74 avant JC
Phrygie, Asie mineure, chute d'un tonneau incandescent
En réalité: bolide

vers 100, Plutarque raconte la chute d'un corps céleste enflammé.
On était sur le point de charger des deux parts, quand tout à coup, sans qu’il eût paru aucun changement dans l’air, le ciel se fendit, et l’on vit tomber entre les deux camps un grand corps enflammé qui avait la forme d’une jarre, et une couleur d’argent incandescent : les deux armées, également effrayées du prodige, se séparèrent sans combattre. Ce phénomène parut, dit-on, dans un endroit de la Phrygie appelé Otryes.
(Plutarque1, Vie de vie de Lucullus, ch XII)
Note: Les consuls de cette année étaient Marcus Aurelius Cotta et Lucius Licinius Lucullus, c'était donc l'an 74 av JC. Les deux armées sont les troupes du consul Lucullus face à celle de Mithridate VI commandées ici par le général Marius (ou Varius).

1557, Lycosthenes copie Plutarque.
Mundi 3890. ante Christum 73.
Lucullus contra Mithridatem regem pugnaturus, cum iam copias in aciem educeret, atque utrinque iam pugne signum datum esset, nullo prorsus iudicio praecedente, ingens flammeum corpus, aëre repente confracto intra duos exercitus est elapsum. Erat id corpus forma quidem dolio, argento vero ignito colorem persimile. Subitus itaque tanti prodigii pavor certamen utrinque diremit.
Hoc autem circa Otrias ( hic Phrygie locus ) evenisse traditum est a Plut. in vita Luculli.

Année de la création 3890. 73 avant Jésus-Christ
Lucullus allant combattre contre Mithridate, alors qu'il avait mené ses troupes à la bataille, et que des deux cotés le signal de la bataille avait été donné, sans que rien ne l'ait annoncé, un énorme corps flamboyant, fendant soudainement les airs tomba entre les deux armées. La forme de ce corps était comme une jarre, d'une couleur semblable à l'argent incandescent. Et ainsi la peur soudaine d'un si grand prodige arréta la lutte des deux cotés.
Cela aussi survenu près d'Otryes (ce lieu de Phrygie) est relaté par Plutarque dans la vie de Lucullus.

(Lycosthenes, p 211)
Note: Pour une fois Lycosthenes ne se trompe que d'un an dans la date.

1977, Raymond Drake se prend pour Cecil B De Mille.
En 73 av. J.-C., le consul Lucullus prit la tête des légions romaines contre Mithridate, roi du Pont, qui ravageait l'Asie Mineure près de la mer Noire. Mithridate contempla avec orgueil ses forces immenses; le soleil luisait sur leurs cuirasses, les chevaux hennissaient, impatients de charger. Le roi leva la main pour donner le signal du combat contre les Romains peu nombreux. Selon la vivante description de Plutarque: « Tout d'un coup, le ciel se déchira et l'on vit un énorme objet flamboyant s'abattre entre les deux armées. Sa forme était semblable à celle d'une jarre de vin et sa couleur était celle du plomb fondu. » Les deux camps furent frappés de stupeur à cette vue. Mithridate et son armée s'enfuirent en déroute. Quel prodige céleste a pu terrifier le fier Mithridate au milieu de sa gigantesque armée prête à réaliser sa suprême ambition de jeter les Romains à la mer? Quel miracle sauva les légions d'une destruction certaine ? Le vaisseau de l'espace jaillit du ciel, crevant le mur du son, son fracas de tonnerre et son éclat paralysèrent les armées réduites au silence devant ce prodige surgi entre elles qui impressionna tellement Plutarque un siècle plus tard. Mille ans auparavant, les dieux étaient apparus près de là durant la guerre de Troie. Lucullus retourna à Rome en triomphateur avec un immense butin. Hélas, il perdit la raison en se droguant et mourut en 57 av. J.-C., pleuré par Rome tout entière.
(Drake2, p 119)
Note: Waow! Ces cuirasses qui luisent, ces chevaux qui hennissent. On se croirait dans un film de Cecil B. de Mille. Mais Lucullus avait tout de même 30 000 fantassins et 2 500 cavaliers, bien qu'effectivement les troupes de Mithridate étaient plus nombreuses. Plutarque dit bien que les armées se séparèrent sans combattre. Lucullus eut alors l'avantage parce que les troupes de Mithidate n'avaient que 3 ou 4 jours de vivres. Ce fut plus tard que Lucullus vainquit les troupes de Mithridate, d'abord près du fleuve Rhyndacus, puis du Granique. Et Drake en rajoute avec ce vaisseau de l'espace "crevant" le mur du son (il n'a jamais été réparé depuis?), alors que Plutarque ne mentionne aucun bruit. Ce triomphe de Lucullus grace à un vaisseau de l'espace ne sort évidemment que de l'imagination enfiévrée de Drake.

2007, Richard Stothers hésite à exclure le bolide.
A more characteristic example occurred in 74 BC, when a Roman army under L. Licinius Lucullus was about to engage the forces of King Mithridates VI of Pontus. According to Plutarch:

But presently, ... with no apparent change of weather, but all on a sudden, the sky burst asunder, and a huge, flame-like body was seen to fall between the two armies. In shape, it was most like a wine-jar (pithoi), and in color, like molten silver. Both sides were astonished at the sight, and separated. This marvel, as they say, occurred in Phrygia, at a place called Otryae.23

The presence of thousands of witnesses, including Lucullus and Mithridates, vouches for the incident's occurrence. The term pithos was routinely applied by ancient meteorologists to any large barrel-shaped, smoky celestial fire, according to Posidonius.24 Could the object of 74 BC have been a meteorite? The bright silvery color might describe the incandescence of the object while falling, but freshly fallen meteorites are black, and Plutarch makes no mention of any noise, let alone an impact. The object must have measured much more than a meter across, since it was easily resolved at a distance greater than half the range of a bowshot. If it had remained on the ground, a meteorite of such size would doubtless have become a cult object in Phrygia, with its long tradition of meteorite worship,25 yet later historical records referring to Phrygian meteorites are silent about it. In modern experience, an episode like this would easily fall under the rubric of a classic UFO encounter. But we cannot rule out the fall of a bolide.

23 Plu. Luc. 8.5-7 (trans. by B. Perrin).
24 [Arist.] Mu. 395b12; Man. 1.842-3; Sen. Nat. 1.14.1; 1.15.2-4; Plin. Nat. 2.90; Ptol. Tetr. 2.9; Alex. Aphr. in Mete. ad 344a5; Origenes Cels. 1.58; Arrianus Meteorologicus in Stob. 1.28.2; Phlp. in Mete. ad 344'16; Apuleius in Lyd. Ost. 10a; Mens. 3.41; 4.71.
25 Cults were associated with several reputed falls of stones in this part of the world, including Troy, Pessinus, Cyzicus, Abydus, Ephesus and Aegospotami.

Un exemple plus caractéristique eut lieu en 74 avant JC, quand une armée romaine sous les ordres de L. Licinius Lucullus était sur le point d'engager les forces du roi Mithridate VI. Selon Plutarque:

Mais brusquement, ... sans changement apparent du temps, mais tout d'un coup, le ciel éclata, et on vit un énorme corps, comme une flamme, tomber entre les deux armées. En forme, il était plus comme une jarre à vin (pithoi), et en couleur, comme de l'argent fondu. Les deux parties furent étonnés à cette vue, et se séparérent. Cette merveille, comme on dit, eut lieu en Phrygie, à un endroit appelé Otryae.23

La présence de milliers de témoins, y compris Lucullus et Mithridate, garantit la survenance de l'incident. Le terme pithos a été régulièrement appliquées par les météorologues anciens à tout grand, feu céleste fumant en forme de tonneau, selon Posidonius.24 L'objet de 74 av. J.C. aurait il pu être une météorite? La couleur argentée brillante pourrait décrire l'incandescence de l'objet pendant sa chute, mais les météorites fraîchement tombées sont noires, et Plutarque ne fait aucune mention de tout bruit, et encore moins d'un impact. L'objet devait mesurer plus d'un mètre de diamètre, puisqu'il a été facilement résolu à une distance supérieure à la moitié de la portée d'un arc. Si elle était restée sur le terrain, une météorite de cette taille serait sans doute devenu un objet de culte en Phrygie, avec sa longue tradition de culte météoritique,25 Pourtant, les documents historiques ultérieurs se rapportant à des météorites phrygiennes sont silencieux à ce sujet. A l'époque moderne, un épisode comme celui-ci pourrait facilement tomber sous la rubrique d'une classique rencontre d'OVNI. Mais nous ne pouvons pas exclure la chute d'un bolide.

23 Plutarque, Vie de Lucullus, ch. 8, 5-7 (traduction de B. Perrin).
24 [Aristote.] Mu. 395b12; Man. 1.842-3; Sénèque, Questions Naturelles, livre 1, ch.14.1; livre 1, ch.15.2-4; Pline, Histoire Naturelle, livre II, ch.90; Ptolémée. Tetrabiblos. 2.9; Alex. Aphr. in Mete. ad 344a5; Origene, Contra Celsum. 1.58; Arrianus Meteorologicus in Stob. 1.28.2; Phlp. in Mete. ad 344'16; Apulée, dans Jean le Lydien, De Ostentis, 10a; Mens. 3.41; 4.71.
25 Des cultes ont été associés à plusieurs chutes de pierres réputés dans cette partie du monde, y compris Troie, Pessinonte, Cyzique, Abydos, Ephèse et Aegospotamos.

(Stothers, p 87)

Jarre à vin (pithos)
Note: Mithridate ne fut pas témoin, puisqu'il n'était pas présent, son armée étant commandée par Varius. L'ignorance de Stothers en matière d'observation de bolides fait peine à voir. Il confond bolide et météorite, et s'imagine que les dimensions mentionnées sont les dimensions réelles, alors que ce n'est qu'une convention d'estimation des dimensions apparentes. Mieux, il estime la distance de l'objet à la moitié de la portée d'un arc. D'abord, un bolide, c'est le phénomène visuel provoqué par la rentrée (à plusieurs dizaines de km/s !) d'un corps céleste (et donc extraterrestre). La météorite, c'est ce qu'on en retrouve au sol (quand on en retrouve quelque chose). Si sa surface est noirci par l'échauffement, cela n'a rien à voir avec l'apect du bolide, qui est celui du plasma qui se forme autour de l'objet. Ensuite, il est évident que les témoins n'avaient aucun moyen d'estimer la distance. Si les témoins parlent de la taille d'une jarre, alors que pour la lune, ils eussent paré de la taille d'une écuelle, c'est que la dimension apparente était plusieurs fois celle de la lune. On ne doit pas en déduire que la distance était suffisamment réduite pour qu'on puisse voir distinctement une jarre. Il s'agit, en fait, des dimensions apparentes de la coque de plasma qui entoure l'objet, et non de l'objet lui même, invisible à cette distance. Les jarres à vin (pithos) étaient de dimensions variables, d'un peu plus d'un mètre à près de deux mètres. En se basant sur une taille moyenne de 1.5 mètre, et sachant que le témoin moyen évalue la lune à 25 cm, un objet céleste grand comme une jarre à vin, représente 6 fois la lune, soit trois degrés d'arc. Sachant que les bolides commencent à s'allumer à l'altitude de 90 km,sont très brillants à 60 km, et s'éteignent vers 40 ou 30 km, il est évident que la distance n'avait rien à voir avec la portée d'un arc. En fait, les témoins estiment souvent à quelques centaines de mètres d'eux, un bolide qui se trouve à des centaines de km. Inutile donc, de s'étonner de ce que Plutarque ne mentionne aucun bruit, ni qu'on ait retrouvé quelque chose. L'absence de bruit indique seulement que le phénomène n'eut pas lieu au dessus des deux armées. A 100 km, il eut encore été bien visible, mais inaudible, sans qu'on en retrouve rien sur le champ de bataille.
Enfin l'ésotérisme des références citées, dont nous n'avons pas tout compris, ne doit pas être pris pour un signe d'érudition, certains auteurs ayant la facheuse habitude de recopier en vrac, des références prises chez un autre.


2009 Jacques Vallée comprend qu'il s'agit d'une chute de météorite.
72 BC, Phrygia, near Otryae, Turkey
A falling meteorite stops a battle

At the time of the war between Lucullus and Mithridates, "Marius, whom Sertorius had sent out of Spain to Mithridates with forces under him, stepping out and challenging him, prepared for battle. In the very instant before joining battle, without any perceptible alteration preceding, on a sudden the sky opened, and a large luminous body fell down in the midst between the armies, in shape like a hogshead, but in color like melted silver, insomuch that both armies in alarm withdrew. This wonderful prodigy happened in Phrygia, near Otryae." (Plutarch's Lives: Lucullus, translated by John Dryden, 1683.)
There is no reason to believe this object was anything but a natural phenomenon.

72 av JC. Phrygie, près d'Otrya, Turquie
La chute d'une météorite arrète une bataille
Au temps de la guerre entre Lucullus et Mithridate, "Marius, que Sertorius avait envoyé d'Espagne vers Mithidate avec des troupes sous ses ordres, sortant et le défiant, se prépara pour la bataille. A l'instant même avant que la bataille s'engage, sans d'abord aucun changement perceptible, d'un coup le ciel s'ouvrit, et un grand corps lumineux tomba au milieu des armées, de la forme d'un tonneau, mais de la couleur de l'argent fondu, en sorte que les deux armées se retirèrent en alarme. Ce prodige merveilleux arriva en Phrygie, près d'Otrya." (Plutarque: Lucullus, traduit par John Dryden, 1683)

(Vallée2, p 455)
Note: Cette fois, ce tonneau d'argent fondu ne serait que la chute d'une météorite, alors que le si typique bolide nocturne de 76 av JC, n'en était pas une. Comprenne qui pourra...

Analyse:
Il faut interpréter le texte de Plutarque. Pris à la lettre, on pourrait croire qu'une météorite tomba pile entre les deux armées. Mais alors on nous parlerait aussi de la pierre retrouvée au sol, comme on nous parle de celle tombée à Aegos potamos. En fait les deux armées assistèrent à la chute céleste, sans qu'aucune ait l'impression que cette chute se passait au dessus de l'autre, d'où le "entre les deux". Cela ne signifie pas non plus que la chute eut lieu à l'aplomb des deux armées, puisqu'on n'entendit rien.
On peut considérer le bolide diurne, comme probable, mais éloigné d'une bonne centaine de km de la ville d'Otryes.

Dernière mise à jour: 10/03/2017

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