très temporaire, qu'on ne voit qu'une fois, "à son lever".
Grace à Stellarium nous pouvons visualiser le ballet auquel se sont livré Jupiter et Saturne de Mai à Décembre de l'an 7 av.J.C. Le temps est accélére deux millions de fois.

C'est curieux et intéressant, mais il n'y a tout de même pas de quoi fouetter un chat.


"Nous avons vu son étoile à son lever"
Finalement, la seule conjonction, capable d'être interprétée comme le signal d'une nouvelle ère, fut celle du 5 novembre de l'an 1, qui impliquait quatre planètes, et était donc d'un type très rare. La dernière fois qu'une telle conjonction avait lieu, c'était en 672 av. J.C. Mais celle là ne fut pas observée, car elle s'est passée trop près du soleil pour être visible.

Stellarium, encore lui, nous a reconstitué le phénomène à son lever. Le temps est accéléré d'un facteur 100. La brillante Vénus est la première à apparaitre, et la dernière à être visible dans les lueurs de l'aube. Vénus et Mars sont au dessus, Mercure et Jupiter au dessous.

Il y eut même une conjonction encore plus fantastique, bien que moins serrée, ramenant les cinq planètes dans moins de 5°, et suffisamment loin du soleil pour être bien visible, en 1953 av. J.C. Mais qui s'en souvenait?

L'hypothèse d'une conjonction, pour expliquer "l'étoile" apparue à son lever, est donc finalement valable, mais personne n'a cherché la bonne. Tout le monde a fait confiance à l'évangile de Matthieu, en cherchant une conjonction qui se serait produite avant la mort d'Hérode. Or, de l'an 10 AC à la mort d'Hérode, nous en avons compté dix, si l'on place la mort d'Hérode en mars de l'an 4 AC, et 20 si on la place en janvier de l'an 1 AC, et ce sans comper la triple conjonction de Jupiter et de Saturne. De plus, aucune n'est rarissime. Par ailleurs, l'hypothèse de la conjonction, considérée seule, échoue à rendre compte de l'étoile qui guidait les mages de Jérusalem à Bethléem.

Mais nous avons vu aussi que le récit de l'arrivée des mages à Jérusalem, puis à Bethléem, n'est en réalité qu'une fable. Ainsi, si Matthieu s'est inspiré d'un fait réel, nous n'avons plus, ni à tenir compte de la date de la mort d'Hérode, ni à tenir compte du récit de l'étoile qui guidait les mages. Alors, le phénomène céleste le plus remarquable de cette époque, visible à son lever, et quasiment une fois seulement, fut la grande conjonction du 5 novembre de l'an 1, ce qui correspond tout à fait au texte de Matthieu, qui s'en est servi pour donner une base à ses mages venus d'Orient, dont il avait besoin pour valider la royauté et la divinité de Jésus.

Dernière mise à jour: 02/11/2015

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