vers Janvier 372 avant JC
Grèce, Comète précédant un cataclysme
En réalité: comète indépendante du cataclysme + bolide

4ème siècle avant notre ère, Aristote décrit une comète qu'il a probablement vu.
Aristote
Aristote
De plus, ce n'est pas vrai non plus qu'il ne se produit de comète que dans l'espace au nord, en même temps aussi que le Soleil est vers le solstice d'été: en effet, la grande comète qui s'est produite au moment du séisme en Achaïe, et de la survenue du raz-de-marée s'est levée de l'occident équinoxial, et il s'en est déja produit de nombreuses au sud.
...
§ 10. De surcroît, toutes celles qui ont été observées à notre époque ont disparu sans se coucher, dans l'espace situé au-dessus de l'horizon, en se dissipant petit à petit de telle manière qu'elles n'ont laissé derrière elles ni le corps d'un seul astre ni celui de plusieurs. De fait, le grand astre que nous mentionnions antérieurement est apparu en hiver, alors qu'il gelait et qu'il faisait beau, depuis la région du couchant, sous l'archontat d'Astéios, et si, la première nuit, on ne le vit pas parce qu'il se coucha avant le Soleil, la suivante le vit: en effet, il se laissa distancer le plus petit temps qui se puisse et se coucha aussitôt, mais sa lueur s'étendait jusqu'au tiers du ciel comme une corde, et c'est pourquoi on l'appela "la voie"; il se leva de nouveau jusqu'à la ceinture d'Orion, et là il fut dissous.

(Aristote1, liv I, ch.6)
Note: la description d'Aristote manque de clarté. Il faut probablement comprendre que le premier jour, la tète de la comète ne fut pas visible, et qu'on devina l'astre par la queue qui apparut après le coucher du soleil. Cela ne veut pas dire comme le pense Pingré que la tête s'était couchée avant le soleil. Elle pouvait tout simplement être noyée dans la lumière qui entoure immédiatement le soleil.
Le second jour, elle s'était déplacé, et on put l'observer avant qu'elle ne se couche. Ensuite, si certaine traductions portent "il monta jusqu'à la ceinture d'Orion" il ne faut pas comprendre que le mouvement de la tête la porta jusqu'à la ceinture d'Orion, mais plutôt que la queue s'étendait jusqu'à la ceinture d'Orion. En effet, "ils se leva de nouveau" indique qu'il fit une dernière apparition, alors qu'il eut fallu plusieurs jours pour que la tète se déplace jusqu'à cet emplacement. De plus, qu'Aristote n'avait alors que 11 ans, et on peut douter qu'il ait noté, jour après jour, le mouvement de la comète, par contre il est logique qu'il ait été impressionné par la longueur de la queue, qui s'étendait jusqu'à la facilement reconnaissable ceinture d'Orion. Cela s'accorde avec le fait qu'elle occupait un tiers du ciel, , et et c'est ainsi que nous avons essayé de la reconstituer.


Le ciel à Athènes le soir du 15 janvier 372 av JC, d'après Stellarium
( Nous avons ajouté la comète que ne reconstitue pas Stellarium )

Et lors de la grande comète, l'hiver était sec, avec un vent du nord et le raz-de-marée se produisit en raison de la contrariété des vents: en effet, dans le golfe, le borée dominait, alors qu'en dehors soufflait un puissant notos.
(Aristote1, liv I, ch.7)
Note: le tremblement de terre et le tsunami d'Achaïe eurent lieu en 373 av JC et détruisirent Héliké et Boura. Héliké fut partiellement engloutie. Le borée est le vent du nord, et le notos, le vent du sud.
Astéios fut archonte en 373/372 av JC. La comète parut donc probablement en décembre 373 av JC, ou janvier 372 av JC.
Il nous dit qu'elle fut vue "à l'époque" du cataclysme, sans préciser quel évènement, du cataclysme ou de la comète fut le premier
Aristote dit nettement que ce fut la lutte des vents qui provoqua le cataclysme, ce qui est manifestement faux, car cette disposition des vents était apte à provoquer un cyclone, mais pas un effondrement du littoral. Il est vrai que pour Aristote, le vent était capable de soulever une pierre de la taille d'une charretée. Cependant, il remarque la corrélation de la comète avec cette lutte des vents, mais ne dit pas que l'un fut la cause de l'autre


1er siècle avant notre ère, Diodore de Sicile rapporte le séisme et l'engloutissement d'Hélicé.
Astéios étant archonte d'Athènes, les Romains élurent, au lieu de six consuls, six tribuns militaires, Marcus Furius, Lucius Furius, Aulus Posthumius, Lucius Lucrétius, Marcus Fabius et Lucius Posthumius . Dans cette année, le Péloponnèse fut désolé par de grands tremblements de terre et par des inondations incroyables qui détruisirent les campagnes et les villes. Jamais on n'avait vu jusqu'alors la Grèce désolée par de si grands désastres : des villes entières disparaissaient avec leur population, comme si une puissance divine avait juré la perte et la destruction des hommes. Le moment même où ces fléaux se firent sentir les rendit encore plus affreux. Ainsi, les tremblements de terre n'arrivaient point le jour, sans quoi les malheureux auraient pu être secourus ; mais ils se manifestaient la nuit ; les maisons étaient renversées par de terribles secousses, et les hommes, égarés dans les ténèbres et pris à l'improviste, étaient dans l'impossibilité de trouver quelque moyen de salut. La plupart des habitants furent ensevelis sous les décombres ; et lorsque, à la pointe du jour, ils se précipitèrent hors de leurs maisons dans l'espoir d'échapper au fléau, ils tombèrent dans un danger encore plus grand et plus inattendu : la mer, prodigieusement grossie, était sortie de son lit et inondait de ses flots les hommes qui disparurent avec leurs foyers. Ces désastres frappèrent particulièrement deux villes de l'Achaïe, Hélice et Bura. Hélice était, avant le tremblement de terre qui la désola, la ville la plus célèbre de l'Achaïe. Ces malheurs ont donné lieu à de grandes recherches. Les physiciens essaient d'en trouver l'explication, non pas dans la colère des dieux, mais dans des causes naturelles et nécessaires . D'autres, pénétrés de sentiments religieux, regardent ces calamités comme un châtiment divin pour servir d'exemple aux impies.
(Diodore, Liv.XV, ch XLVIII)
Note: Astéios ou Astios fut archonte en 373/372 AC. Les romains élisaient deux consuls, mais n'en élirent aucun de 391 av JC, à 367 av JC. de 375 av JC à 370 av JC, les tribuns militaires restèrent en fonction. Tite Live écrit:
eam rem aegre passi Romani M. Furium Camillum sextum tribunum militum creauere. additi collegae A. et L. Postumii Regillenses ac L. Furius cum L. Lucretio et M. Fabio Ambusto
Indignés, les Romains créèrent M. Furius Camille, pour la septième fois, tribun militaire; on lui donna pour collègues A. et L. Postumius Regillensis, et L. Furius, avec L. Lucretius et M. Fabius Ambustus.
On voit que l'opposition entre tenants d'une explication naturelle et surnaturelle ne date pas d'hier. Mais on sait aujourd'hui que l'explication d'Aristote, par une tempéte associée par une comète, ne vaut pas mieux que celle de la colère des dieux
Selon Diodore, le séisme eut lieu la nuit, et l'engloutissement, au matin suivant


1er siècle avant notre ère, Diodore de Sicile parle de poutre ignée et mentionne l'opinion des Chaldéens.
Alcisthène étant archonte d'Athènes,
...
On aperçut au ciel, plusieurs nuits de suite, un flambeau ardent qui, d'après sa forme, avait reçu le nom de poutre ignée. En effet, peu de temps après, les Spartiates furent vaincus dans une grande bataille et perdirent sans retour leur suprématie. Quelques physiciens attribuaient l'origine de ce phénomène à des causes naturelles et soutenaient que de semblables apparitions se manifestent à des périodes nécessairement déterminées, et que les Chaldéens de Babylone et d'autres astrologues en font des prédictions certaines ; qu'ainsi, au lieu d'être surpris de l'apparition de ces phénomènes, il faudrait au contraire s'étonner s'ils ne revenaient pas chacun à sa période, en accomplissant, par leurs mouvements éternels, des révolutions définies. Quoi qu'il en soit, ce flambeau du ciel était d'un tel éclat et d'une lumière si intense qu'il formait sur la terre des ombres semblables à celles de la lune

(Diodore, Liv.XV, ch L)
Note: Alcisthène fut archonte en 372/371 av JC
La bataille dont il est question est la bataille de Leuctres, qui eut lieu le 6 juillet 371 av. JC, sous l'archontat de Phrasicléidès. Si le "flambeau" parut un présage de la défaite spartiate, il serait apparu en 371 av JC. Mais alors ce ne serait pas ce dont parle Aristote. Mais Diodore ne parle pas de présage, il dit que la bataille eut lieu "peu de temps après". Si pour Diodore un an et demi est encore peu de temps, alors la datation d'Aristote, et d'Héraclide peut convenir
Ce passage est important pour l'histoire de la cométographie, car il nous apprend, un siècle avant Sénèque, que les astronomes Chaldéens pensaient que les comètes étaient des astres et non des phénomènes météorologiques. Encore qu'on affirme ici que les Chaldéens en prédiraient le retour, ce qui est éminemment douteux. Prédire que la comète qu'on observe reviendra un jour, ce n'est pas la même chose que prédire la date de son retour.
Par contre, ce passage est aberrant pour ce qui est de l'éclat du "flambeau", proche de celui de la lune, ce qu'aucun autre auteur ne signale, à commencer par Aristote, qui en fut contemporain, et même témoin. Il est probable que le texte est altéré, et que cette phrase correspond à un autre phénomène survenu vers la même époque. La description correspond bien à celle d'un bolide, et n'a rien à voir avec celle d'une comète.


1er siècle de notre ère, Strabon cite Héraclide pour décrire la submersion d'Hélicé.
2. C'est à la suite d'un tremblement de terre que la mer soulevée engloutit Hélicé et avec Hélicé le temple de Neptune Héliconien, dieu dont le culte s'est conservé chez les Ioniens [d'Asie] et en l'honneur de qui se célèbrent les fêtes dites Panionies.
...
La submersion d'Hélicé eut lieu deux ans avant la bataille de Leuctres. Eratosthène dit avoir vu de ses yeux le lieu de la catastrophe et avoir entendu dire aux marins qui font faire la traversée du golfe, qu'on apercevait encore debout au fond de l'eau la statue en bronze de Neptune et que l'hippocampe que le dieu tenait dans sa main formait un écueil dangereux pour les filets des pêcheurs. Héraclide en parle aussi comme d'un événement arrivé de son temps.
«C'était pendant la nuit, dit-il, et, bien que la ville fût séparée de la mer par une distance de 12 stades, tout cet espace intermédiaire et la ville elle-même furent submergés. Deux mille Achéens furent envoyés pour recueillir les corps des victimes, sans pouvoir suffire à cette tâche. Il ne resta qu'une petite partie du territoire d'Hélicé qui fut divisée entre les villes voisines». Héraclide ajoute que cette catastrophe était une vengeance de Neptune, que les Ioniens chassés d'Hélicé avaient envoyé d'Asie redemander aux nouveaux Hélicéens la statue de Neptune ou tout au moins une copie du temple, que, sur leur refus, ils s'étaient adressés à l'assemblée générale des Achéens, mais que, malgré l'avis favorable émis par cette assemblée, les Hélicéens avaient persisté dans leur refus : or l'hiver d'après la catastrophe avait lieu, et les Achéens octroyaient aux Ioniens cette copie du temple qu'ils avaient demandée.

(Strabon, Liv. VIII, ch VIII)
Note: L'oeuvre d'Héraclide du Pont nous est perdue. La citation que fait Strabon est donc un petit fragment de la doxographie d'Héraclide. Contemporain d'Aristote, qu'il connut à l'Académie de Platon, Héraclide est aussi contemporain de l'évènement qui eut lieu quand il avait environ 15 ans. Son témoignage est donc plus sûr que celui de Diodore. Lui aussi nous affirme que la catastrophe eu lieu la nuit, mais ne sépare pas le séisme et l'engloutissement, ce qui est plus conforme à un effrondrement de cette parie de la cote, dans la mer, comme il s'en est produit de plus limité depuis. Il ajoute aussi que la catastrophe eut lieu l'hiver
Mais Strabon nous dit: "deux ans avant la bataille de Leuctres", ce qui placerait la catastrophe a l'été 373 av JC. Probablement faut il comprendre: "deux années non révolues", c'est à dire un an et demi, ce qui ramènerait la catastrophe à l'hiver 373/372 av JC, donc à l'époque de l'apparition de la comète, dont malheureusement, ni Héraclide, ni Strabon ne parle


vers 62, Sénèque cite Charimandre.
Sénèque
Sénèque
Charimander quoque, in eo libro quem de cometis a composuit, ait Anaxagorae visum grande insolitumque caelo lumen magnitudine amplae trabis, et id per multos dies fulsisse. Talem effigiem ignis longi fuisse Callisthenes tradit, antequam Burin et Helicen mare absconderet. Aristoteles ait non trabem illam sed cometen fuisse; ceterum ob nimium ardorem non apparuisse sparsum ignem, sed procedente tempore, cum jam minus flagraret, redditam suam cometis faciem. In quo igne multa quidem fuerunt digna quae notarentur, nihil tamen magis quam quod, ut ille fulsit in caelo, statim supra Burin et Helicen mare fuit. Numquid ergo Aristoteles non illam tantum sed omnes trabes cometas esse credebat hanc habentes differentiam quod his continuus ignis est, ceteris sparsus? Trabes enim flammam aequalem habent nec ullo loco intermissam aut languidam, in ultimis vero partibus coactam, qualem fuisse in illa de qua modo rettuli Callisthenes tradit
Charimandre, dans son Traité des comètes, dit qu'Anaxagore vit dans le ciel une lumière considérable et extraordinaire, de la dimension d'une grosse poutre, et qui dura plusieurs jours. Une flamme allongée, d'un aspect semblable, au rapport de Callisthène, précéda la submersion d'Hélice et de Buris. Aristote prétend que ce n'était pas une poutre, mais une comète, qu'au reste son grand éclat empêchait de voir sa diffusion ; mais que plus tard, quand il se fut affaibli, la comète parut ce qu'elle était. Cette apparition, remarquable sous plus d'un rapport, l'est surtout en ceci, qu'aussitôt après, la mer couvrit ces deux villes. Aristote regardait-il cette poutre; ainsi que toutes les autres, comme des comètes? Mais il y a cette différence que la flamme des poutres est continue, et celle des comètes éparpillée. Les poutres brillent d'une flamme égale, sans solution de continuité, sans affaiblissement, seulement plus concentrée vers les extrémités. Telle était, d'après Callisthène, celle dont je viens de parler.
(Sénèque, Liv. VII, ch V)
Note: Callisthène, neveu d'Aristote, et né après les évènements, écrivit une Histoire de la Grèce, qui couvre la période en question. Il aurait donc écrit que l'apparition précéda la catastrophe, en étant mieux renseigné que Diodore et ses successeurs. Mais il aurait parlé d'une flamme allongée qui pourrait bien être un bolide, et non une comète. Quant à la citation d'Aristote, elle est absurde: si la comète avait été d'un grand éclat, on l'aurait d'autant mieux vu, mais nous avons vu plus haut que c'est l'éclat du soleil qui en génait la vision.

La légende de la comète d'Ephore

Sénèque démolit les assertions d'Ephore.
Nec magna molitione detrahenda est auctoritas Ephoro: historicus est. Quidam incredibilium relatu commendationem parant et lectorem, aliud acturum, si per cotidiana duceretur, miraculo excitant; quidam creduli, quidam neglegentes sunt; quibusdam mendacium obrepit, quibusdam placet; illi non evitant, hi appetunt. Haec in commune de tota natione, quae approbari opus suum et fieri populare non putat posse, nisi illud mendacio aspersit. Ephorus vero non est religiosissimae fidei: saepe decipitur, saepius decipit, sicut hunc cometen, qui omnium mortalium oculis custoditus est, quia ingentis rei traxit eventum, cum Helicen et Burin ortu suo merserit, ait illum discessisse in duas stellas, quod praeter illum nemo tradidit. Quis enim posset observare illud momentum quo cometes solutus et in duas partes redactus est? Quomodo autem, si est qui uiderit cometen in duas dirimi, nemo uidit fieri ex duabus? Quare autem non adiecit in quas stellas diuisus sit, cum aliqua ex quinque stellis esse debuerit?
Pas beaucoup de démolition pour retirer son autorité à Ephore: c'est un historien. Or, il en est qui vont relatant des choses incroyables pour se faire valoir, et comme le lecteur, s'ils le traînaient sur des événements trop communs, s'endormirait, ils le réveillent par des prodiges. D'autres sont crédules, d'autres négligents. Quelques-uns se laissent prendre au mensonge, quelques autres y ont goût; ceux-ci ne savent pas l'éviter, ceux-là courent après. C'est le défaut commun à toute la race : on n'accueillera pas leur œuvre, elle ne sera point populaire, pensent-ils, s'ils ne l'ont saupoudrée de mensonge. Ephore n'est vraiment pas d'une conscience des plus scrupuleuses: souvent il est trompé, souvent il trompe, comme cette comète, qui fut surveillée par les yeux de tous les humains, à cause de l'immense résultat qu'elle amena, la submersion d'Hélice et de Buris à son apparition, il prétend qu'elle se divisa en deux étoiles, et il est le seul qui l'ait dit. En effet, qui pouvait saisir l'instant de la dissolution, du fractionnement de la comète en deux parties? Et comment, si quelqu'un la vit se dédoubler, nul ne l'a-t-il vue se former de deux étoiles? Pourquoi Ephore n'a-t-il pas ajouté les noms de ces deux étoiles? L'une au moins devait faire partie des cinq planètes?
(Sénèque, Liv. VII, ch XVI)

Analyse:
Ce passage, ou Ephore aurait décrit la division d'une comète en deux, est à l'origine de la légende qui fait d'Ephore le premier observateur d'une dislocation cométaire. Ephore est un historien grec du quatrième siècle avant Jésus-Christ, né à Cymé, en Asie mineure, dont les oeuvres sont perdues, et dont nous ne connaissons que la Doxographie. Certains auteurs l'ont apprécié, mais d'autres lui reprochent de parler de ce qu'il ne connait pas, voire de raconter des fables. Ecoutons Strabon:
Ephore ne laisse pas que de déroger quelquefois à ses principes et d'oublier les promesses qu'il a faites en commençant. On sait avec quelle force il s'élève [dans sa Préface] centre ceux qui en écrivant l'histoire conservent l'amour du merveilleux, et quel bel éloge il y fait de la vérité ; il ne s'en tient pas là, et au moment de parler de l'oracle de Delphes il prend un engagement solennel : la vérité lui a toujours paru ce qu'il y a de plus respectable au monde, mais ici, eu égard au sujet, il la respectera plus encore s'il est possible. «Et ne serait-il pas absurde en effet, s'écrie-t-il, que nous eussions toujours jusqu'ici suivi cette même méthode et qu'au moment de parler du plus véridique d'entre les oracles nous prissions pour guide, non plus la vérité, mais la fable même et le mensonge ?» Cependant que fait-il ? A peine cette déclaration achevée, il vient nous dire sans plus de transition que, suivant l'opinion généralement admise, c'est Apollon qui, avec l'aide de Thémis et pour nous rendre service, à nous autres hommes, a fondé l'oracle de Delphes. Il précise même le genre de service que le dieu a voulu rendre au genre humain. Ce fut, dit-il, pour amener les hommes à des moeurs plus douces, à une conduite plus sage, qu'aux uns il daigna répondre et dicter par ses Oracles ce qu'ils devaient faire ou ce qu'ils devaient éviter, tandis qu'il restait sourd et inflexible aux demandes des autres. «On croit en effet, poursuit Ephore, que d'une et d'autre manière c'est le dieu lui-même qui intervient, soit que, comme quelques-uns l'assurent, il revête pour répondre une forme corporelle, soit qu'il emprunte à cet effet l'organe de certains hommes initiés à l'intelligence des volontés divines».
(Strabon, Liv. IX, ch III)
Effectivement, c'est comme si un historien moderne venait nous raconter qu'Adamski a réellement rencontré des Vénusiens. Et Diodore de Sicile n'est pas moins critique:
Éphore a essayé de donner une explication plus neuve, mais n'atteint pas davantage la vérité. Il avance que toute l'Égypte étant une terre d'alluvion, et d'une nature spongieuse, présente dans le sol de larges et profondes crevasses, dans lesquelles l'eau s'infiltre et demeure absorbée pendant l'hiver; mais qu'en été cette eau exsude de toutes parts, comme une sueur, et fait ainsi croître le Nil. Cet historien ne nous paraît ni avoir lui-même visité le sol de l'Égypte, ni avoir pris des renseignements exacts auprès de ceux qui en connaissent la nature.
(Diodore, Liv. I, ch XXXIX)
Enfin Pingré rassemble quelques arguments qui réfutent l'assertion d'Ephore
Éphore, historien Grec, rapportait, selon Sénèque, que la comète de 371 s'étoit divisée en deux Etoiles, vers la fin de son apparition. Comme il est le seul garant de ce fait, Sénèque ne croit pas que sa seule autorité suffise pour le constater; il l'accuse même de tromper souvent & d'être souvent trompé. Aristote , immédiatement après les paroles que j'ai citées de lui, dit que Démocrite prétend appuyer son opinion, fur la formation des Comètes par le concours de plusieurs Étoiles, sur ce qu'on avoit vu, selon lui, des Étoiles paroître après la dissolution des Comètes. Si le fait rapporté par Éphore étoit vrai, les disciples de Démocrite n'auroient pas manqué de s'en prévaloir; Aristote auroit pareillement fait mention de cette preuve , & l'auroit sans doute réfutée: son silence me paroît justifier le doute de Sénèque sur la véracité d'Éphore.
(Pingré, p 262)
Donc, c'est clair, aussi intéressant soit il, Ephore n'est pas un auteur crédible, sa description est suspecte, et nous ne savons pas s'il a observé lui même cette comète. Nous ne savons même pas sa date de naissance. Delandine (sans aucune référence) le fait naitre en 363 av JC, auquel cas il serait né après le passage de la comète. Nous savons qu'il fut, comme Aristote, élève d'Isocrate, et que celui ci lui conseilla d'écrire une histoire, ce qu'il fit en 340. Il était probablement de la même génération qu'Aristote, et l'on peut douter qu'Isocrate qui, en 340, avait 96 ans, eut attendu qu'Ephore en eut soixante pour le mettre à l'ouvrage. Ainsi donc, il devait, comme Aristote, être encore très jeune lors du passage de la comète. Soit il ne l'a pas observé, soit il l'a observé, en manquant d'expérience, auquel cas il a pu être victime d'une illusion classique: La comète passe devant une étoile, non encore remarquée, puis s'en éloigne, donnant l'illusion d'une séparation ( voir Le syndrome d'Ephore ). Comme selon Sénèque, il est le seul à avoir parlé de cette séparation, nous pouvons conclure que, soit il a été dans sa jeunesse victime d'une illusion, soit il n'a rien observé du tout et s'est fié à une rumeur, puisqu'à en croire de bons historiens, il en raconté bien d'autres.
Cependant Sénèque était probablement bien loin de se douter que, plus tard, c'est sur son livre qu'on se baserait pour affirmer qu'Ephore fut le premier à observer la dislocation d'une comète. Ecoutons donc Michel-Alain Combes:
La comète d'Aristote et le groupe de Kreutz
On connaît cette comète (et ses multiples résidus ultérieurs) depuis l'époque d'Aristote (23) qui l'observa lui-même en –371 alors qu'il n'était qu'un enfant de 12 ans. Elle fut observée très près du Soleil à l'horizon ouest et, paraît-il, sa queue s'étendit sur un tiers du ciel. Il est certain qu'il s'agissait alors d'un astre très impressionnant, d'une très grosse comète unique qui se divisa à l'occasion de ce passage dans la banlieue solaire en deux fragments, observation capitale rapportée par l'historien grec Ephorus (24). C'était le premier acte d'une fragmentation due principalement aux forces de marée solaire, prélude à un véritable émiettement ultérieur.

23. Il faut se rappeler qu'Aristote considérait les comètes comme faisant partie du monde sublunaire, c'est-à-dire en fait comme des phénomènes atmosphériques. Son opinion eut malheureusement force de loi jusqu'à ce que Tycho Brahé, en 1577, prouve le contraire.

24. Cette observation rapportée par Ephorus, historien grec du IVe siècle av. J.-C., contemporain de l'événement, est citée par Sénèque dans ses Questions naturelles. Elle avait très étonné les Anciens qui ne croyaient pas possible jusqu'alors la fragmentation d'une comète.

(Les comètes)
Pourquoi l'observation est elle capitale? Parce qu'elle est la première. Peut importe qu'elle n'ai jamais eu lieu. Quant à la note 24, il est plaisant de voir qu'on y projette les connaissances d'Aujourd'hui sur celles des anciens. Les dits anciens ne risquaient pas de s'en étonner puisqu'ils n'avaient rien vu.
Mais on est allé plus loin:
Mille comètes découvertes grâce au satellite SOHO[23/08 - 16h12]
...
Selon certains astronomes, ces objets observés par SOHO seraient des corps provenant de la dislocation progressive d'une grande comète, peut-être celle qui a été vue par l'astronome grec Ephorus, en 372 avant notre ère, et qui, avait-il indiqué, s'est cassée en deux.
Source : AFP

(Forum Autocadre,24/08/2005 - 04:51)
Voici Ephore devenu astronome. Qui oserait encore douter?


la comète Ikeya-Séki (1965)
Mais supposons que la comète de 372 se soit effectivement disloquée. Qu'aurait on observé?
Tout simplement rien. Si nous comparons avec la comète d'Ikeya-Séki, nous remarquons que la fragmentation ne fut détectée qu'avec des instruments, et non à l'oeil nu. Nous pouvons aussi estimer que la comète ne fut encore visible qu'environ une semaine après la fragmentation. Mais nous savons que pour que la comète paraisse se disjoindre à l'oeil nu, il eut fallu que les deux noyaux soient distants de plusieurs centaines de milliers de km, pour paraitre séparés d'au moins 10 minutes d'arc, à cause de la difficulté de voir séparés des objets nébuleux. Ainsi il eu fallu que les deux morceaux s'éloignassent l'un de l'autre, avec une vitesse de l'ordre du km/s, ce qui est bien peu probable. Par ailleurs personne, à part Ephore, n'a jamais signalé de fragmentation visible à l'oeil nu après la passage au périhélie, alors que pourtant, on commence à disposer d'un petit catalogues de comètes rasant le soleil, et se disloquant probablement au passage.

Ainsi, la comète de 372, ou d'Aristote, s'est peut être bien disloquée en passant près du Soleil, mais personne n'a observé cette dislocation, et à supposer qu'Ephore ait observé quelque chose, c'est qu'il a été trompé par l'illusion citée plus haut. Il est aberrant qu'on tienne le raisonnement suivant:
"Les comètes rasantes se disloquent, Or Ephore dit que la comète de 372 s'est divisé en deux, Donc Ephore a observé la dislocation d'une comète rasante."
En transposant, on obtient:
"tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat."
(Eugène Ionesco,Rhinocéros)

vers 175, Pausanias explique le cataclysme par la colère de Neptune.
En laissant Égium et en allant plus avant, vous trouvez le fleuve Sélinus, et quarante stades plus loin qu'Égium, sur les bords de la mer, l'endroit nommé Hélice. Il y avait là autrefois une ville de ce nom, et le temple de Neptune Héliconien, pour lequel les Ioniens avaient la plus grande vénération.
...
Dans la suite, les Achéens de cette contrée ayant arraché du temple de ce dieu des gens qui s'y étaient réfugiés en qualité de suppliants, et les ayant fait mourir, la colère de Neptune ne tarda pas à se manifester; car un tremblement de terre se fit sentir sur-le-champ dans le pays, et fit disparaître non seulement les édifices, mais encore le sol de la ville, de sorte qu'il n'en resta plus de vestiges.
...
Ce fut par un tremblement de terre de cette espèce qu'Hélice fut détruite de fond en comble : à ce malheur s'en joignit, à ce qu'on dit, un autre qui survint dans l'hiver ; la mer couvrit la plus grande partie du pays, entoura Hélice tout entière, et s'éleva tellement qu'on ne voit plus que le sommet des arbres du bois consacré à Neptune. La terre s'étant mise à trembler de nouveau, et la mer joignant à cela ses ravages, Hélice avec tous ses habitants fut ensevelie sous les flots.
...
On voit aussi à Hélice quelques ruines, mais elles paraissent peu, étant détériorées par les eaux de la mer.

(Pausanias, livre VII, ch XXIV)
Note: Pausanias nous donne la localisation d'Hélicé. Il confirme que l'engloutissement eut lieu l'hiver, mais sépare la catastrophe en deux phases, comme Diodore, mais avec un écart non précisé, mais qui pourrait être de plusieurs mois. Mais si Pausanias, le voyageur, est fiable sur la localisation, il ne l'est plus sur la date, car il écrivait cinq siècles et demi après les faits

vers 324, Eusèbe de Césarée engloutit trop, et trop tôt.
olymp.100. Anni mundi 4821
Magno terraemotu Hélicé et Bura Péloponensi urbes absortae sunt

la 100 ème olympiade. Année de la création 4821
Hélicé et Bura, villes du Péloponnèse, furent englouties par un grand tremblement de terre

(Eusèbe, folio 68)
Note: Hélicé fut effectivement engloutie, mais pas Bura, plus en hauteur
La centième olympiade correspond aux années 380/376 av JC. La datation d'Eusèbe est manifestement fausse


1532, Camerarius mélange tout, pourvu que ça fasse un présage.
Camerarius
Joachim Camerarius
Burae autem & Helices absorptionem & interitum anteceßit terribilis ardoris fax quae in caelo apparuit quasi flammea nubes‚ inque duas partes discedere et in diversum abire visa est.
...
ln quod incidunt & visi Cometae quorum Aristoteles mentionem facit Euthycla & Aristaeo principatu Athenis fungentibus.

Un terrible flambeau ardent qui apparut au ciel comme un nuage de flammes précéda aussi la destruction et l'engloutissement de Bura et d'Hélicé, et qu'on vit se diviser en deux et partir dans différentes directions.
En quoi surviennent et furent vues les comètes dont fait mention Aristote, Eutycles et Aristaeus exerçant le commandement d'Athènes.

(Camerarius)
Note: Camerarius ne semble pas faire la différence entre une comète, un bolide ou une aurore boréale. Sa description du nuage de flammes commence comme celle d'un bolide. Mais ensuite il se divise et par dans deux directions. Cela serait possible pour une aurore boréale, à moins qu'il ne veuille parler de la ville d'Hélicé, que le glissement de terrain coupa en deux parties, dont l'une glissa dans la mer. Il est vrai que son but est seulement de montrer que les catastrophes sont annoncées par des présages.

1549, Mizauld rapporte comète et cataclysme en se basant sur Aristote et Pausanias.
Cometa conspectus est Aristaeo Athenis praetore, hoc est, anno 4 Olympiadis 101. (quod constat ex Achaicis Pausanie) quem Aristoteles subinde magnam stellam et magnum cometam vocat hyeme in serenitate et frigore maximo, vesperi paulo post occasum solis: post quem ipse quoque mox occidit, cujus splendor occupavit tertiam partem coeli. Motus ejus fuit ab occasu equinoctialis versus austrum: et cum pervenit ad cingulum Orionis extinctus est. Hyemis illius reliqua pars fuit admodum sicca et abundans flatibus septentrionalibus. Postea cum contrarii véti simul spirarent, Aquilo in sinu Corinthiaco fluctus concitavit: extra sinum véro Auster obluctas cum fluctus intra sinum cogeret, post aliquot terrae motus, quibus Achaïe urbes, Helice et Bura corruerunt: accidit etiam diluvium, quod magnam vastitatem Achaie attulit. Anno deinde secundo ad Leuctra in Beotia Lacedaemoniarum vires ita accise sunt, ut imperium Graeciae amiserint
Une comète fut observée, Aristaeus étant archonte d'Athènes, c'est à dire la quatrième année de la cent unième olympiade, (ce qui est établi par le voyage d'Achaïe de Pausanias) qu'Aristote appelle en même temps grande étoile et grande comète, l'hiver, dans le calme et par un très grand froid, au soir peu après le coucher du soleil, après lequel elle disparu elle aussi peu après, dont la magnificence occupait le tiers du ciel. Son mouvement fut à l'équateur du couchant vers le sud, et il s'évanouit qund il parvint à la ceinture d'Orion. Le reste de l'hiver fut très sec avec beaucoup de vents du nord. Ensuite, comme des vents opposés soufflaient en même temps, le vent du nord a soulevé les flots dans le golfe de Corinthe: En dehors du golfe, Le vent du sud poussaient les flots à les combattre, après quoi il y eut un tremblement de terre, par lequel les villes d'Achaie, Hélicé et Bura s'effondrèrent. Il arriva encore un déluge, qui amena de grandes dévastations en Achaïe. La deuxième année suivante, les spartiates furent vaincus à Leuctres, en Béotie, et perdirent la souveraineté de la Grèce
(Mizauld, p 215)
Note: Antoine Mizauld fait - pour une fois - une synthèse à peu près correcte, tout en donnant beaucoup de poids à Aristote

1553, Kaspar Peucer se trompe de 80 olympiades.
Peucer
Kaspar Peucer
Aristaeo Athenis praetore anno quarto olympiadis vicesima primae, ingens cometes hyeme coelo sereno et frigore intensissimo, vesperi ab occasus solis conspectus est, cujus splendor tertiam coeli partem occupavit. Ab occasu aequinoctiali versus austrum processit, et cum at cingulum Orionis pervenisset extinctus est. Hyemis illius reliqua pars fuit admodum sicca et abundans flatibus septentrionalibus. Postea cum contrarii venti simul spirarent, Aquilo in sinu Corinthiaco fluctus concitavit: extra sinum véro Auster obluctans, cum fluctus intra sinum cogeret, post aliquot terraemotus quibus Achaïe urbes, Helice et Bura corruerunt, accidit etiam diluvium, quod magnam vastitatem Achaie attulit. Anno secundo post Lacedaemonii a Thebanis ad Leuctra Beotiae victi fractique uno praelio nunquam amplius pristinam recuperarunt potentiam.
Aristaeus étant archonte d'Athènes la quatrième année de la vingt et unième olympiade, l'hiver, par un ciel serein et un froid très intense, une immense comète fut observée le soir au coucher du soleil, dont la magnificence occupait le tiers du ciel. Elle progressa du couchant à l'équateur vers le sud, et s'évanouit quand elle parvint à la ceinture d'Orion. Le reste de l'hiver fut très sec avec beaucoup de vents du nord. Ensuite, comme des vents opposés soufflaient en même temps, le vent du nord a soulevé les flots dans le golfe de Corinthe: En dehors du golfe, Le vent du sud poussaient les flots à les combattre, après quoi il y eut un tremblement de terre, par lequel les villes d'Achaie, Hélicé et Bura s'effondrèrent. Il arriva encore un déluge, qui amena de grandes dévastations en Achaïe. La deuxième année suivante, les spartiates furent vaincus et affaiblis dans un combat à Leuctres de Béotie et ne recouvrèrent jamais leur puissance initiale.
(Peucer, de meteorologia, fol 252 verso)
Note: Peucer se trompe de 80 olympiades, soit 320 ans, et son erreur sera reprise par Lycosthènes et Garcaeus.

1555, Marc Fritsche copie Eusèbe, et son erreur.
Mundi 3585 urbis 373
Magno terraemotu Helice et Bura Peloponnesi urbes absorptae sunt. Eusebius. Eutrop. lib 1

Année de la création 3585. An de Rome 373.
Hélicé et Bura, villes du Péloponnèse, furent englouties par un grand tremblement de terre

(Fritschius2)
Note: Fritsche semble avoir confondu an de Rome et an avant JC.
Il copie le texte d'Eusèbe, et son erreur. Quant à Eutrope, il est muet sur la question


1557, Lycosthenes copie Peucer et son erreur de date.
comète
comète (Lycosthènes)
anno mundi 3271. 692 ante christum
Aristaeo Athenis praetore anno quarto olympiadis vicesima primae, ingens cometes hyeme coelo sereno et frigore intensissimo, vesperi ab occasus solis conspectus est, cujus splendor tertiam coeli partem occupavit. Ab occasu aequinoctiali versus austrum processit, et cum at cingulum Orionis pervenisset extinctus est. (casparus peucerus fol 253)

Année de la création 3271. 692 avant Jésus-Christ
Aristaeus archonte d'Athènes la quatrième année de la vingt et unième olympiade, une immense comète fut observée l'hiver par un ciel serein et un froid très intense, le soir au coucher du soleil, dont la magnificence occupait le tiers du ciel. Elle progressa du couchant à l'équateur vers le sud, et s'évanouit quand elle parvint à la ceinture d'Orion.
Kaspar Peucer, folio 253

(Lycosthenes, p 57)
Note: en recopiant le texte de Peucer, Lycosthènes recopie aussi son erreur de date

1557, Lycosthenes décrit le cataclysme d'après Fritsche.
Mundi 3385. ante Christum 378.
Magno terraemotu Helice et Bura Peloponnesi urbes absorptae sunt. Eusebius. Eutrop. lib 1

Année de la création 3385. 378 avant Jésus-Christ Hélicé et Bura, villes du Péloponnèse, furent englouties par un grand tremblement de terre. Eusèbe. Eutrope livre 1
(Lycosthenes, p 85)
Note: En fait, Lycosthènes ne copie pas Eusèbe, mais Fritsche, ce qui ajoute les erreurs de Fritsche à celle d'Eusèbe. Et voila maintenant que la comète apparut 314 ans avant le cataclysme. Qui osera dire maintenant que l'un fut la cause de l'autre?

1568, Garcaeus semble copier Peucer et son erreur de date.
IIII Cometa conspectus est, Aristaeo Athenis praetore, anno quarto olympiadis vicesimae primae, et quidem hyeme, coelo sereno et frigore intensissimo, vesperi ab occasus solis, cujus tertiam partem coeli, id est, hemisphaerii, quod supra terram apparet, occupavit. Motus ejus fuit ab occasu equinoctialis versus austrum: et cum pervenit ad cingulum Orionis extinctus est. Hyemis illius reliqua pars admodum fuit sicca, et abundans flatibus septentrionalibus postea cum contrarii venti simul spirarent. Aquilo in sinu Corinthiaco fluctus concitavit, extra sinum vero Auster obluctans, cum fluctus intra sinum cogeret, post aliquot terraemotus quibus Achaïae urbes Helice et Bura corruerunt, de quibus Naso:
Si quaeras Helicen et Bura Achaidas urbes,
invenies sub aquis et adhuc ostendere nautae
Inclinata solent cum moenibus oppida mensis
Accidit etiam diluvium, quod magnam Achaïa vastitatem attulit. Anno secundo post, Lacedemonii a Thebanis ad Leuctra Beotiae victi, fratique uno praelio, nunquam amplius pristinam potentiam recuperarunt. Hinc Cometam subinde Aristoteles magnam stellam et magnam Cometam vocat.

Une comète fut observée, Aristaeus étant archonte d'Athènes, la quatrième année de la vingt et unième olympiade, et ce même hiver, par un ciel serein et un froid très intense, au soir peu après le coucher du soleil, dont [la magnificence] occupait le tiers du ciel, c'est à dire de l'hémisphère qui se tient au dessus de la Terre. Son mouvement fut à l'équateur du couchant vers le sud, et il s'évanouit qund il parvint à la ceinture d'Orion. Le reste de l'hiver fut très sec avec beaucoup de vents du nord. Ensuite, comme des vents opposés soufflaient en même temps, le vent du nord a soulevé les flots dans le golfe de Corinthe: En dehors du golfe, Le vent du sud poussaient les flots à les combattre, après quoi il y eut un tremblement de terre, par lequel les villes d'Achaie, Hélicé et Bura s'effondrèrent. Ecoutons Ovide:
Si vous cherchez Hélicé et Buris, villes de l'Achaïe,
Vous les trouverez sous les eaux. Le nautonier montre encore
leurs murs inclinés et leurs débris submergés.
Il arriva encore un déluge, qui amena de grandes dévastations en Achaïe. La deuxième année suivante, les spartiates furent vaincus et affaiblis dans un combat à Leuctres de Béotie et ne recouvrèrent jamais leur puissance initiale. Aristote appelle aussitôt cette comète grande étoile et grande comète.

(Garcaeus, fol 37)
Note: Garcaeus semble recopier Peucer en oubliant des mots, et son texte est un patchwork de phrases, qui manque de cohérence.

1578, Praetorius mélange les observations de comète.
 Aristoteles dicit Cometen magnum apparuisse, qui appellatus fuit Via, anno quarto Olympiadis 101. est annus mundi 3592. & dicit fulgorem porrexisse ad tertiam usque partem coeli, & in Cingulo Orionis evanuisse. Scribunt alii, dum oriretur, & dum occideret, quatuor horas praeteriisse. Plures ab Aristotele notantur, sed quibus annis asscribendi sint, nobis non satis constat.
  Legimus quoque Callisthenem tradidisse, biennio ante Leuctricam pugnam, hoc est, anno 3590. Cometam conspectum esse, qui tempestates, terrae motus, & Graecorum excidium denunciavit. Leuctrica autem pugna eodem anno commissa est, cui Aristotelis Cometa adscriptus est.

Aristote dit que la 4ème année de la 101ème olympiade, soit l'an 3592 de la création, une grande comète apparut, qui fut appelée le chemin, et il dit que son éclat s'étendit jusqu'au tiers du ciel, et q'il s'évanouit dans la ceinture d'Orion. D'autres écrivent que le temps de se lever, et le temps de se coucher, quatre heures s'écoulaient. Plusieurs sont notées d'après Atistote, mais rapportées combien d'années après, ce n'est pas assez certain pour nous.
Nous lisons aussi que Callisthène a transmis que deux ans avant la bataille de Leuctres, en l'an 3590, on observa une comète, qui annonça les tempêtes, les tremblements de terre, et l'extermination des grecs. Cependant la bataille de Leuctres eut lieu la même année, à qui fut atribuée la comète d'Aristote.

(Praetorius, non paginé)
Note: Note: Praetorius confond la comète décrite par Aristote avec celle de Mithridate.

1579, Georgius Caesius corrige l'erreur de Peucer.
Anno quarto Olimpiadis centesime primae, (Garceus habet vicesime primae, sed falso,) id est, anno mundi 3592. Aristaeo Athenis praetore, ingens Cometes, hyeme, coelo sereno et frigore intentissimo, vesperi ab occasu solis conspectus, post quem ipse quoque, mox occidit, cujus splendor tertiam coeli partem occupavit, quem Aristoteles subinde Magnam stellam et Magnum Cometam vocat: Motus ejus fuit ab occasu aequinoctiali versus austrum , et cum ad cingulum Orionis pervenisset, extinctus est. Seneca scribit, grande insolitumque lumen fuisse, magnitudine amplae trabis.
Hyemis illius reliqua pars fuit admodum sicca et abundans flatibus Septentrionalibus, postea cum contrarii venti simul spirarent, Aquilo in sinu Corinthiaco fluctus concitavit, extra sinum vero Auster obluctans, cum fluctus intra sinum cogeret, post aliquot terrae motus, quibus Achaiae urbes, Helice et Bura, corruerunt (Funccius ad annum 3585. ponit.) accidit etiam diluvium, quod magnam vastitatem Achaiae attulit.

La quatrième année de la cent-unième olympiade, (Garcaeus dit vingt et unième, mais c'est faux), c'est à dire l'an 3592 de la création, l'hiver, par un ciel serein et un froid très intense, une immense comète fut observée le soir au coucher du soleil, après lequel elle disparu elle aussi peu après, dont la magnificence occupait le tiers du ciel, qu'Aristote appela aussitôt grande étoile et grande comète: Son mouvement fut à l'équateur du couchant vers le sud, et il s'évanouit qund il parvint à la ceinture d'Orion. Sénèque écrit, qu'il y eut une lumière grande et inhabituelle, de la grandeur d'une grosse poutre.
Le reste de l'hiver fut très sec avec beaucoup de vents du nord. Ensuite, comme des vents opposés soufflaient en même temps, le vent du nord a soulevé les flots dans le golfe de Corinthe: En dehors du golfe, Le vent du sud poussaient les flots à les combattre, après quoi il y eut un tremblement de terre, par lequel les villes d'Achaie, Hélicé et Bura s'effondrèrent (Funccius le place l'an 3585). Il arriva encore un déluge, qui amena de grandes dévastations en Achaïe.

(Caesius)
Note: Incroyable! Non seulement Caesius n'invente rien, mais il corrige les erreurs des autres.

1602, Abraham Rockenbach caricature le texte d'Aristote.
Anno mundi ter millesimo, quingentesimo, nonagesimo secundo, Olimpiade centesima prima, ante natum Christum, trecentesimo, septuagesimo primo, Aristaeo Athenis praetorem agente, Cometa terribilis, in medio hiemis, vesperi post occasum solis apparuit, cujus fulgor tertiam partem coeli occupavit, motuque suo ab occasu, versus meridiem progressus est. Postquam autem ad Orionem pervenit, evanuit, Hunc terrae motus maximus paulo post secutus est, per quem in Achaia, urbes Helice & Bura in terram conciderunt, una cum diluvio, quod damnum magnum, toti territorio dedit. Hiemis pars reliqua, hoc tempore fuit siccissima, & ventis septentrionalibus turbulentissima.
L'an 3592 de la création, la cent unième olypiade, 371 avant Jésus Christ, Aristaeus exerçant l'archontat d'Athènes, au milieu de l'hiver, une terrible comète apparut le soir, après le coucher du soleil, dont l'éclat occupait le tiers du ciel, et son mouvement s'avança depuis le couchant vers le midi. Après quoi elle parvint jusqu'à Orion et s'évanouit. Ceci fut suivi peu après d'un très grand tremblement de terre, par lequel en Achaïe, les villes d'Helicé et Bura s'écroulèrent, avec un déluge qui fit de grands dégats sur tout le territoire. Le reste de l'hiver, le temps fut tès sec, et les vents du nord très violents.
(Rockenbach, p 121)
Note: Rockenbach est le premier à parler d'une comète terrible, quand tous les autres la disaient immense.

1651, William Gilbert résume Aristote en une seule phrase.
Gilbert
William Gilbert
Cometa conspectus est, Aristaeo Athenis praetore, quem Aristoteles subinde magnam stellam, & magnum cometam vocat, hyeme in serenitate et frigore maximo, vesperi paulo post Occasum Solis, post quem ipse quoque mox occidit; cujus splendor occupavit tertiam partem coeli, qui (aversa protinus a Sole cauda) movebatur ab occasu equinoctiali ad cingulum Orionis, ubi extinctus fuit.
Aristaeus étant archonte d'Athènes, on observa une comète, qu'Aristote appelle grande étoile, et immédiatement après, grande comète, l'hiver, par un temps serein et un très grand froid, le soir, peu après le coucher du soleil, après lequel elle se coucha aussi elle même, dont l'éclat occupait le tiers du ciel, qui ( la queue immédiatement opposée au soleil ) se déplaça du couchant à la ceinture d'Orion, où elle disparut.
(Gilbert, p 233)
Note: Gilbert projette les connaissances de son temps sur celles de l'antiquité, car la queue immédiatement opposée au soleil est une découverte du XVIème siècle. Aristote n'en dit rien, et ne dit pas que la comète se déplaça, mais que sa queue montait dans le ciel jusqu'à la ceinture d'Orion.

1651, Riccioli tente de concilier Aristote et Sénèque.
Riccioli
Riccioli
Anno 373. aut 372.
Cometa ingens adolescense Aristotele

inter quos insignis fuit ille qui Olympiadis 101 anno 4. id est ante Christum 373.aut 372. quo ut inquit Cottunius lib.I.Meteor. Lect.30. Aristoteles claudebat annum undecimum, de quo Comete sic Aristoteles lib.1. Meteor. cap.3. Magnus enim ille Cometes factus circa eum, qui in Achaia fuit terrae motum, & circa fluctus ascensum, ab occasu aequinoctiali ortus est. & hunc eumdem esse, de quo Seneca natural. qq. cap. 5. colligitur ex illis verbis: Charimander quoque, in eo libro quem de Cometis composuit, ait Anaxagora visum grande insolitumque caelo lumen,magnitudine ampla trabis, & id per multos dies fulsisse. Talem effigiem ignis logi fuisse Callisthenes tradit; antequam Burin & Helicen mare absconderet. Aristoteles ait non trabem illam, sed Cometem fuisse: ceterum ob nimium ardorem non apparuisse sparsum ignem, sed procedente tempore, cum tam minus flagraret, redditam suam cometae faciem. In quo igne multa quidem fuerunt digna, quae notarentur; nihil tamen magis, quam quod ut ille fulsit in caelo, statit supra Burin & Helicen mare fuit.

l'an 373 ou 372 ( AC )
Immense comète lors de l'adolescence d'Aristote

Parmi les remarquables fut celle qui, la 4ème année de la 101ème olympiade, c'est à dire 373 ou 372 avant Jésus-Christ, où, comme le dit Cottunius, livre I Meteoris, lecture 30, Aristote finit sa onzième année, à propos de quelle comète, selon Aristote, livre I, Meteorologiques, chapitre 3, En effet cette grande comète, apparue vers l'époque du tremblement de terre en Achaïe, et vers l'époque de l'inondation, est apparue au couchant de l'équateur. Et c'est cette même, que Senèque, Questions Naturelles, chapitre 5, mentionne en ces mots: Charimandre, dans son Traité des comètes, dit qu'Anaxagore vit dans le ciel une lumière considérable et extraordinaire, de la dimension d'une grosse poutre, et qui dura plusieurs jours. Une flamme allongée, d'un aspect semblable, au rapport de Callisthène, précéda la submersion d'Hélice et de Buris. Aristote prétend que ce n'était pas une poutre, mais une comète, qu'au reste son grand éclat empêchait de voir sa diffusion ; mais que plus tard, quand il se fut affaibli, la comète parut ce qu'elle était. Cette apparition, remarquable sous plus d'un rapport, l'est surtout en ceci, qu'aussitôt après, la mer couvrit ces deux villes.
De eodem verò Cometa Ephorus quaedam addidit, sed suspectae fidei. apud Senecam ibidem cap. 16. ait enim : Ephorus vero non religiosissima fides, saepe decipitur, saepe decipit . Sicut hic Cometem ‚ qui omnium mortalium oculis custoditus est, quia ingentis rei traxit eventus, cum Helicen, & Burin ortu suo mersit, ait illum discessisse in duas stellas : quod praeter illum nemo tradidit . Quid enim posset observare illud momentum ‚ quo Cometet solutus & in duas partes redactus est? quomodo autem si est qui viderit Cometem in duos dirimi, nemo vidit fieri ex duabus? quare autem non adjecit in quas stellas divisus sit, cum aliqua ex quinque stellis esse debuerit?
Sur cette comète ci Ephore en rajoute même, mais de faible crédit, d'après Sénèque, le même livre, chapitre 16, dit en effet: Ephore n'est vraiment pas d'une conscience des plus scrupuleuses: souvent il est trompé, souvent il trompe, comme cette comète, si anxieusement observée par tout ce qu'il y avait d'yeux au monde, à cause de la grande catastrophe qu'elle amena dès qu'elle parut, la submersion d'Hélice et de Buris, il prétend qu'elle se divisa en deux étoiles, et il est le seul qui l'ait dit. En effet, qui pouvait saisir l'instant de la dissolution, du fractionnement de la comète en deux parties? Et comment, si quelqu'un la vit se dédoubler, nul ne l'a-t-il vue se former de deux étoiles? Pourquoi Ephore n'a-t-il pas ajouté les noms de ces deux étoiles? L'une au moins devait faire partie des cinq planètes?
Sed neutrum horum, necesse est consequi, & potuit inobservatum fuisse initium Cometae; observatus vero finis, aut dissipatio in duos non Planetas ex quinq. notis, sed Cometas minores , aut Planetas ignotos. Ac Seneca ex supercilio Stoico , & ingenii rumore proclivis est ad carpendos Grecos à Romanis victos . Rursus lib. I. cap. 7. meteor. subdit Aristoteles factum magnam Cometam, his verbis.
Cometa occupans tertiam hemispharii partem.
Ad hac autem omnes , qui nostris temporibus visì sunt , sine occasu disparuerunt in loco supra horizontem consumpti paulatim, ita ut neque ullius stella derelinqueretur corpus‚ neque plurium. Cum & magna stella de qua prius meminimus‚ apparuerit quidem hyeme in gelu & serenitate a vespera, Aristaeo imperante ; & prima quidam die non apparuit , tanqam praeoccumbens ante Solem, sequenti autem apparuit , quantum fieri potest, minimum enim subdefecit, & mox occubuit, lumen autem se extendit usque ad tertiam partem caeli , veluti saltus , quapropter etiam vocata fuit SEMITA: ascendit autem usque ad zonam Orionis,& ibi dissoluta fuit.

Mais rien de tout-ci, n'est nécessaire, et le début de l'apparition de la comète a pu passer inaperçu; en vérité la fin fut observée, ou la dissipation, non en deux des cinq planètes connues, mais en petites comètes ou en planètes inconnues. Et Sénèque, d'un front stoïcien, et d'une opinion talentueuse, est enclin à rabaisser les grecs, vaincus par les romains. Inversement, au livre I, chapitre 7 des Météorologiques, Aristote suppose que ce fut une grande comète en ces termes.
Comete occupant le tiers del'hémisphères.
Pour cela cependant, toutes celles vues de notre temps ont disparu sans se coucher, au-dessus de l'horizon, s'éteignant petit à petit, de telle sorte qu'il ne restait le corps ni d'un astre ni de plusieurs; et c'est ainsi que ce grand astre dont nous venons de parler parut en hiver pendant la gelée et par un temps serein, le soir, Aristaeus étant archonte. Le premier jour on ne le vit pas, parce qu'il se couchait avant le soleil ; cependant il apparut le lendemain, autant qu'il le put, car il était très affaibli, et il se coucha aussitôt, cependant sa lumière s'étendit jusqu'au tiers du ciel, comme un sentier, et c'est ce qui fit qu'on l'appela le Chemin. Il monta jusqu'à la ceinture d'Orion, là il se dissipa.

Note: On voit que Riccioli essaye désespérément de sauver l'observation d'Ephore, quitte à supposer des planètes inconnues - ce qui est audacieux pour son temps -, ou à soupçonner le chauvinisme de Sénèque, en oubliant malencontreusement qu'Ephore était le seul à avoir décrit cette division en deux, et Sénèque le seul à mentionner ce que disait Ephore.
Anno 373
Cum ergo dicat hanc esse magnam stellam Comatam, de qua priùs dixerat, utique videtur esse illa , quae facta est anno 373. ante Christum‚ circa terra motum Achaiae‚ & favet catalogus Archonton Atheniensium , nam eo anno ponitur Astius, fortasse contracto, vel corrupto nomine Aristaei. Quapropter multis titulis illustris fuit ille Cometes , & ut dicebat Seneca : omnium mortalium oculis custoditus. Diodorus autem Siculus facit hunc Cometam aemulum Lunae; & de eodem intelligendus Aristoteles libro illo 1 . cap. 7. dicens : Quando in Aegos fluvium cecidit lapis ex aere a flatu elevatus, cecidit per diem ‚ fuit autem & tunc Comata stella, facta à vespera, & circa magnam stellam Comatam erat hyems & boréalis, & fluctus propter contrarietatem ventorum factus fuit, in sinu enim Boreas dominabatur, extra autem magnus Auster flabat; Ubi tertiò videtur loqui de magno illo Comete, quem subsecuta est submersio Buris & Helices: intellige ab illis verbis, Et circa Magnam &c.

An 373
Alors quand il dit que c'était cette grande étoile chevelue, dont il avait d'abord parlé, il semble utiliser celle, qui apparut l'an 373 avant Jésus-Christ, vers l'époque du tremblement de terre d'Achaïe, et que désigne la liste des archontes d'Athènes, cette année là était établi Astius, peut-ètre un raccourci ou la corruption du nom Aristeus. C'est pourquoi cette comète fut célèbre pour de nombreuses raisons, et comme disait Sénèque: surveillée par les yeux de tous les humains. Cependant Diodore de Sicile fait de cette comète une rivale de la lune, et à propos de la même, Aristote explique, en ce livre I, chapitre 7, disant: Quand dans le fleuve Aegos tomba des airs une pierre soulevée par le vent, elle tomba de jour, or il y eut alors une étoile chevelue, apparue le soir, et à l'époque de cette grande étoile chevelue, c'était l'hiver et le vent du nord, et le flot fut causé par la lutte des vents, car dans le golfe c'était un grand vent du nord qui dominait, et en dehors soufflait un grand vent du sud. Où Troisièmement, il semble parler de la grande comète, qui fut suivie de la submersion de Bura et d'Hélicé: Considérez ces mots, et à l'époque de cette grande etc.

Note: Riccioli se livre à de savantes déductions pour comprendre ce que disait Aristote, mais il utilise la traduction latine, publiée à Lyon en 1579, dont on peut se demander ce qu'elle vaut quand on voit que l'archonte Asteios se voit nommé Aristeus, ce qui fit se fourvoyer tous les cométographes jusqu'à Pingré.
(Riccioli, tome II, p 4)

1665, Claude Comiers joue au savant sans avoir vraiment lu Aristote.
Aristote estant encore fort jeune, observa que la prodigieuse étoile cheveluë (qui parut il y a deux mille & trente-huit ans) qu'il appelle la grande Comete à cause de sa grande lumière qui faisoit qu'on ne la pouvoit pas considerer, paroissant au Couchant aequinoctial: fut d'abord suivie d'horrible tremblemens qui ruinerent l'Achaye & des debordements de la mer qui submergerent Burin et Helicen. Il en parle encore ailleurs, disant que cette inondation fut causée par le grand choc de deux vents opposés du Midi & du Septentrion; et ajouste que Nicomaque commendant dans Athenes, pendant qu'une autre Comete sembloit mettre le ciel en feu & incendier les airs, un effroyable orage de vents, fit un étrange ravage chez les Corinthiens. Voici les termes d'Aristote dans une version faitte mot à mot sur le Texte Grec *
Meta.l.1.c.3.
 Nam & magnus ille Cometes qui haud ita multo ante factus est, quam Achaïa terra motu quateretur; & in eum maris inondatio introrumperet ab occasu Aequinoctiali emicuit.
Et ailleurs. *
cap.7.
Quando quidem & cum lapis ille quid apud Aegospotamos ostenditur ex aëre cecidit.
Sénéque, après avoir sur le sujet de cette grande Comete qui parut il y-a 2038. ans, raporté les differens de Callisthene & d'Aristote, dit que cette étoile à longue chevelure, eut beaucoup de choses dignes de remarque, mais que ce qu'elle eut de plus étrange, c'est qu'aussitôt qu'elle eut paru dans le Ciel, la mer se repandit par dessus Helice & Buris; ( villes voisines de la Grèce, l'une comme dit Pline *
* l.2.c.92.
située au Golfe Corinthiaque, & l'autre au golfe Crissée. in quo, igne ( dit Seneque * )
Nat.qu.cap.5.
 multa quidem fuerunt digna quae notarentur, nihil tamen magis, quam quod ut ille fulsit in coelo, statim supra Burim, & Helicem mare fuit.
Ovide * nous assure qu'on voyait encore de son tems sous les eaux de la mer ces deux déplorables Villes,
Si quaeras Helicon & Buran, Achaidas urbes
Invenies sub aquis: & adhuc ostendere nauta
Inclinata solens, cum moenibus oppida mersis.
* Metam.lib.15.

(Comiers, p 201)
Note: Tremblez bonne gens! Cette prodigieuse comète était d'un éclat insoutenable. La terre trembla, la mer déborda. Une autre comète incendia le ciel. Ca, c'est du grand spectacle! Cecil B. de Mille peut aller se rhabiller.

1668, Hévélius résume Aristote.

Hévélius
  Ante Christum 371.
Nam & magnus ille Cometa, qui circa terrae motum & inundationem in Achaiâ apparuit, ab occasu aequinoctiali emicuit. Paulo post; Magna isthaec stella, cujus ante mentionem fecimus, apparuit hyeme, rigente gelu, atque coelo sereno, vesperi, sub Aristaeo Archonte. Et primo quidem die non conspecta est, eo, quod ante Solem occidisset; sequente vero die, quantum potuit, visa est. Nam, quam minima fieri potest Distancia, Solem reliquit, & mox occubuit. Splendorem autem suum ad tertiam usque coeli partem extendit, instar saltus; quâ de causâ et Viâ appellata est. Ascendit autem usque ad cingulum Orionis, et ibi evanuit. Aristot.l.I.Meteor.6.

  371 avant Jésus-Christ.
De fait cette grande comète, qui parut vers l'époque du tremblement de terre et de l'inondation en Achaïe, resplendit au couchant de l'équateur. Peu après, cette grande étoile là, dont nous venons de parler, apparut l'hiver, par un froid intense et par un ciel serein, le soir sous l'archonte Aristeus. Et le premier jour, on ne la vit pas, ceci parce qu'elle s'était couchée avant le soleil. En vérité, on la vit autant que possible, le jour suivant. De fait, elle laissa le Soleil à la plus petite distance posible, et elle se coucha aussitôt. Sa magnificence s'étendit cependant jusqu'au tiers du ciel, comme un sentier, voila pourquoi on l'appella le chemin. Elle monta ainsi jusqu'à la ceinture d'Orion, et là elle se dissipa.

(Hévélius, p 796)

1681, Lubienietski fait confiance à Eckstorm, Milichius et Riccioli.

Lubienietski
XIII. Anno Mundi 3596. ante Christum natum 373. anno 4. Olympiadis 101. Aristaeo (Pausanias vocat Asteum) Athenis Praetore, ingens Cometes hyeme, coelo sereno & frigore intensissimo vesperi ab occasu Solis conspectus est, cujus splendor tertiam coeli partem occupavit. Ab occasu Aequinoctiali versus Austrum processit, & cum ad cingulum Orionis pervenisset, extinctus est. Hyemis illius reliqua pars fuit admodum sicca & abundans flatibus Septentrionalibus. Postea cum contrarii venti simul spirarent, Aquilo in sinus Corinthinco fluctus concitavit, extra sinum vero Auster obluctans cum fluctus intra sinum cogeret, post aliquot terra motus, quibus Achaia urbes, Helica & Bura corruerunt, accidit etiam diluvium, quod magnam Achaia vastitatem attulit. Anno secundo post Lacedaemonii a Thebanis ad Leuctra Beotiae victi fractique uno praelio nunquam amplius pristinam recuperarunt potentiam.
Eckstormius ex Peucero & Milichio: qui & Lacedaemoniis exitium & toti Graeciae mutationem inde deducit. Seneca libro Natural. quaest. 7. capîte 16. de hoc Cometa ait, eum omnium mortalium oculis custoditum fuisse, & ingentis rei traxisse eventum, cum Helicen & Burin ortu suo mersit. Ricciolus quoque eum ex Aristotele & Senaca annotat

VI L'an 3596 de la création, 373 avant Jésus-Christ, 4ème année de la 101ème olympiade, Aristeus (Pausanias l'appelle Asteus) étant archonte d'Athènes, l'hiver, une immense comète, par un ciel serein et un froid très intense, fut observée le soir au coucher du soleil, dont la magnificence occupait le tiers du ciel. Elle progressa du couchant à l'équateur vers le sud, et s'évanouit quand elle parvint à la ceinture d'Orion. Le reste de l'hiver fut très sec avec beaucoup de vents du nord. Ensuite, comme des vents opposés soufflaient en même temps, le vent du nord a soulevé les flots dans le golfe de Corinthe: En dehors du golfe, Le vent du sud poussaient les flots à les combattre, après quoi il y eut un tremblement de terre, par lequel les villes d'Achaie, Hélicé et Bura s'effondrèrent. Il arriva encore un déluge, qui amena de grandes dévastations en Achaïe.La deuxième année suivante, les spartiates furent vaincus et affaiblis dans un combat à Leuctres de Béotie et ne recouvrèrent jamais leur puissance initiale.
Eckstorm d'après Peucer et Milichius: qui, et le désastre des spartiates, et le changement de toute la Grèce s'en suivit. Sénèque, Questions naturelles, livre VII, chapitre 6, parle de cette comète, elle fut surveillée par les yeux de tous les humains, à cause de l'immense résultat qu'elle amena, la submersion d'Hélice et de Buris à son apparition. Riccioli la note aussi d'après Aristote et Sénèque.

(Lubienietski, p 11)

1681, Johann Jacob Wagner a lu Aristote en latin.
A. vor Ch. E.373 Zu der zeit als Aristaeus zu Athen regieret /ist ein erschrokenlicher Komet entstanden / so gross als der Monde / welcher den sechsten theil des himmels mit seinem schweiss eingenommen / dass er auch Semita (weiln er sich der Milch-strasse vergleichete) eine Strasse genennet ist worden. Er hat des Abends geleuchtet / und als er zu dem Gürtel des Orions kommen / ist er verschwunden. Von disem Komet schreibt Aristoteles Meteor.L I.c.3 &7 Seneca Q.N.L.VII c 5.7 & 16 Diodorus Siculus u.a.m.
l'an 373 avant Jésus-Christ, Au temps ou Aristaeus gouvernait Athènes, se tint une effrayante comète, aussi grande que la lune, dont la queue occupait la sixième partie du ciel, qui fut aussi appelé chemin (parce qu'elle était comparable à la voie lactée). Elle a luit le soir, et elle disparut comme elle arrivait à la ceinture d'Orion. Sur cette comète ont écrit Aristote, Météorologiques, Livre I, ch 3 et 7, Sénèque, Questions Naturelles, Livre VII ch. 5, 7 et 16, Diodore de Sicile
(Wagner , p 13)
Note: Wagner écrit Semita (chemin, en latin) au lieu de weg (traduction en allemand) alors que le texte grec porte odos (chemin, en grec). Ceci nous apprend que Wagner a utilisé une traduction latine d'Aristote

1696, Zahn ne mentionne que la comète.
15) M.3596 A.C.N.373. ingens Cometa hyeme Caelo sereno vesperi ab occasu Solis conspectus, cujus splendor tertiam Coeli partem occupavit. Eckstorm.
9) l'an 3596 de la création, 373 avant Jésus-Christ. On observa l'hiver une immense comète comète au coucher du soleil dans le ciel serein du soir, dont la splendeur occupait le tiers du ciel.Eckstorm
(Zahn, p 163)

1783, Pingré essaye d'y voir clair mais se trompe de date et d'interprétation.
Pingré
Pingré
371*
« En la première année de la CIIe Olympiade, Alcisthènes étant archonte à Athènes, plusieurs prodiges annoncèrent aux Lacédémoniens leur humiliation prochaine : un flambeau ardent, d'une grandeur extraordinaire, auquel on donna le nom de poutre enflammée, parut durant plusieurs nuits. » (1). Ce passage de Diodore de Sicile , semble constater l'année de l'apparition de la comète. La première année de la CIIe Olympiade commence au mois de Juillet 371, la comète comme nous le verrons bientôt parut en hiver: il semble donc qu'il faut la rapporter à la fin de 371, ou au commencement de 370: ceci n'est cependant pas sans difficulté. Les autres Anciens qui ont parlé de cette Comète, nomment l'Archonte Aristée (Arìstaeus), & je n'en trouve pas de ce nom dans la suite des Archontes d'Athènes. En la quatrième année de la CIe Olympiade, l'Archonte se nommoit Astius ou Asteus; l'Archonte de l'année suivante fut Aristhènes ou Alcisthènes: or, il y a quelque fondement de douter lequel des deux occupoit la souveraine magistrature, lorsque la Comète lut observée. Vers le temps de son apparition, Hélice & Bura, villes de l'Achaïe, furent englouties par les eaux de la mer; & les Lacédémoniens, comme le dit Diodore, perdirent l'empire de la Grèce qu'ils possédoient depuis cinq cents ans. Sénèque parle de la Comète, comme ayant précédé la ruine d'Hélice & de Bura, & fonde cette assertion fur l'autorité de Callisthènes : or, selon Diodore, ces deux villes périrent pendant la magistrature d'Asteus. Mais Sénèque écrivoit quatre cents trente-cinq ans après ce désastre, & nous n'avons point le passage original de Callisthènes, qui peut-être ne disoit pas expressement que la Comète eût précédé la submersion des deux villes. Pausanias donne à entendre que ce triste évènement fut précédé par l'apparition d'Astres inconnus jusqu'alors; mais il ne le dit pas clairement. II est d'ailleurs très-possìble que dans un temps, où l'on étoit persuadé que les tremblemens de terre étoient des effets naturels de l'apparition des Comètes, on ait attribué celui qui renversa Hélice & Bura, à une Comète qui ne parut cependant que sept ou huit mois après. Pline lie l'apparition de cette Poutre à la perte que firent les Lacédémoniens de l'empire de la Grèce a. Aristote , auteur contemporain, dit simplement b qu'elle parut vers le temps du tremblement de terre & de l'inondation. Le nom d'Aristée, qu'il donne à l'Archonte , paroît plus analogue au nom d'Aristhènes qu'à celui d'Astée. Je pense donc qu'on peut s'en tenir à la date que Diodore donne à l'apparition de la Comète.

Note: Pingré oublie que Diodore écrivait trois siècle et demi après les faits. Tant Aristote que Diodore nomment l'archonte Astéios, dans le texte grec. Ce sont des auteurs plus modernes qui parlent d'Aristaeus. Pingré a probablement, comme Lavaters, utilisé des traductions latines d'Aristote et de Diodore, ce qui invalide son assimilation d'Aristée à Alcisthènes, et maintient la date de l'hiver 373/372 av JC
Aristote décrit assez au long les circonstances de cette apparition. Après avoir dit que la Comète commença à paroître vers le couchant des Équinoxes, Il la quite un instant pour y revenir quelques lignes après. « Lorsque » Aristée, dit-il, exerçoit la suprême magistrature à Athènes, au plus fort de l'hiver, on vit paroître le soir, par un Ciel serein, cet Astre prodigieux dont j'ai déjà parlé. Le premier jour on ne le vit point; il se coucha avant le Soleil (d). On l'aperçut le second jour , le Soleil l'ayant laissé derrière lui, quoiqu'à une très-petite distance; il se coucha aussitôt après le Soleil. Mais sa lumière ( c'est-à-dire sa queue ), s'étendit comme une espèce d'allée d'arbres jusqu'au tiers du Ciel, ce qui lui fit donner le nom de route: il monta jusqu'à la ceinture d'Orion, où il s'évanouit. »
II suit de-là que le cours apparent de cette Comète étoit direct , ou d'occident en orient; mais son mouvement réel étoit probablement rétrograde. Puisqu'au commencement de son apparition, le Soleil étoit au signe du Capricorne, & que la Comète, voisine du Soleil, paroissoit vers le couchant des Equinoxes, & se couchoit peu après le Soleil; sa longitude devoit être d'abord moindre que celle du Soleil, & sa latitude boréale ne pouvoit être moindre que de 20 degrés. La Comète ayant disparu vers la ceinture d'Orion, fa latitude devoit être alors de 20 à 25 degrés vers le sud: elle avoit donc passé par son noeud descendant durant le temps de son apparition; & comme son mouvement fut d'abord très - précipité, & qu'il y a lieu de croire qu'elle étoit alors assez voisine de la Terre, on peut conjecturer avec quelque fondement, qu'elle passa par son noeud descendant peu de jours après son apparition & sa conjonction avec le Soleil : son noeud descendant étoit donc probablement dans l'Écrevisse ou dans le Lion. L'éclat & la longueur de sa queue, peuvent faire juger que lorsqu'elle commença à paroître, elle n'étoit pas fort éloignée de Ion périhélie; je me persuade même qu'elle l'avoit déjà passé: autrement, elle n'auroit pu s'éloigner du Soleil autant qu'il paroît qu'elle s'en étoit éloignée , lorsqu'Aristote l'observa près de la ceinture d'Orion. Je crois donc que son périhélie pouvoit être dans la Balance ou dans la Vierge: sa moindre distance au Soleil a dû être beaucoup moindre que celle du Soleil à la Terre. Je ne puis rien décider sur l'inclinaison de son orbite: en considérant cependant la grande latitude qu'elle eut vers la fin de son apparition, je me crois fondé à conjecturer que cette inclinaison devoit excéder 30 degrés.

(d) Je traduis fidèlement. Quel peut être le sens d'Aristote! Veut-il dire que le premier jour on ne vit que la queue de la Comète, & que sa tête s'étoit couchée avant le Soleil! Mais cela n'est pas possible; si la tête étoit couchée avant le Soleil , la queue, toujours opposée au Soleil, devoit être toute entière sous l'horizon. Le sens est-il que la Comète ne parut que le second jour de l'hiver! Mais comment Aristote, qui regardait les Comètes comme des météores fortuitement formés , a-t-il pu dire que la Comète existoit le premier jour de l'hiver , & qu'elle s'étoit couchée avant le Soleil! Le premier jour on aura pu ne voir que la queue dans un fort crépuscule; Aristote aura cru que le Soleil n'étoit pas encore couché, peut-être aussi l'éclat de la Comète le deuxième jour, aura persuadé à Aristote qu'elle existoit dès le premier jour.

Note: Pingré oublie qu'Aristote n'avait alors qu'environ 11 ans, et que sa description n'est évidemment pas scientifique. A cet age, Aristote pouvait bien savoir reconnaitre la constellation d'Orion, et remarquer que la queue de la comète s'étendait jusqu'à sa ceinture, comme nous l'avons représenté plus haut, mais il est douteux qu'il ait suivi le mouvement de la comète, jour par jour, jusqu'à sa disparition. Surtout, ce que Pingré traduit fidèlement n'est probablement qu'une traduction en latin d'Aristote, comme en ont utilisé les cométographes qui l'ont précédé. Quand Pingré croit lire "il monta jusqu'à la ceinture d'Orion, où il s'évanouit", il faut bien plutôt comprendre: "la queue s'étendait en montant dans le ciel, jusqu'à la ceinture d'Orion, où elle se dissipait". Il s'agit d'une description de la queue, et non de la trajectoire de la comète. Cette erreur fait supposer à Pingré des renseignements complètement illusoires sur l'inclinaison, et la longitude du noeud descendant. Le pire, c'est que Pingré ayant la réputation d'un cométographe sérieux, d'autres cométographes se voulant aussi sérieux, reprendront les estimations de Pingré pour les éléments de l'orbite de la comète.

(1) Diod. Sic. Lib. XV
a Pline L.II c. XXVI
b Arist. Meteor. L.I c.VI

(Pingré, p 259)

1894, Galle donne les éléments de la comète.
On sait que Galle à découvert la planète Neptune en 1846, avec la lunette de l'observatoire de Berlin. On sait moins qu'il a publié en 1894 un catalogue d'orbites de comètes: Verzeichniss der Elemente der bisher berechneten Cometenbahnen. La comète d'Aristote est la première de son catalogue.

Le début du catalogue de Galle
On voit que Galle est obligé d'ètre vague: inclinaison inférieure à 150° (quand Pingré parlait de plus de 30°). Et il est manifestement optimiste: il mentionne un argument de 120°, sans donner de fourchette d'incertitude, alors qu'il se base probablement sur les mêmes renseignements illusoires que Pingré.


1977, Raymond Drake mentionne une torche céleste sans affirmer qu'elle soit un vaisseau spatial.
Diodore de Sicile relate qu'une grande torche flamboyant dans le ciel annonça la défaite finale de Sparte.
(Drake2, p 112)
Note: Exceptionnellement, Drake ne parle pas d'engin de l'espace, mais ce doit être sous entendu, car il en parlait à la phrase précédente

1999, Gary Kronk cite les auteurs grecs et latins.

Gary Kronk
-371
It has frequently been conjectured that this comet might have been a member of the sungrazing family of comets. The account is unusual in that it is a surprisingly complete description of the comet’s motion and size.
  The oldest existing account of this comet comes from Greece, from where the philosopher Aristotle (-329) said

Il a souvent été supposé que cette comète pourrait avoir été un membre de la famille des comètes rasantes. Le récit est inhabituel en ce qu'il est une description étonnamment complète du mouvement et de la taille de la comète.
Le plus ancien récit existant de cette comète vient de Grèce, d'où le philosophe Aristote (-329) dit
(ici, la description d'Aristote).
  Another Greek account comes from the historian Diodorus Siculus, who wrote sometime during the 1st century bc.
Un autre récit grec vient de l'historien Diodore de Sicile, qui écrivait vers le 1er siècle av. J.C.
...Finally, Diodorus added these details concerning the comet’s appearance. "At any rate this torch had such brilliancy, they report, and its light such strength that it cast shadows on the earth similar to those cast by the moon."
...Enfin, Diodore ajouta ces détails concernant l'apparence de la comète. "En tout cas cette torche avait un tel éclat, rapportent ils, et sa lumière une telle force qu'elle projetait des ombres sur la terre semblables à celles projetées par la lune."
Note: Gary Kronk fait ici un commentaire pour essayer de faire correspondre la comète décrite par Diodore, avec celle d'Aristote, mais n'en fait aucun sur la probable confusion avec un bolide.
  Finally, there is a further ancient text reporting this comet. It was written by the Roman historian Lucius Annaeus Seneca around 63, but, although it was written over 400 years after the comet’s appearance, it quotes sources that are no longer in existence.
Enfin, il y a un autre texte ancien signalant cett comète. Il a été écrit par l'historien romain Sénèque aux environs de 63, mais, bien qu'il ait été écrit plus de 400 ans après l'apparition de la comète, il cite des sources qui n'existe plus. (ici, la citation de Sénèque).
  A rough orbital calculation was obtained by A. G. Pingré (1783). He gave the year as -371 and said the comet probably passed perihelion during the winter.
Un calcul orbital approximatif a été obtenue par A.G. Pingré (1783). Il a donné l'année -371 et dit que la comète passa probablement au périhélie pendant l'hiver.

Les éléments de l'orbite proposée par Pingré, selon Gary Kronk
Note: En réalité, Pingré ne donne pas ce tableau. C'est une tentative de reconstitution des éléments estimés par Pingré (et faux, comme nous l'avons vu). La première orbite dont Pingré donne les éléments dans un tableau est celle de la comète de 837. Notons le splendide optimisme de Kronk, plus fort que celui de Galle, puisqu'il évalue la longitude du noeud à .5° près, alors que Pingré dit simplement qu'il était "dans l'écrevisse ou dans le lion".

sources: Meteorologica (-329), book 1, pp. 44–7, 55; Historical Library (1st century bc, book 15, pp. 88–91; Quaestiones Naturales (63), book 7, pp. 236–9, 260–1; A. G. Pingré (1783), pp. 259–63; G. F. Chambers (1889), pp. 512–13; A. A. Barrett (1978), p. 87.
(Kronk, catalog of comets, p 13)
Note: Curieusement Gary Kronk ne cite ici aucune observation chinoise... et ne s'en étonne pas.

Analyse:
Voici la plus ancienne comète pour laquelle nous avons un témoignage direct. Celui d'Aristote lui même qui est notre source la plus ancienne. Nous ne pouvons pas le soupçonner d'avoir inventé cette comète, puisque, justement, Aristote ne croyait pas aux comètes en tant qu'astres. Il dit bien que cette comète fait partie de celles qu'il a vu. Il a effectivement pu être témoin de cette apparition de comète, car il avait au moins 11 ans quand elle parut. C'est trop jeune pour l'étudier, mais c'est suffisant pour en garder le souvenir, comme nous gardons le souvenir d'avoir observé au même age, la comète d'Arend-Roland, et d'avoir, comme Aristote, noté sa direction et sa taille.

Aristote nous apprend que la comète fut observé l'hiver, et que le cataclysme d'Hélicé eut lieu à la même époque. Il nous donne une description qui évoque assez bien une grande comète du type d'Ikéya-Séki, et pouvant appartenir au groupe de Kreutz. Pour ce qui est de la position dans le ciel, nous savons seulement que la tête paraissait proche du soleil, non loin de l'équateur céleste, mais tout ceci est très approximatif, le soleil étant à plus de 20° de l'équateur.
Héraclide, contemporain d'Aristote, dont le texte ne nous est connu que par Strabon, nous confirme que le cataclysme eut lieu l'hiver, et nous apprend que ce fut de nuit. Mais selon lui, ce n'était pas la faute à la comète, c'était une vengeance de Poséidon
Ensuite vient Callisthènes, neveu d'Aristote, dont l'opinion ne nous est connue que par Sénèque, et qui dit que l'apparition précéda la catastophe
Puis viennent des auteurs très ultérieurs. Diodore écrivait trois siècle et demi après les faits. il place l'apparition de la comète sous l'archontat d'Alcisthène, quand Aristote la place sous l'archontat d'Asteios. Et sa description de la comète est suspecte: Si elle avait été aussi brillante que la lune, Aristote ou Héraclide l'aurait probablement dit.
Strabon qui écrivait près de quatre siècles après, ne nous dit rien de la comète
Sénèque, quatre siècles et demi après, nous dit que la cataclysme suivit immédiatement l'appartion de la comète, mais nous dit aussi qu'il submergea Bura, ce qui est faux
En pratique nous ne pouvons faire confiance qu'à Aristote, et Héraclide, possibles témoins, et à Callisthène, qui avait pu rencontrer des témoins. De ce qu'ils disent il parait établi que l'apparition de la comète et la submersion d'Hélicé, eurent lieu à l'hiver 373/372 avant JC, sous l'archontat d'Asteios
Mais il semble bien que les deux phénomènes ne furent séparés que par peu de temps. Or ils furent racontés des dizaines d'annés plus tard. Dans ces conditions, il n'est plus sûr du tout que la comète précéda la submersion, car avec le temps, les souvenirs ont tendance à se conformer aux idées, et c'était une idée commune que les grandes catastrophes projetaient leur "ombre" devant eux. Comme l'écrit Pausanias:
Quelquefois on voit dans le ciel des feux qui le parcourent en laissant des sillons enflammés; des étoiles d'une forme nouvelle, et inconnues auparavant, apparaissent et remplissent d'effroi ceux qui les voient, et les vents font entendre leurs mugissements dans les entrailles de la terre. C'est par ces signes et par beaucoup d'autres que les dieux annoncent d'avance les violents tremblements de terre;
Ainsi, une comète survenue quelques jours après le cataclysme, observée, comme dit Sénèque "par tout ce qu'il y avait d'yeux au monde, à cause de la grande catastrophe qu'elle amena", a pu laisser des dizaines d'années plus tard, dans la mémoire des témoins interrogés par Callisthène, le souvenir d'un phénomène surprenant, survenu peu avant
Nous ne savons donc pas vraiment lequel a précédé l'autre, ce qui n'a d'ailleurs plus d'importance pour nous, qui ne croyons plus à l'influence des comètes sur les affaires terrestres.


Héliké et Boura (en rouge) sur la cote d'Achaïe
Qu'est devenu Hélicé? Selon Pausanias, elle se trouvait au bord de la mer, à quarante stades d'Egion
Plusieurs auteurs de l'antiquité racontent que de leur temps, on voyait encore les ruines au fond de l'eau.
Quand à l'histoire que Strabon dit qu'Eratosthène aurait entendu dire aux marins, c'est probablement un attrape-touriste, car il se raconte des histoires du même type pour d'autres villes englouties
Selon R. Demangel, la ville est conservée entière, sinon intacte, sous quinze à quarante mêtres d'eau, à 500 à 1500 mètres du rivage
Mais Dora Katsonopoulou, née dans la ville voisine d'Egion, fait depuis les années 80 des fouilles sur la cote même et y a trouvé les ruines de maisons et même d'un temple.

Or selon Strabon, si toute la ville fut détruite par le séisme, une partie resta sur la cote, et l'autre glissa dans la mer. Les travaux de Demangel et Katsonopoulou ne sont donc pas incompatibles

Reste le problème de l'orbite de la comète. Nous avons vu que les renseignements donnés par Aristote sont assez succincts: on connait l'époque de passage au périhélie, la taille et l'orientation de la queue de la comète, ainsi que la constellation ou elle se trouvait lors de son apparition. Mais à écouter Aristote, il ne la vit que deux ou trois jours. Cette brièveté jointe à la taille de la queue conduise à penser que c'était une comète rasante. Cette brièveté explique peut être aussi pourquoi on ne connait pas d'observations chinoises. Après tout, nous n'avons rien vu de la comète Ikeya Seki, pourtant spectaculaire, alors que nous avions vu huit ans plus tôt, celle d'Arend Roland, moins spectaculaire mais visible suffisamment longtemps.
Mais comme le mouvement de la tête n'a pas été suivi, nous ne connaissons pas l'inclinaison de l'orbite, et nous ne connaissons qu'approximativement la position des noeuds vus depuis la Terre. Autant dire que nous ne connaissons pratiquement rien de l'orbite de la comète, et que les renseignements qu'on a cru tirer du supposé passage de la comète près de la ceinture d'Orion, sont complètement illusoires.
On peut tout de même noter une tendance de certains historiens de l'astronomie à s'inventer de belles histoires par syncrétisme, en assemblant les récits les plus riches, et malheureusement les moins sûrs. Les ufologues ne font pas autrement.

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Dernière mise à jour: 01/12/2014