Le prétendu mimétisme des OVNI

La belle époque du "nutsandboltisme".

Le "nutsandboltisme", de l'américain "nuts and bolts" (écrous et boulons), est la théorie selon laquelle les OVNI sont des engins métalliques pilotés. Cette théorie s'inscrivait dans la suite logique des avions fantômes et des fusées fantômes, qu'on avait cru voir précédemment, et d'ailleurs Kenneth Arnold, l'historique premier témoin, attribuait aux engins qu'il avait vu les performances des fusées de son temps.
C'est le journaliste Bill Béquette qui, en les qualifiant de "saucer like", ouvrit la porte à l'expression "flying saucer" (soucoupes volantes), ce qui ne préjugeait, ni de leur origine, ni de leur mode de propulsion. Ces mystérieuses "soucoupes" étaient simplement des engins en toles et boulons très perfectionnés, et c'est tout. Comme journaux et revues n'avaient jamais mentionné de tels engins, c'était tout simple: ou ils n'existaient pas, ou ils étaient secrets.

soucoupe 1951
1951. De la belle soucoupe en tole
Si les soucoupes étaient des engins secrets, on espérait bien qu'ils appartenaient à l'U.S.Air Force. Cette idée s'accordait bien avec le fait que l'U.S.A.F. en niait l'existence, et flattait l'orgueil américain. Elle fut donc récupérée par certains écrivains de science fiction: dès 1949 John Silver Lee utilise cette hypothèse dans un roman de kiosque de gare, Slim and the flying saucers, où c'était l'armée elle même qui fabriquait les soucoupes.
L'idée reçut sa consécration le 3 avril 1950, dans une émission du journaliste Henry J. Taylor à l'American Broadcasting Co., affirmant que ces engins étaient soit des disques téléguidés, soit des engins supersoniques.
Mais parallèlement le journaliste Donald Keyhoe, ancien militaire, avait déja suggéré en janvier 1950 que les soucoupes étaient d'origine extraterrestre.
Dans les deux cas, l'U.S.Air Force niait en bloc, mais dans les deux cas, il n'y avait pas de raison de soupçonner autre chose que des engins perfectionnés en tole. Tout au plus pouvait on imaginer des rivets ou des soudures à la place des boulons.

Les "airships" torpillent le "nutsandboltisme".

Les soucoupes volantes, qu'elles soient en tôle ou en papier, avaient un ennemi juré: le professeur Donald Menzel qui s'acharnait à leur trouver des explications prosaïques.

airship collins
1896. ça, une soucoupe volante?
En 1953, il donna quelques migraines aux soucoupistes nutsandboltistes, en exhumant, dans son livre Flying saucers, une vague d'engins mystérieux observés en 1897, que personne n'avait encore remarqué, et qu'il donnait comme exemple d'observations dues à l'imagination populaire.
Et c'est vrai qu'il était bien tentant de les imputer à l'imagination populaire car les témoins de cette époque ne décrivaient absolument pas de soucoupes volantes, ils auraient vu, dès novembre 1896, de baroques vaisseaux aériens, généralement pourvu d'un projecteur, et qui, si on prenait leur description à la lettre, étaient bien incapables de voler. Comment en faire des engins aux performances fantastiques? Comment en faire les ancêtres des soucoupes volantes?

Pour compliquer le jeu, dès 1955, Arthur Constance allégua le polymorphisme des OVNI. Dans le troisième numéro de la Flying Saucer Review, il écrivit:

TOWARDS NEW CONCEPTIONS
OF THE COSMOS

...
... That U.F.O.s come, or emerge, in a variety of shapes and sizes, and that they can change size, shape, colour or speed while under observation.

VERS DE NOUVELLES CONCEPTIONS
DU COSMOS

...
... Que les ovnis viennent, ou émergent, dans une variété de formes et de tailles, et qu'ils peuvent changer de taille, de forme, de couleur ou de vitesse pendant qu'ils sont observés..

( Arthur Constance ,TOWARDS NEW CONCEPTIONS OF THE COSMOS, Flying Saucer Review, n° 3 July-Aug 1955, p 12-15 )

Le mimétisme comme antidote.

Il fallut quelque temps à la matière grise des ufologues pour trouver une solution qui sauvait à la fois les observations des témoins d'airship, et l'existence des engins extraterrestres.
D'abord, il fallait accepter l'évidence: Des engins volants d'apparence absurde s'étaient bel et bien manifestés. Ensuite il fallait accepter cette absurdité comme faisant partie du problème des OVNI. Enfin, il fallait trouver un nom à ce phénomène.

C'est Aimé Michel qui réagit le premier. En 1966, dans un numéro spécial de la Flying Saucer Review il traite, dans un article en 37 points, du problème de l'absence apparente de contact entre notre civilisation et celle des extraterrestres. Et il invoque le mimétisme (mimicry, dans son texte).

The Problem of Non-Contact
...
(35) The mimicry in the Type 1 cases ought perhaps also to be studied along these lines. During the Wave of 1896-97, the objects seen on the ground seem to be have been arrived at by hybridization between Renard and Krebs’ dirigible balloon (1884) and a small locomotive of the Far West (See Flying Saucer Review Vol. 12, No. 4, July/August 1966, cover illustration).
After 1947, the fashion in UFOs was for aerodynamics, as on earth. Since 1964, it has once more been the Baroque. At times, too, they exhibit craft that sport terrestrial signs and markings. Certain cases have been checked and found to be perfectly authentic. But they are so absurd (because they are mimetic) that folk do not dare to talk about them. No useful research can ever be done so long as absurdity produces complexes in us.

Le problème de Non-Contact
...
(35) Le mimétisme dans les cas de Type 1 devrait peut-être aussi être étudié dans ce sens. Au cours de la vague de 1896-97, les objets vus au sol semblent être arrivés par hybridation entre entre les ballons dirigeables de Krebs et de Renard (1884) et une petite locomotive du Far West ( voir la Flying Saucer Review, vol 12, N° 4, juillet-aout 1966, illustration de couverture).
Après 1947, la mode pour les OVNI était à l'aérodynamisme, comme sur Terre. Depuis 1964, C'est une fois de plus le baroque. Parfois, aussi, ils présentent un engin qui arbore des signes et des marques terrestres. Certains cas ont été vérifiés et se sont révélés parfaitement authentiques. Mais ils sont si absurdes (parce qu'ils sont mimétiques) que les gens n'osent pas en parler. Aucune recherche utile ne peut être effectuée aussi longtemps que l'absurdité nous donne des complexes.

( Aimé Michel ,The Problem of Non-Contact, Flying Saucer Review – Special Issue “The Humanoids”, October-November 1966, p 256 )

FSR
FSR vol 12 N° 4
Le mimétisme est bien connu dans le monde animal, et s'observe surtout chez les insectes. Découvert par Henry Walter Bates chez les papillons d'Amazonie, il fut baptisé "mimicry". C'est une stratégie adaptative d'imitation, permettant d'échapper aux prédateurs. Elle peut consister à prendre l'apparence d'une autre espèce, mais aussi à prendre l'apparence de son environnement (et c'est alors du camouflage)
Il fallait une certaine hardiesse intellectuelle pour transposer le mimétisme à une technologie imitant une autre technologie, mais cette hardiesse était ce qui manquait le moins à Aimé Michel. L'exemple qu'il choisit ici, qui figure sur la couverture de la FSR (ci contre) est bien caractéristique de l'absurdité de ces engins qui n'auraient pas pu voler, et qu'on prétendait quand même avoir vu voler, avec des performances étonnantes. Malheureusement, il s'agit de l'histoire du capitaine Hooton, qui n'est manifestement qu'un canular.

Il y a pire: Les engins dessinés en 1897 étaient ceux qu'à l'époque on imaginait pouvoir voler, tout comme les engins d'après 1947. En fait, à toutes les époques, on a cru voir dans le ciel ce qu'on imaginait qu'il pouvait s'y trouver: des dragons de feu, des ballons, des dirigeables, des avions, des fusées, des satellites... Il n'y a donc aucune rupture dans l'apparence technologique, mais une continuité. L'erreur d'Aimé Michel est de ne pas comprendre que ce qui se voyait de son temps était aussi illusoire que ce qui se voyait en 1897, mais qu'il était bien logique que les témoins - et les journalistes - l'interprètent avec les connaissances de leur époque.

La théorie du mimétisme à l'oeuvre.

Curieusement, en 1969, Jacques Vallée est bien conscient que l'absurdité fait partie du phénomène, mais n'utilise pas encore le mimétisme.

Fact 4. The entities' reported behavior is as consistently absurd as the appearance of their craft is ludicrous. In numerous instances of verbal communication with them, their assertions have been systematically misleading.
...
Fact 5. The mechanism of the apparitions, in legendary, historical, and modern times, is standard and follows the model of religious miracles.
...
Proposition 1. The behavior of nonhuman visitors to our planet, or the behavior of a superior race coexisting with us on this planet, would not necessarily appear purposeful to a human observer.
...
Proposition 3. The entire mystery we are discussing contains all the elements of a myth that could be utilized to serve political or sociological purposes, a fact illustrated by the curious link between the contents of the reports themselves and the rogress of human technology, from aerial ships to dirigibles to ghost rockets to flying saucers—a link that has never received a satisfactory interpretation in a sociological framework.
Fait n° 4. Le comportement signalé des entités est constamment aussi absurde que l'apparence de leur engin est ridicule. Dans de nombreux cas de communication verbale avec eux, leurs assertions ont été systématiquement trompeuses.
...
Fait n° 5. Le mécanisme des apparitions, dans les temps légendaires, historiques et modernes, est standard et suit le modèle des miracles religieux.
...
Proposition 1. Le comportement de visiteurs non humains sur notre planète, ou d'une race supérieure coexistant avec nous sur cette planète, n'apparaitrait pas nécessairement logique à un observateur humain.
...
Proposition 3. Tout le mystère dont nous discutons contient tous les éléments d'un mythe qui pourrait être utilisé pour servir des objectifs politiques ou sociaux, un fait illustré par le lien curieux entre le contenu des rapports eux-mêmes et le progrès de la technologie humaine, des navires aériens aux dirigeables, aux fusées fantômes, aux soucoupes volantes - un lien qui n'a jamais reçu une interprétation satisfaisante dans un cadre sociologique.

( Jacques Vallée ,Passport to Magonia, Henry Regnery, 1969, p 161 de l'édition 1993)
Note: Jacques Vallée met le doigt sur ce qui implique une interprétation sociologique, c'est à dire le rapport entre le contenu des observations et nos propres connaissances, mais n'y voit que du feu.

En 1970, John Keel explique la vague de 1896 par le mimétisme, mais sans le nommer:

To Hell with the Answer!
What's the Question?

...
The Grand Deception
...
Let us assume that an unkown group of well-organized individuals, some of them quite alien fom us in appearance, speech, etc., found it expedient to conduct a large-scale "survey" of the midwestern United States in 1897 by air. Because no aircraft existed in the United States at that time, they knew that they might attract undue attention, and attention was the one thing they did not want. They didn't want us even to know that they existed, and if we became conscious of their aircraft, we would automatically become aware of them. So they had to devise a plan by which this "invasion" would go relatively unnoticed, or at least seem harmless.
  In 1897, everyone had at least heard of lighter-than-air craft. Crude dirigibles had already been flown in Europe, and pictures and drawings had appeared in American newspapers and magaines. So the obvious ploy for the people I call ultraterrestrials would be to construct a few craft that at least resembled dirigibles and make sure that they were seen in several places by many people, such as Chicago. These decoys would get a lot of publicity, and from then on everything that anyone saw in the sky would be classed a "the airship," even if it were shaped like a doughnut and had a big hole in the middle.
  Such a plan had to go further, however, because the aerial activity was going to be most intense in some areas. Some kind of explanation for the mystery airship had to be tendered. This could best be done by staging deliberate landings in relatively remote places and contacting a few random individuals, telling them the "secret invention" story, and letting them spread the word. To add support to it, notes would be dropped occasionally confirming what the contactees were saying, and even a few ordinary artifacts such as half-peled potatoes and foreign newspapers could be added to the stew.
  Because some-or maybe most- of the ultraterrestrials looked very much like us, they would be assigned to occupy the decoys. The other objects, the real vehicles to be employed in this operation, would careftilly remain aloof.
  To lend further confusion to the situation, some of the contactees would be told ridiculous things that would discredit not only them but the whole mystery. Knowing how we think and how we search for consistencies, the ultraterrestrials were careful to sow inconsistencies in their wake.

Au diable la réponse!
Quelle est la question?

...
La grandiose tromperie
...
Supposons qu'un groupe inconnu d'individus bien organisés, certains tout à fait étrangers à nous en apparence, en langage, etc., ait trouvé opportun de mener une "enquête" à grande échelle dans le Midwest des États-Unis en 1897 par voie aérienne. Parce qu'aucun avion n'existait aux États-Unis à cette époque, ils savaient qu'ils pourraient attirer une attention indue, et l'attention était la chose qu'ils ne voulaient pas. Ils ne voulaient même pas que nous sachions qu'ils existaient, et si nous remarquions leurs engins, nous devenions automatiquement informés d'eux. Ils ont donc dû concevoir un plan par lequel cette "invasion" passerait relativement inaperçue, ou du moins semblerait inoffensive.
  En 1897, tout le monde avait au moins entendu parler d'engins plus légers que l'air. Des dirigeables primitifs avaient déjà volé en Europe, et des images et des dessins avaient paru dans les journaux et magazines américains. Donc, le stratagème évident pour les gens que j'appelle ultraterrestres serait de construire quelques engins qui ressemblaient au moins à des dirigeables et de s'assurer qu'ils étaient vus à plusieurs endroits par beaucoup de gens, comme Chicago. Ces leurres recevraient beaucoup de publicité, et à partir de là, tout ce que quelqu'un verrait dans le ciel serait classé comme "le dirigeable", même s'il avait la forme d'un beignet et avait un grand trou au milieu.
  Un tel plan devait cependant aller plus loin, car l'activité aérienne allait être plus intense dans certaines zones. Une sorte d'explication pour le dirigeable mystérieux devait être fournie. Cela pourrait être mieux fait en organisant des atterrissages délibérés dans des endroits relativement éloignés et en contactant quelques individus au hasard, en leur racontant l'histoire de "l'invention secrète" et en les laissant passer le mot. Pour y ajouter du support, des notes étaient occasionnellement lâchées confirmant ce que disaient les contactés, et même quelques artefacts ordinaires tels que des pommes de terre à moitié pelées et des journaux étrangers pouvaient être ajoutés à la mixture.
  Parce que certains - ou peut-être la plupart - des ultraterrestres nous ressemblaient beaucoup, ils seraient chargés d'occuper les leurres. Les autres objets, les vrais véhicules à employer dans cette opération, resteraient soigneusement à l'écart.
  Pour prêter encore plus de confusion à la situation, certains des contactés se seraient fait dire des choses ridicules qui discréditeraient non seulement eux mais tout le mystère. Sachant comment nous pensons et comment nous recherchons des cohérences, les ultraterrestres ont pris soin de semer des incohérences dans leur sillage.

( John A. Keel ,Operation Trojan Horse, Putnam 1970 )
Note: Cette fois, John Keel met les pieds dans la plat. Le mimétisme est réel, et du à une intelligence extérieure qui crée de faux engins pour nous tromper.

En 1973, l'équipe G.A.B.R.I.E.L. explore le mimétisme jusqu'aux limites de la raison.

livre
attachez vos neurones!

Giraud
Jean Giraud en 2011
G.A.B.R.I.E.L., c'était le pseudonyme acronymique de l'équipe d'ufologues qui gravitait autour de Jean Giraud à Montluçon, dans les années 70. Et si Jean Giraud est inconnu du site RR0, et souvent confondu avec son homonyme, Gir, ce fut un grand remueur d'idées audacieuses, qui prenait un malin plaisir à cultiver les paradoxes. Ce fut particulièrement visible en 1978, quand il démontra que, puisque la théorie de Bertrand Meheust est que la structure des manifestations du phénomène OVNI se retrouve dans la science fiction de la génération précédente, alors cette théorie elle même doit se retrouver dans la science-fiction de la génération précédente... et il le prouva en exhumant une bande dessinée de 1958, reprise d'une bande américaine du début des années 50, où les témoins d'un atterrissage d'un vaisseau spatial voyaient son occupant selon leurs propres images mentales.
En 1973, lui et son équipe vont explorer les conséquences du camouflage présumé des OVNI, d'une façon qui parait audacieuse, mais qui, à l'analyse se révèle plutôt téméraire. Pour bien comprendre ce qui suit, il faut se rappeler que c'est écrit en 1973, et que "soucoupe volante" ne signifie plus engin en tôle, mais objet volant mystérieux, et que "les extraterrestres", ce ne sont pas des petits hommes verts, mais l'intelligence qui manipule ces objets.

LE MIMÉTISME
OU L'ART DE PASSER INAPERÇU!

par G.A.B.R.I.E.L.

Les occupants des "Soucoupes Volantes" paraissent peu se soucier que nous soyons ou non conscients de leur présence dans notre environnement. Par contre, ils semblent attacher La plus grande importance à nous dissimuler leurs occupations sur notre sol.
Ce souci de dissimulation est particuliérement net dans le cas des atterrissages, surtout s'il y a sortie des occupants de l'appareil. Dés qu'ils se rendent compte qu'ils sont découverts, le comportement des "Extraterrestres" est toujours invariable. C'est la fuite immédiate et précipitée. Cette attitude impliquant l'interruption de leurs activités est parfois renforcée de diverses mesures de sécurité visant à la mise "hors course" du témoin importun, soit en l'aveuglant, soit en le paralysant.
Note: En fait, c'est une généralisation, à partir de quelques cas bien connus, comme ceux de Quarouble et de Valensole.
 - Il apparaît comme évident que les activités déployées sur notre sol par les "Extraterrestres" sont susceptibles d'être interrompues à n'importe quelle phase de leur développement et ce, apparemment, sans préjudices, dangers ou conséquences fâcheuses pour qui que ce soi.
 - Elles entrent donc dans une forme bien particulière de programme et ce point, nous semble-t-il, mériterait d'être étudié en détail par des spécialistes de la programmation. En effet, l'échec total ou partiel de ces manoeuvres (provoqué par l'intervention inopinée du témoin) semble prévu et forcément pallié à un niveau qui nous échappe. Les "Extraterrestres" semblent avoir parfaitement adapté leurs programmes et leurs méthodes à un état de fait particulièrement désavantageux pour eux. Jamais on ne les vit déployer au sol un important et encombrant matériel qu'ils auraient risqué d'être contraints d'abandonner derrière eux.
Note: Effectivement, le seul exemple de matériel prétendument abandonné, après avoir été caché, est un canular. La fuite sans rien abandonner s'accorde avec l'élusivité, décrite par Bertrand Meheust. Mais elle s'accorde aussi avec l'hypothèse de l'irréalité du phénomène..
...
Limiter les dégats.
Faute de pouvoir se rendre parfaitement "invisibles", il est logique de penser que les "Extraterrestres" aient fait porter tous leurs efforts dans le recherche d'une solution leur apportant le maximum d'avantages.
La premiére solution qui vient à l'esprit est de dire qu'ils choisissent de se manifester dans les lieux déserts. Cette supposition est confirmée par les recherches de J. Vallée qui a démontré que la densité des observations de "Soucoupes Volantes" était inversement proportionnelle à la densité démographique.
Note: C'est une des prétendues "lois", découvertes dans les années 60, par Jacques Vallée, et basée sur un échantillon très incomplet des rencontres rapprochées de la vague de 1954, en France. Cette loi n'est plus valable depuis qu'on a pu faire des cartes beaucoup plus complètes.
Mais que faire lorsqu'il est nécessaire de pénétrer dans une zone à forte densité de population?
La solution ta plus simpie consiste à choisir l'heure la plus favorable, c'est-à-dire celle pendant laquelle les gens dorment. Et le fait est que la quasi-totalité des apparitions de "Soucoupes Volantes" est nocturne (surtout localisée à l'aube et au crépuscule car, au milieu de la nuit. les témoins ne sont pas là pour observer, justement, ils dorment).
Note: Mais il y a les veilleurs de nuit, les astronomes amateurs, et les appareils de surveillance automatique, comme les radars.
Mais, nous fera-t-on remarquer, les "Soucoupes Volantes" sont en général lumineuses. Apparaître de nuit constitue pour elles un énorme risque de se faire repérer.
C'est certain. Mais depuis la fameuse nouvelle "La Lettre Volée", d'E.A. Poe, chacun sait bien que le meilleur moyen de passer totalement inaperçu est justement de se montrer au grand jour!
Note: Mais dans "La Lettre Volée", l'objet se présente sous une apparence banale.

Homomorphisme, Homochromie et mimétisme.
La question est maintenant de savoir jusque dans quelles limites les "Extraterrestres" et leurs appareils sont capables de s'intégrer ef de se fondre dans notre environnement.

09/07/1970 Evillers (Doubs)
Ce jeudi-là, vers 22H 45, Mlle Henriette Lacoste se précipita chez M. Tyrode, enquêteur à "Lumières dans la nuit", en l'invitant à venir chasser la "Soucoupe Volante" qui se trouvait au dessus du village... Tous deux se rendirent en voiture sur un point élevé de la commune et découvrirent dans la vallée, basse sur l'horizon, une énorme LUNE bien jaune et bien ronde qui semblait les narguer...
Ce n'est que plus tard que M. Tyrode réagit en se rendant compte que cette nuit-là, la lune non seulement se couchait à 22h. 30, mais que, vieille de 6 jours, elle avait alors la forme d'un mince croissant.
Note: En fait, Jean Tyrode objecta tout de suite à Mlle Lacoste que la lune était déja couchée (Lumières dans la nuit, n° 118, p. 21-24).
Ce qu'observérent M. Tyrode et Mlle Lacoste ne pouvait donc pas être ia lune. Il n'en demeure pas moins que plusieurs témoins, dont un spécialiste de l'étude des “Soucoupes Volantes", furent bel et bien abusés par un objet qui ressemblait à...

Nous avons là un remarquable phénoméne de mimétisme.
L’objet observé imita la lune à la perfection. D'abord par sa forme ronde (peut-étre une sphére ou un disque vu par dessous), ensuite par sa couleur jaune (si l'objet était apparu vert ou bleu, l'illusion aurail été aussitôt détruite) et enfin par son comportement d'une immobitité parfaite (le déplacement de la lune n‘est pas perceptible à l'oeil nu).
Note: Mais nous n'avons pas de photo ni de dessin précis de l'objet observé. Nous ne pouvons donc pas parler de perfection, ni même d'imitation.
Les "Soucoupes Volantes” disposent donc là d'un merveilleux moyen de passer inaperçues. De nos jours, qui fait attention à la lune, qui connaît ses heures de lever et de coucher, qui connaît sa phase, et surtout qui scrute le ciel à la recherche d'une possible anomalie?
Un apparell sphérique peut donc stationner aussi longtemps qu il le désire au-dessus d'un point précis de notre territoire il doit juste veiller a n'étre pas trop lumineux et surtout a se maintenir a une altitude convenable (environ 1km pour un engin de 10 m de diametre). En effet, trop bas, un tel objet apparaîtrait trop gros et trop haut, il paraitrait trop petit, ce qui immanquablement détruirait l'illusion.
Note: Erreur complète. L'illusion ne fonctionnerait que pour des témoins situés dans un cone centré sur l'objet. Sous l'objet, la "lune" apparaitrait au zénith, ce qui n'a jamais lieu sous nos latitudes. Au sud de l'objet, la "lune" apparaitrait au nord. Trop loin, l'objet apparaitrait comme une planète, mais un peu plus près, il apparaitrait comme une lune trop petite. Se déguiser en pleine lune n'est donc pas sans risques.
Quels sont les inconvenients de cette technique?
Le plus important est que la lune réelle soit elle aussi visible Deux lunes! Cela ne manquerait pas d’attirer l'attention des témoins Cet inconvénient peut facilement être évité. il suffit de choisir le jour convenable.

Le seul vrai problème est le suivant :Combien de "Soucoupes Volantes" stationnaires dans le ciel nocturne furent-elles prises pour la lune? Nous ne le saurons jamais.
Note: Ici, on s'apprète à retourner la charge de la preuve.
Nous-mêmes, nous n'y attachàmes pas toujours toute l'attention qui aurait été nécessaire. Combien de témoins ne nous ont-ils pas avoué avoir observé tel jour une lune "bizarre "… Nous mimes cela sur le compte d'un banal phénomène atmosphérique de réfraction. Nous avons eu tort et, dorénavant, nous attacherons plus d'importance aux témoignages de ce type, de même que nous invitons le lecteur à porter un minimum d'attention a la "Blonde Phébé"!
Note: Et voila! le doigt est dans l'engrenage. A l'inverse de la présomption d'innocence, la lune va devoir prouver qu'elle est bien la lune.

Complément d'étude.
Nous ne venons de parler que des fausses et vraies lunes rondes!
Mais la lune n'apparait pas toujours sous la forme d'un disque. Le croissant de lune est aussi courant. Est-ce que, par hasard, les "Soucoupes Volantes"...
Et bien oui!

../11/1970 Maubeuge
Un samedi soir de novembre 1970, vers 22 h. 45, Mme Plichon revenait d'une séance de cinéma accompagnée de son fils de 11 ans. Elle vit en rentrant chez elle un curieux quartier de lune avec ses deux cornes tournées vers la droite (dernier quartier). Ce qui la frappa le plus c'est que sous la corne inférieure, il y avait comme un petit bouton. Son fils constata lui aussi l'étrange astre des nuits. Deux minutes plus tard, le “bouton" se détacha de sous la corne et se mit a descendre lentement. Au bout de 7 a 8 mn, la petite boule s'immobilisa au-dessus de l'horizon, resta immobile 7 à 8 min., puis plongea à vive allure derrière une haie de peupliers...
Or, le premier samedi de novembre, la lune etait couchée bien avant l'observation, le deuxième samedi, elle était à son premier quartier (cornes tournées vers la gauche), et les autres samedis, elle était invisible à l'heure de l'observation: soit couchée avant, sont levée aprés. Le seul samedi ou elle était donc visible était le 07/11, mais à son premier quartier et de plus, ce samedi-là, le ciel était couvert.
Note: Effectivement, si on s'en tient aux données fournies, à Maubeuge, à 21H 45 TU, la lune ne peut pas se trouver au nord-ouest aux environ du mois de novembre. En reculant de 6 mois, elle peut s'y trouver, mais avec les cornes tournées vers la gauche. Mais que valent les données fournies? L'enquête a été faite en 1972, et le témoin est un témoin récurrent, qui racontait son observation de mémoire. (voir l'enquête de J.M. Bigorne dans Lumières dans la nuit, n° 120, p. 14-15)
...
Homomorphisme sans plus...
Il serait naif de croire que les “Soucoupes Volantes" seraient uniquement en mesure de se faire passer à nos yeux pour le satellite naturel de la terre. Leurs “déguisements” peuvent parfois étre beaucoup plus raffinés, ainsi que le prouve l'exemple suivant:

11/07/1970 Rive de Gier (Loire).
faux avion
Ce matin-là, vers 5h., M Chantemesse se rendait à son travail à la S.N.C.F. où il occupe un emploi de sécurité. Soudain, en arrivant sur la commune de Grand Croix, il eut la surprise de découvrir un avion qui stationnait, immobile dans le ciel. Comme le témoin roulait en voiture, il ne pouvait être certain de la totale immobilité de l'appareil, c'est pourquoi il décida de s'arréter. Il stoppa son véhicule à la verticale de l'étrange avion afin de se trouver dans de bonnes conditions d'observation. L’avion (?) n’était pas très haut (500 à 600 m. d'altitude). Il était de couleur grise uniforme avec toutefois un cercle orange faisant le tour de l'arrière du fuselage. Sur les ailes (?), les deux moteurs (?) étaient parfaitement visibles, mais chose curieuse, l'arrière du fuselage ne portait pas d'empennage (et peut-être pas de dérive, ce qui est assez difficile à affirmer, étant donné que le témoin se trouvait juste en-dessous de l'appareil). Ce bimoteur (?) semblait Stationner depuis un bon moment et ce dans le plus parfait silence.
Note: On se demande comment le témoin a pu stopper son vehicule à la verticale d'un objet qu'il ne devait plus voir. L'enquête fournit un plan qui correspond mal aux lieux: Y figurent une piscine et la gendarmerie, qui n'existent pas actuellement. Faute de reconnaitre le type d'avion, le témoin n'avait aucun moyen d'estimer l'altitude. (voir Lumières dans la nuit - Contact lecteurs, mars 1971, p. 12)
M. Chantemesse observa donc une apparence d'avion. Selon nous, il s'agissait en fait bel et bien d'un "Cigare Volant" camouflé. Mais dans ce cas précis les "Extraterrestres" péchèrent par excès de zéle. Leur camouflage était parfait du point de vue forme (homomorphisme) mais ils commirent une grave erreur de comportement. Si les "Soucoupes et Cigares Volants" sont capables de s'immobiliser en plein ciel, il n'en est pas de même de nos simples avions. L'idée était bonne, mais la réalisation défectueuse. C'est d'ailleurs cette "erreur" qui permit d'éventer ia supercherie.
Note: ce n'aurait pas été un excès de zèle, mais un oubli. Si zèle il y avait eu, l'engin aurait été camouflé en dirigeable. D'autre part nous ignorons la valeur du croquis fourni, car les dimensions apparentes ne sont pas données. Si l'engin était apparu petit, les ailes auraient pu être illusoires.
Car ne nous leurrons pas. si l'objet de Rive de Gier n'était pas apparu en période d"immobilisation mais uniquement en déplacement, il est certain que le témoin n'y aurait vu que du feu! Seules les anomalies sont perceptibles.
Alors, là encore, la question se pose: Combien de "Cigares Volants" ainsi déguisés ont pu évoluer et évoluent encore en toute quiétude dans notre ciel?
Note: Et voila! Les avions, eux aussi, vont devoir faire la preuve qu'ils étaient bien des avions, tout ça à cause d'une observation incertaine.
...
NOTE DE L'OPPOSITION:
"Puisque le système de camouflage des "Soucoupes Volantes" semble si parfait et si efficace, on se demande bien pourquoi elles ne l'utilisent pas à toutes les fois. Si elles prenaient toutes la vague apparence d'un avion ou d'un hélicoptére, il est bien certain qu'elles n'auraient aucune chance de se faire repérer. C'est pourtant la solution logique... qui justement, du fait qu'elle n'est pas utilisée à chaque fois, démontre bien que les "Soucoupes Volantes" ne sont que des phantasmes qui n'existent que dans l'imagination de ceux qui croient les voir..."

Nous ferons grâce au lecteur de la longue discussion qui s'en suivit. Toutefois, nous ferons remarquer au "contradicteur de service" que cette objection ne nous avait pas non plus échappé. En effet, nous nous sommes aussi demandé pourquoi la majorité des "Soucoupes Volantes" apparaissait sous la forme "anormale" d'un disque ou d'une sphère... Nous pensons même avoir découvert ce qui pourrait étre la réponse.
...
Pour en revenir aux exemples de mimétisme que nous avons choisis, nous dirons qu'ils demeurent tout de même assez exceptionnels. Certains ne manqueront pas de nous demander pourquoi ils ne sont pas plus nombreux?
A cela, nous apporterons une réponse évidente: Si de tels systèmes de camouflage ne furent pas plus souvent observés, c'est peut-être justement parce que les nombreuses autres fois où ils furent mis en oeuvre, ils atteignirent parfaitement le but qui leur était fixé: être invisibles à nos yeux humains.
Note: Là, c'est la preuve par l'absence. La même qui prouve l'efficacité de la bombe aérosol anti-éléphants ou l'existence de l'homme invisible.

Et pour répondre à l'énoncé formulé au début de cette étude, nous dirons qu'il n'est certainement pas question de savoir pourquoi les "Soucoupes Volantes" ne se montrent pas plus "ouvertement". En fait, il se pourrait fort bien qu'elles ne se montrent jamais! Elles seraient simplement parfois découvertes lorsqu'elles commettent une faute ou une erreur. Nous n'aurions conscience que de leurs échecs, ou de teurs manifestations sans importance.
Note: Tremblez, bonnes gens! "Elles" sont partout...
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nous n'oublions pas que, très souvent. les témoins commencèrent par prendre les "Soucoupes Volantes" qui pour des meules de foin, qui pour des charettes, qui pour des véhicules accidentés ou non. Et ce ne fut que parce que l'observation se prolongea un peu qu'ils purent rectifier leur méprise (surtout lorsqu'ils virent la "meule de foin" s'envoler sous leur nez). Toujours est-il que les témoins ont naturellement tendance à assimiler un élémenti nconnu (la "Soucoupe Volante") à un élément naturel et normal de leur environnement. Le mimétisme n'a donc aucune raison d'être "poussé jusqu'à la perfection" pour avoir toutes les chances de marcher.
Note: Mais c'est déjà admettre la faillibilité du témoignage humain, qui va être admis encore plus dans l'additif.
Un autre exemple.
Tout le monde à entendu parler des différents types de détecteurs (magnétiques et autres) de "Soucoupes Volantes". Officiellement, il n'y a que dans 18% des cas où ils ont sonné qu'ils ont permis l'observation d'un objet anormal.
Ce qui, en clair, veut donc dire que dans 82% des cas, les possesseurs de ces appareils rentrérent chez eux, déçus de n'avoir rien pu observer... Oui, mais prirent-ils la peine de regarder tout simplement la lune... Et de vérifier, si elle était présente, la possibilité qu'elle avait de se trouver là...
Note: A ce compte là, il faudrait faire la même vérification pour les planètes, et même les camions qui auraient pu n'être que des OVNI déguisés (et qui étaient souvent responsables de l'affolement des détecteurs).
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ADDITIF A L'ÉTUDE SUR LE MIMÉTISME
par B. et E. de l'équipe G.A.B.R.I.E.L.

L'homme incapable de voir correctement le monde qui l'entoure et qui est constamment contraint de faire appel à son cerveau et à sa raison (soit à ses connaissances innées, soit à ses connaissances apprises et assimilées) pour décoder et tenter de comprendre les informations "informes"‘ que lui donnent ses sens.
Or. quelle connaissance réelle avons-nous des "Soucoupes Volantes"? AUCUNE! Ni apprise, ni innée. Tout juste avons-nous collectionné des observations imparfaites et des faits disparates et incompréhensibles. Dans toutes les observations, les témoins furent pris au dépourvu. Chaque fois, c'était la première fois qu'ils voyaient ou qu'il leur arrivait un "truc" pareil.
Ajoutons à cela que, dans la majorité des cas, les observations eurent lieu dans les "mauvaises conditions" que nous avions pris la peine de laisser de côté au début de cet exposé (éloignement, obscurité, rapidité, émotion intense...) et n'oublions surtout pas que si la vision fut des plus imparfaites de la part du témoin, son récit souffre inévitablement lui aussi de tous les inconvénients attachés à la fragilité de tout témoignage humain (incomprèhension de ce qui a été vu, oublis, éléments déformés, éléments rajoutés...).
Note: Et voila! Les données des observations d'OVNI ne sont jamais fiables. Mais alors, comment construire une théorie dessus?
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En conséquence, nous pouvons dire que nous ne voyons les "Soucoupes Volantes" et leurs occupants que comme il nous est simplement possible de les voir. Nous en avons une vision obligatoirement fausse, plus ou moins "pré-conditionnée" par ce que nous savons déjà du phénoméne ou par la façon dont nous nous l'imaginons. Ce qui voudrait dire que les observations les plus "fiables" furent celles effectuées par des témoins "vierges", c'est-à-dire n'ayant jamais entendu parler de "Soucoupes Volantes’ ou de "Martiens". Nous rejoignons là une idée chére à J. Vallee et G. Bowen qui tous deux pensent que nous ne verrions ces choses que comme nous nous attendons à les voir. Mais tandis qu'ils veulent voir dans ces phénomènes visuels une action volontaire provoquée par les occupants des "Soucoupes Volantes" dans le but de nous égarer, nous considérons quant à nous qu'il ne s'agit que d'une simple infirmité de nos sens et de notre raison. Tout, en effet, porte à croire que les "Soucoupes Volantes" ne sont que le pâle reflet d'une réalité "autre et inaccessible". À tel point que certains témoins sont même incapables de trouver des mots pour décrire ce qu'ils ont vu .
Note: Mais alors, si infirmité de nos sens, il y a, il n'y a plus besoin d'une réalité "autre et inaccessible", mais seulement d'une réalité mal perçue.
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Nous pouvons maintenant nous demander comment se comporterait la raison humaine face à une manifestation qui lu serait par essence inaccessible. De nombreux témoignages sont la pour nous permettre de nous en faire une idée. Il semblerait bien que la raison humaine ne voudrait pas rester impuissante. Faute de pouvoir comprendre l'ensemble, elle se raccrocherait à des éléments distincts qui lui seraient accessibles.
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Faute de pouvoir comprendre un "réel global" nous le fractionnerions en une suite sans lien de détails perceptibles, quitte à aboutir à d'apparentes absurdités.
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Il faudrait donc reprendre toutes les observations comportant un ou des éléments impossibles selon les critères de notre raison, les trier, les comparer et chercher à découvrir en elles un ou des dénominateurs communs permettant de mettre en évidence l'erreur commise par notre entendement.
Note: C'est justement ce qu'ont fait nombre d'ufologues, qui n'ont réussi qu'à nous égarer dans un labyrinthe de caractéristiques illusoires, avant qu'on ne découvre le syndrome d'indiscernabilité qui montre que les prétendues caractéristiques des observations d'OVNI se retrouvent aussi dans les observations d'objets identifiés.
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ll existe une deuxième possibilité. Celle consistant à dire que les "Soucoupes Volantes" nous seraient "semi-accessibles" (ou semi-inaccessibles, ce qui revient au même). C'est très probable. En tout cas beaucoup moins affolant que l'hypothèse precéderte.
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cette deuxième hypothèse nous laisse entrevoir la possibilité de comprendre un jour. Il nous suffirait de découvrir la "règle".
Note: La règle, c'st que nous étudions pas des objets inconnus, mais seulement des observations d'objets non identifiés, et que nous prenons le problème par le mauvais bout.
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Nous nous trouvons en présence d'une forme de pensée autre. Une forme de pensée qui nous domine, et nous ne savons pas quel minuscule élément (jouant le rôle de la tache rouge pour le goéland) ou quel comportement fort simple (similaire à l'imitation du calao) est capabie de nous faire prendre une vessie pour une lanterne, c'est-à-dire une ‘"Soucoupe volante" pour n'importe quel élémen! banal de notre environnement.
Dans l'étude sur le mimétisme, nous avons envisagé avec nos camarades l'hypothèse d'une imitation trés poussée aboutissant à un résultat plus où moins heureux (puisque certains engins camouflés se sont quand même faits repérer). Dans cel additif, nous avons essayé de démontrer qu'il était possible d'obtenir un camouflage absolu en utilisant simplement un infime elément. Elément déclenchant en nous tout un comportement (depuis la vision jusqu'à la compréhension... et même au-dela, jusqu'a l'action ou la non-action) car profitant des infirmites de notre raison et de notre impossibilité à appréhender certaines réalités. Nous serions abusés par des détails aussi facilement que les savants humains abusent les animaux dans les laboratoires. Et le pire, c'est qu'en fin de compte, nous arriverions a nous abuser nous-mêmes sans étre capabies de nous en rendre compte.
Note: Bravo! Nous touchons au but! Nous nous abusons, et nous n'en avons pas conscience.
(G.A.B.R.I.E.L., LE MIMÉTISME OU L'ART DE PASSER INAPERÇU, OURANOS, numéro 1 spécial, 4ème trim. 1973, page 19-28)

En 1977, Jean-Jacques Jaillat théorise le mimétisme.

LDLN163
L.D.L.N. de mars 1977

Jaillat
J-J Jaillat en 2019
Né en 1948, Jean-Jacques Jaillat s'est intéressé aux phénomène OVNI dès 1966, à une époque où il ne s'appelait pas encore ainsi. Ayant pratiqué une approche qualifiée de Jungienne, il s'est beaucoup intéressé aux aspect philosophiques et psychologiques du problème. Tout aussi inconnu du site RR0 que Jean Giraud , il n'en a pas moins été l'auteur ou le co-auteur de divers livres, articles et enquêtes de terrain. Ayant présenté aux Journées ufologiques de Montluçon de 1978 un exposé sur le mythe du nain et du géant, il semblait aller plus loin que Jacques Vallée dans le recours à la socio-psychologie, ce qui avait incité Michel Monnerie à sortir son premier livre dès 1977, car il craignait d'être "coiffé au poteau" par Jaillat. Travaillant dans l'enseignement, il eut l'occasion, en 1976, de recueillir un témoignage de mimétisme, phénomène dont il collectait encore une manifestation en 2016.

UN FAIT

Le phénoméne OVNI est-il capable de mimétisme ? C’est ce que se demande (et il n’est pas le seul...) Marc BOULAY, 13 ans 1/2, lycéen à Montargis (Loiret), depuis son étrange observation qui remonte aux vacances scolaires de Paques 1976, lesquelles s‘étendaient du Samedi 20 mars au lundi 6 avril. Les soirées nationales d‘observation étaient, comme on le sait, organisées par Lumiéres dans la Nuit pour les samedi 27 et dimanche 28 mars (1). Tenant tout au long de l’année des réunions d’information sur le probléme OVNI, dans l'établissement scolaire où je travaille, j'avais conseillé aux éléves participants qui seraient intéressés, de veiller soit l'un de ces deux jours précis, soit un autre jour durant leurs vacances. Ce que fit Marc, qui ne se rappelle plus s‘il a veillé le mardi 23 mars, ou le mardi 30. La seule chose dont il était sûr à la rentrée de Paques, c‘est que c‘était un mardi,
Note: Donc le témoin se souvenait bien d'un mardi, mais pas de la date exacte. Le fait que ce mardi ait fait partie des vacances scolaires est évident pour l'auteur, car logique, mais en réalité pas certain du tout. En effet, si les enfants ont veillé tard, c'est que le lendemain, ils pouvaient se lever plus tard, car ils n'y avait pas d'école. Mais ceci n'avait pas lieu que pendant les vacances scolaires, ceci avait lieu aussi tous les mardi soir, depuis septembre 1972 où le mercredi remplaça le jeudi comme jour de repos. Il n'y a donc rien qui oblige la date d'observation à se trouver pendant les vacances scolaires.
son affirmation était catégorique : ayant veillé au hameau de l’ESSERT, prés de Vendôme... il n’avait rien vu du tout. Rien vu, sauf la lune, constatait-il amérement...
Marc avait remarqué la lune pleine, bien nettement visible dans le ciel, avec les formes sombres de ses mers, et méme que le jeune garcon avait fait remarquer à sa petite seur combien leur ombre était visible au clair de lune (confirmé par la soeur). Seulement, ce qui m'intriguait... c’est que la lune ne pouvait à cette période étre vue pleine : le mardi 23 était le lendemain du dernier quartier, et le 30 le jour méme de la nouvelle lune...
L'observation eut lieu vers les 23 h 30, dans la direction du S.O. (direction : forêt de Vendôme et, plus loin, Montoire-sur-le-Loir ; Vendôme est à une vingtaine de Km au S de l'Essert)
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Note: Le hameau de l'Essert est à 12 km au nord de Vendôme, mais depuis l'Essert on ne voit pas la forêt de Vendôme au S-O, mais on voit le bois de la Buronnière au S-E. Si Marc Boulay a pris la forêt comme repère, il est probable que l'objet était en fait au S-E. La pleine lune eut lieu le mardi 16 mars. vers 23 H 30 (22 H 30 TU), la lune était au S-E.
Au fil des entretiens avec Marc, celui-ci persistait dans ses dires : ce n'était pas un quartier, maïs bien la lune PLEINE qu'il avait observée, il s'en souvenait parfaitement. À ce niveau, j'inclinais tout de même à croire à une déformation inconsciente de la mémoire : Marc aurait «complété» la lune.
Note: Il est curieux que l'auteur préfère une hypothèse improbable (car le premier quartier ne produit pas d'ombres nettes) à une hypothèse simple: la date était le 16 et non le 23.
C'est alors que fut faite l'ultime vérification, qui fit rebondir le problème : l'horaire de lever de la lune les mardi 23 et 30 mars. Dans les deux cas, la LUNE ETAIT INVISIBLE.
Note: Bien sûr. Nous aurions donc un objet exactement identique à la pleine lune en aspect, direction, comportement et éclat, sauf que la pleine lune eut lieu le mardi 16 mars. Comme le témoin se souvenait bien d'un mardi, mais pas de la date exacte, le "rasoir d'Occam" nous invite à préférer l'hypothèse de la lune vue à une date mal supposée, plutôt qu'un phénomène inconnu mimétique. Le "fait" est donc que l'auteur a supposé la date, sur la base de ses recommandations, et non qu'une fausse lune a été observée.

LES FAITS ET AU-DELA DES FAITS

Il est, en effet, à noter que ce nest pas le seul cas ou un phénoméne d’apparence connue, mais qui, pour un certain nombre de raisons, ne peut pas étre ce qu'il a l'air d’étre, est observé. Ce n’est pas la premiére «fausse lune» qui soit signalée dans le domaine des apparitions insolites.
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La présence méme de tels phénoménes de mimétisme ne peut qu'entrainer des questions essentielles quant à la recherche ufologique. Tout d'abord, existe-t-il un rapport, une relation entre ces phénoménes et le probléme OVNI ? et si oui, lequel ? Nous sommes en présence de quelque chose qui IMITE des réalités naturelles (et artificielles, comme nous le verrons) connues. Si le rapport avec les apparitions OVNI est établi, la réflexion qui devra s'ensuivre ne pourra étre que contestatrice de certaines hypothéses quant à la nature de ces apparitions.
Note: Et voila! Le mimétisme remet toute l'ufologie en question!

Le probléme du rapport entre «OVNI» et «Mimétisme» devient bien plus aigu encore, lorsque l'on constate que L'IMITATION S’ETEND A DES REALITES ARTIFICIELLES, c’est-à-dire construites par l'homme. On pense, bien sûr, à la vague de 1897, aux Etats-Unis, ou de mystérieux «dirigeables» furent observés par de trés nombreux témoins..
Note: C'est effectivement la nécessité de tenir compte de la vague de 1897 qui introduisit l'hypothèse du mimétisme. Seulement, la plupart des témoins n'avaient jamais vu que la planète Vénus, interprétée comme le phare d'un dirigeable. Les descriptions précises du dirigeable et de ses occupants étaient en fait des canulars, comme on peut s'en rendre compte en constatant que les performances alléguées des engins étaient incompatibles avec leur descriptions. Ceci pourrait impliquer le mimétisme, si un groupe de témoins indépendants avait allégué une description concordante, mais les témoins étaient seuls, et parfois même inventés. Le "rasoir d'Occam" nous invite donc à choisir l'hypothèse du canular.

On voit donc que ces objets, plus ou moins identiques à des appareils connus a l’époque, se comportent comme des OVNIS classiques, type disque ou boule. Mais le mimétisme semble pouvoir étre poussé encore plus loin dans le raffinement avec la curieuse vague, peu connue, d’avions-fantémes» dans les années 30-34 sur la Scandinavie étudiée par John Keel (13). il s‘agit la d’objets semblables en tous points à des avions, excessivement bruyants, mais accomplissant des performances difficilement concevables pour des appareils terrestres classiques et, en outre trés dangereuses (arrét des moteurs a trés basse altitude au-dessus de nombreux témoins, ou déplacement au milieu des tempétes, par exemple). Aucune indication d‘origine ne put étre lue sur la coque.
Note: Donc, des egins ressemblant tout à fait à des avions, sauf un détail qui les trahissait. Mais dans la cas d'une observation ratée d'un avion, on observe exactement la même chose. Comme les ufologues ne s'intéressent pas aux observations d'avions, ils ne collectent que les observations avec un détail anormal, et engrangent donc toutes les observations ratées. C'est d'ailleurs beaucoup plus général que pour les seuls avions.
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il semble donc bien que nous soyons en présence d'un phénoméne capable d'imiter l'aspect extérieur et le comportement d'objets matériels connus (lune, dirigeables, avions, etc . . .)
Note: Mais l'ufologie n'étudie pas les phénomènes, mais leurs observations, en ne s'intéressant pas aux observations réussies de phénomènes connus. Il faudrait donc écrire: "il semble donc bien que nous soyons en présence d'observations dont un détail les différencie d'observations de phénomènes connus". Et ce n'est plus du tout la même chose, car des erreurs d'observation produisent le même résultat.

Il est maintenant admis par la plupart des chercheurs ufologues que le phénoméne OVNI a la facheuse tendance de se manifester en méme temps, ou juste aprés, un phénoméne naturel ou artificiel connu, ce qui, d’une part, séme la confusion parmi les enquéteurs, et d'autre part, la joie chez les détracteurs qui peuvent réduire la manifestation OVNI à celle du phénoméne connu en question (rentrée d’un satellite dans l’atmosphére, par exemple).
Note: Il est classique que la qualité des observations d'un phénomène connu, mais insolite, comme un bolide, se range selon une courbe de Gauss, avec à une extrémité des renseignements précis, et exploitables, et à l'autre, des renseignements fantaisistes, voire délirants, que les ufologues exploiteront, en refusant de les attribuer au phénomène concerné. Ils nient tout simplement qu'une courbe de Gausse puisse avoir deux extrémités, en refusant d'admettre qu'il puisse exister des témoignages complètement erronés. Ils ont donc inventé la notion de "parasitage" pour expliquer ces observations absurdes, exactement comme ils avaient inventé le mimétisme pour rendre compte de la vague de 1896-1897.
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Ce que nous devons constater, dés maintenant, à l'issue de cette premiére partie de notre étude, c’est :
— L'existence d‘un phénoméne insolite de mimétisme, autre que celui mis en évidence chez certains animaux par les éthologistes, dans la nature qui nous entoure.
— l'existence d’un rapport interne entre ce mimétisme et le phénoméne OVNI (sans préjuger de la nature de celui-ci...)
— ce mimétisme porte aussi bien sur des réalités naturelles (lune . . .) qu'artificielles (avions, ballons-sondes ...) connues
— ce mimétisme est imitation d’une apparence extérieure ou, parfois, d'un comportement spécifique.
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— ce mimétisme est global : en ce qu’il représente, dans son allure globale, l'aspect général d'un phénoméne réel (23) connu, ou partiel : si une partie seulement de la manifestation OVNI mime l'aspect général d'un phénoméne (ou, pourquoi pas ?, un ou quelques éléments seulement de celui-ci ...).
— enfin, la permanence dans l'espace et le temps du mimétisme comme celle du phénoméne OVNI lui-méme.

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A/... LE DOMAINE MIMETIQUE DU PHENOMENE OVNI EST RELATIVEMENT LIMITE. ...
Nul exemple, à notre connaissance, de sapins ou de bottes de paille qui s’envoleraient d'un champ ou d’un jardin public.
Note: Nul exemple connu de l'auteur, dans le cas d'un mimétisme raté. Mais on ignore s'il a pu exister des OVNI parfaitement déguisé en arbre, ou en meule de paille. On connait des cas d'OVNI d'abord pris pour une meule.

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B/ L'imitation d'objets réels connus, par le phénomène OVNI, est-elle parfaite ? Nous sommes contraints de répondre par là négative (non sans un certain soulagement, sans doute}, car, dans le cas contraire, le mimétisme étant pleinement «réussi», nous ne pourrions plus le déceler, et le repèrage de telles manifestations OVNI serait impossible. Evidemment, on comprend que cet argument soit à double tranchant, car je ne peux déceler que du mimétisme imparfait, ce qui n'exclut nullement que la perfection en ce domaine existe, ce en quoi elle me resterait totalement inconnue. C'est justement ce qui semble gêner et réjouir à la fois l'esprit malicieux de G.A.B.R.I.E.L. (30), qui doit supposer que les cas repérés de mimétisme sont des échecs ou des erreurs dans le camouflage. Toutefois, il nous paraît que c'est oublier quelque chose d'essentiel : le mimétisme, en tant que tel, n'est jamais parfait, sinon il serait purement et simplement la réalité elle-même à laquelle il cherche à se confondre.
(30) «Paralysie et mimétisme» op. cit. p 22-23. ( op.cit. c'est l'article de G.A.B.R.I.E.L vu précédemment.)
Note: Voila le mimétisme théorisé sous une apparence scientifique, car l'auteur se contente d'associer mimétisme et OVNI, en enregistrant leurs propriéts, mais sans leur assigner une origine.
Cependant le biais fondamental est d'amettre que les OVNI sont des phénomènes inconnus, alors qu'ils ne sont que le corrélat existentiel d'observations de phénomènes non identifiés par leurs témoins, et qu'ils pourraient tout aussi bien n'ètre que des phénomènes connus, dont l'identification a raté à cause d'un détail mal perçu, d'un détail anormal, qui transforme le phénomène connu en OVNI mimétique.
Or c'est un fait que l'ufologie n'étudie jamais que les observations, et que les erreurs d'observations sont elles-même un phénomène connu, aux ramifications innombrables. Dans ces conditions il est imprudent d'attribuer les détails anormaux des observations au phénomène lui même, plutôt qu'aux circonstances de l'observation. Prétendre que l'observation du jeune Marc Boulay concernait un OVNI mimétisé en lune, parce qu'on imagine pas qu'il ait pu faire son observation en dehors des vacances scolaires, c'est un peu gros.

(Jean-Jacques JAILLAT, INTRODUCTION A L'ETUDE DU MIMETISME OVNI, LUMIERES DANS LA NUIT n° 163, mars 1977, page 3-6)

Les excès du mimétisme.

A partir du moment où les OVNI se donnent le droit de se déguiser en n'importe quoi, en lune, par exemple, on peut précisément voir un OVNI derrière n'importe quoi. Dans les années 70, l'arme du mimétisme va donc permettre à une génération d'ufomânes, de clouer le bec à leurs contradicteurs. Qu'on soupçonne une confusion en remarquant une ressemblance avec un objet connu, et les voilà qui dégainent le mimétisme.

L'objet ressemblait à un tracteur? Bien sûr, c'était par mimétisme!
Il faisait penser à un avion? Evidemment, c'était un OVNI mimétique!
Le témoin avait d'abord pensé à la lune? Vous n'avez rien compris, c'est parce que l'OVNI s'était déguisé en lune!

Hé oui. Le mimétisme permet de voir des OVNI partout, au point qu'on a pu écrire: "Le mimétisme est à l'ufologie ce que la carte INCREVABLE est au jeu des mille bornes."

Mais alors, puisque les OVNI sont déguisés, comment peut on comprendre qu'il s'agit d'un OVNI?
Hé bien, à cause d'un détail qui les trahit. Le tracteur s'est envolé. L'avion a disparu sur place. La lune s'est enfui à-une-vitesse-vertigineuse, ou bien, elle était en réalité invisible. Etc...
Mais nous allons voir que ceci n'est absolument pas nouveau.

Le mimétisme? Une vieille lune.

Une vieille lune, c'est une vieille idée qui revient de temps en temps. Et, n'en déplaise aux ufologues (qui n'ont pas plus étudié la démonologie que la vague d'airship avant que Donald Menzel ne la déterre), le mimétisme figurait déja parmi les propriétés des apparitions du diable, telles qu'on les imaginait autrefois, et apparait même dans la mythologie grecque. Zeus ne s'y déguisait-il pas en cygne ou en Taureau pour séduire les mortelles?
Ce mimétisme de Zeus-Jupiter ne doit pas ètre confondu avec les métamorhoses décrites par Ovide, dont sont victimes Lycaon, changé en loup, Daphné, changée en laurier, ou Io, changée en génisse. La différence est qu'il est transitoire, comme sont transitoires les métamorphoses des loups-garous.
Transitoires aussi sont les apparences du diable, lorsqu'il se manifeste aux humains. Collin de Plancy nous en dit quelques mots:

  Le diable parlait à Apollonius , sous la figure d'un orme; à Pythagore , sous celle d’un fleuve ; à Simon le magicien, sous celle d'un chien. S'il paraît sous une figure humaine, on le reconnait ordinairement à son pied fourchu ou armé de griffes.
  Des sorciers brûlés à Paris ont dit, en justice, que quand le diable veut se faire un corps aérien pour se montrer aux hommes, il faut que le vent lui soit favorable , et que la lune soit pleine. Et lorsqu'il apparait, c'est toujours avec quelque défaut : ou trop noir , ou trop blanc, ou trop rouge, ou trop grand, ou trop petit.
Note: Le défaut, c'est le petit détail qui le trahit, exactement, comme pour le mimétisme des OVNI.
(J.A.S. Collin de Plancy, Dictionnaire infernal, Paris, P. Mongie, 1818 , page 40)

Donc, le diable, comme les OVNI, sont reconnaissables à un détail qui trahit le déguisement. Oui mais, comment savons nous que le déguisement est toujours imparfait? Car s'il est parfait, comme l'avait remarqué Jean Giraud, nous n'y verrons que du feu. Nous ne pouvons donc pas juger de la proportion des cas de mimétisme raté par rapport aux cas de mimétisme réussi, puisque nous ne connaissons que la première catégorie. Et dans ces conditions, les apparitions, tant diaboliques qu'OVNIesques, pourraient être bien plus nombreuses que nous ne croyons. Innombrables, même...

Quand le mimétisme fait pschiiit.

Il y a tout de même des cas où le mimétisme doit déclarer forfait: C'est quand il est prouvé que l'OVNI était bien ce à quoi il faisait penser:
Nous venons de voir, en 1976, une vraie lune, prise pour une fausse. Voici un autre exemple, le 3 octobre 1954 , à Boves:

  Il était exactement 20 h. 50. M. et Mme Dheilly, ayant passé quelques moments chez des amis, regagnaient leur domicile, rue Benigne-Bernard. Pendant que son mari cherchait dans l'obscurité le trou de la serrure, Mme Dheilly examinait les alentours sans penser à rien.
  Soudain, elle s'exclama: « En voila une d'lune ! »...
  Son mari lui ayant fait remarquer « qu'il n'y avait pas de lune » ces jours-ci, Mme Dheilly avança de quelques mètres sur le trottoir...
  « Veux-tu parier que c'est une soucoupe ? » lança Mme Dheilly à son mari, et tous deux coururent vers la maison du menuisier pour lui faire remarquer le phénomène.
(Le Courrier Picard, 5 octobre 1954, page 3)

Ce cas est utilisé comme observation de "soucoupe volante" par Jean Sider, mais voila, la position déduite des renseignements donnée par Le Courrier Picard est tellement précise, qu'elle correspond à celle de la lune à 1/10° près. Pas besoin d'une soucoupe deguisée en lune, c'était tout simplement la vraie lune.

Et le 12 octobre, la soucoupe mimétisée en 4CV Renault:
Soucoupe volante... et roulante

  BESANCON, 26 octobre. -- M. Francisco Beuc, âgé de 43 ans, ouvrier agricole à Orchamps-Vennes (Doubs), a déclaré que, le 12 octobre dernier, il avait aperçu une soucoupe volante, mais que, dans la crainte de n'être pas cru, il avait, jusqu'à présent, gardé le silence.
  Il y a quinze jours, vers 21 heures, M. Beuc regagnait la ferme où il travaille lorsqu'il aperçut soudain, immobile sur le bord de la route, un appareil affectant particulièrement la forme d'une 4 CV, supporté par quatre roues d'environ 40 centimètres de diamètre.
  Le cultivateur s'approcha à un mètre de l'engin et remarqua, à proximité, un être de 1 m. 50 de hauteur, vêtu d'une cotte de cuir et coiffé d'une casquette. M. Beuc ayant interpellé le mystérieux pilote, celui-ci monta vivement dans l'appareil qui, après avoir roulé pendant une trentaine de mètres sur la route, décolla à la manière d'un avion et prit rapidement de la hauteur.
(Le Courrier Picard, 27 octobre 1954, page 2)

Mais voila, selon un lecteur du site de Patrick Gross, en 2006, dans la commune, on se souvenait encore de l'affaire, où le brave témoin avait effectivement vu une vraie 4 CV, qui avait donné l'impression de s'envoler en s'enfonçant dans le brouillard. Pas de soucoupe mimétisée non plus.

Michel Monnerie contre le mimétisme.

"Si vous me parlez de mimétisme, je raccroche!".
Cette remarque de Michel Monnerie, lors d'une conversation téléphonique, montre quelle estime il avait pour cette théorie qui permettait de voir des OVNI partout.

Les caractères propres de l’objet-source, transparaissent souvent dans le récit du témoin : «c'était comme un avion, mais fantastique, un avion ne peut pas faire ça !»
Il y a là un piège. En effet, la source peut être réellement un avion, mais peut également être un objet différent que le témoin compare à un objet qu’il croit connaître - l’avion - d’où le désarroi qui brise la barrière du conscient et le précipite dans le rêve.
...
Cette double origine : objet non admis comme tel, Ou pris pour un autre, a permis à certains Ufologues d’imaginer la théorie du mimétisme OVNI.
Un exposé bien fait de cette curieuse théorie vient de paraître dans les colonnes de Lumières dans la Nuit, je vous convie à le lire, mais pensant que cela n’est pas possible à tous,je vais essayer de vous en donner l’essentiel sans trop trahir l’auteur (1).
Selon lui,le mimétisme OVNI est ancien et parfaitement coordonné à l’époque où il se manifeste.
C’est ainsi que de mystérieux dirigeables (OVNI déguisés) peuplaient le ciel des années 1897 à 1910, suivis par des avions-mimes et jusqu’à des bombes fantômes pendant la dernière guerre.
  L'activité mimétique actuelle se centre plutôt sur l'imitation d'objets astronomiques - fausses lunes - et d'objets manufacturés tels de faux ballons, avions, hélicoptères et même des trains doublement fantômes. Par contre, il ne semble pas y avoir d'arbres volants, dit-il.
Note: nous verrons que Jean Sider ne se gène pas pour imaginer des arbres fantômes.
...
Un témoin par exemple, observe la Lune, l'enquête démontre qu’elle n’était pas levée ni dans la phase décrite. Il a tout simplement identifié un objet qu’il n’a pas su reconnaître avec notre aimable satellite.
Note: Curieusement, Michel Monnerie ne soupçonne pas l'erreur de date, pourtant criante.
Nos lecteurs se rendent bien compte du processus de la vision, elle peut se faire au premier degré : la source non identifiée en est le germe, ou au second degré : la source est faussement identifiée et devient impossible. C’est cela qui est à l’origine du mimétisme supposé.
Mais notre auteur va plus loin. Dans les observations où le témoin peut projeter des connaissances, des réalités psychologiques ou des soucis, il en déduit un mimétisme psychologique du phénomène.
Nous pensons, dit-il, qu’il est possible de concilier l’objectivité du phénomène OVNI et sa relation certaine et tout aussi objective avec la psychologie des témoins.
Cela lui donne quelque peu un vertige qui s’exprime dans la conclusion de son étude :
«.. Demandons-nous en conclusion, si la notion même de «mimétisme» est encore suffisante, lorsque nous abordons son aspect psychologique. Il n’y à plus simplement ressemblance formelle avec des objets connus, il y a, au-delà, traduction ou mise en images de réalités psychologiques plus ou moins complexes, même de symboles (1). C’est ici justement que l'étude du fonctionnement mimétique OVNI trouve son intérêt, car, comment le phénomêne OVNI peut-il mimer des idées ou des sentiments ? Autrement dit : quel est donc le mystérieux rapport qui unit l'OVNI et l’homme ? »
...
Cette hypothèse est une théorie de transition. Il faut la foi du charbonnier pour conserver un phénomêne extérieur à nous quand on a mis à jour tant de connaissances psychologiques. Cela s’appelle vulgairement «sauver les meubles» ou les extra-terrestres à n’importe quel prix !
Note: Effectivement, Jean-Jacques Jaillat semblait tout près de découvrir l'importance de la socio-psychologie en ufologie. C'est d'ailleurs ce qui a poussé Michel Monnerie a publier rapidement son premier livre, car il craignait d'être "coiffé au poteau" par Jaillat. Mais il n'en fut rien, et Jaillat continua de conserver les OVNI ET leur relation à la psychologie humaine.
(Michel Monnerie, Et si les OVNIS n'existaient pas? , LES HUMANOIDES ASSOCIES , 1977, page 140-143)

Jean Sider ressort le mimétisme.

Sider
Jean Sider
livre
et son livre
Dans les années 80, la découverte du "syndrome d'indiscernabilité" entre phénomène non identifié et phénomène identifié, sur la seule base du contenu de l'observation, fit vaciller quelques certitudes, et rendit moins nécessaire la théorie du mimétisme.
Cependant, le preux Jean Sider, toujours prèt à pourfendre les diaboliques rationalistes, leurs pompes et leurs oeuvres, continua de défendre l'infaillibilité des témoins, la matérialité des OVNI et leur origine extraterrestre, comme d'autres défendaient la veuve et l'orphelin.
Le phénomène du mimétisme, étant associé à l'infaillibilité des témoins, faisait partie, pour lui, des causes à défendre. Il écrivit donc un livre pour décrire tant le mimétisme que le polymorphisme du phénomène OVNI.
Pour faire bonne mesure, il utilise toute une panoplie de "fausses" apparitions. Et allons y pour les faux avions, les faux hélicoptères, les fausses fusées, les faux ULM, et bien sûr, les faux dirigeables.
Il parle peu des faux "airships" de 1896 et 1897, bien qu'ils aient initié la nécessité du mimétisme, car il leur a déja consacré un ouvrage. Mais en utilisant un article de Thomas Bullard, dans la Flying saucer review de mars 1984, il révèle un cas peu connu datant de 1892, sur les bords de la mer Baltique. Un cas où le ballon dardait un puissant projecteur, comme le fit la planète Vénus en 1897 ou en 1913.
L'article de Bullard mentionne d'ailleurs aussi ces observations de 1913, d'un dirigeable ou d'un aéroplane muni d'un projecteur, dont il ne doute pas qu'il s'agissait d'engins réels, alors qu'à la même époque, un correspondant russe de la Société astronomique de France expliquait que ses compatriotes étaient en train de prendre Vénus pour un aéroplane autrichien. Cette affaire est expliquée depuis longtemps.
Est il besoin d'ajouter qu'en mars 1892, Vénus brillait à l'horizon ouest, et qu'une spectaculaire conjonction de Vénus et Jupiter eut lieu le 6 février 1892?
Mais l'opinion de Jean Sider est sans appel:
D'autres, qui se disent « sceptiques », préfèrent affirmer avec suffisance qu'il s'agissait d'une psychose collective, autrement dit d'illusions. Pour ceux-là, même les meilleurs psychothérapeutes ne peuvent strictement rien faire.
(Jean Sider, La grande mystification, Le temps présent, 2012, page 111)
Le pire c'est qu'il raison, les meilleurs psychothérapeutes ne peuvent rien faire pour des gens sains d'esprit qui prennent la planète Vénus pour la planète Vénus.

Mais Jean Sider ne s'attache pas qu'aux engins volants. Il s'intéresse aussi aux faux navires, aux faux trains, aux fausses voitures et même aux faux batiments.
Pour ce qui est des phénomènes naturels, il recense les faux nuages, les faux tourbillons, les faux arbres ( que n'avait pas osé retenir Jean-Jacques Jaillat ), et bien sûr, les fausses lunes. Pour celles-ci, il commence avec l'observation qui interrompit l'exécution de Nichiren, en 1271, au Japon, rapportée par la Cosmic Brotherhood Association, qui ne brille pas par l'esprit critique, et termine avec l'observation de Marc Boulay, dont nous avons vu qu'elle n'est une fausse lune que par la volonté de Jean-Jacques Jaillat qui refusait d'imaginer que l'observation ait eu lieu en dehors des vacances scolaires.
Dans l'ensemble le livre de Jean Sider, n'est jamais qu'une compilation, de phénomènes prétendus mimétiques ou polymorphes, mais sans enquête approfondie. Une compilation en 408 pages de phénomènes hétéroclites, comme il en existe déja tant.

Une expérience personnelle qui en dit long.

lunette
lunette Star Scope
Cela s'est passé à l'été 1974. La vague d'observations d'Ovni était terminée, mais dans notre grenier mansardé, ma lunette Star Scope, de chez Benoist Berthiot, était toujours prète, devant la fenêtre de droite à observer quelque chose.
Or voila qu'en fin d'après midi, par la fenêtre du milieu, j'aperçois vers l'est un cigare rosé qui passe silencieusement dans le ciel.
Bon sang! Je cours à la fenêtre de droite, j'oriente la lunette, et... instantanément l'OVNI se métamorphose en avion de ligne, vu de profil et éclairé par le soleil couchant.
À partir de là, on pouvait raisonner de deux façons:
- Ou bien, à l'oeil nu, je n'avais pas pu reconnaitre un avion de ligne parce qu'il était trop loin, et que, vu de profil, on ne voyait pas les ailes.
- Ou bien c'était un OVNI dont le mimétisme avait lamentablement raté tant que j'étais dans de mauvaises conditions d'observation, et merveilleusement réussi quand je l'ai capturé dans mon oculaire.

Les images ci dessous sont une reconstitution: paysage identique, position de l'objet voisine, avion du même type avec la même perspective et le même éclairage.

avion oeil nu
l'avion
A l'oeil nu, le mimétisme est complètement raté. Ce cigare rose est bien un OVNI
A la lunette, le mimétisme fonctionne à la perfection. L'OVNI est indiscernable d'un avion de ligne.

Conclusion.

Nous avons vu que la théorie du mimétisme a été initiée dans les années 1960, alors qu'on croyait que les OVNI étaient des engins extraterrestres, en avance sur notre technologie, pour rendre compte des apparences impossibles décrites par les témoins de la vague de 1896-1897. En fait, cette théorie n'était même pas nécessaire, puisqu'à toutes les époques, on a cru voir dans le ciel ce qu'on croyait possible d'y voir. Ce qui aurait été aberrant, c'est qu'on eut vu des soucoupes volantes à coupole en 1897, d'autant qu'après 1947, on les a imaginé, plus qu'on ne les a réellement vu .
Surtout, cette réexplication en termes contemporains, est elle-même une vieille lune, puisque les apparitions des dieux antiques furent réinterprétés par les auteurs chrétiens des premiers siècles, comme des manifestations diaboliques, et qu'après l'invention des montgolfières, on imagina d'expliquer la prétendue chute depuis un navire aérien de trois hommes et une femme à Lyon, du temps d'Agobard, par l'atterrissage d'une montgolfière.

leurre
Vous y croyez à celui-là?
Pire: l'hypothèse du mimétisme est mentalement toxique!
Elle nous amène à penser que tout les objets vus dans le ciel dans de bonnes conditions d'observations, et reconnus pour autant d'objets familiers, avions, oiseaux, lune, montgolfières, etc... pourraient être en réalité autant d'OVNI parfaitement déguisés.
Par extension certains objets terrestres, maisons, arbres, clapiers, pylones, pourraient tout aussi bien être autant de leurres, et la réalité quotidienne qui nous entoure ne serait plus qu'un décor truqué.
Pas besoin d'insister sur le fait que nous sommes alors en pleine paranoia.

Dans ces conditions, pour ne pas avoir à choisir entre l'hopital psychiatrique et le suicide, mieux vaut choisir la solution la plus simple: La non identification d'un objet n'est pas du à un mimétisme raté, mais à de mauvaises conditions d'observation.

Dernière mise à jour: 18/04/2022

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